Gilbert Ano N'Guessan est un homme qui communique peu, du moins dans la presse. " Le président n'aime pas se répandre ", chuchotent certains de ses conseillers toujours présents dans son dernier cercle. Le président du Comité de gestion de la filière café-cacao (CGFCC) a été nommé à ce poste par le Président Laurent Gbagbo, en septembre 2008, après la dislocation des structures de la filière café-cacao, suite à l'affaire dite de l'usine de chocolat de Fulton aux Etats-Unis. Il a aussi et sans doute tiré les enseignements de la communication jugée souvent ostentatoire de certains barons de la filière café-cacao, aujourd'hui détenus à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca) dans le cadre de détournements de fond présumés. Le samedi 6 février 2010, l'imposant planteur (aussi bien par sa stature que par la superficie de son exploitation agricole) était le parrain des états généraux du développement de la nouvelle sous-préfecture d'Ananda (45 Km de Daoukro), située dans l'ancienne boucle du cacao. Après la cérémonie d'ouverture des travaux et avant le déjeuner offert par les organisateurs, Gilbert Ano a accepté après quelques tractations, de nous accorder une interview. " Pas plus de dix minutes ", a fermement précisé l'un de ses collaborateurs. Une décision respectée à la seconde près.
Certains jeunes, fils de planteurs ou qui aspirent à se lancer dans la culture du cacao affirment être confrontés à deux défis : la raréfaction des forêts propices à la culture du cacao et la faiblesse de la production à l'hectare. Quelle solution leur proposez-vous ?
En moyenne, les producteurs que vous rencontrez, que ce soit à l'ouest comme à l'est, produisent entre 200 et 350 Kg de cacao à l'hectare. Ceux qui suivent les directives techniques de l'Anader (Agence nationale d'appui au développement rural, NDLR) et des autres partenaires, font dans le meilleur des cas, 450 Kg à l'hectare. Tout cela joue sur les revenus des producteurs. Etant donné qu'on veut que des jeunes prennent la relève de leurs parents ou s'intéressent à la culture du cacao, il fallait trouver des plants au rendement plus important. C'est ainsi qu'a été trouvée la cabosse améliorée que les producteurs appellent communément " cacao Mercedes ". C'est une variété de cacao que nous mettons à la disposition des producteurs de cacao depuis maintenant quatre ans. Cela n'est donc pas une trouvaille nouvelle. En fait, dans le cadre de nos rapports avec les autres structures de développement agricole, des chercheurs du CNRA (Centre national de recherche agronomique, NDLR), à qui nous avons apporté notre concours financier, ont pu trouver une espèce végétale plus performante. Ces plants ont des potentiels plus importants et rendent la culture de cacao plus lucrative.
Quels sont les potentiels de la cabosse améliorée ?
Ce sont des semences qui produisent déjà à partir de dix-huit mois, si les conditions sont réunies. Sinon dès deux ans, vous avez votre plantation qui commence à produire. La production est de deux tonnes à l'hectare. Mais en moyenne, c'est une tonne à l'hectare.
Vous venez de traverser une région qui a mérité par le passé son nom de boucle du cacao. Aujourd'hui, vous traversez la zone sans apercevoir un pied de cacao. Comment en est-on arrivé là ?
Les conditions climatiques dans cette zone ont beaucoup évolué, surtout ces quarante dernières années. Il y a en effet une quarantaine d'années, on produisait beaucoup de cacao et de café dans cette région. Puis la sécheresse s'est installée, les plants sont morts, sans qu'on n'ait pu faire de renouvellement. Aujourd'hui, le matériel végétal dont on parle, peut réussir dans l'ancienne boucle du cacao. J'ai un collaborateur qui a déjà fait des expériences depuis 2004 et qui confirment ce que je dis. Après trois ans, le cacao expérimenté donne 900 Kg à l'hectare. Vous voyez qu'on tend vers la moyenne normale en dépit du fait qu'on est à une altitude qui n'est pas très propice à la culture du cacao. Cela est déjà intéressant par rapport à ce que les planteurs produisaient par le passé et qui a fait la richesse de l'ancienne boucle du cacao.
Vous évoquez, certainement entre autres conditions défavorables à la culture du cacao, l'altitude non propice dans l'ancienne boucle du cacao. A quoi doivent précisément s'attendre les planteurs qui se lanceront sur vos conseils dans la culture du cacao, pour ne pas revivre l'expérience désastreuse du passé ?
