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Économie Publié le mardi 9 mars 2010 | Le Nouveau Réveil

Dossier / Incendies de marchés, de bâtiments publics, de locaux d`entreprises, etc. : Qui brûle la Côte d`Ivoire ?

En moins d`un trimestre, au moins cinq incendies ont ravagé des bâtiments ou des centres commerciaux dans certaines localités du pays. Telle une série noire qui se répète, les incendies sont devenus des faits quasi ordinaires en Côte d`ivoire. Lundi 1er mars 2010. Le chef de l`Etat Laurent Gbagbo est l`invité d`honneur d`une soutenance de thèse à l`amphithéâtre Lorougnon Guédé de l`université de Cocody. Quelque temps après le début de la soutenance, un élément de la garde rapprochée du chef de l`Etat s`approche de Bertin Kadet Gahié et lui chuchote à l`oreille. Ce dernier sort de la salle et y revient quelques instants après pour, à son tour, chuchoter des mots à l`oreille du directeur du protocole d`Etat. Celui-ci sort puis revient vers le chef d`état major des armées. Tous les deux sortent de la salle. Le général Philippe Mangou revient dans la salle et se dirige d`un pas ferme vers Laurent Gbagbo. Il se penche vers lui et l`informe de la situation. La situation ? Un incendie vient de se déclarer dans le bureau du directeur financier de l`université de Cocody, non loin de l`amphithéâtre où se trouve le chef de l`Etat. Le feu est vite circonscrit.
Le directeur financier de l`université de Cocody a eu de la chance. Des commerçants du " Black Market " d`Adjamé eux, n`ont pas eu cette chance. Le 1er février, ils ont commencé le mois avec une grande fumée d`infortune. Une centaine de magasins situés dans la zone ont été totalement ravagés par le feu.
La même semaine, le feu se signale dans des entreprises telles Bernabé et Saga.
Entre le 25 janvier et le 1er février 2010, le département de Nassian est parcouru par des feux dits de brousse qui détruisent, à en croire des dépêches de presse, une centaine de cases dans une dizaine de villages et des centaines d`hectares de forêt.

" Je ne comprends pas "
" Tout a cramé ". C`est avec un air détaché et ce petit brin de franchise enfantine que le président de l`Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, dresse le bilan devant micros et caméras, de l`incendie de son bureau. Nous sommes le samedi 14 février 2009. Pour sa part, Simone Gbagbo la Première dame et députée d`Abobo s`exclame : " Je ne comprends pas et je n`arrive pas à m`expliquer ce qui arrive. C`est terrible ! ". Simone Gbagbo ne croit pas à la thèse de l`accident. Elle avance des doutes qu`elle n`exprime pas clairement : " Ce bâtiment était entretenu. Il est gardé. Je préfère ne pas émettre d`hypothèses. J`attends qu`une enquête vigoureuse et sérieuse se fasse et qu`on sache ce qui s`est vraiment passé. Ce bâtiment-là n`est pas un bâtiment délaissé. Ici, tous les samedis, on fait le grand ménage. Je ne comprends pas… ".
Trois semaines après l`incendie à l`Assemblée nationale, le feu se signale toujours au Plateau. Cette fois-ci, c`est le bâtiment abritant la direction des concours de l`armée ivoirienne et les archives qui est brûlé. Ce bâtiment est situé dans l`aire du ministère de la Défense situé au sein du camp Gallieni du Plateau.
Le 17 mars 2009, il est presque 6 heures. L`agent de garde au poste du contingent bengladais reçoit un appel de détresse. Le marché central de Bouaké, selon l`alerte, brûle. Très vite, des unités des trois contingents (ghanéen, pakistanais et bengladais) se mettent en route pour aller combattre le feu. Sur place, ils découvrent que ce n`est pas le marché central qui part en fumée mais la gare routière située non loin du marché central. Il faut deux heures aux services des incendies de l`Opération des Nations unies en Côte d`Ivoire (Onuci) aidés par des éléments de la Police des Nations unies (UNPOL) pour venir à bout des flammes. Huit camions citernes d`eau ont suffi pour vaincre le feu. L`enquête ouverte immédiatement par les casques bleus permet de déterminer l`origine du feu : l`explosion d`un bidon d`essence vendu par des commerçants ambulants.
25 avril 2009 : le service courrier de la Primature est de justesse, sauvé des flammes.

