Le Rhdp suit de près les derniers développements de l’actualité sociopolitique marqués par la guéguerre entre le camp présidentiel et les Forces nouvelles, signataires de l’Apo. Le président du Directoire Alphonse Djédjé Mady nous livre ses sentiments sur cette crise dans la crise, en même temps qu’il revient sur les massacres des militants de l’opposition perpétrés en mars 2004 par le régime de Laurent Gbagbo.
Cela fait 6 ans que sur votre invitation, l`opposition devrait marcherée. Et cette marche a été violemment réprimée. Il y a eu des morts. Quels souvenirs avez-vous aujourd`hui ?
C`est toujours un souvenir douloureux quand on se remémore cette période de mars 2004. Parce que des partis politiques aux mains nues, alors le camp présidentiel et les patriotes disaient que les accords que nous avions signés étaient mauvais, avait voulu à leur tour manifester pour dire que les accords sont bons si on les applique ; et qu`ils peuvent nous emmener à la paix, qu`on réprime et qu`on étouffe dans l`œuf cette manifestation qui n`a même pas eu le temps de commencer. Qu`on fasse la chasse aux sorcières pendant 3 jours et qu`il y a eu au moins 500 morts selon nos estimations et 120 morts selon la communauté internationale, nous pensons que c`est un déni de démocratie. Ce sont des mesures de dictature qui ne disent pas leur nom. Et c`est un moment particulièrement douloureux pour la vie politique en Côte d`Ivoire.
Est-ce que vous vous attendiez plus ou moins à cette répression ?
Nous n`avions pas pensé à cette répression ni même l`envisagée puisque pour la manifestation, les autorités militaires ont déterminé une zone rouge que nous ne devrions pas atteindre. Et nous n`avions pas l`intention d`aller dans cette zone rouge pour faire de la provocation. Nous voulions faire une manifestation pacifique, démocratique pour dire que les accords ne peuvent être bons que si on les applique. Et comme je l`ai dit plus haut, cette manifestation n`a même pas eu le temps de se rapprocher de ce qu`ils ont appelé la zone rouge pour dire que c`est parce qu`ils allaient prendre le palais de la présidence qu`on a tiré sur eux. Les manifestations n`ont même pas eu le temps de commencer. Dès 4h du matin, ce sont des domiciles qui ont été écumés pour qu`on aille chercher des gens dans leurs cours pour leur réserver ce triste sort. Les gens n`ont pas été tués sur un lieu de manifestation comme par exemple au stade du 28 septembre à Conakry. Ils n`ont pas eu le temps de sortir. On est allé les chercher chez eux pour les tuer. Et ce, pendant 3 jours.
Monsieur le président du directoire, à la suite de ces évènements graves, les Nations Unies ont enquêté. Vos avocats ont également enquêté sur cette affaire. Mais on s`étonne que jusque-là, il n`y a jamais eu d`action en justice contre les auteurs supposés ou connus de ce massacre. Comment expliquez-vous cela ?
La justice humaine est lente mais nous espérons qu`un jour, elle se fera. Parce que si les Nations Unies ont envoyé une équipe d`enquête qui a dénombré 120 morts, ce n`est pas pour les passer en pertes et profits. Nous continuons d`espérer que la justice humaine se prononcera un jour.
Pensez-vous que vous avez été victimes de la barbarie d`un régime ou est-ce la peur qui a conduit le régime de Laurent Gbagbo à réagir de cette façon ?
Il ne me revient pas de chercher à connaître les raisons du régime de M. Gbagbo à commettre ces actes de barbarie. Il faut seulement reconnaître que ce sont des actes de barbarie, des actes anti démocratiques. Surtout que dans la même période ceux qui décriaient que les accords étaient mauvais avaient le droit de manifester. Pourquoi ceux qui veulent dire que les accords étaient bons n`ont-ils pas le droit de manifester également dans un pays qui se veut un pays de liberté ? Donc il ne m`appartient pas de trouver un justificatif à ce qui les a amenés à cela. C`est un acte de barbarie, un déni de liberté.
Récemment encore, vous avez appelé à manifester contre ce que je pourrais appeler le blocage du processus de paix. Des militants sont tombés une fois de plus (hélas) à Gagnoa et dans plusieurs autres villes de Côte d`Ivoire. La menace plane toujours ?
