Soko : une légende à ne pas oublier

Soko rappelle avant tout une légende. Celle des nombreux singes qui y vivaient. A en croire les anciens du village, le fondateur de Soko, du nom de MéIô, était un grand chasseur d’éléphants (Solo). Ce serait donc au cours d’une partie de chasse qu’il aurait découvert ce site abondamment giboyeux et aurait alors pris la résolution d’y fonder son village qui est devenu aujourd’hui Soko. Il aurait adopté les singes qui ont pris l’habitude, depuis trois siècles, de vivre avec les hommes. Hélas! Cela rappelle le sort réservé aux silures sacrés de Sapia, dans le même département de Bondoukou qui, fâchées contre la population de ce village, ont disparu depuis une quinzaine d’années. Maltraités par la population, tués et vendus dans les maquis, les singes de Soko, localité de 6.000 habitants, située à sept kilomètres de Bondoukou, sont en voie de disparition. Aujourd`hui, ces animaux qui ont vécu en bonne intelligence avec les hommes jusqu`en 2005, ne viennent plus au village. Ce sont les rescapés. L`intérêt qu`ils suscitaient pour le tourisme à Soko est donc en perte de vitesse. Selon Adama Katanga, un habitant du village, ``il y a six ans, il était impossible de tenir un morceau de pain à la main sans qu`un singe ne l’emporte. Les singes jouaient avec les enfants sans être inquiétés. ``Aujourd`hui, les rares singes qui se font encore voir, se tiennent dans les arbres non loin des bureaux de la douane, parce que, là-bas, il y a en permanence des agents des Forces de défense et sécurité(Fds). Personne ne peut donc les tuer là-bas pour vendre leur viande sur les marchés de Sampah, au Ghana. Dans le village, dit-on, certains jeunes gens ont pris comme prétexte les religions importées pour piétiner le sacré qui fait la renommée mondiale de leur village. C`est l`ONG ‘’Notre Grenier’’ installée à Bondoukou qui a eu le courage de dénoncer pour la première fois les misères faites aux singes de Soko qui, faut-il le souligner, ne semblent plus avoir de caractère sacré par la faute de certaines personnes qui en font du gibier. Selon les anciens, Soko est bordé par une rivière que longe une forêt-galerie très riche de cette faune.

Jean Michel Ouattara à Bondoukou