Nous conseillons la diversification des cultures aux producteurs de cacao, que ce soit ceux qui voudront s'installer dans l'ancienne boucle du cacao que tous les autres dans les nouvelles boucles. Bien sûr que cela est soumis à une condition générale : l'existence d'un couvert végétal parce que quand il n'y a pas de forêt, il y a moins de pluie. Avec la nouvelle approche en matière de développement, prônée par le CNRA, l'Anader et le Firca ( Fonds interprofessionnel pour la recherche et le conseil agricoles, NDLR), il faut associer à la culture du cacao, d'autres cultures pérennes tels l'hévéa, le café ou le palmier à huile. Plus il y aura du couvert végétal, plus les pluies pourront s'installer de nouveau et on pourra arriver à la prospérité d'antan. J'insiste en disant que nous encourageons ceux qui veulent revenir au cacao. Cependant, pour une meilleure économie cacaoyère, il faut diversifier. Pas seulement pour l'économie cacaoyère, mais pour le paysan lui-même. Ce dernier doit avoir certes du cacao, mais de l'hévéa qui fort heureusement commence à être cultivée dans certaines régions de l'ancienne boucle du cacao, et d'autres spéculations, pour qu'à tout moment, il puisse équilibrer son budget familial. D'autre part, nous encourageons sinon insistons pour que les producteurs aient plusieurs spéculations, parce que nous avons découvert grâce à nos chercheurs, que pour une meilleure lutte contre les ennemis du cacaoyer, il faut de l'hévéa autour.
De quels ennemis s'agit-il ?
Il y a notamment le Swollen Shoot qui est une maladie virale jusque-là incurable. Les vecteurs qui transmettent cette maladie ont du mal à traverser un champ d'hévéa.
Que fait la Côte d'Ivoire, le premier producteur de cacao au monde, en terme de recherche scientifique, pour vaincre le Swollen Shoot ? Vainc-t-on au niveau mondial le sida ? Ce sont des comportements qui vainquent le sida. Le Swollen Shoot est le sida du cacao. C'est l'environnement qui le vainc. Aussi voici pourquoi nous conseillons aux producteurs de cacao, de cultiver par exemple, autour de leur exploitation du café, ou de l'hévéa ou du palmier à huile.
Selon des Comités départementaux de suivi (CDS), la production de cacao pourrait ne pas atteindre le niveau de l'année dernière. Comment expliquez-vous cela ?
Les mêmes questions reviennent chaque année. Nous sommes le premier pays producteur de cacao au monde. De ce fait, quand on parle de chiffres, il faut faire très attention. Moi, j'ai vu des chiffres dans des journaux qui sont très alarmants. On avance des chiffres de 800.000 tonnes. On est à peine à la moitié de la période de campagne principale et on avance des chiffres.
Quelles sont vos estimations ?
Je ne peux pas vous donner d'estimation. Ce que je puis vous dire, c'est que le Comité de gestion a dit que nous sommes dans une baisse tendancielle qui résulte du vieillissement de nos vergers et des maladies endémiques qui tuent le cacao. Nous devons donc faire des efforts pour corriger cette tendance.
De qui parlez-vous quand vous dites " Nous devons donc faire des efforts pour corriger cette tendance " ?
" Nous " est mis pour la Nation toute entière. Il faut tirer la sonnette d'alarme. Cependant, je ne suis pas aussi pessimiste que les chiffres que j'ai lus.
La baisse tendancielle de la production pourrait aussi s'expliquer par les remous enregistrés dans la filière café-cacao, notamment l'emprisonnement sans jugement depuis bientôt deux ans, de certains barons de la filière. Quel est votre avis sur cette hypothèse ?
Cela n'a rien à voir. Ceux qui ont été emprisonnés ont combien de superficie de cacao ? Les explications sont ailleurs.
Quelles sont les explications ?
Les diagnostics réalisés au niveau de la filière font ressortir de nombreuses insuffisances et contraintes. Les principales contraintes sont la faiblesse du système de production, la dégradation de la qualité des produits marchands le long de la chaîne de production et de commercialisation, la dégradation des conditions de vie et de travail des unités familiales de production. Au niveau de la production et de la productivité, les principales insuffisances se caractérisent par la non-maîtrise des bonnes pratiques agricoles, la forte pression parasitaire due aux maladies et ravageurs telle la pourriture et surtout le vieillissement du verger. J'aimerais préciser que la pression parasitaire s'est aggravée par l'apparition de nouvelles menaces que sont les foreurs de tiges et l'apparition du Swollen Shoot dont je viens de parler. En ce qui concerne le verger, essayez de prendre la route et vous vous en rendrez compte. Si vous partez par exemple à Abengourou, vous verrez qu'il y a beaucoup de vieilles plantations, qui ont vingt-cinq à trente ans, voire plus.
