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Politique Publié le samedi 27 février 2010 | L’expression

Post-scriptum - Les nègreries ivoiriennes

A la faveur d’un stage de perfectionnement que nous effectuons au Centre d’études des sciences et technique de l’information (Cesti) de Dakar, nous avons pu réaliser à quel point le pays de Laurent Gbagbo est devenu la risée du monde entier. Pendant que nous étions en pleine séance de travail, mardi, une information en provenance d’Abidjan nous indique qu’un demi-gouvernement venait d’être formé et qu’il restait 11 postes à pourvoir. Non seulement, nos formateurs, enseignants à l’Institut international de journalisme de Berlin, n’y comprenaient rien, mais aussi, nos collègues journalistes de la sous-région ouest-africaine nous assaillaient de questions comme pour dire que les Ivoiriens veulent recréer le monde.
Avant le gouvernement bancal ou unijambiste présenté au peuple, il y a eu la dissolution de la Commission électorale indépendante (Cei) qui est totalement incomprise à l’extérieur. Aux yeux de tous, nos interlocuteurs, en dissolvant la Cei, le chef de l’Etat ivoirien s’est engouffré dans la voie ouverte par le dictateur Mamadou Tanja du Niger qui a produit une importante jurisprudence en cassant toutes les institutions de son pays en vue de s’accrocher comme une sangsue au pouvoir. Il faut le dire net, la dissolution de la Cei est perçue ici comme la preuve matérielle du camp présidentiel ivoirien de ne pas aller aux élections. Et l’argument de fraude sur la liste électorale provisoire évoqué pour justifier la dissolution ne passe pas. Selon un confrère de Guinée Bissau de Gazeta de Noticias, « ailleurs, c’est l’opposition qui accuse le camp présidentiel de fraude, mais chez vous en Côte d’Ivoire, c’est le contraire. Comment est-ce possible?».
Un autre confère de la radio nationale du Benin de renchérir : « Si vous ne voulez pas organiser d’élection dans votre pays dites-le et instaurez une monarchie. Depuis 2005, on est fatigué de vous entendre chaque fois évoquer des problèmes bizarres pour repousser la date de vos élections ». Pour un autre confrère du Soleil de Dakar, « on ne peut pas avoir injecté 140 milliards Fcfa dans le processus de recensement et de confection d’une liste électorale et au finish déclarer, sans sourciller, que ce travail issu d’une technologie de pointe, le plus onéreux possible, est truffé de fraudes. Pourquoi vous vous êtes donné tout ce mal si c’était pour aboutir à ce résultat?»
L’opposition ivoirienne, elle également, n’échappe pas aux critiques nos confrères. Ceux-ci ne comprennent pas l’entêtement du Rhdp à vouloir figurer dans un gouvernement qui met tout en œuvre pour ne pas organiser des élections. Pour tous, mieux vaut prendre du recul vis-vis du fameux gouvernement de mission afin de pouvoir lui exiger des résultats immédiats et de ne pas être comptable d’un éventuel report. Grâce aux nouvelles technologies de l’information, le président du Mfa, Anaky Kobena, est perçu comme l’irréductible opposant vu sa déclaration selon laquelle il est inacceptable et immoral d’aller s’asseoir à la table d’un Conseil des ministres présidé par Laurent Gbagbo alors qu’on a indiqué à la face du monde entier qu’on ne le reconnaissait plus comme président. L’absence de l’opposition, hier, à la table du premier Conseil des ministres du gouvernement Soro II est un bon signal. Le Rhdp et le Pit jouent leur crédibilité en rentrant dans ce gouvernement.

Par Traore M. Ahmed

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