Les Samedis de Biton : La saga de Philippe Omar

Au moment, où dans la presse, les Ivoiriens demandent le retour de Philippe Troussier à la tête de l’Equipe Nationale de football des images de l’homme me reviennent. Depuis son arrivée en 1990 et jusqu’aujourd’hui, je suis l’homme presque chaque semaine. Jamais un entraineur n’a fasciné autant les supporters de football. Un jour, un mois, une année à Sol Béni, l’équipe fanion est en plein entrainement sous la directive de Troussier. On entend le crépitement de flashs. C’est le photographe du magazine Mimosas qui faisait des photos pour son magazine. Troussier court vers lui, arrache son appareil et le jette. Pour le natif de Paris, il est inconcevable de troubler la quiétude d’une équipe en pleine concentration sans avoir demandé la veille une autorisation. Et ce fameux match à Odienné. Philippe se réveille de sa sieste et ne voit pas son équipe. Il se rend tout de même au terrain. A sa grande surprise il voit ses joueurs grimper par-dessus le mur. Renseignement pris. A l’entrée du terrain il semble que l’adversaire légendaire avait enterré un fétiche. Et si les joueurs passaient par l’entrée principale c’était la défaite assurée et la perte du titre. Philippe Troussier devint hystérique surtout qu’un joueur avait osé lui dire : « Coach, c’est comme ça en Afrique ». Ce joueur ne sera pas aligné et quand il le vit dans l’avion pour Bouna où se jouait le dernier match, il a préféré retourner chez lui, à la maison. A la tête des Eléphants et avant le dernier match, notre qualification pour le mondial, notre qualification était certaine. Il ne suffisait que de faire un match nul à Lagos. La fédération va le destituer pour un match qu’il aurait organisé sans les avertir. Comme si c’était possible. Cette affaire doit être éclaircie. Il semble que ce sont les féticheurs qui ne voulaient pas de lui pour ce dernier match, au risque de perdre. Sans lui, à Lagos, on a subi un vrai naufrage. Pour la Côte d’Ivoire, le meilleur succès de Philippe Troussier a été la coupe d’Afrique acquise à Dakar en 1992. Tous les spécialistes et amateurs ont été unanimes là desus. La quasi-totalité des joueurs étaient issue de son équipe et quand on sait la rigueur qu’il avait inculqué aux joueurs on n’a pas été étonné de les voir à la première place. On ne le dit jamais suffisamment mais Philippe Troussier a gagné, avec l’équipe du Japon, la Coupe d’Asie des Nations en 2000.Le match était en direct. On l’a vu depuis nos salons. Et même deux autres coupes en Asie. Certains osent écrire qu’il n’a pas de palmarès. Ignorance ou mauvaise foi. Le problème de Philippe Troussier dans les pays où il va passer aura pour origine la presse. Philippe Troussier a horreur des journalistes qui n’ont pas grande connaissance du football et se permettent de donner des leçons en football. Ici, on a remarqué qu’il ne considérait qu’un seul journaliste de la presse écrite. Il oublie qu’aujourd’hui la presse est un grand pouvoir à courtiser. Même les chefs d’Etat se plient à cette exigence des temps modernes. Tant qu’il ne corrigera pas ses rapports avec la presse Troussier ne va pas rester longtemps dans un pays. Installé au Maroc, où il s’est converti à l’islam avec le prénom de Omar et sa femme Amina, il a mis rapidement fin avec les Lions de l’Atlas à cause de la presse qui critiquait son contrat. Il faut le savoir, le Philippe Troussier d’Abidjan n’est pas celui d’aujourd’hui. Maître Roger Ouegnin, celui qui a découvert Troussier , disait que son système coûte cher. Aujourd’hui, le système c’est près de 16 personnes. Le 17 décembre, Philippe Omar Troussier est contacté par la Corée du Nord. Je suis sceptique de revoir le résident de Rabat sur les bords de la lagune. Il dit lui-même qu’il est sollicité par plusieurs équipes qualifiées pour la coupe du Monde de l’Afrique du Sud. Il sera sans doute à sa troisième coupe du monde, un vrai succès pour ce passionné du travail. Un joueur ivoirien talentueux et qui n’a pas eu la carrière qu’il aurait dû disait : « Si j’avais eu tôt cet entraineur j’aurais réussi une grande carrière professionnelle ». Trop de choses à dire sur le caractère de Troussier et ses exigences . Sans parler de son talent de découvreur de nouveaux talents que personne ne remarquait. Sam Abouo lancé dans une bataille à Tripoli étant cadet-junior que tous les recruteurs réclamaient en 92 au Sénégal. Guel Tchiressoa, rentré à Casablanca , qui devint l’un des plus grands sportifs du football africain. Ainsi va l’Afrique. Et à la semaine prochaine.

Par Isaïe Biton Koulibaly