Quelles sont les réponses qu'apporte le Comité de gestion de la filière café-cacao à toutes ces contraintes et insuffisances ?
La solution est contenue dans le programme de développement durable de la filière dénommée 2QC (Quantité, Qualité et Croissance) élaboré dans une approche participative par le gouvernement ivoirien, à travers le Comité de gestion de la filière café-cacao. Les actions urgentes du 2QC se déclinent comme suit : la sensibilisation des producteurs pour l'amélioration de la qualité des produits marchands, l'identification et l'évaluation des coopératives afin que toutes les actions d'appui envisagées par la filière profitent effectivement aux OPA (Organisations professionnelles agricoles, NDLR) viables, la régénération du verger qui passe notamment par l'accès aux intrants en vue d'accroître la productivité des exploitations.
Quelles sont les assurances que ce programme profite réellement aux producteurs ?
Je puis vous assurer qu'à ce jour, le Comité de gestion de la filière café-cacao a par exemple facilité l'accès des producteurs aux pesticides et aux fongicides pour le traitement de 800.000 Ha de plantation. En ce qui concerne les semences améliorées, avec le concours des CDS et de l'Anader, il y a eu une distribution pour 15.000 Ha. Nous savons que la majorité des producteurs ayant exprimé leurs besoins en cabosses améliorées cette année n'ont pas été tous satisfaits. Le CGFCC va de ce fait, apporter, dans le cadre du programme 2QC, une contribution au CNRA, pour augmenter sa capacité de production des cabosses améliorées.
La commercialisation de la production se bute au problème des routes. Que prévoyez-vous pour rendre les pistes qui mènent aux exploitations agricoles, praticables ?
Le " reprofilage " des routes se fait déjà. Cette année, nous prévoyons réaliser d'ici septembre 12.000 Km de " reprofilage ". Nous avons commencé ces travaux à la mi-décembre 2009. Depuis lors, jusqu'à fin janvier, nous avons pu déjà " reprofiler " 1.400 Km. C'est un travail qui est en cours. Mais il n'y a pas que les pistes agricoles qui retiennent notre attention. Nous construisons aussi des écoles et des centres de santé, dans le cadre du Fond d'investissement en milieu rural.
Quels sont les rapports que le Comité de gestion entretient avec le Comité national des sages présidé par Bléhoué Aka ?
Il n'y a pas de problèmes entre les deux comités encore moins des conflits de compétences. La gestion de la filière relève du Comité de gestion. Le Comité des sages est un organe consultatif. Les attributions sont très claires.
Interview réalisée par André Silver Konan
Certains jeunes, fils de planteurs ou qui aspirent à se lancer dans la culture du cacao affirment être confrontés à deux défis : la raréfaction des forêts propices à la culture du cacao et la faiblesse de la production à l'hectare. Quelle solution leur proposez-vous ?
En moyenne, les producteurs que vous rencontrez, que ce soit à l'ouest comme à l'est, produisent entre 200 et 350 Kg de cacao à l'hectare. Ceux qui suivent les directives techniques de l'Anader (Agence nationale d'appui au développement rural, NDLR) et des autres partenaires, font dans le meilleur des cas, 450 Kg à l'hectare. Tout cela joue sur les revenus des producteurs. Etant donné qu'on veut que des jeunes prennent la relève de leurs parents ou s'intéressent à la culture du cacao, il fallait trouver des plants au rendement plus important. C'est ainsi qu'a été trouvée la cabosse améliorée que les producteurs appellent communément " cacao Mercedes ". C'est une variété de cacao que nous mettons à la disposition des producteurs de cacao depuis maintenant quatre ans. Cela n'est donc pas une trouvaille nouvelle. En fait, dans le cadre de nos rapports avec les autres structures de développement agricole, des chercheurs du CNRA (Centre national de recherche agronomique, NDLR), à qui nous avons apporté notre concours financier, ont pu trouver une espèce végétale plus performante. Ces plants ont des potentiels plus importants et rendent la culture de cacao plus lucrative.
Quels sont les potentiels de la cabosse améliorée ?
