En signant, le 4 mars 2007, avec le président Laurent Gbagbo, l’Accord politique de Ouagadougou, les Forces nouvelles avaient accepté de jouer leur partition pour une sortie de crise apaisée en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, tout porte à croire qu’elles ont définitivement tourné la page. Les Forces nouvelles ne veulent plus désarmer avant la présidentielle. Elles refusent aussi le renouvellement des Commissions électorales locales (CEL). Elles estiment que celles-ci n’ont pas été mises en cause dans la fraude orchestrée par Robert Beugré Mambé en introduisant plus de 429.000 pétitionnaires sur la liste électorale définitive pour échapper au contentieux électoral. Ces mêmes Forces nouvelles s’opposent, aujourd’hui et ouvertement, à l’audit de la liste électorale provisoire. Agissant ainsi, le mouvement dont le Premier ministre Guillaume Soro est encore le secrétaire général se comporte comme un véritable acteur dans la crise ivoirienne. Là où l’Accord politique de Ouagadougou le voudrait arbitre pour rassurer les politiques antagonistes ivoiriens et leur permettre de sortir la Côte d’Ivoire de la crise militaro-politique qu’elle traverse depuis septembre 2002. Les Forces nouvelles ont décidé, depuis leur dernier conclave de Bouaké, de jouer le rôle d’un parti politique qui aspire à prendre le pouvoir d’Etat malgré le rôle qui leur a été assigné par l’Accord politique de Ouagadougou. A savoir l’arbitrage. Les Forces nouvelles refusent, expressément aujourd’hui, l’accord qui a été signé au pays des hommes intègres, le 4 mars 2007, entre le président Laurent Gbagbo et Guillaume Soro. Elles violent donc volontairement l’Accord politique de Ouagadougou. Notamment le titre III du 4ème accord complémentaire de Ouagadougou qui stipule, en son article 3 : «Afin de favoriser l`organisation des élections dans de bonnes conditions, les deux parties ont convenu de relancer, sans délai et sous la conduite du Cci et la supervision des Forces impartiales, le désarmement, le stockage des armes des deux Forces ex-belligérantes, ainsi que la démobilisation des ex-combattants des Forces nouvelles. En tout état de cause, ces opérations devront être achevées au plus tard deux mois avant la date fixée pour l`élection présidentielle. Les armes recueillies seront stockées par le Cci, sous la supervision des Forces impartiales». La secrétaire générale du RDR Henriette Dagri Diabaté, il y a quelques jours, n’a pas manqué de trouver des similitudes entre les points de vue et de vision de l’ex-rébellion armée et ceux des partisans d’Alassane Dramane Ouattara. En épousant la position du Rassemblement des républicains concernant l’audit de la liste électorale, le renouvellement des CEL et le désarmement des forces ex-belligérantes, les Forces nouvelles ont choisi de se vêtir du maillot d’une équipe qui prend part au tournoi (élection présidentielle) qui engage l’avenir de toute la Côte d’Ivoire. Et c’est cette façon des Forces nouvelles de faire les choses qui inquiète les Ivoiriens. Elle n’est pas pour mettre en confiance les acteurs engagés, en dehors du RDR, dans la compétition pour la prise du pouvoir d’Etat. Avec les déclarations du nouveau porte-parole des Forces nouvelles, Me Affoussy Bamba, aussi bien dans la presse nationale et internationale que dans les missions diplomatiques pour faire prospérer l’idée du refus du tout, La majorité présidentielle (LMP) a aujourd’hui des raisons profondes de réclamer l’audit de la liste électorale provisoire, le désarmement des ex-combattants et le renouvellement des CEL. Si ce dernier point est aujourd’hui devenu un point essentiel de revendication de LMP, c’est justement parce que l’affaire des 429.000 pétitionnaires, qui a emporté l’ex-Commission électorale indépendante et son président Robert Beugré Mambé, a fini par rompre le contrat de confiance qui pouvait encore exister entre le camp présidentiel et l’opposition ivoirienne. L’ex-CEI, dominée à 90 % et même dans ses démembrements locaux par le RDR, a refusé de mériter la confiance de La majorité présidentielle. Elle qui s’était expressément fait coiffer au poteau au nom de la paix en Côte d’Ivoire. C’est cette même majorité présidentielle qui, n’ayant plus confiance en tout ce qui concerne l’ex-CEI et donc en ses démembrements que sont les CEL, veut aujourd’hui être remise en confiance en réclamant de nouvelles CEL. Mais, en même temps, quand les Forces nouvelles s’opposent à l’audit de la liste électorale provisoire et le désarmement avant la présidentielle, elles confortent les partis proches du camp présidentiel dans leur position. Ils estiment qu’ils seront nombreux les Ivoiriens qui ne pourront pas voter le président de la République de leur choix. Parce que ne figurant pas sur cette liste électorale. Leur place ayant été prise par des gens qui n’ont pas le droit d’y être. Notamment des gens venus d’ailleurs qui, ne pouvant pas attester de leur identité ivoirienne, ont décidé de frauder avec la bénédiction de certains partis politiques, dont le chef de file est le RDR. Et ça, Guillaume Soro et ses hommes n’ont pas le droit de l’encourager. Eux qui avaient pris les armes parce que, disaient-ils encore hier, des milliers d’Ivoiriens sont victimes d’exclusion en Côte d’Ivoire et ne peuvent participer, de ce fait, à la destinée de leur pays. Robert Krassault ciurbaine@yahoo.fr
Politique Publié le jeudi 25 mars 2010 | Notre Voie