Hier, c’était Sékou Touré. Le fier Syli. Le verbe haut, il a abreuvé ses concitoyens de discours fleuves. Et promis liberté, honneur et prospérité. Le quotidien des Guinéens ne fut hélas que misère, répression et désilions. Camp Samory et camp Alpla Yaya, des sinistres espaces où de vaillants et brillants cadres du pays ont payé de leur vie les hallucinations et les obsessions du chef. Hier, c’était aussi les Mobutu, Idi Amine Dada, et autres empereur Bokassa. Entre bouffons et illuminés, les populations africaines ont subi des despotes unis par une mal gouvernance généralisée, la pratique de violences inouïes exercées sur les citoyens, le clientélisme, le népotisme. La nature du régime, république, avec les multiples variantes de démocraties, empires ou royaumes, peu importe. Le résultat n’a guère varié d’un point à l’autre du continent berceau de l’humanité. Partout le pire a régné en maître. Laissant quasiment très peu de vie à l’acceptable. Les rayons de l’espoir ont été portés par les Kwame N’Krumah, Modibo Kéita et autres Patrice Lumumba, très vite effacés. Les princes du début et du milieu de ces cinquante années d’indépendance africaines ont exercé dans un environnement d’hostilité ; les jeux des blocs Est et Ouest ont favorisé, par ailleurs, un exercice autoritaire du pouvoir. Ce n’est pas une excuse pour les manquements et les dérives dont ont été coupables ces responsables africains. Mais, l’époque rend compréhensible les tragédies qu’ils ont fait subir aux Africains. Aujourd’hui, les princes aux affaires sont dans un monde globalisé. Ils disposent de modèles de réussites et d’échecs. Mais, encore hélas, les Wade et Gbagbo ne font guère oublier les princes des premières heures de l’Afrique indépendante. Sortis des moules de l’opposition, ils offrent une pâle copie des régimes auxquels ils ont succédé. En dix ans de pouvoir, rien qui permette de rêver grand.
D. Al Seni
D. Al Seni
