Histoires si étranges. C’est le recueil de 37 nouvelles racontées par Régina Yaou dans sa dernière œuvre de 191 pages parue aux éditions Eburnie. Quand débute la lecture d’une nouvelle qui s’ouvre sur une autre, Régina ouvre les pages mystérieuses sur un monde avec ses réalités pas toujours perceptibles par tous. Comme un rêve, le personnage dans la nouvelle est le seul témoin de ce qu’il fait voir au lecteur. Qui entraîné comme par la main, devient curieux de savoir où pourra prendre fin l’histoire où les histoires qu’il feuillette. C’est livrant les secrets de la nuit, où l’étrangeté de certaines histoires prend tout son sens, que l’auteure Régina fait rencontrer le chemin d’êtres bizarres, de revenants ou autres sorciers. Souvent bienfaiteurs ou esprits maléfiques, ceux-ci animent les nuits calmes que le lecteur traverse dans une ambiance que décrit l’auteure avec un réalisme. Hallucinations ? Mystification ? Régina Yaou ne saurait elle-même donné réponse (p.27) à toutes ces questions que suscite chacune des histoires. Que dire du (Le) fantôme du chef (Nouvelle 4, page 25-31) qui apparaît sur le chemin du curé pour lui livrer un message : « Mon fils, tu me reconnais, n’est-ce pas ? C’est moi, Le chef. Dis à ma famille que depuis mon départ, je souffre. On m’a arraché tout ce qu’on m’avait donné lors de mon départ de la terre. Je n’arrive même pas à avoir à boire et à manger. Qu’on prie pour moi afin que je puisse entrer là où mes autres frères et sœurs sont. Priez pour moi, priez, priez ». Le fait est bouleversant mais, le message n’est pas pris à la légère. Car cela n’est pas étranger dans nos sociétés. Une messe a été célébrée suivie d’un grand repas pour « aider » le chef à rejoindre ses ancêtres. « Depuis lors, jamais plus le chef ne se manifesta », p.27. Ce sont là des histoires ou événements et phénomènes insolites qui peuplent nos vies, précise l’auteure. Si les faits sont racontés avec une grande précision, Régina Yaou confie avoir rencontré certains protagonistes – ou un membre de leurs familles – de ces histoires. « Tous les faits, ici rapportés sont réels. Les noms et les lieux ont été changés pour préserver l’anonymat de ces personnes », note Régina Yaou.
Koné Saydoo
Koné Saydoo