Enquêtes
Dans la nuit du 27 au 28 septembre 2007 (précisément à 1 heure), la direction de l`Agence comptable centrale du Trésor (ACCT) sise aux bâtiments B1 et B2 au 12è étage de la tour B, part en fumée.
L`incendie paraît tellement suspect que le Conseil des ministres qui se réunit le 4 octobre suivant décide d’écouter un communiqué du ministre de l`Economie et des Finances, Charles Diby Koffi. Ce dernier conclut son exposé, selon le communiqué du conseil des ministres " en proposant des mesures conservatoires, à savoir l`ouverture et l`aboutissement d`une enquête de police (des instructions ont été déjà données à l`agent judiciaire du Trésor pour porter plainte contre X ".
Samedi 13 janvier 2007. Les locaux de plusieurs entreprises sises à Marcory, sur le boulevard Giscard d`Estaing partent en fumée. L`incendie qui s`est déclaré chez Orca Deco touche très rapidement Western Union, Batim et Agence Charleston. L`incendie est si spectaculaire que deux jours plus tard, le chef de l`Etat Laurent Gbagbo se rend sur les cendres des locaux incinérés. " Ce qui s`est passé est un drame ", soutient-il devant des employés sinistrés aux yeux interrogateurs sur l`avenir.
Au cours de ces trois dernières années, plusieurs incendies aux origines pas toujours clarifiées se sont signalés. Les marchés de Bingerville, de Port-Bouët 2, de Cocody, de Dimbokro, d`Abengourou ont été visités par les flammes. Le bureau d`un substitut du procureur au palais de justice du Plateau est parti en fumée. " Court-circuit ", avait-on avancé dans le temple de Thémis.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, aucune personne n`a jamais été arrêtée (du moins à notre connaissance) pour sa responsabilité dans l`un au moins des divers incendies signalés sur l`étendue du territoire. Si chaque fois une enquête a été ouverte, c’est le silence total qui préside aux résultats de ces enquêtes. Le mystère, lui, demeure entier : qui brûle la Côte d`Ivoire ?





Fatalité ? Certainement pas !

Dans une contribution relayée dans la presse, un spiritualiste fort médiatisé a estimé que les incendies déclarés un peu partout dans le pays avaient un côté mystique. Ils seraient une réponse directe de la Divine Providence face aux graves dérives morales dans lesquelles se serait engouffrée la société ivoirienne depuis des années. Soit. L`analyse des faits tranche violemment avec cette conception fataliste. "Les marchés brûlent parce les normes sécuritaires ne sont pas respectées", s`évertue à dire depuis des mois Fiacre Kili, le coordonnateur général de l`Office national de la protection civile (ONPC). Rien de plus. Il ajoute que "les installations sont vétustes et dépassées". Ce qui explique que des bâtiments de la Primature ou du camp Galiéni, construits au cours de la décennie qui a suivi l`indépendance du pays, soient vulnérables face aux flammes.
Au demeurant, le colonel Adama Coulibaly, commandant du Groupement des sapeurs pompiers militaires (GSPM) dénonce depuis qu`il a pris fonction, les facteurs catalyseurs d`incendies, à savoir la non existence ou le manque ou encore le non entretien des bouches d`incendie, le non contrôle des installations électriques, l`insuffisance des moyens des sapeurs pompiers, etc.
A toutes ces insuffisances, il faut certainement ajouter la main pas toujours loin de l`homme, dans le cadre d`incendies criminels.
André Silver Konan
kandresilver@yahoo.fr


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