Le secteur des ovins et des caprins ne se porte pas bien dans les régions du centre. Les opérateurs travaillent d'arrache-pied pour restaurer la filière.
L'élevage de petits ruminants est à l'agonie dans le centre ivoirien. Et si rien n'est fait, craignent les acteurs, c'est l'ensemble de la filière qui risque de disparaître. Avec la crise sociopolitique, les exploitants ont perdu tout repère. Ils sont désorganisés et éloignés de leurs fermes. Mais certains tentent de reprendre la main. Eugène Kouakou Kouassi, propriétaire d'une ferme à Akanzakro à 8 km de Bouaké, ne veut pas se croiser les bras malgré un passé douloureux. Au cours des affrontements armés, il a perdu une bonne partie de son cheptel. Plus de 380 têtes ont été littéralement décimées. A ce jour, il ne reste qu'une soixantaine de bêtes dans la ferme. « Cela y ressemble mais je n'ai pas fait l'objet de pillage. Si mon cheptel a disparu c'est par manque de produits phytosanitaires et d'aliments appropriés », explique le trésorier de l'Association professionnelle des éleveurs de moutons du centre (Apemc). De nombreux autres éleveurs ont dû abandonner leur ferme à cause notamment des menaces récurrentes de pillage. Patrice Seydou Yéo, ex-Pca de l'Apemc, propriétaire d'une ferme de 135 hectares à Marabadiassa, est parti se réfugier dans sa ville natale de Korhogo. « J'ai tout perdu. J'avais environ 1.000 bêtes. Tout a été emporté et le site pillé », raconte-t-il. Il avait de l'ambition et expérimentait déjà l'insémination artificielle. Grâce à ses performances, l'exploitant agricole a été primé par l'Alliance pastorale de France où il s'est rendu en 2000. Il a également été lauréat national du meilleur jeune exploitant agricole le 5 août 1998. « Je suis actuellement au village à Korhogo. Je fais un peu de commerce en attendant que je sois réinstallé », révèle M. Yéo, ajoutant que la quasi-totalité des fermes ont pris un fâcheux coup. En fait, ce sont quelque 208 fermiers répartis sur 20 départements exerçant dans la filière ovine qui ont été dramatiquement atteints par les effets collatéraux de cette guerre. Les structures d'encadrements ou de formation comme le Centre national ovins (CNO) de Béoumi ou l'Oic-Ci (Ong international), l'Anader ont plié bagages. Cette situation est exacerbée par le retrait des bailleurs de fonds étrangers de la filière. Selon les professionnels, cela a entraîné l'arrêt de nombreux investissements et financements. En effet, l'Union européenne, à travers le 6ème Fed, a soutenu en deux phases la filière ovine. Au total, 24 milliards ont été injectés dans les ovins.
Le nécessaire appui de l'Etat
A la première phase, les éleveurs ont perçu 10 milliards de nos francs et à la seconde 14 milliards. En outre le centre national ovin (Cno) de Béoumi était entièrement pris en charge par l'Union européenne. Quand survenait la crise, les éleveurs du centre ivoirien avaient bénéficié dans le cadre des activités de l'Apemc, de 300 millions Fcfa pour consolider les fermes. Selon l'ex-Pca un avenant de 80 millions Fcfa avait été débloqué auprès du chef du projet Kouao Samson. Toutes ces opérations sont aujourd'hui au point mort. Il en est de même du projet de construction d'un abattoir moderne pour ovins dénommé «Tuerie moderne». L'opération, chiffrée à 80 millions Fcfa et financée par l'UE, n'a pu aller à son terme. Malgré la conjoncture, les acteurs ne perdent pas espoir. Ils estiment que le redéploiement de l'administration et le retour de la direction régionale des ressources animales ainsi que celle de l'agriculture permettra aux éleveurs de moutons de rebondir. Ils tentent de faire renaître la structure fédératrice de leurs activités. Au cours d'une assemblée générale, Félix Angoua a été désigné nouveau président du conseil d'administration (Pca) de l'Apemc. « La tâche qui nous attend est immense. Tout est pratiquement à reprendre. Nous avons tout perdu. Nos fermes n'existent plus que de nom. Nos bureaux ont été endommagés et pillés. Les véhicules et engins de l'Apemc ont été emportés. Il faut que l'Etat nous aide», constate-t-il. Selon le Pca, plus de 50.000 