Après la pluie, le beau temps. Passé ‘’la grande révolte’’ des houphouëtistes, le ciel politique commence à s’éclaircir s’il ne l’est déjà. Le RHDP va donc rentrer au gouvernement pour sauver le processus de sortie de crise et les élections qu’il appelle – l’écrasante majorité des Ivoiriens avec lui – de tous ses vœux. Même s’il faut reconnaître que du temps a été inutilement perdu et que la grande famille de l’opposition a dû, dans ce combat contre la dissolution de la CEI et du gouvernement, essuyer de terribles coups, l’essentiel aura été sauvegardé. Il est vrai que près d’une vingtaine de ses militants sont tombés sous les balles assassines des hommes en armes et autres miliciens de Gbagbo. Il est également vrai qu’un nombre incalculable de blessés et de personnes arrêtées a été enregistré. Cependant, au-delà de ce décompte macabre, les leçons à tirer de ce bras de fer que d’aucuns pensaient perdu d’avance contre un pouvoir répressif, sont bien positives. Et pour cause.
Quatre au départ, le cercle de la famille des houphouétistes s’est agrandi. Elle a été rejointe dans sa lutte pour des élections propres et crédibles, par le Parti ivoirien des Travailleurs (PIT) du Pr. Francis Wodié. Même si celui-ci a tenu à préciser qu’elle était ‘’ ponctuelle’’, cette alliance est au moins le témoignage de la justesse du combat du RHDP pour l’instauration d’une démocratie vraie par le biais d’élections transparentes et ouvertes, gage d’un retour à la normalité et, surtout, de la fin des souffrances des Ivoiriens.
Mais l’une des victoires incontestables du RHDP durant cette crise reste le défi de la mobilisation de ses militants et la force de frappe qui en a découlé. Une force de frappe qui se voulait respectable et qui s’est avérée très conséquente à l’épreuve du terrain.
En effet, elle est bien loin l’époque où les militants de ces formations politiques s’étaient retrouvés dans la rue avec autant de cohésion et de symbiose dans l’action. Dans toutes les villes du pays, ils sont sortis comme un seul homme à l’appel de leurs différents leaders pour prendre la rue et dénoncer la forfaiture politique que les tenants du pouvoir voulaient leur imposer. On ne peut pas dire, au vu des résultats de ce combat, que Laurent Gbagbo et les siens n’auront pas pris toute la mesure de la capacité de l’opposition à jouer son rôle, c’est-à-dire, s’opposer. Il faut seulement espérer que la leçon ait été assimilée.
Car parlant justement de cette vigueur retrouvée du RHDP à s’opposer, beaucoup avaient pensé que c’était une vue de l’esprit. Leur thèse était sous-tendue par l’idée que les militants du PDCI, du RDR, de l’UDPCI, du MFA et du PIT serraient suffisamment timorés par des années de répression pour oser affronter la rue et la machine de répression du pouvoir. Mauvais calcul s’il en est ! Démonstration du contraire ayant été faite. Jamais les jeunes n’ont été démotivés.
On ne peut pas parler de cohésion des militants sans oublier d’en faire cas au sein de la direction des partis membres du RHDP. « (…) Tel le phœnix, l’opposition ivoirienne renaît de ses cendres. On la disait moribonde, on moquait son impuissance, un quotidien à son propos osait même récemment ce titre: «Il n’y a rien en face» - entendez en face de Gbagbo. En une semaine, l’opposition a prouvé le contraire. Se laissant porter par la vague que l’on a vue enfler à mesure que s’égrenaient les jours de la semaine dernière, elle maintient ses appels à manifester. Cet holà de tous les dangers a déjà fait couler le sang vendredi 19 février à Gagnoa.» écrit, pince sans rire, RFI. Effectivement, que n’a-t-on pas dit concernant ‘’le courage’’ des opposants et leur capacité à s’entendre? Face au péril Gbagbo, Alassane Dramane Ouatara, Henri Konan Bédié, Albert Toikeusse Mabri et Innocent Anaky Kobena, les quatre principaux leaders de l’alliance houphouétiste, ont montré aux yeux de la communauté nationale et internationale ainsi qu’aux yeux de leurs militant, qu’ils savaient se surpasser quand il s’agit de l’intérêt commun. Ils ont également prouvé qu’ils peuvent imprimer un rythme nouveau au processus de sortie de crise en général et au processus électoral en particulier. La preuve? Il a suffi qu’ils durcissent le ton pour que le Facilitateur vienne sur les bords de la Lagune Ebrié illico: «(…) Conscient du danger, Blaise Compaoré accoure aujourd’hui à Abidjan. Médiateur dans la crise ivoirienne, le président burkinabé vient à la rencontre du président Gbagbo avec, pour objectif, la réunion d’un nouveau CPC, le Cadre permanent de concertation. Organe suprême de décision de l’accord politique de Ouagadougou, le précédent CPC du 3 décembre 2009 était censé être le dernier avant l’élection présidentielle prévue fin février-début mars. La colère de l’opposition face à la double dissolution décrétée par le président Gbagbo de la Commission électorale indépendante et du gouvernement en a décidé autrement» écrit l’éditorialiste de RFI.
