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Politique Publié le samedi 20 février 2010 | L’expression

Post-scriptum - Dérive tribale

On a lu beaucoup de choses horribles ces derniers temps dans la presse. Mais il y a particulièrement deux propos retranscrits par notre confrère Notre Voie en son édition du vendredi 19 février, qui m’ont personnellement donné froid. Lisez plutôt. Le premier texte est d’Ernest Bobi Djepa, présenté comme un baron du Pdci). « Notre ville est infectée de rebelles. Je n’accepterai jamais que le Rhdp brûle ma région. Je le dis en tant que Dida dont le père, ancien chef de canton, a été celui-là même qui a accueilli tous les Malinké et les Mandingues ici à Divo. Je suis inspecteur général du Pdci(…) J’ai toujours dénoncé l’accointance du Rhdp avec les étrangers. Quand les Malinké venaient, ils n’avaient que pour seul bagage un petit baluchon. Aujourd’hui, ils sont devenus riches. Grace à notre hospitalité et ils veulent nous tuer. Je ne suis pas d’accord. Le Rdr est le père du Mpigo, Mpci et les autres. Et si le Rhdp veut me radier pour ma position, qu’il le fasse. Que les frères malinké se méfient de leurs cousins étrangers de la Cedeao ».
L’auteur du second texte est Jacob Akpalé, député Fpi de Divo :
« Moi, j’ai vécu chez les Malinké quand j’allais à l’école. Au fond, ils ne sont pas aussi violents, mais ils ont été fortement influencés par leurs cousins venus de la Cedeao. Et cela dès le retour du multipartisme en Côte d’Ivoire. Soucieux de devenir des Ivoiriens sans passer par la procédure en vigueur, ils emploient la manière forte. Ils veulent nous arracher nos terres. Et notre pays. Le peuple Dida doit résister. Car ils sont encouragés et conditionnés en cela par des politiciens d’une autre époque. Il faut qu’on limite le flot d’immigration vers le pays forestier. Ce n’est pas de la xénophobie. Mais je voudrais leur rappeler qu’ils doivent savoir que chaque pays a ses règles et il faut qu’ils respectent nos lois. »
On se perd en conjectures, comment un élu de la nation peut-il s’exprimer ainsi ? Passons. De ces deux discours ultranationalistes, on retient trois postulats.
Primo, les Malinké ne sont pas chez eux à Divo et doivent l’intégrer dans leur vécu quotidien. Ils ne doivent jamais l’oublier.
Secundo, c’est grâce à nous les Dida qui les avons accueillis qu’ils sont devenus riches. On peut même déduire que nous sommes copropriétaires de leurs biens.
Tertio, il faut qu‘ils évitent de s’acoquiner avec leurs cousins de la Cedeao qui sont des voleurs de la nationalité ivoirienne. Ce discours n’est pas nouveau, c’est la reprise d’une célèbre thèse du sociologue du Fpi, Dedy Sery, qui préconisait l’ivoirisation des ressortissants du Nord de la Côte d’Ivoire qu’il jugeait pas assez ivoiriens dans leurs comportements. Dans quelle langue faut-il écrire que tirer sur la corde de l’ethnicisme et du tribalisme est très dangereux pour l’unité nationale ? Il n’y aura pas de nation ivoirienne tant que le Sénoufo ne se sentirait pas chez lui à Divo et, le Dida chez lui à Korhogo. Le Dogossê de Kong doit se sentir chez lui à Kokomian (Koun-Fao). Tant que que ce minimum ne sera pas admis et intégré par tout le monde, ce serait vain de parler de nation. Les lois qui régissent la vie en communauté à Divo doivent être les mêmes en vigueur à Korhogo. La boussole pour tout le monde c’est la Constitution. Une loi a été adoptée par le Parlement pour lutter contre la mise en avant de la tribu au détriment de la nation, mais apparemment, on s‘en moque.
par Traoré M. Ahmed

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