Deux faits ont attiré mon attention, cette semaine. L’un, agréable, rafraîchissant, se rapporte à la légende de notre football. L’autre nous retrempe dans sa fade et morose actualité. L’USC Bassam, leader du championnat national de football, voilà de quoi déclencher dans ma mémoire une cohorte d’images toutes aussi fortes les unes que les autres…Je ne pourrai vous parler des « onze frères de Bassam », premier champion de Côte d’Ivoire en 1960 car je naissais deux ans après, à la clinique du Belvédère à l’Indénié ! Le mythique USC Bassam des années 1970- début 1980, lui, je peux vous le raconter, et avec émotion ! Imbattable dans son antre du stade municipal sablonneux où règne une atmosphère pathétique. Le calvaire pour l’adversaire commence naturellement avec la lourdeur de l’humidité ; le bord de mer à cinq cent mètres, la lagune à cent mètres. L’enfer commence avec l’épuisante épreuve d’accès dans l’enceinte du stade. Il faut braver le mauvais sort, le regard des vieux Apolloniens. Quand surgissent d’on ne sait où les Yapo Yapo, Emmanuel Aka « la guerre », N’Da Akoi “Dankoï”, Simplice Boty, Any Gomez Alexis, Maxime Traoré… l’adversaire ne sait plus où donner de la tête. Puis la corrida –“ la mise à mort “- débute : Laminage constant de l’adversaire , maîtrise absolue du cuir , souffle inépuisable …et surtout …force de la magie …oui ,c’est moi le “blofouè” qui parle …des buts tout faits, ressortant de la cage ou s’arrêtant devant la ligne de but; des ballons hauts dans le ciel retombant dans les filets ; des genoux déboîtés remis en place “à la main “; des joueurs perdant connaissance jusqu’à la fin du match et se réveillant comme si de rien n’était … ne pas avoir vu un Bassam-Asec ou un Grand-Bassam-Africa à Bassam du temps de ce légendaire USCB , c’est méconnaître un pan entier de la riche légende de notre football, de notre terroir. « C’est moi qui ai ramené l’adhésion autour de l’équipe nationale… ». Comment Jacques Anouma a-t-il pu dire cela ? C’est vrai, quand on n’en connaît pas la légende, on peut croire qu’on est le nombril du monde ! Ou qu’on a inventé le fil à couper le beurre…Je me souviens des années 1970 et 1980 de matches féériques, des Côte d’Ivoire-Maroc, Côte d’Ivoire-Soudan, Côte d’Ivoire-Congo, Ghana et j’en passe …Même contre la Centrafrique ou le Libéria, en amical, nous étions-là, nombreux, très nombreux à chanter l’Abidjanaise …avec le cœur et le sourire.
Ebonyfadel1@hotmail.com
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