Ce sont des semences qui produisent déjà à partir de dix-huit mois, si les conditions sont réunies. Sinon dès deux ans, vous avez votre plantation qui commence à produire. La production est de deux tonnes à l'hectare. Mais en moyenne, c'est une tonne à l'hectare.
Vous venez de traverser une région qui a mérité par le passé son nom de boucle du cacao. Aujourd'hui, vous traversez la zone sans apercevoir un pied de cacao. Comment en est-on arrivé là ?
Les conditions climatiques dans cette zone ont beaucoup évolué, surtout ces quarante dernières années. Il y a en effet une quarantaine d'années, on produisait beaucoup de cacao et de café dans cette région. Puis la sécheresse s'est installée, les plants sont morts, sans qu'on n'ait pu faire de renouvellement. Aujourd'hui, le matériel végétal dont on parle, peut réussir dans l'ancienne boucle du cacao. J'ai un collaborateur qui a déjà fait des expériences depuis 2004 et qui confirment ce que je dis. Après trois ans, le cacao expérimenté donne 900 Kg à l'hectare. Vous voyez qu'on tend vers la moyenne normale en dépit du fait qu'on est à une altitude qui n'est pas très propice à la culture du cacao. Cela est déjà intéressant par rapport à ce que les planteurs produisaient par le passé et qui a fait la richesse de l'ancienne boucle du cacao.
Vous évoquez, certainement entre autres conditions défavorables à la culture du cacao, l'altitude non propice dans l'ancienne boucle du cacao. A quoi doivent précisément s'attendre les planteurs qui se lanceront sur vos conseils dans la culture du cacao, pour ne pas revivre l'expérience désastreuse du passé ?
Nous conseillons la diversification des cultures aux producteurs de cacao, que ce soit ceux qui voudront s'installer dans l'ancienne boucle du cacao que tous les autres dans les nouvelles boucles. Bien sûr que cela est soumis à une condition générale : l'existence d'un couvert végétal parce que quand il n'y a pas de forêt, il y a moins de pluie. Avec la nouvelle approche en matière de développement, prônée par le CNRA, l'Anader et le Firca ( Fonds interprofessionnel pour la recherche et le conseil agricoles, NDLR), il faut associer à la culture du cacao, d'autres cultures pérennes tels l'hévéa, le café ou le palmier à huile. Plus il y aura du couvert végétal, plus les pluies pourront s'installer de nouveau et on pourra arriver à la prospérité d'antan. J'insiste en disant que nous encourageons ceux qui veulent revenir au cacao. Cependant, pour une meilleure économie cacaoyère, il faut diversifier. Pas seulement pour l'économie cacaoyère, mais pour le paysan lui-même. Ce dernier doit avoir certes du cacao, mais de l'hévéa qui fort heureusement commence à être cultivée dans certaines régions de l'ancienne boucle du cacao, et d'autres spéculations, pour qu'à tout moment, il puisse équilibrer son budget familial. D'autre part, nous encourageons sinon insistons pour que les producteurs aient plusieurs spéculations, parce que nous avons découvert grâce à nos chercheurs, que pour une meilleure lutte contre les ennemis du cacaoyer, il faut de l'hévéa autour.
De quels ennemis s'agit-il ?
Il y a notamment le Swollen Shoot qui est une maladie virale jusque-là incurable. Les vecteurs qui transmettent cette maladie ont du mal à traverser un champ d'hévéa.
Que fait la Côte d'Ivoire, le premier producteur de cacao au monde, en terme de recherche scientifique, pour vaincre le Swollen Shoot ? Vainc-t-on au niveau mondial le sida ? Ce sont des comportements qui vainquent le sida. Le Swollen Shoot est le sida du cacao. C'est l'environnement qui le vainc. Aussi voici pourquoi nous conseillons aux producteurs de cacao, de cultiver par exemple, autour de leur exploitation du café, ou de l'hévéa ou du palmier à huile.
Selon des Comités départementaux de suivi (CDS), la production de cacao pourrait ne pas atteindre le niveau de l'année dernière. Comment expliquez-vous cela ?
Les mêmes questions reviennent chaque année. Nous sommes le premier pays producteur de cacao au monde. De ce fait, quand on parle de chiffres, il faut faire très attention. Moi, j'ai vu des chiffres dans des journaux qui sont très alarmants. On avance des chiffres de 800.000 tonnes. On est à peine à la moitié de la période de campagne principale et on avance des chiffres.
Quelles sont vos estimations ?
