La banqueroute d'un Etat n'est pas une chose courante. Néanmoins, il faut remonter en 2001 à peine pour avoir un dernier exemple en date : il s'agissait de l'Argentine qui avait fait défaut sur sa dette publique externe, créant de grave troubles sociaux et ouvrant une crise dont le pays a du mal à se relever encore aujourd'hui. La crise financière mondiale de 2008 a profondément affecté l'équilibre économique et financier de plusieurs pays dont la situation inquiète. Tour d'horizon de ces Etats qui pourraient faire faillite.
Plus d'un an après l'effondrement de son système bancaire (en octobre 2008) qui l'a précipitée au bord de la faillite, l'Islande se remet difficilement et doit parvenir à gérer l'après-crise. Trois grandes banques ont été nationalisées en urgence, la valeur de la couronne islandaise a plongé, et le pays a conclu un prêt international sous l'égide du FMI de près de 8 milliards d'euros. Autre conséquence directe de la crise : l'organisation d'élections législatives anticipées et la victoire historique de la coalition de centre-gauche, occasionnant l’avènement d’un nouveau Premier ministre. Ses habitants, jusqu'alors parmi les plus riches de la planète, vont continuer à payer l'addition de la crise financière : leur niveau de vie devrait encore baisser de 16,5% en 2010, selon les prévisions de la banque centrale. En novembre dernier, l'annonce a provoqué la stupeur : Dubaï pourrait-il faire faillite ? L'émirat, touché de plein fouet par la crise financière après des années de boom, a en effet demandé aux créanciers de son conglomérat Dubaï World de repousser de 6 mois le règlement de dettes arrivées à maturité, créant l'inquiétude sur les marchés financiers. L'Etat, dépourvu de ressources pétrolières contrairement à ses voisins du Golfe, doit faire face à un lourd endettement, de plus de 80 milliards de dollars. Son riche voisin Abou Dhabi a heureusement fourni in extremis 10 milliards de dollars permettant le règlement de cette dette. Pour l'instant sauvé, Dubaï World vient d'ouvrir à Las Vegas le « Citycenter », le complexe immobilier privé le plus cher des Etats-Unis. Les fortes difficultés financières actuelles « menacent la souveraineté nationale de la Grèce » a affirmé il y a quelques semaines son Premier ministre Georges Papandréou (photo). L'explosion du déficit public et de la dette (respectivement 12,7% et 113% du PIB, l'endettement devant même atteindre 125% du PIB en 2010 selon les prévisions) suscite l'inquiétude dans toute la zone euro. Les agences de notation financière ont également sanctionné durement la Grèce, abaissant sa note de crédit à long terme, certaines la plaçant même sous surveillance négative. L'Union Européenne ne souhaite pourtant pas intervenir pour l'instant, se disant confiante dans les capacités de la Grèce à gérer seule la situation. Les fortes difficultés financières actuelles « menacent la souveraineté nationale de la Grèce » a affirmé il y a quelques semaines son Premier ministre Georges Papandréou (photo). L'explosion du déficit public et de la dette (respectivement 12,7% et 113% du PIB, l'endettement devant même atteindre 125% du PIB en 2010 selon les prévisions) suscite l'inquiétude dans toute la zone euro. Les agences de notation financière ont également sanctionné durement la Grèce, abaissant sa note de crédit à long terme, certaines la plaçant même sous surveillance négative. L'Union Européenne ne souhaite pourtant pas intervenir pour l'instant, se disant confiante dans les capacités de la Grèce à gérer seule la situation. L'Espagne est toujours en récession et ses finances publiques ne cessent de se détériorer. C'est la raison pour laquelle Standard & Poor's (S&P) a décidé d'abaisser à nouveau, la note de la dette à long terme de l'Espagne et de placer le pays sous surveillance négative pour les deux années à venir. En l'absence de mesures fortes de la part des autorités, l'agence de notation estime en effet que le bout du tunnel n'est pas encore en vue : l'endettement privé, très élevé, représente 177% du PIB, le chômage avoisine les 20% de la population active, et la consommation, en berne, ne semble pas près de redémarrer. Malgré ces prévisions inquiétantes, le gouvernement espagnol joue la carte de l'optimisme. Après la Grèce et l'Espagne, c'est au tour du Portugal de voir se dégrader la note de sa dette à long terme. En raison de l'insuffisance des réformes structurelles concernant l'économie et les finances publiques, le pays est ainsi placé sous surveillance. Standard & Poor's estime aussi que la dégradation des finances publiques du pays pourrait faire grimper sa dette. Le gouvernement portugais a quant à lui reconnu une aggravation de la crise économique et a revu à la baisse ses prévisions. Néanmoins, malgré l'augmentation du taux de chômage et du déficit public, le Premier Ministre souhaite poursuivre son plan de relance basé sur de grands travaux. L'Estonie, la Lituanie et la Lettonie, considérées il y a peu comme les tigres de l'économie européenne, ont été durement touchés par la crise qui les a mis au bord de la faillite.
