x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Économie Publié le mercredi 3 mars 2010 | Le Nouveau Réveil

Achat d`engins lourds par le Comité de gestion de la filière café-cacao : Une surfacturation de près de 4 milliards Fcfa ?

On en apprend de bien belle sur les petits achats du comité de gestion de la filière café cacao dirigée par le très "rigoureux" Gilbert Anoh N'guessan. Le 4 février 2010, il a affirmé, au cours d'une conférence de presse, que sa structure, pour réhabiliter les pistes et routes rurales afin de permettre aux paysans d'acheminer plus facilement leurs produits agricoles vers les points d'achat, "a acquis des engins d'entretien pour un coût total de 7,2 milliards de Fcfa.". "Le Nouveau Réveil" qui s'est toujours méfié des chiffres provenant de la filière café cacao, a décidé, calculette en main, de refaire les calculs en faisant des vérifications ça et là. Et, surprise sous les feuilles craquantes de cacaoyers ! Le chiffre annoncé par monsieur Gilbert Anoh est excessif. Petite incursion dans l'univers des achats à forte odeur de chocolat du comité de gestion de la filière café cacao (Cgfcc).

La volonté absolue
d'effacer les traces des anciens dirigeants
Le Cgfcc, on se souvient, a été mis en place en septembre 2008 (ordonnance n°2008-2059 du 19 septembre 2008), par le président Gbagbo, en remplacement de toutes les structures (moins le Fgcc) de la filière café-cacao dont les dirigeants, accusés de "détournements massifs", ont tous été écroués à la Maca et y croupissent encore depuis 22 mois, sans jugement. Entre autres missions, le Cgfcc est chargé de l'exécution des projets et programmes financés dans le cadre du FMIR (fonds d'investissement en milieu rural), créé depuis 2006 et ayant pour mission de financer des projets (construction de centres de santé, d'écoles primaires, de puits modernes (forage), entretien des pistes et routes, etc.), à destination des populations vivant de la culture du café et du cacao. C'est ainsi que le Cgfcc, dans l'objectif d'innover mais surtout d'effacer les traces des ex-dirigeants emprisonnés, décide d'acquérir, à l'extérieur du pays, des engins lourds pour l'entretien des pistes et routes villageoises, préoccupation majeure s'il en est, de tous les paysans ivoiriens. Mais le Cgfcc, n'ayant pas de code importateur, décide d'utiliser celui de Forexi-Sa. Pour l'achat des engins hors du pays.

Forexi-Sa utilisée et trahie
Forexi-Sa est une société anonyme spécialisée dans le forage hydraulique et appartenant à 94,84% à l'ex-Fdpcc d'Henri Amouzou, passée sous gestion du Cgfcc, donc Forexi-Sa est également sous le contrôle du Cgfcc. Pour permettre au Dg de Forexi-Sa de mener à bien cette mission d'achat des engins, des orientations stratégiques sont apportées à son objet par les responsables du comité de gestion. Lesquels décident de relancer l'entreprise en lui apportant des ressources financières massives et en élargissant son domaine d'activités à l'entretien des routes rurales. Sur la base de ces objectifs (?) clairement définis, un nouveau directeur est nommé, en la personne de monsieur Ekpini Konin Gilbert, jeune cadre ivoirien plein d'idéaux et particulièrement excité par la mission à lui confiée. Aussitôt installé, aussitôt au travail. Première mission, l'importation des engins d'entretien, de Chine, "un pays ami" choisi par le Cgfcc. Il s'agit de 40 niveleuses, 20 bulldozers, 8 compacteurs, 12 chargeuses, le tout ajouté aux pièces de rechange constituant un colis à part. La commande en main, Forexi-Sa s'adresse à la société "Wuhan Chancay Machinery & Co, Ltd", basée à Wuhan, en Chine. Après de rudes marchandages, un contrat d'achat pour une valeur totale de 7.546.549 dollars Us (voir fac similé n°1), soit 3 milliards 727 millions neuf cent quatre vingt quinze mille deux cent six Fcfa, 3.727.995.206 est signé entre la Forexi-Sa (acheteur) et la société chinoise (vendeur). Le taux de change étant à cette période, mars 2009, de 494 Fcfa pour un dollar. Et les frais de transport de la Chine à Abidjan sont compris dans la facture. Selon les termes du contrat, 70% du prix d'achat doient être payés avant l'embarquement et le solde, à la livraison à Abidjan. C'est le comité de gestion qui se charge de payer la facture. Forexi-Sa est donc tenue à l'écart à ce niveau, d'autant plus que l'argent ne provenait pas de ses caisses, mais de celles du FMIR. Mais toutes les factures portent cependant la signature du Dg de Forexi-Sa. Le nécessaire fait, les engins lourds, en pièces détachées, sont annoncés pour arriver au port d'Abidjan (Vridi Terminal), le 9 août 2009. Une équipe spécialisée dans le montage (les engins n'ayant jamais été commercialisés en Côte d'Ivoire), envoyée par le vendeur, accompagne les colis. Les engins, une fois au port, sont déchargés au nom de Forexi-Sa qui, aux termes des objectifs à lui assignés par le Cgfcc, doit en assurer exclusivement la gestion. Mais surprise ! Une fois les engins montés et en état de marche, leur gestion est purement et simplement retirée à Forexi-Sa. Sans la moindre explication. Son directeur général, Ekpini Gilbert, avale la couleuvre sans broncher, attendant de voir un peu plus clair dans la démarche des monsieur Gilbert Anoh et son équipe.

