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Faits Divers Publié le lundi 22 mars 2010 | Nord-Sud

Meurtre à Abobo-Sagbé : Pour 60.000 Fcfa, elle tue sa nièce

La petite Aïcha est morte, vendredi, à l'âge de onze ans. Elle n'a pas résisté aux violents coups. Son crime c'est que sa tante, Djénébou Diabaté, une prostituée reconnue à Sagbé Palmeraie, un quartier de la commune d'Abobo-gare, l'a accusée d'avoir volé ses 60.000 Fcfa. Elle commence à battre sa nièce avec des morceaux de bois et tout ce qu'elle trouve à portée de ses mains. Mais celle-ci ne reconnaît pas avoir volé l'argent. C'est ainsi que pour contraindre la petite Aïcha à avouer le forfait, elle l'a conduite auprès de deux vigiles travaillant pour le compte de Delta Force Sécurité. Il s'agit de Karambeu Souleymane, chef de sécurité et de Sidibé Bakary, chef de groupe. Ils soumettent la môme à un interrogatoire musclé afin qu'elle avoue être l'auteur du vol. Mais la petite nie catégoriquement l'accusation. Face à ce refus, les deux agents de sécurité redoublent d'effort et les coups de matraque pleuvent sur la pauvre. Commencé à 9h, le supplice battait encore son plein à 14h. Sur les dents et exténuée, Aïcha est acheminée vers une clinique. Chemin faisant, la gamine tombe évanouie pendant une dizaine de minutes. Puis, elle retrouve ses esprits et demande à sa tante de lui donner de l'eau à boire. Après avoir bu, selon un témoin, la petite rend l'âme dans les bras de celle qui l'accuse d'avoir volé son argent. La croyant encore vivante, Djénébou transporte Aïcha dans la clinique. Hélas ! Selon Francis, le responsable de la clinque, rencontré, il soutient que les faits se sont déroulés en son absence et que la patiente a été accueillie par ses filles de salle. « Elle était déjà morte au moment où on l'envoyait ici. Mais, sa tante l'a abandonnée dans nos mains », affirment unanimes les filles de salle. Affolées, elles courent chercher l'aide d'une vieille dame connue sous le nom de Fanta Boutique. C'est elle qui porte sur son dos la dépouille mortelle d'Aïcha jusqu'au domicile des Diakité. Se rendant compte de sa bêtise la prostituée va porter plainte contre Karambeu Souleymane et Sidibé Bakary au commissariat de police du 21ème arrondissement pour avoir battu à mort sa nièce. Les auteurs de ce crime à savoir Djénébou, Souleymane, Bakary et Salimata, la secrétaire de Delta Force sécurité, sont jetés au violon pour complicité. Selon l'officier de police en charge du dossier, le procureur de la République a été saisi de l'affaire. Selon notre source, Djénébou Diakité, Karambeu Souleymane, Sidibé Bakary et Salimata seront déférés aujourd'hui matin au parquet général. Ils sont accusés de séquestration suivie de meurtre et complicité de meurtre. Nous nous sommes rendus au siège de la société de sécurité privée, située à Abobo Derrière-rail non loin de l'école Bad. Interrogé sur les circonstances du drame, Sidibé Salif, le chef de sécurité par intérim, affirme ceci : « C'est une situation regrettable. Nos éléments ont soumis simplement la fillette à un interrogatoire. Ils ne l'ont pas frappée. On veut nous imputer le meurtre. Nos hommes n'ont fait qu'interroger la victime », se persuade-t-il. Moumouni qui tient un salon de coiffure dans les environs, soutient qu'il a entendu les cris de détresse de la gamine. « On l'a frappée à l'intérieur de la maison. J'ignore la raison pour laquelle on la rouait de coups. C'est un peu plus tard que j'ai appris qu'elle est morte des suites de ses blessures », affirme le coiffeur, ébahi par la triste nouvelle. Chez les Diakité, c'est le silence total. Des bruits de couloir indiquent que les parents s'activent à trouver un terrain d'entente avec la société de sécurité privée. Est-ce possible dans la mesure où le ministère public va auditionner à nouveau aujourd'hui les accusés. La petite Aïcha épaulait les parents de Djénébou dans leurs tâches quotidiennes car ceux-ci sont aveugles. Mais de quel droit, des agents de sécurité privée peuvent-ils se muer en tortionnaires ? Sont-ils des policiers ?

Un reportage de Bahi K.
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