Les riverains des quartiers précaires sont toujours dans l’attente d’une vie meilleure. Malgré les promesses des autorités de changer leur quotidien, ils continuent de végéter dans la précarité absolue.
Après la pluie, c'est le beau temps dit l'adage. Les habitants des quartiers précaires que sont Gobelet, Banco I et Banco II, Deux-Plateaux et Cocody Danga l'ont tellement bien compris qu'ils s'en ont approprié. Faites donc un petit tour dans ces différents quartiers à problème et vous vous en rendrez compte. Les toits en plastique bleu ont été remplacés par des cartons provenant des caisses d'emballage. Les endroits les plus redoutés en période pluvieuse ont fait leur mue. Les habitants ne s'en privent pas et profitent au maximum des journées radieuses et pleines en effervescence. Dans le bas-fond de Gobélet, certains squatteurs ont renforcé l'échafaudage de leurs toitures en prévision de la prochaine saison pluvieuse.
D’autres habitants se sont réinstallés sur les flancs des falaises
D'autres habitants qui avaient déserté leurs habitations ravagées par l'écoulement des terrains, se sont réinstallés sur les flancs des falaises. Les plus téméraires ont tout simplement construit sur le chemin de ruissellement des eaux de canalisation. C'est le cas de M. Césaire, menuisier de son état, qui par manque d'espace, a installé son atelier dans le creux même de la falaise. "Je suis là pour l'instant. Il fait beau temps et les clients n'ont pas de problèmes pour me joindre. Alors que je ne me sens pas à l'aise. Dès que la saison des pluies approche, j'irai ailleurs", a soutenu le menuisier césaire. A quelques pas de M. Césaire, un autre menuisier nommé Aliou, est en train de fabriquer son atelier. Dès notre arrivée sur les lieux, il s'empresse de nous expliquer les difficultés qu'il rencontre à installer son atelier dans ce trou. "Je ne comprends pas les gens. Ils veulent que nous quittions ici. Mais ils n'ont rien fait pour nous. Moi, je me sens à l'aise ici", soutient Aliou. Dans l'autre quartier précaire (les chevaux), sis à la Riviera II, les riverains sont à pied d'œuvre pour remblayer une partie du grand creux dans lequel l'eau de ruissellement vient stagner. Faut-il le rappeler, pendant la saison pluvieuse, les pompiers ont dû sortir le grand jeu pour extraire des habitants bloqués dans leurs résidences suite à la montée des eaux de ruissellement. Aujourd'hui, à la faveur de la saison sèche, les riverains se réinstallent comme si de rien n'était. A Cocody Danga, les choses semblent entrer dans l'ordre. Ce quartier précaire a connu des moments assez pénibles au cours de la saison pluvieuse. En cet endroit, un homme a été retrouvé mort suite à un éboulement de terre.
On constate depuis quelques mois, la réfection des baraques
On constate depuis quelques mois, la reprise de réfection des baraques endommagées pendant la période de pluies. A l'entrée de ce quartier, un immeuble en béton armé est construit au grand dam des services d'assainissement de la ville d'Abidjan. A y voir de près, le bâtiment est construit à proximité du grand caniveau qui traverse le quartier. Mais personne ne s'y est opposé, ni même protesté contre la construction de cet immeuble qui, quoique l'on dise, représente un réel danger pour l'ensemble des locataires si jamais il venait à être mis en location. Ce quartier menacé à maintes reprises de démolition est toujours resté intact. Parce que des barons et certains partenaires économiques de la Côte d'Ivoire se sont accaparés ce lopin de terre. En propriétaires du quartier, les reconstructions ont repris de plus belle. Des squatteurs à la recherche d'un espace, creusent les flancs des falaises pour en faire des endroits habitables. Les plus habiles décoiffent leurs maisons pour rendre plus robustes et résistantes la charpente. Tout se passe comme si l'arrêt des pluies et surtout la venue du beau temps à fait naître chez ces habitants périodiques, un goût accéléré de construire des logements précaires. "Il faut vite construire les maisons avant le début de la saison pluvieuse. En cette période de saison sèche, l'Etat ne viendra jamais nous déloger. Parce qu'il n'y pas de catastrophes. Alors on peut tenter grignoter encore de l'espace pour agrandir notre habitation", déclare Moussa, un des habitants du quartier. De l'autre côté de la rive qui forme le second quartier habité par les allogènes, les travaux de réfection vont bon train. La saison sèche a donné des idées nouvelles à tous ceux qui veulent avoir une maison à Cocody Danga. L'emplacement géographique de ce petit quartier jouxtant Cocody côté Hôtel Ivoire et l'autre Cocody qui descend vers le Lycée technique attire beaucoup de monde. Des opérateurs immobiliers véreux à la recherche d'espace, convoitent avec assiduité cette petite zone. Des squatters venus de tous les horizons et qui se réclament pour les premiers habitants de la zone, contestent aux opérateurs immobiliers, leur titre de propriétaires terriens. Il ne se passe donc pas de jour sans qu'une autorité ne se réclame propriétaire et ne tente de faire raser le quartier. Les clandestins et les autres squatters qui habitent le terrain ont choisi leur représentant qui parle en leurs noms. La situation sur le terrain est confuse et l'on n'y trouve pas d'interlocuteurs fiables pour un règlement définitif de l'occupation d'espace non viabilisé. A Yopougon et plus précisément au quartier Banco I, les habitants vivent le même problème.
