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Politique Publié le lundi 1 mars 2010 | L’intelligent d’Abidjan

Chronique diplomatique : Si Houphouët-Boigny vivait, il se serait suicidé

19 septembre 2002 – 1er mars 2010. Si Félix Houphouët-Boigny vivait encore, il se serait suicidé. Ses leçons de dialogue pour régler les incompréhensions, ses enseignements de la tolérance pour se pardonner, l’humilité et le respect que Félix Houphouët-Boigny avait inculqués aux Ivoiriens pendant près de 40 ans ont aujourd’hui été bafoués et quasi chassés de la mémoire collective. Les Ivoiriens ne respectent plus rien. Ils cassent tout. Les Ivoiriens brûlent tout et ramènent aujourd’hui la Côte d’Ivoire 50 ans en arrière. Ceux qui ont connu Félix-Houphouët-Boigny classé parmi les grands classiques hommes d’Etat du monde, le regrettent aujourd’hui. Pendant son règne, Félix Houphouët-Boigny n’avait cessé d’enseigner particulièrement aux Ivoiriens le bien et le beau dans un langage puisé dans l’humilité et le respect pour tout le monde. Mais personne n’a appris la leçon par cœur, pour aimer davantage la Côte d’Ivoire. Même, ceux à qui Félix Houphouët-Boigny avait tout donné, surtout ceux de sa classe politique le Pdci qui ont totalement chassé de leur mémoire, la tolérance et le dialogue « l’arme fatale » de leur chef pour régler les incompréhensions et les palabres politiques. Félix Houphouët-Boigny est bel et bien mort. Mais pour nous, qui sommes encore lucides, Félix Houphouët-Boigny était un grand homme d’Etat qui avait l’art de comprendre les autres… même si son interlocuteur ne parlait pas le même langage politique que lui. De 1960 jusqu’à sa mort, Félix Houphouët-Boigny avait une seule démarche pour la Côte d’Ivoire : le bonheur pour les Ivoiriens. Félix Houphouët-Boigny s’était à tout moment surpassé au nom de la Côte d’Ivoire dans un combat de dignité politique pour asseoir la crédibilité de son pays, vis à vis de l’Afrique, de l’Europe et du reste du monde. Aujourd’hui, les Ivoiriens ont oublié tout cela. On casse tout. On brûle tout. Et personne ne respecte ni les lois, ni les institutions républicaines. Ceux que Félix Houphouët-Boigny avait considéré comme ses ‘’disciples’’ et qui devraient relayer ses idées politiques, ses pensées, comme les disciples de Jésus-Christ ou du prophète Mohamed, ne l’ont pas fait. Ils n’ont rien appris, rien compris, ils n’ont pas pris de notes. Je dois pleurer tout de même, quand je vois la Côte d’Ivoire sombrer de plus en plus dans une comédie politico-historique. La Côte d’Ivoire est simplement malmenée par une classe politique soûlée de démagogie.On ne respecte rien. Dans ce séisme politique plus rien ne reste encore de Félix Houphouët… tout a disparu. La tolérance, le respect, la dignité, l’honnêteté. A l’analyse, Félix Houphouët-Boigny était un grand homme politique. Certes, il avait ses défauts, mais il était pour nous qui l’avons bien observé, une référence de maturité et de tolérance politique. Par le dialogue, Félix Houphouët-Boigny avait constamment le souci d’assurer ses acquis politiques économiques de l’Etat de Côte d’Ivoire. Certes, il n’avait pas toujours idéologiquement raison, mais il avait la tolérance et la patience, comme ‘’conseillères politiques’’. Ce qu’on ne retrouve plus chez les Ivoiriens, qui sont devenus violents : ils cassent tout. Ils brûlent tout. Même la famille politique de Félix Houphouët-Boigny, le Pdci a du mal à assurer la pérennité de « l’houphouétisme ». Aujourd’hui, les Ivoiriens ont la mémoire qui flanche. Du 19 septembre 2002, au 1er mars 2010, les Ivoiriens sont dans un turbulent essor de destruction, et de casse. En réalité, la Côte d’Ivoire a reculé de plusieurs années de son combat de tolérance, de développement économique, du devoir et de l’amour. A l’époque, les Ivoiriens respectaient les Ivoiriens. Ils avaient les principes de précaution de l’élévation du cœur. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire a perdu toutes ses faveurs. Les hommes politiques ne font plus le poids. Ils sont loin de l’esprit démocratique, obsédés par le pouvoir immédiat. Les militants des partis politiques sont plongés dans une ignorance massive, confondant leurs humeurs, à des valeurs démocratiques. Plus fâcheux, ils cassent tout, brûlent tout. Ôtant du coup à la Côte d’Ivoire, toutes racines profondes de son hymne nationale… encore pour ceux qui savent la chanter. Dans cette grisaille, nous avons la « chaire de poule ». La société civile ivoirienne, les syndicats, les ONG ou les intellectuels ne sont font pas un point d’honneur, quand le pays a ‘’chaud’’. C’est quand tout va bien, qu’ils avancent sur le rythme de critiques et d’observations inutiles, à promouvoir leur propre émotion. Aujourd’hui, il ne reste plus rien de Félix Houphouët-Boigny, témoin muet depuis le 7 décembre 1993, et loin d’une époque démonstrative de violence, avec le poids d’une génération d’hommes politiques, d’une autre éducation. Si Houphouët-Boigny vivait encore, il serait suicidé.

Par Ben Ismaël
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