Grand-Bassam ressemblait à une ville morte hier. Des commerces sont restés fermés toute la journée. Pareil pour le marché qui n'a pas connu la grande ambiance habituelle. Les véhicules de transport en commun n'ont pas circulé. Et les populations n'ont pas vraiment fréquenté le centre-ville. La raison de ce triste tableau est que la ville a été, pour la 3è fois, le théâtre d'une marche appelée par le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). Tôt le matin, des jeunes sortis en grand nombre ont occupé les principales rues qui mènent au centre-ville. Ces jeunes ont également interrompu la circulation, en installant des barricades un peu partout. Sifflets à la main et mégaphones à la bouche, certains s'étaient déguisés avec des feuilles sèches de bananiers. D'autres avaient le visage badigeonné d'une substance noire. Avec cet aspect effrayant, ils ont parcouru la ville en scandant des slogans hostiles au président de la République. Ces jeunes, très excités, sont passés par Veteco pour atteindre la rue Mockey, puis le carrefour Sylla pour revenir au rond-point. Le rang des manifestants s'étant agrandi, ils ont scindé le groupe en deux. Le second groupe a pris la direction de Moossou pour remonter la route internationale, en passant par Escale, puis le carrefour village artisanal. Une fois devant le lycée, les manifestants ont délogé les élèves en faisant fermer plusieurs établissements. Mais d'autres écoles ont fermé par prudence. Les manifestants scandaient à tue-tête : « Gbagbo démissionne, on est fatigué ». Wognin Koua, président départemental du Rjdp, l'un des coordonnateurs de la marche, a expliqué que « l'objectif de la marche est de demander à Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir. Nous allons continuer la marche jusqu'à ce qu'il démissionne ». Les forces de l'ordre ont quadrillé la ville pour éviter tout débordement. La marche a pris fin sur le coup de 11 heures. Les éléments du Centre de commandement des opérations de sécurité (CeCos) venus en renfort vers midi ont dispersé les quelques entêtés, qui refusaient de regagner leurs domiciles. On enregistre deux arrestations côté manifestants.
Emmanuelle Kanga à Grand-Bassam
Emmanuelle Kanga à Grand-Bassam
