La saison agricole 2009-2010 s'est achevée. Une saison qui s'est soldée par une mauvaise moisson céréalière. Les causes de cette baisse dans le Denguélé s'expliquent par le manque d'encadrement, des pluies, par moments, trop rares ou trop abondantes.
Les producteurs céréaliers de la région du Denguélé (Odienné) cherchent encore leurs repères. En effet, la saison agricole 2009-2010 n'a pas été fructueuse pour nombre d'entre eux à cause de l'accès difficile aux semences et aux conditions climatiques qui sont restées mauvaises durant cette période. Conséquence : leurs récoltes connaissent une chute libre. Fofana Mamadou, président de l'Union des coopératives agricoles (32 au total) de la région du Denguélé, ne cache pas son amertume face à ce qu'il qualifie de drame pour les opérateurs de la filière. «Nous sommes en train de reculer et, c'est dramatique pour les paysans que nous sommes. Puisque c'est l'agriculture qui est notre seule source de revenu. L'année dernière, j'ai récolté 23 sacs de maïs de 100 kg sur une superficie de deux hectares et demi. Cette année, je n'en ai récolté que quatre sacs sur la même superficie», ne cesse-t-il de se lamenter, lorsque l'équipe de reportage lui a rendu visite le mercredi 17 mars dans sa plantation située à une dizaine de kilomètres de la ville. Le paysan, visiblement déçu par cette performance, affirme que la tendance est générale. La grande majorité des cultivateurs n'a pas bénéficié du fruit du «dur labeur déployé» durant cette campagne agricole qui s'achève.
Difficile accès aux semences
Le président de la coopérative évoque une absence totale d'investissement dans le secteur de l'agriculture céréalière pour expliquer les contre-performances enregistrées au cours de cette saison. «Les autorités n'interviennent que dans la culture du coton. La majorité des paysans ayant abandonné cette culture, ils doivent voler de leurs propres ailes pour s'acheter les intrants dont les prix ont connu une hausse exponentielle ces dernières années», déplore M. Fofana. Cette année, rares sont les paysans qui ont pu se procurer des engrais, des herbicides et des insecticides pour pouvoir accroître leur productivité. Sujets à la pauvreté, la plupart des paysans du Denguélé se sont résignés aux techniques agricoles rudimentaires. Le vieillissement des semences serait, selon lui, un facteur qui a pesé négativement sur les rendements. «Depuis près de 10 ans, le Centre national de recherche agronomique (Cnra) et l'Adrao ne nous apportent plus de semences», regrette-t-il, le visage dégoulinant de sueur. Il estime que la délocalisation de ces structures de recherches agronomiques dans la partie gouvernementale n'est pas sans conséquences sur les activités agricoles dans les zones Centre, nord et ouest (Cno). « Je pense que les recherches ne sont plus réalisées avec nos sols. On ne peut pas faire des recherches avec des sols de Yamoussoukro ou de Toumodi, pour les mettre, par la suite, à la disposition des paysans d'Odienné ou de Korhogo. Les résultats seront biaisés parce que nous n'avons pas les mêmes types de sol», argumente le paysan. Ouattara Katienfo, qui a sa plantation non loin de celle Fofona Mamadou, ne dira pas le contraire. Outre ces problèmes susmentionnés, il a critiqué les menaces que constituent les feux de brousse de cette période. Surtout qu'il a perdu une partie de sa plantation de riz et de maïs après le ravage des incendies. Les traces du drame sont encore visibles. Pour lui, les autorités doivent sensibiliser les populations sur ce phénomène «dangereux». Il faut noter que, dans cette grisaille, quelques rares cultivateurs ont pu tirer la tête de l'eau. C'est le cas de Koné Siaka, conseiller agricole à la retraite et propriétaire d'un champ de maïs. Contrairement à la tendance générale, il affirme avoir réalisé une saison assez bonne. «J'ai acheté à Boundiali de la semence sélectionnée de maïs à 600 Fcfa le kg, que j'ai semé. Et j'ai moissonné une vingtaine de sacs de 100 kg à l'hectare, contre cinq sacs pour la même superficie l'année dernière. A cette époque, je n'avais pas utilisé de semences sélectionnées, faute d'argent», fait-il remarquer. Le retraité explique que la qualité des semences est pour beaucoup dans la mauvaise moisson de riz et de maïs. Cependant, il déplore les coûts élevés des semences qui, selon lui, ne sont pas à la portée de tous les paysans. «La saison dernière, je n'avais pas de moyens pour me procurer des semences. Vous avez vu mon résultat. Si cette année, j'ai pu le faire, c'est grâce au soutien financier d'un proche», soutient-il. Les autorités de tutelle ont tenu à faire quelques précisions par rapport aux difficultés que connaissent les paysans. Coulibaly Missetro, directeur départemental de l'Agriculture affirme que l'Anader, avec le soutien de la Fao, avait mis à la disposition des paysans, des semences. Concernant les faibles volumes constatés pendant la moisson, le directeur départemental évoque le non fonctionnement du service statistique au sein de la direction. «Nous n'arrivons pas à évaluer exactement le volume total des céréales récoltées du fait de l'immobilisme de ce service auquel cette tâche est dévolue», déplore-t-il.