Le plan orsec est resté sans suite
Lassés d'attendre une réhabilitation annoncée qui n'arrive jamais, les locataires de maisons détruites par l'éboulement de terrain, ont repris de plus belle la réinstallation dans des endroits où ils avaient été chassés pendant la période pluvieuse. Habib qui a perdu sa maison et qui attendait d'être relogé par l'Etat, a succombé au charme d'obtenir une nouvelle maison. A cet effet, il a entrepris la construction d'une bicoque non loin de son ancien lieu d'habitation. " Je veux rester ici pour ne pas être trop loin de ma famille. On nous a même dit que nous allons quitter les lieux. Mais jusqu'à présent, nous sommes là ", se disent encore des déplacés et victimes de la saison des pluies. Le plan Orsec engagé par le préfet de région des lagunes est jusque-là resté sans suite. Les habitants des quartiers précaires qui pensaient avoir une occasion pour se reloger sont restés sur leur faim. Pour l'instant, tout semble se passer comme si l'Etat a accompli son devoir qui consiste à donner de l'espoir aux déshérités. Les promesses faites par le préfet Jean-Baptiste Etiassé sont sans suite. Le plan qui consistait à loger les habitants des quartiers précaires dans des tentes à Treichville (parc des sports) n'a jamais été exécuté. En ces temps de saison sèche, les populations déshéritées et pauvres ont pris leur destin en main. Elles tentent de se redonner une autre image en construisant elles-mêmes leurs logis dans les mêmes secteurs où à tout moment elles peuvent être fauchées par les eaux d'écoulement ou autre éboulement de terrain. Les populations des quartiers précaires le savent. Mais elles en font à leur tête. Puisque l'Etat les observe sans rien leur dire, ils s'adonnent à cœur joie et se complaisent dans leur situation de précarité, avec le secret espoir que le lendemain sera meilleur.
Enquête réalisée par Jean-Baptiste Essis
jgbessis8@gmail.com
Après la pluie, c'est le beau temps dit l'adage. Les habitants des quartiers précaires que sont Gobelet, Banco I et Banco II, Deux-Plateaux et Cocody Danga l'ont tellement bien compris qu'ils s'en ont approprié. Faites donc un petit tour dans ces différents quartiers à problème et vous vous en rendrez compte. Les toits en plastique bleu ont été remplacés par des cartons provenant des caisses d'emballage. Les endroits les plus redoutés en période pluvieuse ont fait leur mue. Les habitants ne s'en privent pas et profitent au maximum des journées radieuses et pleines en effervescence. Dans le bas-fond de Gobélet, certains squatteurs ont renforcé l'échafaudage de leurs toitures en prévision de la prochaine saison pluvieuse.
D’autres habitants se sont réinstallés sur les flancs des falaises
D'autres habitants qui avaient déserté leurs habitations ravagées par l'écoulement des terrains, se sont réinstallés sur les flancs des falaises. Les plus téméraires ont tout simplement construit sur le chemin de ruissellement des eaux de canalisation. C'est le cas de M. Césaire, menuisier de son état, qui par manque d'espace, a installé son atelier dans le creux même de la falaise. "Je suis là pour l'instant. Il fait beau temps et les clients n'ont pas de problèmes pour me joindre. Alors que je ne me sens pas à l'aise. Dès que la saison des pluies approche, j'irai ailleurs", a soutenu le menuisier césaire. A quelques pas de M. Césaire, un autre menuisier nommé Aliou, est en train de fabriquer son atelier. Dès notre arrivée sur les lieux, il s'empresse de nous expliquer les difficultés qu'il rencontre à installer son atelier dans ce trou. "Je ne comprends pas les gens. Ils veulent que nous quittions ici. Mais ils n'ont rien fait pour nous. Moi, je me sens à l'aise ici", soutient Aliou. Dans l'autre quartier précaire (les chevaux), sis à la Riviera II, les riverains sont à pied d'œuvre pour remblayer une partie du grand creux dans lequel l'eau de ruissellement vient stagner. Faut-il le rappeler, pendant la saison pluvieuse, les pompiers ont dû sortir le grand jeu pour extraire des habitants bloqués dans leurs résidences suite à la montée des eaux de ruissellement. Aujourd'hui, à la faveur de la saison sèche, les riverains se réinstallent comme si de rien n'était. A Cocody Danga, les choses semblent entrer dans l'ordre. Ce quartier précaire a connu des moments assez pénibles au cours de la saison pluvieuse. En cet endroit, un homme a été retrouvé mort suite à un éboulement de terre.
