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Politique Publié le mercredi 3 mars 2010 | Le Patriote

Interview / Mamadou Sanogo (DDCQE d’ADO): "Notre prochain combat, c’est la fixation de la date des élections"

Le contentieux sur la liste électorale débutera très bientôt. Cependant, beaucoup de questions restent en suspens comme le sort réservé aux électeurs qui ont été radiés par la justice en dehors de la procédure en vigueur et la liste des 5,3 millions d’électeurs. Nous avons rencontré le Directeur central de campagne chargé des questions électorales du candidat Alassane Dramane Ouattara pour en savoir plus. M. Mamadou Sanogo, parle sans faux-fuyants.

Le Patriote: Le contentieux sur la liste électorale devrait débuter le 1er mars. Ce qui n’a pas été le cas. Que pensez-vous de ce rendez-vous manqué?
Mamadou Sanogo: Effectivement, c’est un rendez-vous manqué. Mais nous devons tous comprendre que la nouvelle Commission électorale indépendante vient d’être mise en place. Selon nos informations, l’équipe est en train de préparer les passations de charges. Le nouveau président de la CEI était ministre des Affaires étrangères. Là également il y a une passation à faire.

LP: Quelles peuvent être les conséquences d’un tel rendez-vous manqué?
MS: Il ne faut pas dramatiser ce rendez-vous manqué. Je suis convaincu qu’au bout d’une semaine, la nouvelle machine électorale sera mise totalement en branle. Avec la bonne volonté, la nouvelle équipe va fixer des dates, c’est-à-dire un chronogramme fiable. Nous souhaitons surtout qu’elle ait à l’esprit que les Ivoiriens dans leur ensemble, sont désormais vigilants, surtout quant à la date des échéances futures. Notre souhait est que cette CEI ne reporte pas de manière permanente les échéances qu’elle va se fixer. Que toute la classe politique la soutienne pour que le chronogramme qui doit être le premier objectif de la CEI, soit rapidement mis en place et respecté.

LP: Le contentieux qui s’ouvre est une phase capitale du processus électoral. Comment votre parti, le RDR, entend aborder cette échéance?
MS: Il faut rappeler que le contentieux qui s’ouvre très bientôt n’était pas prévu. C’est suite à la crise qui vient de secouer la CEI et au terme d’un accord sous l’égide du Facilitateur, que cette quatrième phase du contentieux a été programmée. Le RDR prépare cette phase avec beaucoup de sérénité. Nous savons que le FPI a décidé de continuer les demandes de radiations. Dans le même temps, nous avons tous suivi les recommandations du Facilitateur qui a souhaité que le mode opératoire soit rigoureusement respecté. Cela veut dire que le RDR va aborder cette dernière phase dans la plus grande sérénité sans qu’il ne perde quoi que ce soit.

LP: Pour ce faire, qu’allez-vous entreprendre concrètement sur le terrain?
MS: Dès samedi prochain, à la demande du Directeur national de campagne adjoint, nous allons animer conjointement une réunion avec nos camarades de la direction juridique pour préparer le contentieux. Au cours de cette réunion, nous allons donc rappeler le mode opératoire et demander à nos responsables locaux de campagne de veiller à ce que le mode opératoire soit scrupuleusement respecté par tous les requérants quels qu’ils soient. Cette fois-ci, nous allons insister auprès de nos responsables de campagne afin que tous ceux qui sont l’objet d’accusation calomnieuse portent plainte aussi bien dans les CEI locales que devant les tribunaux contre les personnes qui les ont accusés sans preuve. Il faut rappeler que la loi est impersonnelle. Elle est faite pour protéger également les populations innocentes. Tous ceux qui se retrouvent donc sur les listes dressées par le FPI à l’effet de les radier, doivent porter plainte. Si des Magistrats ne leur donnent pas gain de cause, nous aviserons.

LP: Des personnes pour la plupart militantes de votre parti, le RDR, ont été radiées par des juges. Quel sera leur sort?
MS: Suite à la grande crise qui est née du précédent contentieux, il y a eu des recommandations du Facilitateur et du Premier ministre. Il a été décidé que toutes les radiations qui ont été opérées en dehors de la procédure en vigueur sont nulles et de nul effet, c’est-à-dire qu’elles ne seront pas appliquées par la CEI. En nous rendant à Ouaga pour rencontrer le Facilitateur, nous nous étions munis des différentes listes qui ont été établies par le FPI dans certaines régions pour que ces personnes soient radiées. Nous les avons remises au facilitateur qui en a pris connaissance et qui en a été choqué. Car on notait très clairement que c’étaient des patronymes du nord qui étaient ainsi accusés. C’était donc intentionnel, c’était l’expression d’une stratification de la société ivoirienne. Toute chose qui est inacceptable. Ce que nous pouvons vous dire, est que ces radiations ne seront pas acceptées. Il faut que nos militants se rassurent sur cette question. Car, pour que cela soit, il faut que des présidents des CEI locales aient déjà enregistré ces radiations. Or, ces présidents des CEI locales sont informés également que les décisions rendues par la Justice qui n’ont pas suivi le mode opératoire requis en vigueur, sont nulles et de nul effet. Certainement, nos amis du FPI seront très mal à l’aise d’aller déposer leurs requêtes devant la CEI avec des preuves, et attendre que celle-ci rende sa décision avant de se rendre dans les tribunaux.