La suite est connue. Gbagbo a lâché du lest. Sa volonté bien affichée de se tailler une CEI à sa solde n’a pas été possible. Bien au contraire, c’est une CEI qui répond aux accords signés par les partis ivoiriennes, notamment Pretoria, qui a été (re) mise sur pied. Tout comme un gouvernement calqué sur le précédent. Pour le grand bonheur du processus de sortie de crise.
Yves-M. ABIET
Quatre au départ, le cercle de la famille des houphouétistes s’est agrandi. Elle a été rejointe dans sa lutte pour des élections propres et crédibles, par le Parti ivoirien des Travailleurs (PIT) du Pr. Francis Wodié. Même si celui-ci a tenu à préciser qu’elle était ‘’ ponctuelle’’, cette alliance est au moins le témoignage de la justesse du combat du RHDP pour l’instauration d’une démocratie vraie par le biais d’élections transparentes et ouvertes, gage d’un retour à la normalité et, surtout, de la fin des souffrances des Ivoiriens.
Mais l’une des victoires incontestables du RHDP durant cette crise reste le défi de la mobilisation de ses militants et la force de frappe qui en a découlé. Une force de frappe qui se voulait respectable et qui s’est avérée très conséquente à l’épreuve du terrain.
En effet, elle est bien loin l’époque où les militants de ces formations politiques s’étaient retrouvés dans la rue avec autant de cohésion et de symbiose dans l’action. Dans toutes les villes du pays, ils sont sortis comme un seul homme à l’appel de leurs différents leaders pour prendre la rue et dénoncer la forfaiture politique que les tenants du pouvoir voulaient leur imposer. On ne peut pas dire, au vu des résultats de ce combat, que Laurent Gbagbo et les siens n’auront pas pris toute la mesure de la capacité de l’opposition à jouer son rôle, c’est-à-dire, s’opposer. Il faut seulement espérer que la leçon ait été assimilée.
Car parlant justement de cette vigueur retrouvée du RHDP à s’opposer, beaucoup avaient pensé que c’était une vue de l’esprit. Leur thèse était sous-tendue par l’idée que les militants du PDCI, du RDR, de l’UDPCI, du MFA et du PIT serraient suffisamment timorés par des années de répression pour oser affronter la rue et la machine de répression du pouvoir. Mauvais calcul s’il en est ! Démonstration du contraire ayant été faite. Jamais les jeunes n’ont été démotivés.
On ne peut pas parler de cohésion des militants sans oublier d’en faire cas au sein de la direction des partis membres du RHDP. « (…) Tel le phœnix, l’opposition ivoirienne renaît de ses cendres. On la disait moribonde, on moquait son impuissance, un quotidien à son propos osait même récemment ce titre: «Il n’y a rien en face» - entendez en face de Gbagbo. En une semaine, l’opposition a prouvé le contraire. Se laissant porter par la vague que l’on a vue enfler à mesure que s’égrenaient les jours de la semaine dernière, elle maintient ses appels à manifester. Cet holà de tous les dangers a déjà fait couler le sang vendredi 19 février à Gagnoa.» écrit, pince sans rire, RFI. Effectivement, que n’a-t-on pas dit concernant ‘’le courage’’ des opposants et leur capacité à s’entendre? Face au péril Gbagbo, Alassane Dramane Ouatara, Henri Konan Bédié, Albert Toikeusse Mabri et Innocent Anaky Kobena, les quatre principaux leaders de l’alliance houphouétiste, ont montré aux yeux de la communauté nationale et internationale ainsi qu’aux yeux de leurs militant, qu’ils savaient se surpasser quand il s’agit de l’intérêt commun. Ils ont également prouvé qu’ils peuvent imprimer un rythme nouveau au processus de sortie de crise en général et au processus électoral en particulier. La preuve? Il a suffi qu’ils durcissent le ton pour que le Facilitateur vienne sur les bords de la Lagune Ebrié illico: «(…) Conscient du danger, Blaise Compaoré accoure aujourd’hui à Abidjan. Médiateur dans la crise ivoirienne, le président burkinabé vient à la rencontre du président Gbagbo avec, pour objectif, la réunion d’un nouveau CPC, le Cadre permanent de concertation. Organe suprême de décision de l’accord politique de Ouagadougou, le précédent CPC du 3 décembre 2009 était censé être le dernier avant l’élection présidentielle prévue fin février-début mars. La colère de l’opposition face à la double dissolution décrétée par le président Gbagbo de la Commission électorale indépendante et du gouvernement en a décidé autrement» écrit l’éditorialiste de RFI.
La suite est connue. Gbagbo a lâché du lest. Sa volonté bien affichée de se tailler une CEI à sa solde n’a pas été possible. Bien au contraire, c’est une CEI qui répond aux accords signés par les partis ivoiriennes, notamment Pretoria, qui a été (re) mise sur pied. Tout comme un gouvernement calqué sur le précédent. Pour le grand bonheur du processus de sortie de crise.
Yves-M. ABIET