Je ne peux pas vous donner d'estimation. Ce que je puis vous dire, c'est que le Comité de gestion a dit que nous sommes dans une baisse tendancielle qui résulte du vieillissement de nos vergers et des maladies endémiques qui tuent le cacao. Nous devons donc faire des efforts pour corriger cette tendance.
De qui parlez-vous quand vous dites " Nous devons donc faire des efforts pour corriger cette tendance " ?
" Nous " est mis pour la Nation toute entière. Il faut tirer la sonnette d'alarme. Cependant, je ne suis pas aussi pessimiste que les chiffres que j'ai lus.
La baisse tendancielle de la production pourrait aussi s'expliquer par les remous enregistrés dans la filière café-cacao, notamment l'emprisonnement sans jugement depuis bientôt deux ans, de certains barons de la filière. Quel est votre avis sur cette hypothèse ?
Cela n'a rien à voir. Ceux qui ont été emprisonnés ont combien de superficie de cacao ? Les explications sont ailleurs.
Quelles sont les explications ?
Les diagnostics réalisés au niveau de la filière font ressortir de nombreuses insuffisances et contraintes. Les principales contraintes sont la faiblesse du système de production, la dégradation de la qualité des produits marchands le long de la chaîne de production et de commercialisation, la dégradation des conditions de vie et de travail des unités familiales de production. Au niveau de la production et de la productivité, les principales insuffisances se caractérisent par la non-maîtrise des bonnes pratiques agricoles, la forte pression parasitaire due aux maladies et ravageurs telle la pourriture et surtout le vieillissement du verger. J'aimerais préciser que la pression parasitaire s'est aggravée par l'apparition de nouvelles menaces que sont les foreurs de tiges et l'apparition du Swollen Shoot dont je viens de parler. En ce qui concerne le verger, essayez de prendre la route et vous vous en rendrez compte. Si vous partez par exemple à Abengourou, vous verrez qu'il y a beaucoup de vieilles plantations, qui ont vingt-cinq à trente ans, voire plus.
Quelles sont les réponses qu'apporte le Comité de gestion de la filière café-cacao à toutes ces contraintes et insuffisances ?
La solution est contenue dans le programme de développement durable de la filière dénommée 2QC (Quantité, Qualité et Croissance) élaboré dans une approche participative par le gouvernement ivoirien, à travers le Comité de gestion de la filière café-cacao. Les actions urgentes du 2QC se déclinent comme suit : la sensibilisation des producteurs pour l'amélioration de la qualité des produits marchands, l'identification et l'évaluation des coopératives afin que toutes les actions d'appui envisagées par la filière profitent effectivement aux OPA (Organisations professionnelles agricoles, NDLR) viables, la régénération du verger qui passe notamment par l'accès aux intrants en vue d'accroître la productivité des exploitations.
Quelles sont les assurances que ce programme profite réellement aux producteurs ?
Je puis vous assurer qu'à ce jour, le Comité de gestion de la filière café-cacao a par exemple facilité l'accès des producteurs aux pesticides et aux fongicides pour le traitement de 800.000 Ha de plantation. En ce qui concerne les semences améliorées, avec le concours des CDS et de l'Anader, il y a eu une distribution pour 15.000 Ha. Nous savons que la majorité des producteurs ayant exprimé leurs besoins en cabosses améliorées cette année n'ont pas été tous satisfaits. Le CGFCC va de ce fait, apporter, dans le cadre du programme 2QC, une contribution au CNRA, pour augmenter sa capacité de production des cabosses améliorées.
La commercialisation de la production se bute au problème des routes. Que prévoyez-vous pour rendre les pistes qui mènent aux exploitations agricoles, praticables ?
Le " reprofilage " des routes se fait déjà. Cette année, nous prévoyons réaliser d'ici septembre 12.000 Km de " reprofilage ". Nous avons commencé ces travaux à la mi-décembre 2009. Depuis lors, jusqu'à fin janvier, nous avons pu déjà " reprofiler " 1.400 Km. C'est un travail qui est en cours. Mais il n'y a pas que les pistes agricoles qui retiennent notre attention. Nous construisons aussi des écoles et des centres de santé, dans le cadre du Fond d'investissement en milieu rural.
Quels sont les rapports que le Comité de gestion entretient avec le Comité national des sages présidé par Bléhoué Aka ?
Il n'y a pas de problèmes entre les deux comités encore moins des conflits de compétences. La gestion de la filière relève du Comité de gestion. Le Comité des sages est un organe consultatif. Les attributions sont très claires.
Interview réalisée par André Silver Konan