On dit que le chien ne change jamais sa manière de s`asseoir. Nous regrettons encore qu`après tant d`années, dans une proportion moindre, les évènements de mars 2004 se soient reproduits aux dernières manifestations. Puisqu`il y a eu près de 13 morts. Des manifestants aux mains nues ont été tués à balles réelles. Ça a été la même situation lors des audiences foraines. Je pense que l`humanité tirera un jour les conséquences de tout cela. Et comme vous l`ont dit nos conseils, des démarches sont entreprises pour que justice soit faite un jour.
Pour la mémoire des victimes, vous réclamez que justice soit faite. Est-ce que vous croyez ? Selon vous, qu`est-ce qui a bloqué cette initiative étant donné que ça fait maintenant 6 ans que ça dure ?
Je ne pourrai pas pour le moment vous dire ce qui bloque mais je sais que les procédures aux Nations Unies durent le temps que ça dure et j`espère qu`un jour on finira à avoir un verdict sur ce comportement. Ou on va les blanchir, ou on va les accuser mais un jour viendra où pour la mémoire de ces victimes, pour la démocratie et la paix, dans le pays, on aura le jugement de l`histoire et ce jour ne peut pas ne pas venir.
La démocratie dont vous parlez continue de tituber. Les signataires de l`accord de Ouaga sont en train de s`empoigner sur la question du désarmement et on ne parle même plus de la date de l`élection, de la liste définitive et du contentieux. Quel est votre commentaire ?
Tout cela va de paire. Nous vous avons toujours dit au Rhdp que le camp présidentiel n`a pas la volonté politique d`aller aux élections. Toutes ces raisons évoquées sont des raisons prévues dans l`accord politique de Ouagadougou et de ses avenants. Et nous pensons que nous pouvons aller aux élections. Mais nous disons qu`il n`y a pas plus sourd que celui qui refuse d`entendre. Si parmi nous, il y a des gens qui n`ont pas la volonté politique de sortir de cette crise, nous risquons d`avoir de gros problèmes. C`est pour cela que nos attirons toujours l`attention de tous. Les Ivoiriens d`abord et la communauté internationale ensuite afin de faire en sorte que des affrontements regrettables n`aient pas lieu dans ce pays.
Qu`est-ce que vous appelez gros problèmes. Et que cachent ces affrontements regrettables ?
Vous le savez très bien. Ces gros problèmes, ce sont les affrontements, la reprise des hostilités, le trouble de la paix. On n`a pas besoin de faire un schéma pour cela.
Vous craignez cela aujourd`hui ?
On l`a toujours craint. Personne ne l`a jamais souhaité. En tout cas, le Pdci ou le Rhdp n`ont jamais souhaité qu`il y ait la chienlit en Côte d`Ivoire. Et nous voulons sortir de cette crise par la voie démocratique. C`est pourquoi, au cours de la dernière crise, notre première exigence a été le rétablissement de la Commission électorale indépendante. Ça au moins c`est sûr. Comme il s`agissait en plus de l`identité des personnes (si vous avez suivi cette opération), avant même que le directoire du Rhdp donne un mot d`ordre, les évènement de Divo avaient déjà eu lieu. Puisque les gens se sentaient frustrés dans leur appartenance à la nation ivoirienne. Ce sont ces affrontements qu`il faut éviter. Nous n`avons jamais été pour les mesures de violence pour la violence. Posons les actes qui évitent la violence. Parce que la Côte d`Ivoire n`a pas besoin de violence. Elle a besoin de paix et de reconstruction.
Il y a eu la réponse des Forces nouvelles sur les griefs relevés par le camp présidentiel qui revient à la charge aujourd`hui pour dire que le désarmement et la réunification du pays ne sont pas négociables. Et que Gbagbo n`ira jamais aux élections sans désarmement et réunification. Est-ce que, selon vous, les jours de l`accord de Ouaga sont comptés.
Si le facilitateur ne fait rien pour jouer son rôle d`arbitre, oui, les jours de Ouaga sont comptés. Mais nous espérons qu`avec la visite du président du Conseil constitutionnel à Ouagadougou, le facilitateur mettra tout son poids dans la balance pour que les accords soient appliqués comme ils ont été signés par les uns et les autres. C`est cette volonté politique que le facilitateur doit amener les Ivoiriens à avoir. Parce que comme l`ont répondu les Forces nouvelles, tous les problèmes soulevés ont leurs réponses dans les accords qui ont été signés. Appliquons les accords de bonne foi et la Côte d`Ivoire retrouvera la paix.
