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Politique Publié le mardi 16 mars 2010 | Le Patriote

Gbagbo ou un régime aux mains souillées de sang

Dès son accession à la tête du pays en octobre 2000, Laurent Gbagbo annonçait déjà les couleurs : « 1000 morts à gauche, 1000 morts à droite, moi j’avance ». Depuis, cette boutade s’est malheureusement transformée en réalité qui ne cesse d’endeuiller la Côte d’Ivoire. En effet, de son avènement au pouvoir à aujourd’hui, le régime du chef de l’Etat élu dans «des conditions calamiteuses» compte, sous son mandat, plusieurs milliers de morts. Et il ne serait d’ailleurs pas exagéré d’affirmer que le pouvoir de la Refondation a battu le record des crimes de sang en Côte d’Ivoire. Car des hommes, des femmes et des jeunes en majorité, ont froidement été assassinés durant ces dix dernières années. Certains à cause de leur appartenance politique, ethnique ou même religieuse. Et d’autres, tout simplement parce que victimes de laxisme administratif et de l’impunité encouragée par le pouvoir.

Le charnier de Yopougon, l’ouverture du bal

La série de crimes suscités et encouragés par le régime FPI prend son départ au lendemain du scrutin de 2000, précisément le 27 octobre, avec la découverte, dans la commune de Yopougon, d’un charnier de 57 corps, tous criblés de balles. Les victimes de cette tragédie sont à majorité des militants du Rassemblement des républicains (RDR), parti du docteur Alassane Dramane Ouattara. Des gendarmes de l’Escadron d’Abobo, proches du FPI et soupçonnés d’en être les auteurs, ne sont pas inquiétés. Ils seront même réhabilités plus tard par le pouvoir, à travers un semblant de procès dont les résultats étaient connus d’avance. Vient ensuite la période des élections législatives en décembre 2000. Suite au rejet de la candidature d’Alassane Ouattara, les militants et sympathisants du RDR décident de descendre dans la rue pour protester. Une répression sanglante de la part des Forces de l’ordre, ordonnée par le chef de l’Etat Laurent Gbagbo lui-même, s’en suit. L’on dénombre une cinquantaine de morts dans le rang de l’opposition. Plusieurs religieux, notamment musulmans, accusés d’être de mèche avec l’opposition, sont par la même occasion victimes d’arrestations, d’exactions et d’actes de torture dans les geôles des forces de police. Après cette période, arrive celle des fameux complots. D’abord, le complot dit de la « Mercedes noir », dans la nuit du 7 au 8 janvier 2001. Ensuite celui baptisé « complot de la Cabine téléphonique », dans la nuit du 31 janvier de la même année. Et enfin le « complot du Badjan », qui s’est essentiellement déroulé devant la RTI à Cocody. Chacun de ces complots a eu son lot d’assassinats et de regalements de compte. Mais le comble de la barbarie du régime FPI sera atteint à partir de septembre 2002.

La guerre, fallacious prétexte pour une épuration

A l’éclatement de la rébellion, le 19 septembre 2002, des ‘’Escadrons de la mort’’, composés de militaires, policiers et miliciens, font leur apparition dans la zone gouvernementale. Ces Escadrons procèdent à des éliminations physiques des personnalités et des militants de l’opposition. Le général Robert Guéi, le médecin Benoît Dakoury Tabley (frère de Louis André Dakoury Tabley, numéro 2 de la rébellion), le comédien Camara ‘’H’’ Yêrêfê et l’homme politique Téhé Emile sont entre autres, les victimes les plus connues de ces tueurs à gage. A Yamoussoukro, les éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS) sème la terreur. L’un d’entre eux, l’Adjudant Zan Bi alias ‘’Scorpion’’, se rend tristement célèbre. Il est cité dans plusieurs cas d’assassinats de voyageurs, en provenance du nord de la Côte d’Ivoire, occupé par la rébellion. Dans cette même période, un charnier de plusieurs corps, des burkinabé en majorité, est découvert à Monokozohi (dans le département de Vavoua). La valse des violences du régime de Laurent Gbagbo atteint son paroxysme, le 25 mars 2004, lors de la manifestation organisée par l’opposition ivoirienne pour soutenir l’accord de paix, signé le 24 janvier 2003 à Linas Marcoussis (France). Les Forces de défense et de sécurité, guidées par leurs hiérarchies proches du parti au pouvoir, mettent en marche une véritable machine à tuer. La répression fait officiellement 120 morts selon un rapport d’enquête de l’ONU et plus de 500 morts selon l’opposition ivoirienne.

Quand l’impunité devient la norme

Pour ces différents actes criminels, plusieurs cadres civils et militaires FPI sont nommément cités. L’épouse du chef de l’Etat, Simone Gbagbo, Kadet Bertin, ex-ministre de la Défense, Lida Kouassi Moïse, également ex-ministre, Affi N’Guessan, actuel président du FPI, le Capitaine Seka Seka Anselme, aide de camp de la première Dame, les colonels Dogbo Blé Bruno et Ahouman Brouha Nathanaël seraient les véritables commanditaires de ces infractions. Et en novembre 2004, contre toute attente, l’armée ivoirienne, sous ordre express du chef de l’Etat, décide de lancer une offensive aérienne sur les positions rebelles à Bouaké, Vavoua et Man. Plusieurs morts, essentiellement des civils, sont enregistrés à l’issue de cette expédition des avions ‘’sukkhoï’’.

A ces crimes de « guerre », s’ajoute de nombreuses exactions extrajudiciaires causées quotidiennement par des éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS-Ci). En rappel, entre autres, l’odieux assassinat, le 21 octobre 2003, du journaliste Jean Hélène de Radio France Internationale par un policier. Quelque mois après, le 16 avril 2004, c’est un autre journaliste franco-canadien, Guy-André Kieffer qui est enlevé en pleine journée dans un quartier d’Abidjan. Certaines sources accusent des pontes du pouvoir FPI, notamment Mme Simone Gbagbo et le ministre Paul-Antoine Bohoun Bouabré d’en être les commanditaires. Et malgré la détermination du juge d’instruction français Patrick Ramaël, de ses proches et de plusieurs organisations, dont le « Collectif ivoirien vérité pour Kieffer », le journaliste reste introuvable. A côté de ce climat d’insécurité totale, les FDS, elles continuent de semer la terreur dans le pays. En démontre la répression des récentes manifestations du RHDP. Une barbarie sanglante qui s’est soldée par la mort de plus d’une dizaine de personnes, dont cinq dans la seule ville de Gagnoa.

Parlant des crimes commis sous Gbagbo, l’on ne peut oublier l’épisode tragique des déchets toxiques du navire Probo Koala, déversés à Abidjan en août 2006 et qui ont fait plus d’une dizaine de morts et plusieurs personnes intoxiquées. Ce malheur est aussi à mettre à l’actif du régime Gbagbo, surtout quand on sait la grande légèreté et l’impunité totale qui ont entouré cette affaire. C’est donc au regard de tous ces crimes qu’il ne serait pas exagéré d’affirmer que la palme du sang versé en Côte d’Ivoire, revient inéluctablement à Laurent Gbagbo et son régime.

Diawara Samou
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