La dette, un plaisir partagé
Aujourd'hui, il existe un véritable doute sur leur capacité à rembourser leur dette publique qui s'est, comme les autres pays de ce dossier, envolée avec la crise financière. Il faut dire aussi que les Etats baltes ont été victimes de la financiarisation de leur économie qui a eu lieu avec l'aide des banques suédoises. Le cas de la Lettonie semble particulièrement préoccupant et a provoqué des troubles sociaux dans le pays. Son PIB a ainsi chuté de 18% au premier semestre 2009 et le gouvernement, afin de réaliser des économies, a procédé à d'importantes coupes dans son budget : les dépenses de santé et les salaires des fonctionnaires ont respectivement diminué de 30% et 20%. La Roumanie a également été gravement touchée par la crise financière. Au mois de mars dernier, le FMI et l'Union Européenne lui ont octroyé un prêt de 20 milliards d'euros, en contrepartie duquel le pays a dû commencer à réduire fortement ses dépenses publiques. Néanmoins, à l'automne, les deux institutions ont décidé de suspendre leur aide, et ce en raison de la crise politique qui a fait tomber le gouvernement au mois d'octobre. L'aide du FMI et de l'UE vise avant tout à empêcher la faillite de ce gros Etat : si celle-ci avait lieu, le risque de contagion dans la région serait en effet difficile à contrôler. L'Ukraine, confrontée depuis un an à une crise des liquidités et à la chute des cours de l'acier, a également reçu un prêt du Fonds Monétaire International : sur les 16,4 milliards de dollars promis en novembre 2008 et conditionnés à la mise en place d'un plan de sauvetage économique, 10,6 milliards ont d'ores et déjà été versés. Or face au non-respect par le gouvernement des coupes budgétaires promises, cette aide a été suspendue. Même si le FMI a refusé de débloquer de nouveaux fonds en sa faveur fin 2009, l'institution internationale vient d'annoncer avoir accepté de revoir ses exigences à la baisse vis-à-vis de l'Ukraine : le pays pourra utiliser les réserves internationales existantes, notamment pour honorer ses factures de gaz russe. Le constat que l’on ne peut s’empêcher de faire, est que la dette est le plaisir le plus partagé pas ces pays en difficulté.
Franck Boyo
Plus d'un an après l'effondrement de son système bancaire (en octobre 2008) qui l'a précipitée au bord de la faillite, l'Islande se remet difficilement et doit parvenir à gérer l'après-crise. Trois grandes banques ont été nationalisées en urgence, la valeur de la couronne islandaise a plongé, et le pays a conclu un prêt international sous l'égide du FMI de près de 8 milliards d'euros. Autre conséquence directe de la crise : l'organisation d'élections législatives anticipées et la victoire historique de la coalition de centre-gauche, occasionnant l’avènement d’un nouveau Premier ministre. Ses habitants, jusqu'alors parmi les plus riches de la planète, vont continuer à payer l'addition de la crise financière : leur niveau de vie devrait encore baisser de 16,5% en 2010, selon les prévisions de la banque centrale. En novembre dernier, l'annonce a provoqué la stupeur : Dubaï pourrait-il faire faillite ? L'émirat, touché de plein fouet par la crise financière après des années de boom, a en effet demandé aux créanciers de son conglomérat Dubaï World de repousser de 6 mois le règlement de dettes arrivées à maturité, créant l'inquiétude sur les marchés financiers. L'Etat, dépourvu de ressources pétrolières contrairement à ses voisins du Golfe, doit faire face à un lourd endettement, de plus de 80 milliards de dollars. Son riche voisin Abou Dhabi a heureusement fourni in extremis 10 milliards de dollars permettant le règlement de cette dette. Pour l'instant sauvé, Dubaï World vient d'ouvrir à Las Vegas le « Citycenter », le complexe immobilier privé le plus cher des Etats-Unis. Les fortes difficultés financières actuelles « menacent la souveraineté nationale de la Grèce » a affirmé il y a quelques semaines son Premier ministre Georges Papandréou (photo). L'explosion du déficit public et de la dette (respectivement 12,7% et 113% du PIB, l'endettement devant même atteindre 125% du PIB en 2010 selon les prévisions) suscite l'inquiétude dans toute la zone euro. Les agences de notation financière ont également sanctionné durement la Grèce, abaissant sa note de crédit à long terme, certaines la plaçant même sous surveillance négative. L'Union Européenne ne souhaite pourtant pas intervenir pour l'instant, se disant confiante dans les capacités de la Grèce à