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Économie Publié le lundi 1 mars 2010 | Nord-Sud

Transfert d`argent : La concurrence s`intensifie entre les promoteurs.

Le marché du transfert électronique d'argent prend une nouvelle configuration à Abidjan, eu égard à l'implantation d'une flopée de structures.

Le marché du transfert d'argent se densifie progressivement à Abidjan. Nonobstant les effets pervers de la crise sociopolitique sur l'économie nationale, ce secteur semble retrouver une seconde vitalité eu égard à l'implantation d'une flopée de structures. L'hégémonie de l'américain Western union, un des premiers opérateurs à s'installer en Côte d'Ivoire depuis 1995, est davantage mise à rude épreuve avec l'avènement de ses compatriotes Monney Gram et Coinstar. Cette nouvelle configuration du marché fait naître une concurrence féroce entre les différents acteurs. Si plusieurs établissements financiers et bancaires comme la Bicici, la Bhci, Ecobank, Sgbci se sont spécialisés dans l'offre Western union avec des guichets en leur sein, d'autres se sont orientés vers le produit Monney Gram. Il s'agit entre autres de la Banque atlantique de Côte d'Ivoire (Baci), de la Banque nationale d'investissement (Bni). «Le transfert d'argent est devenu un service à part entière dans notre banque. Il est aujourd'hui en plein essor dans le pays. Notre établissement offre plus de garantie et de sécurité aux clients qui effectuent des envois d'argent ou qui doivent en réceptionner. Du fait de la multiplicité des opérateurs dans ce domaine, nous proposons des tarifs à des prix très compétitifs. L'opération se fait en quelques minutes», fait remarquer Mme Goré, responsable des caisses à l'agence Baci de Treichville, ce mercredi 24 février.

Les banques s'accrochent

Sans donner précisément les différents tarifs appliqués par sa structure. Un guichet vitré a été spécialement aménagé au sein de cette banque pour les opérations liées au transfert d'argent. Des affiches guident pour ce faire les clients, une fois à l'intérieur de l'agence. Selon la responsable des caisses, sa banque a pris toutes les dispositions pour régler au mieux, les cas d'erreurs sur les noms. Puisque l'identité du destinataire reste déterminante dans l'opération de transfert d'argent. «C'est l'une des difficultés que nous rencontrons dans ce domaine. Mais, le client a tout de même la possibilité de faire des réclamations et peut demander à son correspondant de rectifier l'erreur afin qu'il puisse entrer en possession de son argent», rassure-t-elle. Même si elle reconnaît qu'elle a souvent de sérieux problèmes avec les clients d'origine nigériane «qui ont des noms souvent compliqués.» Outre les banques, d'autres promoteurs se sont orientés vers les transferts d'argent instantanés en ouvrant plusieurs structures dans la capitale économique. C'est le cas, par exemple, des sociétés Express union à Treichville et Diaky's installée en bordure du boulevard Latrille aux Deux-Plateaux-Aghien. Des grilles métalliques visibles tout autour de la structure en dit long sur le dispositif de sécurité qu'ont pris les responsables de la seconde structure citée. Un vigile muni d'un détecteur d'objet métallique le passe le long du corps de tout visiteur, avant de le laisser entrer. Après avoir subi le même type de contrôle, l'équipe de reportage accède, à son tour, à la structure qui n'est pas véritablement spacieuse. «C'est vrai que notre structure n'est pas incorporée à une banque comme d'autres le font. Mais, nous sommes en partenariat avec la Versus Bank. Et nous faisons partie du réseau Coinstar qui garantit nos opérations hors du pays. Nous offrons nos services à l'intérieur du pays et à l'étranger», explique Koné Adama, agent de conseil et gérant de la structure. En effet, dans le contrat, la Versus bank ouvre un compte pour la société Diaky's, gère ses transactions et met à sa disposition, un logiciel de travail. Les gains sont donc repartis entre les trois structures. Il peut se retrouver en moyenne avec une somme de 50.000 Fcfa par jour. Quand on sait que les opérations journalières (envoi et réception) de sa structure peuvent porter sur un montant minimum de 5 millions de Fcfa. Les frais d'envoi de son établissement sont fixés par tranche et par zone. Pour un montant d'une valeur inférieure ou égale à 50.000 Fcfa, sa société prélève 2.036 Fcfa quand la destination est le Burkina ou le Sénégal. Concernant la zone France et pour un envoi de 2 millions de Fcfa, le prélèvement est de 61.500 Fcfa, contre «81.000 Fcfa» dans les guichets Western union. «Nous avons étudié nos prix à cause de la concurrence. Et pour l'intérieur du pays, nos tarifs vont également chuter pour permettre à une bonne partie de la population de bénéficier de nos services», souligne-t-il. Pour Koné Adama, une bonne partie de sa clientèle est issue des Ivoiriens de la diaspora. Justement, selon un rapport du Fonds international de développement agricole (Fida), l'Afrique reçoit, chaque année, 40 milliards de dollars des émigrés qui travaillent dans d'autres continents, soit près de 19.200 milliards de Fcfa. La Banque mondiale estime, pour sa part, que les versements des travailleurs immigrés constituent une source essentielle du financement et du développement. Un marché considérable. Parfois, des non nationaux, qui travaillent en Côte d'Ivoire, passent également par le canal de la structure de M. Koné, pour transférer de l'argent à leurs familles et à leurs proches. A côté de ceux-ci, il y a des opérateurs économiques qui effectuent des achats en ligne. Cependant, il fait remarquer que l'une des difficultés de cette activité, n'est rien d'autre que les problèmes techniques liés à la vacillation quasi-récurrente du réseau internet.

