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Société Publié le mardi 23 mars 2010 | Nord-Sud

Tôlé Sanlo Amoro à propos du conflit chauffeurs ghanéens-populations de Soko : “Je ne permettrais pas qu’on tue mes parents”

Intronisé le 5 décembre 2009, Tôlé Sanlo Amoro, chef supérieur et chef de terre de Soko, localité située à 7 km de Bondoukou, à la frontière ivoiro- ghanéenne menace de fermer la route aux véhicules ghanéens qu’il accuse d’avoir causé la mort de 17 personnes dans son village.

Existait-il avant vous un chef supérieur à Soko ?
Oui. C’était le chef Morou Ouattara. Il est mort à l’âge de 120 ans. Il était le chef supérieur. Mais, il n’était pas chef de terre. Il était au-dessus de tout le monde. Je suis son héritier, mais aussi celui du précédent chef de terre. J’ai donc une double responsabilité.

Qu’allez-vous apporter de plus à Soko ?
Le peuple Nafana accuse un important retard de développement. Mon combat consiste à sortir Soko de l’immobilisme en créant des emplois pour les jeunes et les femmes. Très bientôt, nous construiront la maison du tisserand pour valoriser le tissage traditionnel. Une valeur culturelle de nos ancêtres. Nous allons initier également l’élevage d’agoutis et d’escargots.

Quelle suite donnez-vous au conflit qui vous oppose aux populations de Sampa (Ghana) depuis des années ?
Des chauffeurs de taxi-brousse ghanéens traversent le village de Soko pour se rendre à Bondoukou. Ce sont des chauffeurs très jeunes, âgés pour la plupart de moins de 18 ans qui font beaucoup d’accidents. Au total, nous avons enregistré 27 accidents de la circulation dont 17 morts. Ces chauffeurs ghanéens prennent toujours le large lorsqu’un accident se produit. Laissant derrière eux des blessés. Récemment, une femme a été amputée des membres à la suite d’un accident de la circulation causé par ces chauffards. Les blessés n’ont jamais bénéficié d’assistance de leur part. Pour éviter les nombreux accidents à Soko, j’ai rencontré les autorités administratives et coutumières locales afin de demander aux chauffeurs ghanéens de déverser leurs passagers à Soko et permettre aux véhicules ivoiriens de prendre le relais. Cette proposition a été approuvée par tous, ce jour-là, à Soko. Contre toute attente, les transporteurs de Bondoukou l’ont rejetée. Ceux-ci estiment qu’en arrêtant leur course à Soko, ils ne feront pas assez de bénéfice.

Est-il vrai que les propriétaires des taxis-brousse ghanéens qui traversent votre village sont Ivoiriens résidant à Bondoukou ?
La donne a changé. La plupart de ces taxis-brousse appartiennent à des Ghanéens.

Les blessés bénéficient-ils de l’assurance des véhicules ghanéens?
Nous avons exigé à un moment que les taxis-brousse ghanéens soient munis d’assurances Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Ce qu’ils ont accepté. Lorsqu’il s’est produit un accident par la suite, nous nous sommes rendus compte que les documents qu’ils brandissaient, étaient faux. Pour être couvert par l’assurance Cedeao, il faut également avoir fait la visite technique. Ce que ces taxis-brousse ne font jamais. Pis, les chauf­feurs ne disposent pas de permis de conduire. Quelle sera la réaction de l’Etat, le jour où ces véhicules causeront la mort d’une haute autorité ivoirienne ? Je ne permettrais pas que ces véhicules tuent impunément mes parents.

Qu’adviendra-t-il si une solution n’est pas trouvée à cette crise qui vous oppose aux chauffeurs ghanéens ?
Si une solution n’est pas trouvée, j’interdirais le passage de Soko aux taxis-brousse ghanéens. Jusque-là, personne ne veut m’écouter. Le syndicat des transporteurs de Bondoukou ne nous considère pas. Nous sommes fatigués de mourir. A ce jour, des chauffeurs ghanéens essaient de contourner Soko en se frayant un passage dans la brousse. Certains de ces véhicules transportent des armes et la drogue qui rentrent à Bondoukou. Les braquages de véhicules se sont multipliés à Bondoukou à cause de tout cela. Le banditisme se poursuivra tant qu’on ne trouvera pas une solution au problème Sampa - Soko.

A côté de cela, Soko semble remonté contre l’ambassadeur Essy Amara. Qu’est-ce qui est à la base de la colère de vos populations contre ce cadre de la région ?
Au début de la crise qui nous oppose aux chauffeurs de Sampa (Ghana), nous avions obtenu une gare routière dans cette localité. L’ambassadeur Essy Amara a favorisé la suppression de cette gare. Ce qui a suscité la colère des populations qui refusent d’entendre parler de l’ancien ministre Essy Amara à Soko. Nous ne voulons plus recevoir cet homme dans notre village. Cependant, nous sommes ouverts au dialogue. La création d’une gare-routière à Soko est très importante pour nous. Je ne peux pas permettre que des chauffeurs ghanéens tuent mes parents sans que personne ne lève le petit doigt.

Interview réalisée par Jean Michel Ouattara à Bondoukou
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