On constate depuis quelques mois, la réfection des baraques
On constate depuis quelques mois, la reprise de réfection des baraques endommagées pendant la période de pluies. A l'entrée de ce quartier, un immeuble en béton armé est construit au grand dam des services d'assainissement de la ville d'Abidjan. A y voir de près, le bâtiment est construit à proximité du grand caniveau qui traverse le quartier. Mais personne ne s'y est opposé, ni même protesté contre la construction de cet immeuble qui, quoique l'on dise, représente un réel danger pour l'ensemble des locataires si jamais il venait à être mis en location. Ce quartier menacé à maintes reprises de démolition est toujours resté intact. Parce que des barons et certains partenaires économiques de la Côte d'Ivoire se sont accaparés ce lopin de terre. En propriétaires du quartier, les reconstructions ont repris de plus belle. Des squatteurs à la recherche d'un espace, creusent les flancs des falaises pour en faire des endroits habitables. Les plus habiles décoiffent leurs maisons pour rendre plus robustes et résistantes la charpente. Tout se passe comme si l'arrêt des pluies et surtout la venue du beau temps à fait naître chez ces habitants périodiques, un goût accéléré de construire des logements précaires. "Il faut vite construire les maisons avant le début de la saison pluvieuse. En cette période de saison sèche, l'Etat ne viendra jamais nous déloger. Parce qu'il n'y pas de catastrophes. Alors on peut tenter grignoter encore de l'espace pour agrandir notre habitation", déclare Moussa, un des habitants du quartier. De l'autre côté de la rive qui forme le second quartier habité par les allogènes, les travaux de réfection vont bon train. La saison sèche a donné des idées nouvelles à tous ceux qui veulent avoir une maison à Cocody Danga. L'emplacement géographique de ce petit quartier jouxtant Cocody côté Hôtel Ivoire et l'autre Cocody qui descend vers le Lycée technique attire beaucoup de monde. Des opérateurs immobiliers véreux à la recherche d'espace, convoitent avec assiduité cette petite zone. Des squatters venus de tous les horizons et qui se réclament pour les premiers habitants de la zone, contestent aux opérateurs immobiliers, leur titre de propriétaires terriens. Il ne se passe donc pas de jour sans qu'une autorité ne se réclame propriétaire et ne tente de faire raser le quartier. Les clandestins et les autres squatters qui habitent le terrain ont choisi leur représentant qui parle en leurs noms. La situation sur le terrain est confuse et l'on n'y trouve pas d'interlocuteurs fiables pour un règlement définitif de l'occupation d'espace non viabilisé. A Yopougon et plus précisément au quartier Banco I, les habitants vivent le même problème.
Le plan orsec est resté sans suite
Lassés d'attendre une réhabilitation annoncée qui n'arrive jamais, les locataires de maisons détruites par l'éboulement de terrain, ont repris de plus belle la réinstallation dans des endroits où ils avaient été chassés pendant la période pluvieuse. Habib qui a perdu sa maison et qui attendait d'être relogé par l'Etat, a succombé au charme d'obtenir une nouvelle maison. A cet effet, il a entrepris la construction d'une bicoque non loin de son ancien lieu d'habitation. " Je veux rester ici pour ne pas être trop loin de ma famille. On nous a même dit que nous allons quitter les lieux. Mais jusqu'à présent, nous sommes là ", se disent encore des déplacés et victimes de la saison des pluies. Le plan Orsec engagé par le préfet de région des lagunes est jusque-là resté sans suite. Les habitants des quartiers précaires qui pensaient avoir une occasion pour se reloger sont restés sur leur faim. Pour l'instant, tout semble se passer comme si l'Etat a accompli son devoir qui consiste à donner de l'espoir aux déshérités. Les promesses faites par le préfet Jean-Baptiste Etiassé sont sans suite. Le plan qui consistait à loger les habitants des quartiers précaires dans des tentes à Treichville (parc des sports) n'a jamais été exécuté. En ces temps de saison sèche, les populations déshéritées et pauvres ont pris leur destin en main. Elles tentent de se redonner une autre image en construisant elles-mêmes leurs logis dans les mêmes secteurs où à tout moment elles peuvent être fauchées par les eaux d'écoulement ou autre éboulement de terrain. Les populations des quartiers précaires le savent. Mais elles en font à leur tête. Puisque l'Etat les observe sans rien leur dire, ils s'adonnent à cœur joie et se complaisent dans leur situation de précarité, avec le secret espoir que le lendemain sera meilleur.
Enquête réalisée par Jean-Baptiste Essis
jgbessis8@gmail.com