gérer seule la situation. Les fortes difficultés financières actuelles « menacent la souveraineté nationale de la Grèce » a affirmé il y a quelques semaines son Premier ministre Georges Papandréou (photo). L'explosion du déficit public et de la dette (respectivement 12,7% et 113% du PIB, l'endettement devant même atteindre 125% du PIB en 2010 selon les prévisions) suscite l'inquiétude dans toute la zone euro. Les agences de notation financière ont également sanctionné durement la Grèce, abaissant sa note de crédit à long terme, certaines la plaçant même sous surveillance négative. L'Union Européenne ne souhaite pourtant pas intervenir pour l'instant, se disant confiante dans les capacités de la Grèce à gérer seule la situation. L'Espagne est toujours en récession et ses finances publiques ne cessent de se détériorer. C'est la raison pour laquelle Standard & Poor's (S&P) a décidé d'abaisser à nouveau, la note de la dette à long terme de l'Espagne et de placer le pays sous surveillance négative pour les deux années à venir. En l'absence de mesures fortes de la part des autorités, l'agence de notation estime en effet que le bout du tunnel n'est pas encore en vue : l'endettement privé, très élevé, représente 177% du PIB, le chômage avoisine les 20% de la population active, et la consommation, en berne, ne semble pas près de redémarrer. Malgré ces prévisions inquiétantes, le gouvernement espagnol joue la carte de l'optimisme. Après la Grèce et l'Espagne, c'est au tour du Portugal de voir se dégrader la note de sa dette à long terme. En raison de l'insuffisance des réformes structurelles concernant l'économie et les finances publiques, le pays est ainsi placé sous surveillance. Standard & Poor's estime aussi que la dégradation des finances publiques du pays pourrait faire grimper sa dette. Le gouvernement portugais a quant à lui reconnu une aggravation de la crise économique et a revu à la baisse ses prévisions. Néanmoins, malgré l'augmentation du taux de chômage et du déficit public, le Premier Ministre souhaite poursuivre son plan de relance basé sur de grands travaux. L'Estonie, la Lituanie et la Lettonie, considérées il y a peu comme les tigres de l'économie européenne, ont été durement touchés par la crise qui les a mis au bord de la faillite.
La dette, un plaisir partagé
Aujourd'hui, il existe un véritable doute sur leur capacité à rembourser leur dette publique qui s'est, comme les autres pays de ce dossier, envolée avec la crise financière. Il faut dire aussi que les Etats baltes ont été victimes de la financiarisation de leur économie qui a eu lieu avec l'aide des banques suédoises. Le cas de la Lettonie semble particulièrement préoccupant et a provoqué des troubles sociaux dans le pays. Son PIB a ainsi chuté de 18% au premier semestre 2009 et le gouvernement, afin de réaliser des économies, a procédé à d'importantes coupes dans son budget : les dépenses de santé et les salaires des fonctionnaires ont respectivement diminué de 30% et 20%. La Roumanie a également été gravement touchée par la crise financière. Au mois de mars dernier, le FMI et l'Union Européenne lui ont octroyé un prêt de 20 milliards d'euros, en contrepartie duquel le pays a dû commencer à réduire fortement ses dépenses publiques. Néanmoins, à l'automne, les deux institutions ont décidé de suspendre leur aide, et ce en raison de la crise politique qui a fait tomber le gouvernement au mois d'octobre. L'aide du FMI et de l'UE vise avant tout à empêcher la faillite de ce gros Etat : si celle-ci avait lieu, le risque de contagion dans la région serait en effet difficile à contrôler. L'Ukraine, confrontée depuis un an à une crise des liquidités et à la chute des cours de l'acier, a également reçu un prêt du Fonds Monétaire International : sur les 16,4 milliards de dollars promis en novembre 2008 et conditionnés à la mise en place d'un plan de sauvetage économique, 10,6 milliards ont d'ores et déjà été versés. Or face au non-respect par le gouvernement des coupes budgétaires promises, cette aide a été suspendue. Même si le FMI a refusé de débloquer de nouveaux fonds en sa faveur fin 2009, l'institution internationale vient d'annoncer avoir accepté de revoir ses exigences à la baisse vis-à-vis de l'Ukraine : le pays pourra utiliser les réserves internationales existantes, notamment pour honorer ses factures de gaz russe. Le constat que l’on ne peut s’empêcher de faire, est que la dette est le plaisir le plus partagé pas ces pays en difficulté.
Franck Boyo