Communément appelé, l’Ecole des aveugles, le Centre d’éducation-formation des aveugles de Toumodi ploie sous les difficultés de tout genre.
Sans la pancarte, l’on se croirait devant un domicile ordinaire. Dès que l’on passe le portail, (le battant est branlant) se présente en face le bâtiment principal qui sert d’internat pour les 34 pensionnaires dont 28 sont effectivement présents. Il se compose de 3 chambrettes dans lesquelles s’entassent les internes, classés par sexe et par niveau. Une seule salle de bain. Dans les chambres, des lits superposés et des nattes sur lesquels dorment autant qu’ils le peuvent, ces jeunes aveugles. Nous sommes au Centre d’éducation-formation des aveugles de Toumodi. Ouvert en 1996 par l’Association des aveugles de Côte d’Ivoire pour décongestionner l’Institut de Yopougon (Abidjan), le centre de Toumodi n’a effectivement commencé les enseignements qu’en 1999 (inauguré le 18 février 1999) grâce à l’aide de la Coopération française. L’établissement situé au quartier Rombo-extension juste derrière la résidence du préfet du département, est aujourd’hui confronté à plusieurs difficultés.
Une école fermée en 2008 faute de moyens
La chaleur y est torride. A la droite de ce qui sert d’internat, se trouve la cuisine-magasin de vivres devant laquelle une dame s’affaire à la préparation du repas de midi. On a un pincement au cœur, à voir la maigre provision qu’elle a ramenée du marché. A gauche, un bâtiment de deux salles de classe abrite, pour la première, les classes de Cp1 et Cp2, et la seconde, les Ce1 et Ce2. Dans la cour, une jeune fille fait la vaisselle devant les classes puis balaie les alentours. Elle ramasse les ordures qu’elle va verser dans la poubelle. Il faut observer attentivement sa démarche pour savoir qu’elle est aveugle, tant ses gestes sont précis. Celui qui nous a ouvert le portail est aussi handicapé comme les autres assis de-ci delà dans la cour. De temps à autres, fusent des éclats de rire. Malgré leur handicap et leurs problèmes, les enfants respirent la joie. ‘’A la différence de celle d’Abidjan, nous avons ici une école intégratrice. Elle forme les enfants non-voyants du Cp1 au Ce1. A partir du Cm1, ils intègrent les écoles ordinaires de Toumodi’’, explique M. Zan Bi Tra Noël, le directeur de l’établissement, lui-même un malvoyant. Il nous a reçus dans le cagibi qui lui sert de bureau : deux tables, quelques chaises, et, derrière lui, une armoire, la mémoire de l’établissement. Dans un carton en bas de l’armoire, du papier braille, don du Bureau régional des droits de l’Homme. Sur chaque table, un ordinateur offert respectivement par la Coopération française et Mme le directeur régional de l’éducation nationale (Dren) de Yamoussoukro. En face, une étagère sur laquelle trône la fierté du directeur : ‘’C’est une embosseuse braille qui est reliée à l’ordinateur et permet de traduire en écriture braille les textes saisis en français. Encore un don de la Coopération française. A ma connaissance, nous sommes les seuls à en posséder une’’. L’établissement, explique-t-il, est sous la tutelle administrative du ministère de la Famille, de la Femme et des Affaires sociales. Mais, précise-t-il, ‘’nous ne sommes pas une école de l’Etat. Toutefois, nous recevons une subvention annuelle qui, malheureusement, vient très tardivement.’’ En effet, l’école a dû fermer ses portes durant l’année scolaire 2008-2009 par faute de subvention. Une amère expérience pour M. Zan Bi Tra Noël : ‘’j’ai été obligé d’héberger et d’entretenir tant bien que mal, sur mes propres fonds, 10 élèves. Il m’était impossible d’abandonner ces enfants qui ont toutes les chances de réussir leurs études…’’ Jusqu’à ce jour, le Centre d’éducation-formation des aveugles de Toumodi n’a perçu que la moitié de la subvention de 2009, soit 3 sur les 7 millions annuels octroyés par l’Etat. Ce qui a augmenté légèrement sa dotation qui était auparavant de 5 millions de francs Cfa. Le conseil général est venu en appoint avec 400.000 Fcfa par an, 3 ans de suite. Quant à la mairie, c’est cette année seulement qu’elle a offert 100.000 Fcfa à l’établissement ! ‘’On ne peut pas compter sur les 3.000 Fcfa par élève payés annuellement par les parents. Si l’on augmente la somme, plusieurs enfants non-voyants ne viendront plus à l’école, les parents privilégiant ceux qui n’ont pas de handicap et qui, selon leur entendement, ont plus de chance de ‘’devenir quelqu’un…’’, regrette-t-il. Pourtant les élèves issus du centre se comportent honorablement dans les écoles publiques : ‘’nous avons 4 élèves au Cm2, 3 en 3ème et 2 en classe de terminale au lycée de Toumodi. Nous les suivons puisqu’ils vivent tous ici. Ils ont de bons résultats. Chose qu’attestent les bulletins et relevés de notes qu’il nous a présentés.