Des défaillances existent

«L'internet reste le cœur de notre activité, mais nous sommes souvent confrontés aux problèmes du réseau. Ce problème a été aggravé par le délestage que nous vivons actuellement. Cette situation nous empêche de travailler véritablement. Ce matin (ndlr : mercredi), je suis en train de me débrouiller avec mon ordinateur portable que j'ai rechargé la veille. Mais, il risque de me lâcher à tout moment», se préoccupe-t-il. Aujourd'hui, c'est quasiment les mêmes types de services que l'on retrouve chez les différents opérateurs. C'est-à-dire le transfert du cash à cash, compte à cash, cash à compte, compte à compte. L'Etat s'est également invité dans ce secteur avec la Poste de Côte d'Ivoire (avec le mandat express pour le transfert domestique) et également la Caisse nationale des caisses d'épargne (Cnce). Cet établissement qui a eu son agrément bancaire, seulement l'année dernière, n'a pas tardé à s'offrir les services de Monney express (Me) qui se positionne comme le premier fournisseur, inter médiateur et intégrateur panafricain de solutions de transfert de capitaux. Elle (Me) a été mise en place en juillet 2002 par le groupe sénégalais Chaka en partenariat avec des Caisses d'Epargne de l'Uemoa. Pour Mady Ouédraogo, promoteur de Western union, cette floraison de structures de transfert électronique d'argent rapide dénote certes un certain dynamisme du marché. Mais, il estime que «certaines personnes se lancent trop rapidement dans cette activité, sans en maîtriser tous les contours.» Avant de lorgner quelques promoteurs privés. «Les banques font le même produit que les promoteurs privés. Or, il se trouve que les établissements bancaires disposent déjà de la matière première (la monnaie) pour mener cette activité. Ce qui n'est pas le cas des particuliers dont beaucoup sont souvent en difficultés. D'autant qu'elles n'arrivent pas à accroître véritablement leur marge. L'Etat doit mieux organiser ce secteur qui peut apporter beaucoup au développement économique du pays», propose-t-il. Des opérateurs de téléphonies mobiles (Orange et Mtn) offrent eux-aussi à leurs abonnés, des services de transfert d'argent. Ils se positionnent surtout avec les opérations domestiques. Au niveau de la clientèle, la satisfaction n'est pas encore totale. Si avec les opérations de retrait ou de transfert en dehors du pays, les griefs ne sont pas trop nombreux, par contre, au niveau domestique, c'est le contraire. «Le transfert service est le bienvenu actuellement puisqu'il permet à votre correspondant de rentrer en un temps-record, en possession de l'argent. Il offre également une certaine sécurité au détenteur de la monnaie. Mais, avec la Poste, nos parents n'ont pas toujours accès dans l'immédiat à l'argent. Car, certains bureaux de Poste de l'intérieur du pays sont quelquefois à cours de liquidité», maugrée Guédé P. Michel, agent commercial dans une entreprise. Selon lui, il y a quelques semaines, il a expédié de l'argent à sa sœur qui est à Gagnoa. Malheureusement, cette dernière n'a pu retirer la somme que trois jours après, faute de liquidité disponible. Pour M. Guédé, le transfert d'argent est un service grâce auquel les populations arrivent à faire face à certaines urgences. Et par conséquent, la liquidité doit être disponible en permanence. Bien qu'il reconnaisse cette défaillance, un responsable de la Poste précise que le manque de liquidité est souvent lié à la faiblesse du poids économique de certaines villes. «Dans les villes où l'activité économique n'est pas assez dense, les envois sont rares. Or, en réalité, l'argent ne bouge pas, ce sont les dépôts qui servent de paiement. Donc, quand il n'y a pas trop de dépôts, il arrive qu'on ait quelques tensions. Mais, on arrive tout de même à effectuer les paiements, même si cela peut prendre quelques jours de plus», réagit-il. Les opérateurs estiment dans leur majorité que cette activité connaîtra une forte croissance avec la fin de la crise. D'autant qu'ils projettent l'ouverture de plusieurs agences à l'intérieur du pays.

Cissé Cheick Ely
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