L’initiateur de ce dialogue direct, c’est le Président Laurent Gbagbo». Djibril Bassolet, dans une interview qu’il nous a accordée en septembre 2009 à New-York – et publiée le 20 octobre dans les colonnes de Fraternité Matin -, nous ramène à cette vérité historique que nul ne peut nier.
Tout commence le 19 décembre 2006 par le discours du Président ivoirien à la nation. Extraits : «Tous ceux qui nous ont aidés: puissances étrangères, Etats amis, Organisations internationales, personnalités de tous bords, ont fait ce qu’ils pouvaient pour nous sortir de la crise. Nous ne devons pas leur en vouloir de ne pas avoir réussi. Mais étant les principaux bénéficiaires de tous ces efforts de paix, nous, Ivoiriens, avons le devoir envers nous-mêmes de parvenir aux solutions définitives, en ayant posé le juste diagnostic de nos difficultés.
Devant l’impasse des solutions extérieures, il est temps que les Ivoiriens s’approprient eux-mêmes complètement le processus de paix (…). C’est pourquoi, au nom de l’Etat de Côte d’Ivoire, je propose aux Ivoiriens, mais aussi à la Communauté internationale, une nouvelle approche. Ma première proposition est l’instauration d’un dialogue direct avec la rébellion». Puis d’ajouter : «Je suis prêt, dès ce soir même, à discuter avec eux.
Du reste, s’il ne tenait qu’à moi, ces discussions devraient avoir commencé depuis la semaine dernière. J’avais entamé les démarches dans ce sens. Je souhaite que d’ici à fin janvier 2007 au plus tard, les discussions soient achevées et qu’elles aboutissent au désarmement, pour que, enfin, les élections prévues puissent se tenir. C’est en vue de cet objectif que je fais d’autres propositions pour avancer».
Laurent Gbagbo initie ainsi le dialogue direct en invitant «ceux qui ont pris les armes contre leur propre pays» à entrer en dialogue avec lui. Pour dialoguer, il faut être deux. Mais il arrive que ceux qui doivent converser, parce qu’ayant atteint un niveau d’inimitié tel qu’ils ne peuvent se parler directement, font appel à une troisième personne pour les aider à se rencontrer. C’est ce qui arriva avec le dialogue direct. Et qui conduisit les acteurs de la crise ivoirienne dans la capitale burkinabé, à Ouagadougou. Avec le Président Blaise Compaoré comme facilitateur. D’abord cette personnalité a su «vendre» l’idée de son homologue au chef de la rébellion qu’était Soro Guillaume, mais il a surtout su rassurer les parties, hier en conflit.
En effet, lorsque l’idée de ce rapprochement ivoiro-ivoirien émerge, le Président Laurent Gbagbo sollicite l’aide de son homologue burkinabé pour entrer en contact avec Soro Guillaume. Invité des rédactions de Fraternité Matin, celui qui, depuis mars 2007 est devenu le Premier ministre de la Côte d’Ivoire raconte : «Le 4 novembre 2006, j’ai reçu un coup de fil du Président Blaise Compaoré. Il me dit : «M. Soro, le Président Gbagbo m’a envoyé un émissaire. Il veut discuter directement avec toi». Je dis : «Non, M. le Président. Tout ça, c’est pour éviter d’appliquer les résolutions des Nations unies. Je ne veux donc pas entrer dans une telle discussion». Le Président Compaoré m’a laissé dire tout le mal que je pouvais penser de l’initiative d’une telle discussion. Puis il m’a dit: «Mais autant venir à Ouagadougou…» Je lui ai répondu: «Président, je viens». Je suis arrivé à Ouagadougou le 6 novembre 2006. Le Président Blaise Compaoré m’a reçu et il m’a dit: «M. Soro Guillaume, secrétaire général des Forces nouvelles, le Président Gbagbo m’a envoyé un émissaire qui veut que vous discutiez» (…) J’ai demandé au Président Blaise Compaoré de me laisser le temps de la réflexion. Et je suis allé à Bouaké pour mener la concertation avec mes hommes. Quand j’ai fini de faire ces discussions, un jour, le Président Compaoré m’appelle pour m’informer que l’émissaire du Président Gbagbo est là; c’est M. Tagro. Le Président Compaoré me dit : «Il est là, qu’est-ce qu’on fait ?» Président, qu’il vous dise ce qu’il veut», lui ai-je répondu…»
Désiré Tagro, alors porte-parole du Président Laurent Gbagbo, portait déjà, au nom de son patron, son costume de négociateur.
Le 7 janvier 2007, Soro Guillaume accepte le dialogue direct. Les discussions officielles commencent le 5 février. Louis-André Dacoury Tabley, alors numéro 2 des Forces nouvelles, représente la rébellion. Et le Président Compaoré désigne son ministre des Affaires étrangères d’alors, Djibril Bassolet, pour parler en son nom auprès des deux groupes en discussion.