Quelle est la posture du Rhdp dans cette guéguerre entre le camp présidentiel et les Forces nouvelles ?
Vous posez une question qui est tout à fait inutile. Vous venez d`apprendre la position des Forces nouvelles et vous connaissez la position du camp présidentiel.
Je veux dire que va faire le Rhdp ?
Nous continuons de défendre toujours nos positions. Nous n`avons pas attendu de savoir la position des Forces nouvelles pour faire connaître notre position et la défendre.
Interview réalisée par
Akwaba saint Clair
Coll : François Bécanthy
Cela fait 6 ans que sur votre invitation, l`opposition devrait marcherée. Et cette marche a été violemment réprimée. Il y a eu des morts. Quels souvenirs avez-vous aujourd`hui ?
C`est toujours un souvenir douloureux quand on se remémore cette période de mars 2004. Parce que des partis politiques aux mains nues, alors le camp présidentiel et les patriotes disaient que les accords que nous avions signés étaient mauvais, avait voulu à leur tour manifester pour dire que les accords sont bons si on les applique ; et qu`ils peuvent nous emmener à la paix, qu`on réprime et qu`on étouffe dans l`œuf cette manifestation qui n`a même pas eu le temps de commencer. Qu`on fasse la chasse aux sorcières pendant 3 jours et qu`il y a eu au moins 500 morts selon nos estimations et 120 morts selon la communauté internationale, nous pensons que c`est un déni de démocratie. Ce sont des mesures de dictature qui ne disent pas leur nom. Et c`est un moment particulièrement douloureux pour la vie politique en Côte d`Ivoire.
Est-ce que vous vous attendiez plus ou moins à cette répression ?
Nous n`avions pas pensé à cette répression ni même l`envisagée puisque pour la manifestation, les autorités militaires ont déterminé une zone rouge que nous ne devrions pas atteindre. Et nous n`avions pas l`intention d`aller dans cette zone rouge pour faire de la provocation. Nous voulions faire une manifestation pacifique, démocratique pour dire que les accords ne peuvent être bons que si on les applique. Et comme je l`ai dit plus haut, cette manifestation n`a même pas eu le temps de se rapprocher de ce qu`ils ont appelé la zone rouge pour dire que c`est parce qu`ils allaient prendre le palais de la présidence qu`on a tiré sur eux. Les manifestations n`ont même pas eu le temps de commencer. Dès 4h du matin, ce sont des domiciles qui ont été écumés pour qu`on aille chercher des gens dans leurs cours pour leur réserver ce triste sort. Les gens n`ont pas été tués sur un lieu de manifestation comme par exemple au stade du 28 septembre à Conakry. Ils n`ont pas eu le temps de sortir. On est allé les chercher chez eux pour les tuer. Et ce, pendant 3 jours.
Monsieur le président du directoire, à la suite de ces évènements graves, les Nations Unies ont enquêté. Vos avocats ont également enquêté sur cette affaire. Mais on s`étonne que jusque-là, il n`y a jamais eu d`action en justice contre les auteurs supposés ou connus de ce massacre. Comment expliquez-vous cela ?
La justice humaine est lente mais nous espérons qu`un jour, elle se fera. Parce que si les Nations Unies ont envoyé une équipe d`enquête qui a dénombré 120 morts, ce n`est pas pour les passer en pertes et profits. Nous continuons d`espérer que la justice humaine se prononcera un jour.
Pensez-vous que vous avez été victimes de la barbarie d`un régime ou est-ce la peur qui a conduit le régime de Laurent Gbagbo à réagir de cette façon ?
Il ne me revient pas de chercher à connaître les raisons du régime de M. Gbagbo à commettre ces actes de barbarie. Il faut seulement reconnaître que ce sont des actes de barbarie, des actes anti démocratiques. Surtout que dans la même période ceux qui décriaient que les accords étaient mauvais avaient le droit de manifester. Pourquoi ceux qui veulent dire que les accords étaient bons n`ont-ils pas le droit de manifester également dans un pays qui se veut un pays de liberté ? Donc il ne m`appartient pas de trouver un justificatif à ce qui les a amenés à cela. C`est un acte de barbarie, un déni de liberté.
Récemment encore, vous avez appelé à manifester contre ce que je pourrais appeler le blocage du processus de paix. Des militants sont tombés une fois de plus (hélas) à Gagnoa et dans plusieurs autres villes de Côte d`Ivoire. La menace plane toujours ?
