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Économie Publié le vendredi 12 février 2010 | Le Patriote

D’hier à aujourd’hui - Laurent Gbagbo aux paysans en 1995 : "Si j’étais au pouvoir, vous auriez eu 1250F pour le kilo de cacao"

La rubrique que nous vous proposons, paraitra tous les mardis et vendredis. Dans un débat politique où la mauvaise foi est la chose la mieux partagée dans le camp présidentiel, il s’agit de restaurer le discours d’antan de la classe dirigeante, principalement du président Laurent Gbagbo. Il a dit tellement de choses dans l’opposition, opéré tellement de critiques, qu’on s’étonne de le voir ouvrir le temps du reniement. Dénoncer des tares et se surprendre à les appliquer, assurément le candidat-président n’est pas à une contradiction près. Ce sont ces types d’écarts et de reniements que «D’hier à aujourd’hui» tente de saisir, pour aiguiser chez l’opinion l’indispensable devoir de mémoire. Ecce homo!

Il adore faire des promesses, sans pouvoir les tenir. Depuis dix ans qu’il est aux affaires en Côte d’Ivoire, que de promesses et de serments n’a pas fait le Président Laurent Gbagbo à ses compatriotes. Mais à la date indiquée, que de désillusions et d’amertumes chez les Ivoiriens. Les enseignants, les médecins, les universitaires, les instituteurs, les greffiers et bien d’autres corporations ont bu jusqu’à la lie, le calice des promesses non tenues du camarade socialiste. C’est cette façon de gouverner qui rythme la vie nationale depuis une décennie. A la vérité, le fait n’est pas nouveau chez le chef de file de la refondation. En termes de promesses, il en a faites une pléthore, pendant qu’il était le leader de l’opposition à Félix Houphouët-Boigny et au PDCI RDA. En témoigne, cet engagement ferme qu’il a pris en septembre 1995 devant les planteurs de son pays, qui selon lui, ne sont pas rémunérés comme il se le doit, au regard des dividendes qu’ils génèrent pour la nation. «Partout, les paysans meurent. Partout, des pauvres meurent. Il y en a même qui ont l’ordonnance à la main et ils meurent avec. Le prix du kilo de café et de cacao a certes coûté cette année 2500 frs sur le marché mondial. Parce que nous sommes là et que nous crions, on vous a donné 650frs. Si nous étions au pouvoir, avec notre politique du prix de 50%, vous auriez eu 1250frs le kilo. Voilà ce que nous disons. Et il reste 1250frs. Qu’est ce que nous allons en faire ? Les 1250 frs vont servir à construire la caisse d’assurance maladie. Cette année-là, d’après le calcul de nos experts, sur le café, le cacao, l’hévéa, la banane, l’ananas, l’huile, nous aurons130 milliards pour la Caistab», avait dit Laurent Gbagbo. Déjà en 1990, il faisait la promesse d’acheter le kilo de cacao à 3000 frs aux planteurs!
«Donnez-moi le pouvoir pour que je vous le rende», disait-il fréquemment aux paysans.
Sûr de son fait, Laurent Gbagbo, à cette époque, donnait cette mission à ses concitoyens : «chers parents, chers amis, allez partout et expliquez aux paysans notre politique et leur politique».
A présent, cela fait dix ans que Laurent Gbagbo est au pouvoir. Il n’a plus besoin de «crier» pour que les planteurs soient à l’aise. Il détient les commandes et les leviers du pouvoir. Malheureusement, les planteurs ne se portent pas mieux. Bien au contraire. Ils attendent toujours le prix d’achat de leur café et cacao à 3000frs ou à 1250frs. Avec Gbagbo au pouvoir, c’est le cauchemar permanent pour les agriculteurs. Leurs produits sont achetés à vil prix par des affairistes proches de la refondation. Ils travaillent durement pour enrichir plutôt des personnes n’ayant rien à voir avec l’agriculture. On a tous vu comment l’argent de la filière café-cacao a été détourné par des individus à col blanc bien identifiables dans la société ivoirienne. De nombreux barons adossés au régime, croupissent à la Maca, sans jugement, comme si on avait peur qu’ils fassent des révélations. De plus, l’argent du cacao a servi à acheter à plus de 100 milliards de FCFA, une mythique usine à Fulton, aux Etats-Unis. Contrairement aux années Houphouët-Boigny, être planteur n’est plus un honneur, dans la mesure où l’on ne vit pas de son travail, sauf à contribuer à enrichir les tenants du pouvoir et leurs courtisans. De toute évidence, Laurent Gbagbo a floué les planteurs. Non seulement il n’a pas tenu sa promesse, plus grave, il n’arrive pas à atteindre l’ancien prix d’achat du café et du cacao. Le drame est total dans le monde paysan, abusé comme l’ensemble des travailleurs et des bras valides de la Côte d’Ivoire.

Une rubrique de Bakary Nimaga
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