La démission du directeur général de Forexi-Sa
Le 19 octobre 2009, à la Sifca (dans la zone industrielle de Vridi), au cours d'une cérémonie officielle, les acquisitions du Cgfcc et (petite surprise !) du CNS (Conseil National des Sages) du très Gbagboiste Bléhoué Aka, sont présentés au président Gbagbo. Mais en plus des engins importés de Chine par Forexi-Sa, le Cgfcc présente 8 citernes à gasoil, 16 camions benne et 12 pick-up de liaison (pour les interventions mécaniques, dit-on), achetés sur place (cette liste est disponible sur le site internet de la présidence de la République), le tout, pour une valeur totale de 7,2 milliards Fcfa. La direction de Forexi-Sa est frappée de plein fouet par la révélation. Qu'est-ce qui a fait passer la facture initiale d'environ 3,728 milliards Fcfa à 7,2 milliards ? Seraient-ce les 16 camions benne, les 8 citernes et les 12 pick-up qui auraient coûté près de 4 milliards ? Ne comprenant pas ce qui se passe, le Dg de Forexi-Sa prend les devants et dépose sa démission sur la table du Pca de ladite société, monsieur Kassi Koffi Ignace. Dans sa lettre de démission datée du 28 décembre 2009 (voir fac similé n°2), monsieur Ekpini Gilbert dénonce en des termes à peine habillés, le comportement du Cgfcc qui n'a tenu aucun compte de ses engagements vis-à vis de Forexi-Sa.

La justification
des 7,2 milliards
Un mois après la démission du Dg de Forexi-Sa, monsieur Gilbert Anoh, au cours d'une conférence de presse tenue le 4 février 2009 à la Caistab, a déclaré que les 7,2 milliards ont servi, en plus de l'achat des engins, à payer les frais de dédouanement, les frais de montage des engins y compris les camions et les frais des pièces détachées. "Inexact !" Rétorque une source qui affirme que "les frais de montage des engins ont été pris en compte par le vendeur qui a fait venir une équipe spécialisée à Abidjan. La société chinoise n'a pas de représentant ici et ses engins n'ont jamais été utilisés dans notre pays. Ce sont des nouveaux modèles. Seuls ses techniciens pouvaient faire le montage et c'est ce qui a été fait aux frais du vendeur." Et d'ajouter : "Les camions et les pick-up ne peuvent pas avoir été achetés à plus d'un milliard. Même si M. Gilbert Anoh a fait un don de deux pick-up à la gendarmerie d'Abengourou le 29 janvier 2010 en disant que ces deux 4X4 ont coûté 40 millions. Encore qu'il faut se demander si ce ne sont pas les véhicules acquis par la Sifca-Coop et laissés dans les magasins après l'emprisonnement des ex-dirigeants ? Pour le dédouanement, la douane ivoirienne ne peut pas taxer des engins importés par le Cgfcc pour le bénéfice des paysans ivoiriens, au taux normal. Il serait très surprenant de la part des dirigeants du Cgfcc d'affirmer que la douane de Côte d'Ivoire ne leur a fait aucune facilité et qu'elle leur a pris plus d'un milliard pour ces engins. Cela est invraisemblable. Quant aux pièces de rechange, leur prix était compris dans la facture globale" (voir Fac similé n°1, "Spare parts " = pièces de rechanges)". On peut donc en déduire que le chiffre de 7,2 milliards annoncé par le Cgfcc, jusqu'à preuve du contraire, paraît excessif et le gap de près de 4 milliards demeure largement injustifié. Et ce sentiment est renforcé par le silence du Cgfcc sur la démission du Dg de Forexi-Sa. Ni dans sa conférence de presse du 4 février, ni dans son droit de réponse adressé à "Le Quotidien" (alors que c'était l'objet de l'article de "Le Quotidien"), M. Gilbert Anoh n'a évoqué la démission du Dg de Forexi-Sa, remplacé (comme intérimaire) par Mme Kipré Daisy (mise à la disposition de Forexi-Sa par l'administration provisoire du Fdpcc, sous contrôle du Cgfcc). Pourtant, par courrier n°Cgfcc/173/MTL/JK/10, et daté du 8 janvier 2010, la 2ème vice-présidente du Cgfcc, Mme Massandjé Touré Litse a saisi le Pca de Forexi-Sa, aux fins "de réunir dans les meilleurs délais le Conseil d'Administration ayant compétence pour se prononcer sur les suites à donner à cette décision…". M. Gilbert Anoh est donc informé des raisons de la démission du Dg de Forexi-Sa. Mais s'il a choisi de ne jamais se prononcer sur la question, du moins publiquement alors que la presse en a parlé, c'est sans doute pour des raisons profondes et peut-être stratégiques. Et la réaction au téléphone du Dg démissionnaire, renforce cette idée.

