Il ne croyait pas si bien dire, maître Ahoussou Jeannot. A la conférence de presse qu’il a co-animée lundi dernier à l’Hotel du Golf avec ses confrères avocats, Mes Emmanuel Assi et Blessy Chrysostome, l’ancien ministre de l’Industrie a affirmé que quatre-vingt pour cent des problèmes de la Côte d’Ivoire proviennent de la justice. Un constat qui peut donner froid dans le dos, mais un constat qui colle comme un gant à la réalité. Au commencement de la crise ivoirienne, un juge a joué un rôle de premier plan. Il officie aujourd’hui comme à l’époque à la Cour suprême. Ce juge Tia Koné, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a troqué sa robe de serviteur de sa conscience et des lois pour le manteau pour se mettre au service d’une cause politique. Et par lui, ceux qui voulaient confisquer le pouvoir en Côte d’Ivoire ont ourdi un plan sordide dont il a été le principal canal d’exécution. La junte et son allié de l’époque, le Front populaire ivoirien de Laurent Gbagbo, ne voulaient aucun candidat à la présidence issu des principaux partis du pays que sont le Pdci et le Rdr. Les ordres politiques ont été habillés juridiquement. Et comme le dit le sage, pour ses besoins, le prince trouve toujours les félons prêts à prostituer leur science et leur réputation. Le président la Cour suprême agissant à l’époque en qualité et pour le compte de la Cour constitutionnelle a trouvé les arguments juridiques nécessaires pour invalider tous les postulants que le parti de l’indépendance de la Côte d’ivoire avait alignés. Et avec eux, celui du Rdr. Les frustrations et la perte totale de confiance à l’Etat et à l’appareil judiciaire comme moyen de réguler les conflits dans la société allaient pousser le pays dans le gouffre. Aujourd’hui encore, parce qu’une bonne partie de la justice se prête au même jeu, la Côte d’Ivoire est à nouveau au bord de l’irréparable.
D. Al Seni
D. Al Seni