LP: Pour leur gouverne, pouvez-vous rappeler le mode opératoire à nos lecteurs?
MS: Pour quelqu’un qui n’a pas vu son nom sur la liste électorale, il se rend à la CEI locale la plus proche de son lieu d’enrôlement. Là-bas, on lui dira les raisons de son absence sur la liste électorale. Elles peuvent être des erreurs, des anomalies sur son nom, sur son lieu de naissance ou même un problème de double inscription, etc. Ou alors, il se peut que qu’il ait été retrouvé sur la liste des étrangers. C’est à la personne de produire des documents qui prouvent qu’elle est en droit d’être sur la liste électorale. Il y a aussi le cas où tout réclamant ivoirien déjà inscrit peut constater qu’il y a des personnes sur la liste électorale qui ne méritent pas d’y être. Tout simplement parce qu’elles sont des repris de justice, (perte de droit civique) ou des étrangers. Pour cela, celui qui accuse, doit apporter les preuves de son accusation, c’est-à-dire, un document du pays d’origine de l’individu accusé ou une décision de justice pour ceux qui ont perdu leur droit civique. Malheureusement, des hauts cadres du FPI qui savent tout du droit ivoirien, qui connaissent bien le mode opératoire requis pour le contentieux sur la liste électorale font fi de tout cela pour dresser des listes de personnes à radier qu’ils déposent directement chez certains juges et ce, sur la base d’un patronyme. Des magistrats qui sont aux ordres du FPI estiment que pour leur promotion, pour leur carrière, il faut tordre le cou à la loi. C’était le cas à Divo, à Man, à Lakota où nous avons eu des magistrats qui ont agi en dehors du mode opératoire. Dans le mode opératoire, il est prévu que le réclamant doit remplir un formulaire, décliner son identité, joindre ses preuves à la demande de radiation pour chaque personne. Il n’est pas dit qu’il faut dresser une liste de personnes sur des feuilles. Ainsi, si une personne dresse une liste de 800 noms, elle doit faire 800 demandes de réclamation, fournir 800 preuves, etc. Il faudrait que les uns et les autres notent que pour l’opération qui doit démarrer, aucune liste dressée ne doit être acceptée dans les CEI locales. Le mode opératoire est clair sur la question. Le FPI sachant qu’il est minoritaire, cherche à radier des militants ou sympathisants de l’opposition de la liste électorale. Leur intention ne passera pas.

LP: Avant la reprise du contentieux, des voix s’élèvent au sein du camp présidentiel pour dire que la liste électorale sera revue. Quel commentaire faites-vous de ces déclarations et quel sort sera réservé aux 5.300.000 électeurs ?
MS: Nous ne nous sommes pas surpris par ces déclarations de certains cadres du FPI. L’intention de ce parti est le gain du temps. Le FPI est conscient, à l’analyse de la liste électorale provisoire, qu’il ne peut gagner aucune élection en Côte d’Ivoire. Donc la seule porte de sortie qui lui reste, c’est celle de chercher à gagner du temps pour demeurer au pouvoir le plus longtemps possible. Pour cela, il invente des crises. La première à consister à accuser le président Mambé de la CEI de fraude. A peine sortis de cette crise, ils annoncent les prochaines étapes qui consistent à dire que la liste des 5.300.000 électeurs qui a été déjà validée par l’ONU, le Facilitateur et les structures techniques telles que l’ONI, l’INS, la SAGEM, etc. serait revue. Cette liste de 5.300.000 électeurs est constituée en majorité des personnes qui étaient sur la liste électorale de 2000 qui a servi de document de base conformément à l’Accord de Ouagadougou. Car tout électeur est d’abord Ivoirien selon la Constitution. On comprend dès lors, à travers ces déclarations du FPI ces derniers temps, que ce parti prépare un autre conflit. Ils vont plus loin en posant des problèmes par rapport au désarmement qui est déjà réglé dans le cadre de l’Accord complémentaire de Ouagadougou. Face à toute cette gymnastique du camp présidentiel, nous au RDR, disons que le FPI est un parti comme tout autre qui a un candidat en compétition. En tant que tel, le FPI n’est pas arbitre, il est un acteur. Donc, il ne peut pas édicter les règles du jeu. Nous au RHDP en général, au RDR en particulier, sommes pour le respect des Accords et des règles établis. Les règles établies veulent que les 5.300.000 électeurs ne soient plus touchés. Nous sommes convaincus que personne n’osera toucher à la liste des 5.300.000 électeurs. Nous disons que la seule solution qui mettra fin à toutes les initiatives du FPI, qui nous mène en bateau, de report en report, c’est que nous obtenions la date des élections et leur déroulement effectif. Il ne faut pas que les Ivoiriens qui sont fatigués par les difficultés sociales, les situations économiques, désastreuses, le délestage, se laissent distraire par le FPI. En tout état de cause, si des magistrats donnent une suite favorable aux requêtes illégales du FPI, ils provoqueront une énième crise. Nous devons à tous les niveaux de la société demeurer mobilisés. Même si nos responsables acceptaient que les partis du RHDP entrent au gouvernement, il faudrait que cela soit assortie d’une condition très claire : l’élaboration d’un chronogramme clair des élections et la fixation d’une date précise qui, cette fois-ci, ne saurait être reportée pour quelle que raison que ce soit. Si le FPI venait à trouver une autre raison de report de cette date, il faudrait que systématiquement le RHDP en tire toutes les conséquences, c’est-à-dire, sortir du gouvernement et réclamer le départ du FPI du pouvoir. Pour nous, c’est la seule voie pour amener le FPI à cesser de divertir les Ivoiriens. Pour terminer, je demande aux militants du RDR en particulier et du RHDP en général, de demeurer mobilisés. Car, le problème que nous vivons aujourd’hui, n’est pas un problème de droit. Nous gérons une situation de mauvaise foi affichée par le camp présidentiel. C’est par notre mobilisation dans les semaines à venir que nous pourrons obtenir la date des élections. Nous devons nous remettre en ordre de bataille pour gagner cet autre combat.

Réalisée par Ibrahima B. Kamagaté
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