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Économie Publié le mardi 23 mars 2010 | Fraternité Matin

Autoroute du Nord : Des villageois heureux et inquiets

L’autoroute du Nord qui n’était visible qu’en se rendant sur la route d’Oumé à partir de la ville de Toumodi, peut être découverte désormais par la majorité des usagers de la route internationale Abidjan-Yamoussoukro. Elle l’est davantage pour les habitants de la capitale politique et administrative. Tout simplement parce que la voie de contournement de cette autoroute (qui doit traverser la cité des Lacs dans les environs de l’aéroport international pour poursuivre sa direction vers Bouaké), est reliée à l’actuelle voie principale entrant à Yamoussoukro. Une visite effectuée récemment dans la région a permis de recueillir les sentiments de quelques habitants qui jugent le projet.

De même, ils donnent les raisons de leur satisfaction et inquiétudes qui naissent face aux effets collatéraux de ce progrès dans le domaine des infrastructures routières. L’un des habitants de Logbakro, Kouakou Jacques, planteur, n’a pas caché sa joie. «Nous sommes très fiers», a-t-il lâché. Ce monsieur qui était près des commerçantes de produits vivriers, en bordure de la route nationale était d’ailleurs fier de contempler la nouvelle route encore en terre. Le chef du village, Nanan N’Guessan Kouadio Fulgence, qui était entouré de ses collaborateurs et des membres de sa famille, ne dit pas le contraire.

«La route précède le développement, donc je suis très content de la route. Je suis d’autant content que toutes les routes en provenance d’Abidjan pour le Nord, passent par mon village». Cependant, le modernisme n’a pas que des avantages puisque les villageois déplorent la réduction de la surface des terres cultivables vu que le village est désormais entre les deux voies : l’autoroute principale et l’autoroute de contournement. «Le passage de l’autoroute m’a causé quelque désagrément. Il se trouve que l’Etat ne dédommage pas les terres mais uniquement les cultures. (cela,selon les villageois, a été déjà fait,Ndrl). Pourtant la voie de contournement qui va à Bouaké va nous prendre beaucoup plus de terre», s’est inquiété Nanan N’Guessan Kouadio Fulgence.

De fait, le chef de Logbakro dit que sa joie est altérée par le fait que de nombreuses terres sont «englouties» dans ce projet. Interrogé sur les superficies concernées, le chef n’a pu donner de précisions, faute de programme de délimitation. «Il n’y a pas eu d’évaluation de la superficie des terres utilisées mais les problèmes ont été portés à la connaissance du maire, du gouverneur du district de Yamoussoukro ainsi que du Bureau national d’études techniques et de développement». Il précise néanmoins que «l’Etat n’a pas encore prévu de dédommagement.» Rencontrés à quelques kilomètres de là, dans le village de Fondi, où se situe l’échangeur, les techniciens d’une équipe du Bnetd, qui suit les travaux pour le compte de l’Etat de Côte d’Ivoire, disent comprendre les inquiétudes des villageois.

Et comme l’a mentionné le chef N’Guessan Kouadio, M. Kouassi, chef de mission de cette société d’Etat, a confirmé qu’effectivement, «seules les cultures sont dédommagées» conformément à la loi. Néanmoins, il a expliqué que rien ne se fait contre les intérêts ni de l’Etat ni des villageois. «Nous négocions, nous ne forçons pas. La terre appartient à l’Etat sauf si elle est mise en valeur», a expliqué le chef de mission. Avant de conseiller un recours aux villageois de Logbakro. «Qu’ils écrivent à l’Etat ; il y a toujours une solution à tout», a dit M. Kouassi, l’air serein. Notons que l’entreprise en charge de la réalisation de ces travaux est la société tunisienne Soroubat. L’Agence nationale des routes (Ageroute) est l’entreprise déléguée.



Paulin N. Zobo
Envoyé spécial à Yamoussoukro
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