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Société Publié le mardi 16 mars 2010 | Le Temps

Affaire deux gendarmes et un civil tués : Gal Mangou appelle au calme -Un affrontement a été évité de justesse entre policiers et gendarmes hier lundi, à Yopougon.

Les policiers et les gendarmes ont failli mettre en péril, la quiétude de la population de la commune de Yopougon, hier lundi 15 mars 2010. En effet, dans la nuit du vendredi au samedi, deux gendarmes en fonction à l’escadron mobile de Yopougon et un étudiant ont été froidement abattus par un policier dans un maquis de la place sis dans le quartier Toit Rouge de Yopougon. La nouvelle de cette atroce mort a mis en colère les collègues des deux gendarmes tués qui en guise de représailles, ont kidnapé deux policiers du 19e arrondissement dudit quartier. C’est d’ailleurs dans ce quartier sont installées les deux Forces en instance d’affrontement. Il est 10 heures, ce lundi, lorsque nous arrivons sur les lieux du sinistre. Mais, il nous est impossible d'avoir accès à la voie qui désert le quartier Toit rouge. Toutes les issues sont hermétiquement bouclées par les policiers qui contrôlent l'entrée principale débouchant sur le carrefour des sapeurs-pompiers. De l'autre côté, les gendarmes de l'escadron mobile ont à leur tour barricadé les deux voies qui mènent vers le sud dudit quartier et qui séparent les bureaux des gendarmes du commissariat du 19e arrondissement. Le déploiement de l'arsenal de guerre de part et d'autre par les belligérants, ont fait fuir les riverains. Il a fallu notre témérité pour forcer les barrages et atteindre le camp de la gendarmerie du Toit rouge. De part et d'autre des barrages dressés, les deux camps observent la veillée d'armes. La tension est vive sur les deux fronts et les piétons sont “ filtrés” à leur passage. C'est dans cette atmosphère délétère que nous approchons un gendarme armé jusqu'aux dents, pour tenter de lui soutirer quelques informations. Mais c'est peine perdue. Il nous éconduit furieusement et menace même de nous “ faire la fête ” si jamais nous insistons. Message pigé, nous mettons le cap sur un gradé des gendarmes qui semble donner une information. Là aussi, ce sera peine perdue, car il me menace et me bloque dans ma tentative. Un autre gradé qui nous suivait du regard s'approche et nous intime poliment l'ordre de rapidement nous éloigner des lieux. C'est d'ailleurs ce que nous étions en train de faire, lorsque nous entendons les sifflements stridents des sirènes. Le remue ménage qui suit nous annonce l'arrivée du Gal Mangou, chef d'état-major des armées. Un petit moment de cafouillage et tout entre en ordre. "Je viens de rencontrer tout le monde. Tout va bien et je peux vous affirmer que les deux policiers ont été libérés. Il n'y a donc rien qui se passe tout va bien", a affirmé le Cma. A peine son cortège quitte la gendarmerie que le Gal Guai Bi Poin arrive. Les officiers supérieurs l'entourent pour lui faire le point. Nous tentons de lui serrer la main avec le secret espoir d'obtenir une information. Mais nous n'obtenons rien. Une brève escale du patron de la gendarmerie détend un peu plus l'atmosphère. Les langues commencent à se délier. On apprend donc de source digne de foi que les gendarmes ont fait une descente musclée en représailles au commissariat du 19e arrondissement. C'est d'ailleurs au cours de cette descente qu'ils ont capturé deux policiers en guise de trophée de guerre. Mais, le Commandant de brigade de la Gendarmerie du Toit rouge qui se trouve à l'escadron du peloton mobile de la gendarmerie, sous ordre dit-on du procureur de Yopougon, a réussi à intercepter les otages. L'arrivée du Gal Mangou et du patron de la Gendarmerie, ont permis d'éviter un affrontement entre les deux forces de défense et de sécurité.

Les causes réelles du drame

Dans la nuit du vendredi au Samedi, l'équipe de l'identité judiciaire, le commandant de brigade de Yopougon et le chef du district de police de Yopougon étaient sur le lieu du crime pour prélever les indices. Selon nos sources d'informations, aux premières constatations, les fins limiers de la police criminelle ont pensé qu'il s'agissait de trois gendarmes tués. Parce qu'il y avait deux des victimes qui avaient dans leurs poches, la carte professionnelle des gendarmes. Mais la troisième personne n'avait pas en sa possession, la carte professionnelle. Mais celui-ci, détenait sur lui une carte de la mutuelle du fonds de prévoyance militaire. Et sur cette carte, était mentionné le nom d'un gendarme. Au début donc, les gens ont parlé de trois gendarmes abattus. Mais lorsque les corps des victimes ont été déposés à la morgue de Yopougon, et que les parents ont été invités à identifier les corps, ils se sont rendu compte que celui qui portait sur lui la carte de prévoyance sociale, n'en était pas le propriétaire. Le vrai propriétaire de la carte de prévoyance sociale est effectivement un gendarme, mais en fonction à Bondoukou. Les autorités de la gendarmerie de Bondoukou qui ont été saisies ont confirmé l'existence de celui-ci. Le concerné en personne a donc été saisi par la haute autorité de la gendarmerie ivoirienne et a confirmé que le détenteur de la carte de prévoyance sociale n'est tout autre que son frère. Selon les informations concordantes, le frère du gendarme en question était chargé de retirer la carte de son frère pour la lui remettre plus tard, parce que n'étant pas sur place à Abidjan. Il était question que le gendarme permissionnaire rencontre ce samedi, son frère afin d'entrer en possession de sa carte. Il y a donc deux gendarmes et un civil qui s'avère être un étudiant.

