A Monsieur le président de la FIF, Monsieur le Président, permettez moi de vous adresser de chaleureuses félicitations après votre intervention samedi sur les antennes de la télévision ivoirienne. Après la déconvenue de nos éléphants en Angola, il était impératif, que vous donniez des explications à la nation, que vous justifiez les raisons des contreperformances de ce groupe donné alors favori, que vous redonnez des raisons d’espérer à ce peuple qui a besoin de victoires, qui a soif de cohésion. Ce faisant, vous avez compris, qu’au-delà des clubs, c’est la nation toute entière qui vous a mis en mission, et que c’est à elle seule, que vous devriez rendre compte. Monsieur le Président, l’objet de cette lettre ne vise pas à dire si les déclarations, que vous avez faites sont convaincantes, moins encore si elles justifient la débâcle des Eléphants à la dernière CAN. Il nous est apparu nécessaire de donner un simple avis, d’apporter notre contribution à la construction de ce club : les Eléphants. Mais avant, souffrez que nous saluons le travail que vous avez abattu depuis votre avènement à la tête de fédération. Votre action, s’il faut en parler, s’inscrit dans le droit fil de construction de celui de vos prédécesseurs, à savoir, feu le Président Jean Brizoua Bi, le Président Dieng Ousseynou. Celui-là a permis à notre pays d’organiser sa première compétition africaine, la 14° édition de la CAN, celui-ci à remporter la première CAN, premier trophée continentale de l’histoire de notre pays en 1992, au Sénégal. Mais vous, vous êtes parvenu à qualifier le onze national pour la plus prestigieuse compétition planétaire. En cette période de crise, quoique proche du chef de l’Etat, vous êtes parvenu à créer une dynamique nationale autour des éléphants. Aujourd’hui, la cause des éléphants constitue la seule qui rassemble, fédère les synergies, rapproche toute la population sans distinction de partis politiques. Aujourd’hui, les éléphants constituent le creuset de la nation ivoirienne. Ils rappellent avec beauté, le ciment de notre unité nationale perdue, que nous devons à jamais retrouver. Que n’ a-t-on pas été heureux de voir le Président Alassane Dramane Ouattara, le Président Henri Konan Bédié, le Président Laurent Dona-Fologo, Madame Simone Gbagbo…acheter leur carte de supporter des éléphants ,dans élan patriotique, au sein même du comité national de soutien aux Eléphants (CNSE). Un comité dirigé avec brio par M. Jean Louis Billon. Toutes ces actions sont à mettre à votre actif. A notre avis, Monsieur le Président, les résultats sportifs ne suivent pas une si belle politique en raison de l’environnement qui prévaut au sein même de l’équipe nationale. Il y a une injustice au sein du groupe, car tous les cadres ne sont pas logés à la même enseigne. Conséquence, certains joueurs jouent le pourrissement : ils refusent que d’autres s’approprient les fruits de leurs efforts et laisse faire, quitte à ce que tout le monde perde. Suivez mon regard. Autre raison, et c’est celle-là, qui me parait la plus importante : c’est la faiblesse du mental de l’équipe dirigeante à commencer par vous-même. Monsieur le Président, en limogeant l’entraineur Vahid vous avez fait preuve de faiblesse mental. Vous avez laissez la prééminence à l’émotion, plutôt qu’à la raison. Vous avez succombez à la campagne de presse orchestré par je ne sais qui, et dont l’objectif était simplement d’avoir la tête de l’entraineur. Vous avez été gagné par la peur, face à la grogne des populations. Vous avez trouvez en lui un exutoire, dérivatif pour la colère des supporters. Qu’est-ce qu’un entraineur, même s’il connait individuellement tous les joueurs, pourra faire en l’espace de deux mois ? Le mondial étant prévu pour le mois de juin. En agissant ainsi, vous avez montré que seule la victoire vous intéresse. Or, la victoire n’est pas une donnée immédiate. Elle ne s’acquiert pas de façon spontanée, ni à la carte moins encore sur un claquement du doigt. La victoire est une longue quête patiente, savamment murie, qui se donne beaucoup plus qu’elle ne s’arrache par la colère. Il n’y a pas de génération spontanée en la matière. Tout se construit patiemment. Regardez autour de vous. L’entraineur de l’Egypte n’est pas tombé de la dernière pluie. En France, M. Escalette est resté fort, en dépit de la grande pression exercée sur lui face aux contreperformances de Domenech. En Anleterre, depuis quand Fabio Cappelo coach la sélection nationale ? A Manchester U, ça fait plus de vingt ans que Sir Alex Ferguson conduit les macunéens de victoires en victoires. Il a tout remporté le noble ! Pourquoi un entraineur ne ferait pas cinq ans à la tête des éléphants ? Est-ce que ça fait vraiment sérieux de changer d’entraineur après chaque compétition ? En 2006, c’était Henri Michel ; en 2008 Stielike puis Gili et en 2010 Vahid. Celui qui va remplacer Vahid sera remplacé après le mondial, parce que deux ou trois tabloïds auront publié des déclarations fracassantes de quelques postulants. A cette allure, vous ferez le tour des entraîneurs de la planète. A la vérité, Monsieur le Président, vous êtes faible du point de vue mental et vous communiqué cette faiblesse au reste de la troupe. Monsieur le Président, de cette critique allez-vous en concevoir du dépit ? Il nous a paru seulement nécessaire et salutaire d’apporter notre pierre au raffermissement d’un groupe d’intérêt national. Pour terminer, j’aimerais partager avec vous cette sagesse de la tradition africaine. « Ceux qui marchent, ce sont ceux qui ont la poussière sur les pieds ».
Lassina Keita
Lassina Keita