Des intempéries à deux vistesses
La pluviométrie de cette saison a été préjudiciable aux producteurs. Une absence régulière de pluies durant les deux premières semaines du mois de septembre s'est répercutée négativement sur les récoltes. Les cultures semées entre les mois de juin et juillet, étaient au stade de l'apparition des fleurs, quand la pluie a cessé. «Cette période est capitale dans le développement des plants. Où ils ont le plus besoin d'eau. Or, on a connu deux semaines sans aucune goutte de pluie», tente de démontrer le directeur départemental. A ce niveau, les arguments diffèrent. D'autant que d'autres acteurs de ce secteur primaire s'accordent à reconnaître que la saison a été la plus humide depuis plus de vingt ans. «Les pluies n'ont jamais atteint la deuxième semaine d'octobre. Mais, cette année, tout le mois d'octobre a été arrosé abondamment et exagérément. Dans ces conditions, il est difficile de faire de bonnes récoltes», souligne Fofana Mamadou. Ajoutant que ce fait nouveau est venu empirer la situation. Les céréales ont pourri sur les tiges. Les épis de maïs qui ont eu un contact avec le sol, ont commencé à germer. Les paysans ont donc vu une bonne partie de leur moisson se décomposer sous leurs yeux. Ils ont été certainement victimes d'un décalage imprévisible de la saison des pluies dans toute la région du Denguélé. Autre facteur imprévisible qui a nuit au bon développement des cultures, c'est l'apparition d'une nouvelle race de chenille. «Ces chenilles attaquaient à 90% le fonio. Et à des degrés moindres le maïs, le riz. Du fait qu'on ne s'attendait pas à ces parasites, la riposte a été tardive et cela a joué sur le volume des récoltes. Si l'on a pu faire quelques moissons de maïs et de riz, le fonio, quant à lui, n'a rien donné cette année», se morfond le président de l'union. Chez les commerçants, le constat est aussi éloquent. Les quantités de céréales vendues sur le marché sont en baisse. Touré Moctar qui achète le maïs aux paysans pour le revendre sur le marché, explique que cette année, il n'a pu mobiliser que 87 tonnes contre 200 tonnes, l'année dernière. Il en est de même pour Koné Amara qui n'a réceptionné que 10 tonnes de fonio et 25 tonnes de riz pour cette campagne. Or, il a vendu plus de 20 tonnes de fonio et 30 tonnes de riz, à la même période, au cours de la campagne précédente.
Tenin Bè Ousmane à Odienné
Les producteurs céréaliers de la région du Denguélé (Odienné) cherchent encore leurs repères. En effet, la saison agricole 2009-2010 n'a pas été fructueuse pour nombre d'entre eux à cause de l'accès difficile aux semences et aux conditions climatiques qui sont restées mauvaises durant cette période. Conséquence : leurs récoltes connaissent une chute libre. Fofana Mamadou, président de l'Union des coopératives agricoles (32 au total) de la région du Denguélé, ne cache pas son amertume face à ce qu'il qualifie de drame pour les opérateurs de la filière. «Nous sommes en train de reculer et, c'est dramatique pour les paysans que nous sommes. Puisque c'est l'agriculture qui est notre seule source de revenu. L'année dernière, j'ai récolté 23 sacs de maïs de 100 kg sur une superficie de deux hectares et demi. Cette année, je n'en ai récolté que quatre sacs sur la même superficie», ne cesse-t-il de se lamenter, lorsque l'équipe de reportage lui a rendu visite le mercredi 17 mars dans sa plantation située à une dizaine de kilomètres de la ville. Le paysan, visiblement déçu par cette performance, affirme que la tendance est générale. La grande majorité des cultivateurs n'a pas bénéficié du fruit du «dur labeur déployé» durant cette campagne agricole qui s'achève.