La peur bleue des témoins

Il était difficile sur le terrain d'obtenir la moindre information. Les langues avaient du mal à se délier. Parce que, les employés du maquis où avait eu lieu le crime tout comme le voisinage, éprouvait une certaine gêne pour parler aux enquêteurs et surtout aux policiers. Le constat qui s'est dégagé au cours de cette enquête préliminaire a relevé que, les corps des victimes selon nos sources d'informations, ont été atteints de cinq balles. Une victime (Tahi Dahé Abraham César) a été tuée d'un seul coup de feu, et les deux autres (suy Bi Irié Aimé et Tuéhi Ouin Gooré l'étudiant) portaient deux impacts. Pour les enquêteurs, l'auteur de cet acte ignoble est certainement une personne rompue au maniement d'arme à feu. Parce que personne n'a déploré une balle perdue qui aurait causé des dégâts. Tous les coups tirés ont atteint leur cible. De source digne de foi, le nombre de douilles trouvées sur le lieu du drame correspondent au nombre de coups de feu tirés. Toutes choses qui ont conforté les fins limiers de la police dans la retension des informations par l'entourage. Pour les témoins, ils avaient affaire à quelqu'un qui s'y connaissait en arme et donc avaient peur d'une possible représaille. Sur le terrain, il a été constaté que, les témoins et autres voisinages, avaient tendance à se confier aux gendarmes plutôt qu'aux policiers. Un comportement qui, selon nos sources d'informations, ont permis de localiser le policier tueur. Tous les témoins étant unanimes que celui qui a tiré était un policier, les autorités policières et la gendarmerie commis ont donc pris à bras-le-corps le problème afin d'éviter des dérapages. Pour elles, si cette affaire n'est pas bien gérée, il peut y avoir un affrontement entre les éléments de la gendarmerie et ceux de la police. Le procureur de Yopougon que nous avons tenté de joindre s'est contenté de nous dire que l'enquête suit son cours. Toutefois, s'est-il empressé d'ajouter, qu'il a demandé à la hiérarchie de la police nationale de mettre à sa disposition leur élément mis en cause, afin que les gendarmes soient persuadés que les policiers collaborent à l'enquête et ne cherchent pas à couvrir un des leurs. Celui-ci nous a confirmé que le policier mis en cause est déjà aux mains des policiers à la préfecture de police. " Ils ont donc mis à notre disposition le policier en question. Ce policier s'était donc lui-même rendu là-bas. Parce qu'il a dit qu'après les faits, il a voulu faire sa déposition au commissariat du 19e qui est proche des lieux, mais, il s'est ravisé pour se rendre à sa hiérarchie ", a soutenu le procureur. Le policier est en fonction à l'antenne de Dpst (la police des stupéfiants et des drogues au port d'Abidjan.

Le policier mis en cause “ accouche ”

La nuit des faits raconte-t-il, en compagnie d'un de ses amis et de deux dames, il est arrivé dans le maquis aux environs de 4 heures du matin. Ses compagnons ayant exprimé le besoin de manger quelque chose, parce qu'il revenait d'une veillée funéraire. Un poulet leur a été servi et ils ont mangé. Ils sont donc sortis du maquis ; les deux jeunes dames ont exprimé le besoin de se soulager. Juste en face du maquis, il y a un terrain et les dames sont allées se soulager. Pendant ce temps, avance-t-il, il s'est arrêté devant pour attendre que les dames finissent des se soulager. C'est en ce moment que deux individus selon lui, sont sortis du maquis. Toujours selon les propos du policier Boua Tano Aimé alias Bébé chou, l'un des présumés gendarmes tenait une bouteille d'alcool en main. Il serait complètement ivre. L'un d'eux ayant aperçu dans la pénombre des femmes en train de se soulager. Les deux hommes se dirigent vers les deux femmes, le policier a dit craindre une attaque de la part des deux hommes. Il aurait donc pensé à une agression sexuelle. Il s'est donc interposé. Il y a eu donc altercation entre eux. Il s'en est suivi une bagarre. Selon les propos du policier, les deux personnes se sont jetées sur lui. Il a donc sorti son arme pour les tenir en respect. Mais contre toute attente, la sortie de cette arme n'a pas produit l'effet escompté. Les deux personnes n'ont donc pas eu peur. Une troisième personne l'a donc contourné et lui a administré un coup par l’arrière. C'est ainsi que l'arme qu'il avait sur lui est tombée au sol. Il aurait été le premier à bondir sur l'arme. Les autres en ont fait de même. Ayant eu le dessus, et à peine s'est-il levé, le coup est parti. Celui qui était en face de lui a été mortellement atteint. Les deux autres ont tenté de s'en fuir. Il a donc tiré sur celui qui était à sa gauche qu'il a atteint à la jambe. Il est tombé et immédiatement, il a ouvert un deuxième feu sur lui qui l'a mortellement atteint. L'autre, plus avancé a été poursuivi et rattrapé. Il a tiré sur lui deux coups de feu pour l'abattre. Ce sont les faits tels que lui-même les a décrits.

Jean-Baptiste Essis
Jejbessis8@gmail.com
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