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Politique Publié le vendredi 15 janvier 2010 | Le Nouveau Réveil

Menaces de démission collective, des ambitions mal contenues, relais des partis politiques : Le jeu dangereux de certains commissaires centraux

Si on n'a pu l'atteindre de l'extérieur, il faut essayer de le faire de l'intérieur. Depuis quelques jours, il se murmure dans les couloirs de la Cei que certains commissaires centraux issus du camp présidentiel ont décidé de mettre en application les mots d'ordre de leur mandant politique en démissionnant pour essayer de paralyser l'institution chargée des élections et contraindre au départ le président Beugré Mambé. Mais les choses peuvent-elles fonctionner aussi facilement que prévu ?
La crise qui secoue la Commission électorale indépendante (Cei) pourrait prendre des propositions au-delà de tous les calculs de probabilités politiques. Sans retenue, le camp présidentiel exige à cor et cri la tête de M. Beugré Mambé qui aurait fauté. Du moins sous l'angle de la responsabilité administrative. Car il n'a pas encore été prouvé et démontré que le président de la Cei ait posé à titre personnel un acte dans lequel l'on pourrait lire, de sa part, une intention irréprochable à commettre l'infraction ici visée, la fraude. Il a, au contraire, été établi que M. Mambé a ordonné le quatrième croisement sans le cacher à personne. Mieux, la commission centrale de la Cei a été informée des résultats puisque l'équipe d'experts de la Cei est venue présenter lesdits résultats en séance plénière devant cette commission. Et le Premier ministre et le chef de l'Etat et même le Cpc ont été tenus informés. Il a été également établi que les données du Cd litigieux n'ont pas été intégrées à la liste électorale.
Enfin l'intention de fraude de M. Mambé n'a pas été démontrée. Car il n'a pas fourni d'instruction tendant à inscrire des gens frauduleusement sur le fichier électoral. Qu'à cela ne tienne, certains membres de la Cei estiment qu'il y a dysfonctionnement quelque part dans le service et qu'en tant que patron, M. Mambé doit payer. Aussi surprenant que cela puisse paraître, les tenants de cette position sont issus du camp présidentiel. Pour parler de responsabilité administrative ou politique, pourquoi M. Gbagbo n'a-t-il pas démissionné lorsque par son manque de vigilance, des déchets toxiques ont été déversés dans notre pays ? Pourquoi a-t-il réintégré les directeurs centraux que Banny avait suspendus ? La faute que M. Mambé aurait commise est-elle plus lourde que celle qui a causé des morts à cause des déchets toxiques ? Jusque-là, la Cei avait montré un bel exemple de cohésion et de solidarité qui lui a permis de remporter bien de victoires. Aujourd'hui, c'est la tête de Mambé qu'on veut couper pour le bon plaisir du roi. Il semble même que l'on lui ait déjà trouvé une remplaçante. Hier, un confrère, inspiré certainement par un membre de la Cei à qui il rend fréquemment visite s'est largement étalé sur les détails de la dernière réunion de la commission centrale. Si l'on se prête à ce jeu de "quitter là pour que je m'installe" au sein de la Cei, il est à craindre que le prochain président soit éjecté pour la moindre faute, le moindre soupçon de fraude. Que veut-on au juste pour notre pays ? Les positions extrêmes n'ont jamais été des solutions heureuses dans des situations comme celles-ci. Les membres de la Cei ont toujours fait preuve de pondération, de mesure, ils ont toujours recherché le consensus. Ils n'avaient jusque-là jamais essayé de mener le combat de leurs chapelles politiques à l'intérieur de la commission. Or, il semble qu'à la faveur de cette crise, la Cei est en train de ruiner ces principes qui avaient fait sa force.

Akwaba Saint-Clair
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