Difficile accès aux semences
Le président de la coopérative évoque une absence totale d'investissement dans le secteur de l'agriculture céréalière pour expliquer les contre-performances enregistrées au cours de cette saison. «Les autorités n'interviennent que dans la culture du coton. La majorité des paysans ayant abandonné cette culture, ils doivent voler de leurs propres ailes pour s'acheter les intrants dont les prix ont connu une hausse exponentielle ces dernières années», déplore M. Fofana. Cette année, rares sont les paysans qui ont pu se procurer des engrais, des herbicides et des insecticides pour pouvoir accroître leur productivité. Sujets à la pauvreté, la plupart des paysans du Denguélé se sont résignés aux techniques agricoles rudimentaires. Le vieillissement des semences serait, selon lui, un facteur qui a pesé négativement sur les rendements. «Depuis près de 10 ans, le Centre national de recherche agronomique (Cnra) et l'Adrao ne nous apportent plus de semences», regrette-t-il, le visage dégoulinant de sueur. Il estime que la délocalisation de ces structures de recherches agronomiques dans la partie gouvernementale n'est pas sans conséquences sur les activités agricoles dans les zones Centre, nord et ouest (Cno). « Je pense que les recherches ne sont plus réalisées avec nos sols. On ne peut pas faire des recherches avec des sols de Yamoussoukro ou de Toumodi, pour les mettre, par la suite, à la disposition des paysans d'Odienné ou de Korhogo. Les résultats seront biaisés parce que nous n'avons pas les mêmes types de sol», argumente le paysan. Ouattara Katienfo, qui a sa plantation non loin de celle Fofona Mamadou, ne dira pas le contraire. Outre ces problèmes susmentionnés, il a critiqué les menaces que constituent les feux de brousse de cette période. Surtout qu'il a perdu une partie de sa plantation de riz et de maïs après le ravage des incendies. Les traces du drame sont encore visibles. Pour lui, les autorités doivent sensibiliser les populations sur ce phénomène «dangereux». Il faut noter que, dans cette grisaille, quelques rares cultivateurs ont pu tirer la tête de l'eau. C'est le cas de Koné Siaka, conseiller agricole à la retraite et propriétaire d'un champ de maïs. Contrairement à la tendance générale, il affirme avoir réalisé une saison assez bonne. «J'ai acheté à Boundiali de la semence sélectionnée de maïs à 600 Fcfa le kg, que j'ai semé. Et j'ai moissonné une vingtaine de sacs de 100 kg à l'hectare, contre cinq sacs pour la même superficie l'année dernière. A cette époque, je n'avais pas utilisé de semences sélectionnées, faute d'argent», fait-il remarquer. Le retraité explique que la qualité des semences est pour beaucoup dans la mauvaise moisson de riz et de maïs. Cependant, il déplore les coûts élevés des semences qui, selon lui, ne sont pas à la portée de tous les paysans. «La saison dernière, je n'avais pas de moyens pour me procurer des semences. Vous avez vu mon résultat. Si cette année, j'ai pu le faire, c'est grâce au soutien financier d'un proche», soutient-il. Les autorités de tutelle ont tenu à faire quelques précisions par rapport aux difficultés que connaissent les paysans. Coulibaly Missetro, directeur départemental de l'Agriculture affirme que l'Anader, avec le soutien de la Fao, avait mis à la disposition des paysans, des semences. Concernant les faibles volumes constatés pendant la moisson, le directeur départemental évoque le non fonctionnement du service statistique au sein de la direction. «Nous n'arrivons pas à évaluer exactement le volume total des céréales récoltées du fait de l'immobilisme de ce service auquel cette tâche est dévolue», déplore-t-il.
Des intempéries à deux vistesses
La pluviométrie de cette saison a été préjudiciable aux producteurs. Une absence régulière de pluies durant les deux premières semaines du mois de septembre s'est répercutée négativement sur les récoltes. Les cultures semées entre les mois de juin et juillet, étaient au stade de l'apparition des fleurs, quand la pluie a cessé. «Cette période est capitale dans le développement des plants. Où ils ont le plus besoin d'eau. Or, on a connu deux semaines sans aucune goutte de pluie», tente de démontrer le directeur départemental. A ce niveau, les arguments diffèrent. D'autant que d'autres acteurs de ce secteur primaire s'accordent à reconnaître que la saison a été la plus humide depuis plus de vingt ans. «Les pluies n'ont jamais atteint la deuxième semaine d'octobre. Mais, cette année, tout le mois d'octobre a été arrosé abondamment et exagérément. Dans ces conditions, il est difficile de faire de bonnes récoltes», souligne Fofana Mamadou. Ajoutant que ce fait nouveau est venu empirer la situation. Les céréales ont pourri sur les tiges. Les épis de maïs qui ont eu un contact avec le sol, ont commencé à germer. Les paysans ont donc vu une bonne partie de leur moisson se décomposer sous leurs yeux. Ils ont été certainement victimes d'un décalage imprévisible de la saison des pluies dans toute la région du Denguélé. Autre facteur imprévisible qui a nuit au bon développement des cultures, c'est l'apparition d'une nouvelle race de chenille. «Ces chenilles attaquaient à 90% le fonio. Et à des degrés moindres le maïs, le riz. Du fait qu'on ne s'attendait pas à ces parasites, la riposte a été tardive et cela a joué sur le volume des récoltes. Si l'on a pu faire quelques moissons de maïs et de riz, le fonio, quant à lui, n'a rien donné cette année», se morfond le président de l'union. Chez les commerçants, le constat est aussi éloquent. Les quantités de céréales vendues sur le marché sont en baisse. Touré Moctar qui achète le maïs aux paysans pour le revendre sur le marché, explique que cette année, il n'a pu mobiliser que 87 tonnes contre 200 tonnes, l'année dernière. Il en est de même pour Koné Amara qui n'a réceptionné que 10 tonnes de fonio et 25 tonnes de riz pour cette campagne. Or, il a vendu plus de 20 tonnes de fonio et 30 tonnes de riz, à la même période, au cours de la campagne précédente.
Tenin Bè Ousmane à Odienné