Le 4 mars 2007, les parties, en phase, signent l’Accord politique de Ouagadougou. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de la (re)construction de la paix. Le bateau Ivoire a négocié des virages importants, même si, de temps en temps, il tangue.
Agnès Kraidy
Tout commence le 19 décembre 2006 par le discours du Président ivoirien à la nation. Extraits : «Tous ceux qui nous ont aidés: puissances étrangères, Etats amis, Organisations internationales, personnalités de tous bords, ont fait ce qu’ils pouvaient pour nous sortir de la crise. Nous ne devons pas leur en vouloir de ne pas avoir réussi. Mais étant les principaux bénéficiaires de tous ces efforts de paix, nous, Ivoiriens, avons le devoir envers nous-mêmes de parvenir aux solutions définitives, en ayant posé le juste diagnostic de nos difficultés.
Devant l’impasse des solutions extérieures, il est temps que les Ivoiriens s’approprient eux-mêmes complètement le processus de paix (…). C’est pourquoi, au nom de l’Etat de Côte d’Ivoire, je propose aux Ivoiriens, mais aussi à la Communauté internationale, une nouvelle approche. Ma première proposition est l’instauration d’un dialogue direct avec la rébellion». Puis d’ajouter : «Je suis prêt, dès ce soir même, à discuter avec eux.
Du reste, s’il ne tenait qu’à moi, ces discussions devraient avoir commencé depuis la semaine dernière. J’avais entamé les démarches dans ce sens. Je souhaite que d’ici à fin janvier 2007 au plus tard, les discussions soient achevées et qu’elles aboutissent au désarmement, pour que, enfin, les élections prévues puissent se tenir. C’est en vue de cet objectif que je fais d’autres propositions pour avancer».
Laurent Gbagbo initie ainsi le dialogue direct en invitant «ceux qui ont pris les armes contre leur propre pays» à entrer en dialogue avec lui. Pour dialoguer, il faut être deux. Mais il arrive que ceux qui doivent converser, parce qu’ayant atteint un niveau d’inimitié tel qu’ils ne peuvent se parler directement, font appel à une troisième personne pour les aider à se rencontrer. C’est ce qui arriva avec le dialogue direct. Et qui conduisit les acteurs de la crise ivoirienne dans la capitale burkinabé, à Ouagadougou. Avec le Président Blaise Compaoré comme facilitateur. D’abord cette personnalité a su «vendre» l’idée de son homologue au chef de la rébellion qu’était Soro Guillaume, mais il a surtout su rassurer les parties, hier en conflit.
En effet, lorsque l’idée de ce rapprochement ivoiro-ivoirien émerge, le Président Laurent Gbagbo sollicite l’aide de son homologue burkinabé pour entrer en contact avec Soro Guillaume. Invité des rédactions de Fraternité Matin, celui qui, depuis mars 2007 est devenu le Premier ministre de la Côte d’Ivoire raconte : «Le 4 novembre 2006, j’ai reçu un coup de fil du Président Blaise Compaoré. Il me dit : «M. Soro, le Président Gbagbo m’a envoyé un émissaire. Il veut discuter directement avec toi». Je dis : «Non, M. le Président. Tout ça, c’est pour éviter d’appliquer les résolutions des Nations unies. Je ne veux donc pas entrer dans une telle discussion». Le Président Compaoré m’a laissé dire tout le mal que je pouvais penser de l’initiative d’une telle discussion. Puis il m’a dit: «Mais autant venir à Ouagadougou…» Je lui ai répondu: «Président, je viens». Je suis arrivé à Ouagadougou le 6 novembre 2006. Le Président Blaise Compaoré m’a reçu et il m’a dit: «M. Soro Guillaume, secrétaire général des Forces nouvelles, le Président Gbagbo m’a envoyé un émissaire qui veut que vous discutiez» (…) J’ai demandé au Président Blaise Compaoré de me laisser le temps de la réflexion. Et je suis allé à Bouaké pour mener la concertation avec mes hommes. Quand j’ai fini de faire ces discussions, un jour, le Président Compaoré m’appelle pour m’informer que l’émissaire du Président Gbagbo est là; c’est M. Tagro. Le Président Compaoré me dit : «Il est là, qu’est-ce qu’on fait ?» Président, qu’il vous dise ce qu’il veut», lui ai-je répondu…»
Désiré Tagro, alors porte-parole du Président Laurent Gbagbo, portait déjà, au nom de son patron, son costume de négociateur.
Le 7 janvier 2007, Soro Guillaume accepte le dialogue direct. Les discussions officielles commencent le 5 février. Louis-André Dacoury Tabley, alors numéro 2 des Forces nouvelles, représente la rébellion. Et le Président Compaoré désigne son ministre des Affaires étrangères d’alors, Djibril Bassolet, pour parler en son nom auprès des deux groupes en discussion.
Le 4 mars 2007, les parties, en phase, signent l’Accord politique de Ouagadougou. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de la (re)construction de la paix. Le bateau Ivoire a négocié des virages importants, même si, de temps en temps, il tangue.
Agnès Kraidy