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Société Publié le vendredi 22 janvier 2010 | Nord-Sud

Plage de Grand-Bassam : A la découverte des masseuses de la plage

La plage de Grand-Bassam est désormais un haut-lieu de business, un lieu de gagne pain pour les populations bassamoises. Des jeunes filles désœuvrées s'adonnent au massage pour survivre.

Sous un soleil de plomb, ce dimanche 17 janvier, de curieux visiteurs affluent sur la plage pour se récréer. Outre les jeunes plagistes, des touristes européens y viennent pour se bronzer. La plage de Grand-Bassam offre un beau paysage. Bordée de cocotiers par endroits, elle laisse entrevoir le sable aux gros grains qui bordent les belles côtes de l'océan Atlantique. La mer est moins agitée ce jour. Des visiteurs profitent de ce beau temps pour prendre un bon bain. La plage est animée. Les vendeurs ambulants d'objets d'art sont aux aguets. Ils promènent leurs produits le long des plages dans l'espoir d'avoir un acheteur. Ils les présentent aux clients allongés sur des lits de fortune, ceux-ci contemplent les vagues de l'océan, qui viennent échouer sur la berge. Les vendeuses de coco frais, de vêtements de plage se mêlent aux autres vendeurs d'objets d'art. D'autres vendeuses, après une longue promenade, trouvent refuge à l'ombre des cocotiers pour laisser passer la fatigue avant de reprendre leur activité. Au niveau d'un complexe hôtelier situé en bordure de mer et dont nous tairons le nom, des jeunes filles assises sous des paillotes causent entre elles de façon cordiale. Munies de leur petit sac, elles attendent les touristes qui viennent se détendre sur la plage. A quelques encablures, notamment au niveau de la ''Taverne Bassamoise'', un autre groupe de jeunes filles portant des sacs en bandoulières échangent avec les clients venus se reposer loin des bruits de moteurs et klaxons de véhicules. Elles usent de subterfuges pour avoir des clients. «Monsieur, je peux vous masser. C'est un massage de qualité. Vous n'allez pas le regretter», propose Rita Assémien à deux visiteurs, l'un Africain et l'autre un Blanc.
Vêtue d'une longue robe de couleur bleue avec des bretelles dans le style martiniquais, elle tente de convaincre ces deux visiteurs. Pour elle, il n'est pas question d'échouer. Elle qui, depuis le début de la journée, n'a pas encore eu de clients. Après quelques réticences, l'Européen mort à l'appât. Elle lui fait des essais qu'il semble visiblement, apprécier. Elle propose de lui faire le massage à 5.000Fcfa.

Entre 5000 F et 10.000 F l'heure

Ce que le client accepte volontiers. Elle pose son sac sur le sol ensablé et sort les accessoires qu'elle utilise pour faire le job. Parmi ces produits, l'huile de coco qu'elle a soigneusement mise dans une bouteille en plastique. Le client s'allonge uniquement vêtu de son slip de plage. Elle lui passe l'huile de coco sur le corps. Des pieds à la tête en passant pas les membres supérieurs. Les épaules. Elle lui demande de se retourner, puis, elle lui passe la pommade sur le dos. Le client semble apparemment détendu. Après une longue application, elle met un terme à son massage fait des bouts du doigt. Nous l'approchons pour échanger avec elle. Ce qu'elle ne refuse pas. La voix, un peu cassée, elle accepte de se confier à nous. Elle précise qu'il y a deux types de massage : le massage ''moins'' et le massage ''plus''. Le massage moins ne se limite qu'au simple massage. Il consiste à masser simplement le client. Le plus consiste à aller au-delà du massage, c'est-à-dire avoir des rapports sexuels avec le client. Notre interlocutrice jure n'avoir jamais fait ce type de massage. Elle affirme être de celles qui se limitent au massage professionnel. A l'en croire, celles qui font le massage ''plus'' viennent d'Abidjan. « Ce sont des prostituées déguisées qui viennent à la recherche de clients blancs », accuse-t-elle. En ce que la concerne, elle révèle être devenue masseuse par la force des choses. C'est à la suite d'une déception amoureuse dans laquelle elle a eu deux enfants. Démunie et livrée à elle-même, elle a dû trouver cette activité pour survivre. Elle est masseuse depuis 4 ans. « Ce boulot me permet de payer mon loyer et de subvenir aux besoins de mon fils aîné qui est à ma charge », se console-t-elle. En précisant qu'elle ne sait ni lire ni écrire pour espérer avoir un boulot plus décent. Elle affirme s'en tirer chaque semaine avec au moins 40.000 Fcfa voire plus. Ayant aperçu un autre client, qui lui aurait donné rendez- vous, elle nous quitte. Comme elle, de nombreuses jeunes filles viennent à la place pour s'essayer à cette activité. A quelques mètres de là, une autre masseuse. Cynthia. C'est le nom qu'elle nous donne. Taille fine et teint clair, elle porte un body de couleur jaune assorti d'un collant blanc. Une perle à chaque pied. Elle échange avec deux clientes européennes qu'elle réussit à convaincre. Mais, celles-ci promettent de revenir plus tard. Nous en profitons pour lui tirer la langue. Elle, contrairement à la première, est d'un tempérament chaud et n'est pas d'humeur à parler de son activité. Elle en a gros sur le cœur. Les masseuses de la plage sont traitées, selon elle, comme des prostituées. Certaines filles, venues d'Abidjan, des prostituées déguisées ont jeté du discrédit sur la corporation. Elle nous confie qu'elle est mère de 3 enfants. Elle vient se « débrouiller » au bord de la plage pour survivre. Porquet Félicité, la trentaine environ, est lettrée. Elle semble plus courtoise. « J'ai pu intégrer cette activité par le biais d'une amie à cause de ma situation qui était précaire », se défend-elle. Mais, très vite, elle a plutôt pensé à professionnaliser son art. Depuis sa tendre enfance, elle caresse le rêve de travailler dans l'esthétique. Elle masse avec des produits qu'elle achète en pharmacie: des huiles qu'elle associe à des crèmes contre les courbatures. Son sérieux et son courage lui ont permis d'ouvrir un salon de coiffure dans la localité. Elle intervient également à Abidjan dans un salon d'esthétique. Elle masse à 10.000 Fcfa l'heure.

Emmanuelle Kanga à Grand-Bassam
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