bêtes de qualité ont annuellement disparu depuis 7 ans dans la filière moutons. Et il s'agit de moutons de qualité produits uniquement par la Côte d'Ivoire sous le nom de « race Djalonké ». A la différence des races dites sahéliennes, le Djalonké selon les experts est court de taille, costaud et bien charnu avec de la chair assez succulente. Les consommateurs, dit-on, en raffolent. Le coût de revient sur le marché est donc appréciable. Au poids vif, le bélier coûte entre 60.000 Fcfa et 360.000 Fcfa sur le marché. Quant à la brebis, elle fait entre 30.000 Fcfa et 45.000 Fcfa. Et les antenaises (jeunes brebis de 6 à 12 mois) coûtent entre 30 et 40.000 fcfa. Les antenais (jeunes béliers de 6 à 12 mois) eux sont vendus au poids vif entre 1.500 et 2.000 Fcfa. Selon la faîtière, les pertes annuelles au sein de sa structure se chiffrent à 5 milliards Fcfa. « Sur 7 ans c'est plus de 35 milliards que les éleveurs ivoiriens ont perdus. Et nous avons importé certainement à des coûts plus élevés ce bétail des pays voisins. Cela fait des pertes pour notre pays. ».
Face à la situation, le nouveau conseil d'administration sollicite l'appui des autorités ivoiriennes et des bailleurs de fonds pour soutenir la filière ovine. Les nouveaux dirigeants comptent faire un atelier de restitution pour mieux cerner la filière. Le Pca qui refuse de voir la filière ovine mourir, projette à terme de réhabiliter le siège en l'équipant. Il vise également à renforcer par des formations la capacité des membres de sa structure en vue de contribuer à leur épanouissement. Les fermiers pensent aussi à un éventuel dédommagement avec la sortie de crise.
Allah Kouamé à Bouaké
L'élevage de petits ruminants est à l'agonie dans le centre ivoirien. Et si rien n'est fait, craignent les acteurs, c'est l'ensemble de la filière qui risque de disparaître. Avec la crise sociopolitique, les exploitants ont perdu tout repère. Ils sont désorganisés et éloignés de leurs fermes. Mais certains tentent de reprendre la main. Eugène Kouakou Kouassi, propriétaire d'une ferme à Akanzakro à 8 km de Bouaké, ne veut pas se croiser les bras malgré un passé douloureux. Au cours des affrontements armés, il a perdu une bonne partie de son cheptel. Plus de 380 têtes ont été littéralement décimées. A ce jour, il ne reste qu'une soixantaine de bêtes dans la ferme. « Cela y ressemble mais je n'ai pas fait l'objet de pillage. Si mon cheptel a disparu c'est par manque de produits phytosanitaires et d'aliments appropriés », explique le trésorier de l'Association professionnelle des éleveurs de moutons du centre (Apemc). De nombreux autres éleveurs ont dû abandonner leur ferme à cause notamment des menaces récurrentes de pillage. Patrice Seydou Yéo, ex-Pca de l'Apemc, propriétaire d'une ferme de 135 hectares à Marabadiassa, est parti se réfugier dans sa ville natale de Korhogo. « J'ai tout perdu. J'avais environ 1.000 bêtes. Tout a été emporté et le site pillé », raconte-t-il. Il avait de l'ambition et expérimentait déjà l'insémination artificielle. Grâce à ses performances, l'exploitant agricole a été primé par l'Alliance pastorale de France où il s'est rendu en 2000. Il a également été lauréat national du meilleur jeune exploitant agricole le 5 août 1998. « Je suis actuellement au village à Korhogo. Je fais un peu de commerce en attendant que je sois réinstallé », révèle M. Yéo, ajoutant que la quasi-totalité des fermes ont pris un fâcheux coup. En fait, ce sont quelque 208 fermiers répartis sur 20 départements exerçant dans la filière ovine qui ont été dramatiquement atteints par les effets collatéraux de cette guerre. Les structures d'encadrements ou de formation comme le Centre national ovins (CNO) de Béoumi ou l'Oic-Ci (Ong international), l'Anader ont plié bagages. Cette situation est exacerbée par le retrait des bailleurs de fonds étrangers de la filière. Selon les professionnels, cela a entraîné l'arrêt de nombreux investissements et financements. En effet, l'Union européenne, à travers le 6ème Fed, a soutenu en deux phases la filière ovine. Au total, 24 milliards ont été injectés dans les ovins.