Les vraies raisons de la démission du Dg de Forexi-Sa.
Joint au téléphone pour nous donner des explications complémentaires sur le contenu de sa lettre de démission, voici la réponse bruyante que M. Ekpini Konin Gilbert nous a donnée : "J'ai été nommé pour accomplir une mission précise, pour réaliser un projet précis. Après un an, je me suis rendu compte qu'il n'en était rien. J'ai réalisé que j'étais en train de perdre mon temps. Moi, j'avais plein d'idées claires dans la tête en arrivant à la tête de cette société. Mais très rapidement, j'ai compris que je perdais mon temps. Si je connaissais le milieu, je n'aurais jamais accepté d'y entrer. Si je savais ce qui se passait dans cette filière café-cacao, je n'aurais jamais accepté d'y mettre les pieds. C'est pour cela que j'ai démissionné et je ne veux plus rien à voir avec cette filière. Je ne veux plus en entendre parler…". Les 7,2 milliards annoncés par M. Gilbert Anoh sont-ils justifiés ? "L'argent n'est pas sorti des caisses de Forexi-Sa et je ne veux pas en parler." Sans commentaire ! Mais une source au sein de Forexi-Sa nous a permis d'en apprendre un peu plus. "M. Ekpini est un cadre honnête et il ne pouvait, en aucun cas, se permettre de tremper dans des choses louches. Cela ne cadrait pas avec son éducation. Il a décidé de partir parce qu'en plus de la scandaleuse affaire des engins importés par Forexi-Sa et dont la gestion lui avait été retirée au dernier moment, il se murmurait que le Cgfcc avait décidé de liquider Forexi-Sa en la déclarant en faillite pour pouvoir la racheter en sous main par une société en gestation. Il y a des contrats entre Forexi-Sa et des pays africains. En liquidant Forexi-Sa, le Cgfcc s'octroie le bénéfice de tous ces contrats. M. Ekpini ne pouvait pas accepter cela. Il est parti et il ne veut plus rien à voir avec le Cgfcc…". Vrai ou faux ? Toujours est-il que selon notre source, Mme Kipré Daisy (contrôleur de gestion) que le Conseil d'Administration de Forexi-Sa a voulu confirmer au poste de Dg de Forexi-Sa, a été récusée par M. Gilbert Anoh qui aurait imposé son homme le vendredi 26 février dernier. Il répond au nom de Adi Kouamé, un rescapé de l'ex-Fdpcc à qui M. Henri Amouzou aurait confié la gestion des phytosanitaires. Des bruits de malversations avaient couru dans le temps sur son compte au sein du Fdpcc, mais par miracle, il ne s'est pas retrouvé à la Maca. Là, résiderait peut-être le secret de sa nomination. Sait-on jamais. Une femme contrôleur de gestion pouvant se révéler incontrôlable à la tête de Forexi-Sa !
Demain, la réaction du président du comité de gestion
ASSALE TIEMOKO

PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Économie

Toutes les vidéos Économie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