Estimant que le pays n'était « ni en état de siège, ni en état d'urgence », Victorine Wodié, présidente de la Commission nationale des droits de l'Homme de Côte d'Ivoire (Cndhci), a jugé inopportune l'intrusion de l'armée dans le débat politique.
Restée silencieuse depuis le déclenchement des troubles liées à la dissolution de la Commission électorale indépendante (Cei) et du gouvernement, la Commission nationale des droits de l'Homme de Côte d'Ivoire (Cndhci) est sortie hier de son mutisme. Au cours d'un point de presse tenu au siège de l'institution dont elle est la première responsable, Victorine Wodié a vertement critiqué les Forces de défense et de sécurité, d'abord pour leur intrusion dans le débat politique, ensuite dans leur répression brutale des manifestations du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). « La Côte d'Ivoire n'étant ni en état de siège, ni en état d'urgence, l'intrusion de l'armée dans le débat politique ne se justifiait nullement », a-t-elle commencé en dénonçant de prime abord l'intervention télévisée du chef d'état-major des armées, Philippe Mangou. Enfonçant le clou des critiques, relativement à la répression des marches éclatée du Rhdp, la présidente de la Cndhci a estimé que les forces de l'ordre ont utilisé des moyens disproportionnés. « Les sévères mises en garde faites par le chef d'état-major des armées étaient de nature à disposer les agents commis au maintien de l'ordre à une réaction sans commune mesure avec la réalité du terrain. La réponse apportée par les responsables de l'application des lois a été disproportionnée, notamment à Gagnoa et à Daloa où, en lieu et place des moyens conventionnels de maintien de l'ordre, ils ont recouru à l'usage meurtrier d'armes à feu, entraînant la mort de plusieurs personnes », a relevé Mme Wodié qui n'a pas épargné de ses critiques, le Rhdp. « La déclaration par laquelle le Rhdp, qui remettait en cause l'autorité du président de la République, appelait les populations à s'opposer par tout moyen à la dictature, n'est rien moins qu'un appel à l'insurrection dont l'économie aurait pu être faite face à la grande fragilité de la situation sociopolitique. Les militants qui ont privilégié l'usage de la violence, ont par cela même placé leurs actions hors du champ du bénéfice de la protection des lois puisqu'aussi bien, le droit garanti en la matière est et reste le droit de réunion pacifique », a souligné l'ancienne ministre des droits de l'Homme. Par ailleurs, tout en soutenant que la dissolution de la Cei « apparaissait comme une solution, pour éviter, à l'ensemble du processus de sortie de crise, une impasse totale », Victorine Wodié en est venue à la conclusion que « les violences nées à l'occasion des contestations relatives à l'inscription sur la liste électorale, ne sont pas sans lien avec le couplage de l'inscription sur la liste électorale et de la délivrance de la carte nationale d'identité ». S'agissant des requêtes en radiation sur lesquelles la conférencière s'est également prononcée, elle a renvoyé dos à dos la Cei et les tribunaux. Pour la présidente de la Cndhci, la Cei devrait recevoir toutes les réclamations, même celles dépourvues de pièces justificatives, quitte à déclarer les requêtes irrecevables. Dans le même temps, elle a dénié aux tribunaux le droit de statuer en premier et dernier ressorts en ce qui concerne les demandes de radiation.
Marc Dossa
Restée silencieuse depuis le déclenchement des troubles liées à la dissolution de la Commission électorale indépendante (Cei) et du gouvernement, la Commission nationale des droits de l'Homme de Côte d'Ivoire (Cndhci) est sortie hier de son mutisme. Au cours d'un point de presse tenu au siège de l'institution dont elle est la première responsable, Victorine Wodié a vertement critiqué les Forces de défense et de sécurité, d'abord pour leur intrusion dans le débat politique, ensuite dans leur répression brutale des manifestations du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). « La Côte d'Ivoire n'étant ni en état de siège, ni en état d'urgence, l'intrusion de l'armée dans le débat politique ne se justifiait nullement », a-t-elle commencé en dénonçant de prime abord l'intervention télévisée du chef d'état-major des armées, Philippe Mangou. Enfonçant le clou des critiques, relativement à la répression des marches éclatée du Rhdp, la présidente de la Cndhci a estimé que les forces de l'ordre ont utilisé des moyens disproportionnés. « Les sévères mises en garde faites par le chef d'état-major des armées étaient de nature à disposer les agents commis au maintien de l'ordre à une réaction sans commune mesure avec la réalité du terrain. La réponse apportée par les responsables de l'application des lois a été disproportionnée, notamment à Gagnoa et à Daloa où, en lieu et place des moyens conventionnels de maintien de l'ordre, ils ont recouru à l'usage meurtrier d'armes à feu, entraînant la mort de plusieurs personnes », a relevé Mme Wodié qui n'a pas épargné de ses critiques, le Rhdp. « La déclaration par laquelle le Rhdp, qui remettait en cause l'autorité du président de la République, appelait les populations à s'opposer par tout moyen à la dictature, n'est rien moins qu'un appel à l'insurrection dont l'économie aurait pu être faite face à la grande fragilité de la situation sociopolitique. Les militants qui ont privilégié l'usage de la violence, ont par cela même placé leurs actions hors du champ du bénéfice de la protection des lois puisqu'aussi bien, le droit garanti en la matière est et reste le droit de réunion pacifique », a souligné l'ancienne ministre des droits de l'Homme. Par ailleurs, tout en soutenant que la dissolution de la Cei « apparaissait comme une solution, pour éviter, à l'ensemble du processus de sortie de crise, une impasse totale », Victorine Wodié en est venue à la conclusion que « les violences nées à l'occasion des contestations relatives à l'inscription sur la liste électorale, ne sont pas sans lien avec le couplage de l'inscription sur la liste électorale et de la délivrance de la carte nationale d'identité ». S'agissant des requêtes en radiation sur lesquelles la conférencière s'est également prononcée, elle a renvoyé dos à dos la Cei et les tribunaux. Pour la présidente de la Cndhci, la Cei devrait recevoir toutes les réclamations, même celles dépourvues de pièces justificatives, quitte à déclarer les requêtes irrecevables. Dans le même temps, elle a dénié aux tribunaux le droit de statuer en premier et dernier ressorts en ce qui concerne les demandes de radiation.
Marc Dossa