Le nécessaire appui de l'Etat
A la première phase, les éleveurs ont perçu 10 milliards de nos francs et à la seconde 14 milliards. En outre le centre national ovin (Cno) de Béoumi était entièrement pris en charge par l'Union européenne. Quand survenait la crise, les éleveurs du centre ivoirien avaient bénéficié dans le cadre des activités de l'Apemc, de 300 millions Fcfa pour consolider les fermes. Selon l'ex-Pca un avenant de 80 millions Fcfa avait été débloqué auprès du chef du projet Kouao Samson. Toutes ces opérations sont aujourd'hui au point mort. Il en est de même du projet de construction d'un abattoir moderne pour ovins dénommé «Tuerie moderne». L'opération, chiffrée à 80 millions Fcfa et financée par l'UE, n'a pu aller à son terme. Malgré la conjoncture, les acteurs ne perdent pas espoir. Ils estiment que le redéploiement de l'administration et le retour de la direction régionale des ressources animales ainsi que celle de l'agriculture permettra aux éleveurs de moutons de rebondir. Ils tentent de faire renaître la structure fédératrice de leurs activités. Au cours d'une assemblée générale, Félix Angoua a été désigné nouveau président du conseil d'administration (Pca) de l'Apemc. « La tâche qui nous attend est immense. Tout est pratiquement à reprendre. Nous avons tout perdu. Nos fermes n'existent plus que de nom. Nos bureaux ont été endommagés et pillés. Les véhicules et engins de l'Apemc ont été emportés. Il faut que l'Etat nous aide», constate-t-il. Selon le Pca, plus de 50.000 bêtes de qualité ont annuellement disparu depuis 7 ans dans la filière moutons. Et il s'agit de moutons de qualité produits uniquement par la Côte d'Ivoire sous le nom de « race Djalonké ». A la différence des races dites sahéliennes, le Djalonké selon les experts est court de taille, costaud et bien charnu avec de la chair assez succulente. Les consommateurs, dit-on, en raffolent. Le coût de revient sur le marché est donc appréciable. Au poids vif, le bélier coûte entre 60.000 Fcfa et 360.000 Fcfa sur le marché. Quant à la brebis, elle fait entre 30.000 Fcfa et 45.000 Fcfa. Et les antenaises (jeunes brebis de 6 à 12 mois) coûtent entre 30 et 40.000 fcfa. Les antenais (jeunes béliers de 6 à 12 mois) eux sont vendus au poids vif entre 1.500 et 2.000 Fcfa. Selon la faîtière, les pertes annuelles au sein de sa structure se chiffrent à 5 milliards Fcfa. « Sur 7 ans c'est plus de 35 milliards que les éleveurs ivoiriens ont perdus. Et nous avons importé certainement à des coûts plus élevés ce bétail des pays voisins. Cela fait des pertes pour notre pays. ».
Face à la situation, le nouveau conseil d'administration sollicite l'appui des autorités ivoiriennes et des bailleurs de fonds pour soutenir la filière ovine. Les nouveaux dirigeants comptent faire un atelier de restitution pour mieux cerner la filière. Le Pca qui refuse de voir la filière ovine mourir, projette à terme de réhabiliter le siège en l'équipant. Il vise également à renforcer par des formations la capacité des membres de sa structure en vue de contribuer à leur épanouissement. Les fermiers pensent aussi à un éventuel dédommagement avec la sortie de crise.
Allah Kouamé à Bouaké