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Politique Publié le mardi 9 février 2010 | Le Patriote

Comment le FPI veut «rwandaiser» la Côte d’Ivoire

Cinquante années d’indépendance. Laurent Gbagbo entend mobiliser des milliards de francs CFA dans notre pays en crise économique pour célébrer le cinquantenaire de l’affranchissement de notre Etat de la tutelle coloniale. Récemment, lors du lancement des festivités à venir, il a indiqué qu’il entend en faire une occasion d’ouvrir un débat. Nous serions d’accord avec lui si, bien sûr, il avait mis en avant la construction de la Nation. Gbagbo a plutôt envie d’instrumentaliser ce cinquantenaire en misant sur les controverses sur nos rapports avec la France. Pourtant, la question qui mérite d’être posée est de savoir ce que nous avons fait de l’héritage colonial. Avons-nous réussi à construire une Nation ? La réalité est là, toute triste devant nous. La Côte d’Ivoire ne connait pas l’unité nationale qui fait que l’on se sent d’abord Ivoirien avant d’être originaire de telle ou de telle région. L’œuvre trentenaire bâtie par Houphouët-Boigny est aujourd’hui en danger. La Refondation s’est approprié l’ivoirité et elle est en train de conduire dangereusement le pays vers des lendemains qui ne chantent pas. Bien au contraire. L’actualité marquée par le contentieux sur la liste électorale, donne à voir des dérives invraisemblables au cours desquelles, des cadres du FPI s’arrogent le droit de contester à certains de leurs compatriotes, leur nationalité ou leur inscription sur la liste électorale. Plus grave, il s’agit de personnes dont la plupart étaient inscrites sur le listing de l’an 2000, dont l’élection a porté au pouvoir Laurent Gbagbo. Subitement, ces personnes deviennent étrangères. Les patronymes à consonance du Nord de la Côte d’Ivoire sont mis à l’avant. C’est un retour dangereux de l’ivoirité. Nous avons attiré l’attention de l’opinion publique nationale sur ces dérives identitaires, tribalistes et xénophobes. Ce qui a suscité des réactions plutôt émotives et émotionnelles du Conseil National de la Presse. Pourtant, l’actualité nous donne raison. Selon les propos rapportés par la presse, le lexique des ivoiritaires tourne de plus en plus vers la « rwandisation ». En effet, au cours d’une audience, des avocats du clan présidentiel, face au juge de Divo, ont indiqué : « la liste électorale provisoire est infestée et il faut la désinfecter par tous les moyens ». Au juge du tribunal de Divo, ils ont indiqué : « La Nation entière vous regarde, l’avenir de la Nation est entre vos mains ». Selon des propos rapportés par un de nos confrères, les forces de l’ordre ne sont pas en reste : « Vous les Dioula-là, pourquoi vous voulez être coûte que coûte des Ivoiriens. Allez-y chez vous. Notre pays n’est pas un dépotoir », lancent-elles à des manifestants. On se rappelle encore ces propos de la députée FPI Odette Lohourougnon au sein de l’hémicycle, à propos de ces étrangers qui « veulent envahir la Côte d’Ivoire et nous arracher notre pays. »
A doses perceptibles, le venin de la haine, de la xénophobie et du nazisme à l’ivoirienne est en train d’être inculqué. « Désinfecter » une liste électorale, cela ne signifie rien d’autre que ce qu’en dit la définition du verbe. C’est-à-dire « éliminer le développement des agents pathogènes d’un lieu, d’un objet ou de la surface externe du corps humain ». Les supposés étrangers deviennent-là donc comme des « choses » à exterminer. Cela ne nous ramène-t-il pas à l’histoire de ce Rwanda d’avant avril 1994 où des citoyens étaient traités de cafards et cancrelats qu’il fallait éliminer ? La suite des événements dans ce pays est sue de tous. Est-ce ce que souhaitent les cadres du FPI ? Nous ne le croyons pas. Car, au Rwanda les bourreaux n’ont pu vaincre ceux qu’ils voulaient exterminer. Les mots blessent et plus qu’une machette ou un fusil, un mot, un seul peut faire mal.
Il faut faire attention. Car notre pays a beaucoup souffert des errements des politiciens à la courte vue. « Côte d’Ivoire : poudrière identitaire ». Plus que jamais, le sociologue belge Benoît Scheuer an eu raison de le dire.
Charles Sanga

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