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Société Publié le vendredi 22 janvier 2010 | Nord-Sud

Masseuse ou prostituée ?

Ces jeunes filles, pour la plupart livrées à elles mêmes, sont souvent la proie facile des touristes et visiteurs de la plage. Des clients vicieux leur proposent souvent de faire le massage dans leur chambre d'hôtel. Une fois en chambre, ils tentent d'abuser d'elles. Plusieurs masseuses se sont retrouvées au moins une fois devant pareille situation. Porquet Félicité ne dira pas le contraire. «En novembre dernier, je suis dans un hôtel 4 étoiles en bordure de mer. J'ai eu un client qui m'a proposé de lui faire le massage à l'hôtel. Ce que j'ai accepté sans arrière pensée. Une fois dans sa chambre, il propose de tripler la mise à condition que j'accepte de relever très haut ma jupe. Ce que j'ai refusé. Pour le dissuader, je lui ai dit que j'avais deux surveillants qui m'attendaient en bas. Je suis restée ferme », relate-t-elle. Rita Assémien juge aussi qu'il faut rester ferme pour éviter de tomber dans la tentation. Elle soutient qu'elle a été confrontée plusieurs fois à cette situation déshonorante, mais elle a su garder la tête froide. Dans la deuxième semaine du mois de janvier, elle a eu un client européen, qui l'a emmenée jusqu'à Biétry (Commune de Marcory) afin qu'elle lui fasse le massage. Pendant qu'elle appliquait sa pommade sur le corps, il lui a demandé plus, qu'elle accepte de coucher avec lui. Elle déclare avoir refusé en se contentant de lui faire le seul massage. «Mais cela n'a pas été facile», se souvient-elle, avouant que la tentation est souvent grande. Souvent, elle masse à perte. Certains clients animés de mauvaise foi leur tendent des sommes dérisoires. C'est le cas d'une cliente marocaine. Les deux ont arrêté un prix à l'avance mais, après le service, elle lui a tendu une pièce de 500 Fcfa. «Avant les fêtes, une cliente m'a demandé de lui faire un massage. Je lui ai d'abord fait un essai qu'elle a apprécié. Après le massage proprement dit, elle m'a tendu une pièce de 500 Fcfa au lieu de 5.000 Fcfa. On a failli en venir aux mains. Elle ne m'a pas payé le reliquat», raconte-t-elle amèrement. L'autre difficulté, c'est que les filles entre elles-mêmes ne sont pas solidaires. Certaines pratiquent des prix très bas. Ce que ne peuvent pas faire les masseuses professionnelles. «Notre corporation est gangrénée par certaines filles qui viennent d'Abidjan pour se vendre à vil prix aux hommes. D'autres viennent juste pour avoir un copain blanc. Ce sont elles, les brebis galeuses. Elles utilisent le massage comme une couverture », soutient Akouba Marie, ajoutant qu'elles ont décidé de chasser ces filles là.

Emmanuelle Kanga à Grand-Bassam
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