Ousmane Diallo à Yamoussoukro
Sans la pancarte, l’on se croirait devant un domicile ordinaire. Dès que l’on passe le portail, (le battant est branlant) se présente en face le bâtiment principal qui sert d’internat pour les 34 pensionnaires dont 28 sont effectivement présents. Il se compose de 3 chambrettes dans lesquelles s’entassent les internes, classés par sexe et par niveau. Une seule salle de bain. Dans les chambres, des lits superposés et des nattes sur lesquels dorment autant qu’ils le peuvent, ces jeunes aveugles. Nous sommes au Centre d’éducation-formation des aveugles de Toumodi. Ouvert en 1996 par l’Association des aveugles de Côte d’Ivoire pour décongestionner l’Institut de Yopougon (Abidjan), le centre de Toumodi n’a effectivement commencé les enseignements qu’en 1999 (inauguré le 18 février 1999) grâce à l’aide de la Coopération française. L’établissement situé au quartier Rombo-extension juste derrière la résidence du préfet du département, est aujourd’hui confronté à plusieurs difficultés.
Une école fermée en 2008 faute de moyens
La chaleur y est torride. A la droite de ce qui sert d’internat, se trouve la cuisine-magasin de vivres devant laquelle une dame s’affaire à la préparation du repas de midi. On a un pincement au cœur, à voir la maigre provision qu’elle a ramenée du marché. A gauche, un bâtiment de deux salles de classe abrite, pour la première, les classes de Cp1 et Cp2, et la seconde, les Ce1 et Ce2. Dans la cour, une jeune fille fait la vaisselle devant les classes puis balaie les alentours. Elle ramasse les ordures qu’elle va verser dans la poubelle. Il faut observer attentivement sa démarche pour savoir qu’elle est aveugle, tant ses gestes sont précis. Celui qui nous a ouvert le portail est aussi handicapé comme les autres assis de-ci delà dans la cour. De temps à autres, fusent des éclats de rire. Malgré leur handicap et leurs problèmes, les enfants respirent la joie. ‘’A la différence de celle d’Abidjan, nous avons ici une école intégratrice. Elle forme les enfants non-voyants du Cp1 au Ce1. A partir du Cm1, ils intègrent les écoles ordinaires de Toumodi’’, explique M. Zan Bi Tra Noël, le directeur de l’établissement, lui-même un malvoyant. Il nous a reçus dans le cagibi qui lui sert de bureau : deux tables, quelques chaises, et, derrière lui, une armoire, la mémoire de l’établissement. Dans un carton en bas de l’armoire, du papier braille, don du Bureau régional des droits de l’Homme. Sur chaque table, un ordinateur offert respectivement par la Coopération française et Mme le directeur régional de l’éducation nationale (Dren) de Yamoussoukro. En face, une étagère sur laquelle trône la fierté du directeur : ‘’C’est une embosseuse braille qui est reliée à l’ordinateur et permet de traduire en écriture braille les textes saisis en français. Encore un don de la Coopération française. A ma connaissance, nous sommes les seuls à en posséder une’’. L’établissement, explique-t-il, est sous la tutelle administrative du ministère de la Famille, de la Femme et des Affaires sociales. Mais, précise-t-il, ‘’nous ne sommes pas une école de l’Etat. Toutefois, nous recevons une subvention annuelle qui, malheureusement, vient très tardivement.’’ En effet, l’école a dû fermer ses portes durant l’année scolaire 2008-2009 par faute de subvention. Une amère expérience pour M. Zan Bi Tra Noël : ‘’j’ai été obligé d’héberger et d’entretenir tant bien que mal, sur mes propres fonds, 10 élèves. Il m’était impossible d’abandonner ces enfants qui ont toutes les chances de réussir leurs études…’’ Jusqu’à ce jour, le Centre d’éducation-formation des aveugles de Toumodi n’a perçu que la moitié de la subvention de 2009, soit 3 sur les 7 millions annuels octroyés par l’Etat. Ce qui a augmenté légèrement sa dotation qui était auparavant de 5 millions de francs Cfa. Le conseil général est venu en appoint avec 400.000 Fcfa par an, 3 ans de suite. Quant à la mairie, c’est cette année seulement qu’elle a offert 100.000 Fcfa à l’établissement ! ‘’On ne peut pas compter sur les 3.000 Fcfa par élève payés annuellement par les parents. Si l’on augmente la somme, plusieurs enfants non-voyants ne viendront plus à l’école, les parents privilégiant ceux qui n’ont pas de handicap et qui, selon leur entendement, ont plus de chance de ‘’devenir quelqu’un…’’, regrette-t-il. Pourtant les élèves issus du centre se comportent honorablement dans les écoles publiques : ‘’nous avons 4 élèves au Cm2, 3 en 3ème et 2 en classe de terminale au lycée de Toumodi. Nous les suivons puisqu’ils vivent tous ici. Ils ont de bons résultats. Chose qu’attestent les bulletins et relevés de notes qu’il nous a présentés.
Ousmane Diallo à Yamoussoukro