On dit que le chien ne change jamais sa manière de s`asseoir. Nous regrettons encore qu`après tant d`années, dans une proportion moindre, les évènements de mars 2004 se soient reproduits aux dernières manifestations. Puisqu`il y a eu près de 13 morts. Des manifestants aux mains nues ont été tués à balles réelles. Ça a été la même situation lors des audiences foraines. Je pense que l`humanité tirera un jour les conséquences de tout cela. Et comme vous l`ont dit nos conseils, des démarches sont entreprises pour que justice soit faite un jour.
Pour la mémoire des victimes, vous réclamez que justice soit faite. Est-ce que vous croyez ? Selon vous, qu`est-ce qui a bloqué cette initiative étant donné que ça fait maintenant 6 ans que ça dure ?
Je ne pourrai pas pour le moment vous dire ce qui bloque mais je sais que les procédures aux Nations Unies durent le temps que ça dure et j`espère qu`un jour on finira à avoir un verdict sur ce comportement. Ou on va les blanchir, ou on va les accuser mais un jour viendra où pour la mémoire de ces victimes, pour la démocratie et la paix, dans le pays, on aura le jugement de l`histoire et ce jour ne peut pas ne pas venir.
La démocratie dont vous parlez continue de tituber. Les signataires de l`accord de Ouaga sont en train de s`empoigner sur la question du désarmement et on ne parle même plus de la date de l`élection, de la liste définitive et du contentieux. Quel est votre commentaire ?
Tout cela va de paire. Nous vous avons toujours dit au Rhdp que le camp présidentiel n`a pas la volonté politique d`aller aux élections. Toutes ces raisons évoquées sont des raisons prévues dans l`accord politique de Ouagadougou et de ses avenants. Et nous pensons que nous pouvons aller aux élections. Mais nous disons qu`il n`y a pas plus sourd que celui qui refuse d`entendre. Si parmi nous, il y a des gens qui n`ont pas la volonté politique de sortir de cette crise, nous risquons d`avoir de gros problèmes. C`est pour cela que nos attirons toujours l`attention de tous. Les Ivoiriens d`abord et la communauté internationale ensuite afin de faire en sorte que des affrontements regrettables n`aient pas lieu dans ce pays.
Qu`est-ce que vous appelez gros problèmes. Et que cachent ces affrontements regrettables ?
Vous le savez très bien. Ces gros problèmes, ce sont les affrontements, la reprise des hostilités, le trouble de la paix. On n`a pas besoin de faire un schéma pour cela.
Vous craignez cela aujourd`hui ?
On l`a toujours craint. Personne ne l`a jamais souhaité. En tout cas, le Pdci ou le Rhdp n`ont jamais souhaité qu`il y ait la chienlit en Côte d`Ivoire. Et nous voulons sortir de cette crise par la voie démocratique. C`est pourquoi, au cours de la dernière crise, notre première exigence a été le rétablissement de la Commission électorale indépendante. Ça au moins c`est sûr. Comme il s`agissait en plus de l`identité des personnes (si vous avez suivi cette opération), avant même que le directoire du Rhdp donne un mot d`ordre, les évènement de Divo avaient déjà eu lieu. Puisque les gens se sentaient frustrés dans leur appartenance à la nation ivoirienne. Ce sont ces affrontements qu`il faut éviter. Nous n`avons jamais été pour les mesures de violence pour la violence. Posons les actes qui évitent la violence. Parce que la Côte d`Ivoire n`a pas besoin de violence. Elle a besoin de paix et de reconstruction.
Il y a eu la réponse des Forces nouvelles sur les griefs relevés par le camp présidentiel qui revient à la charge aujourd`hui pour dire que le désarmement et la réunification du pays ne sont pas négociables. Et que Gbagbo n`ira jamais aux élections sans désarmement et réunification. Est-ce que, selon vous, les jours de l`accord de Ouaga sont comptés.
Si le facilitateur ne fait rien pour jouer son rôle d`arbitre, oui, les jours de Ouaga sont comptés. Mais nous espérons qu`avec la visite du président du Conseil constitutionnel à Ouagadougou, le facilitateur mettra tout son poids dans la balance pour que les accords soient appliqués comme ils ont été signés par les uns et les autres. C`est cette volonté politique que le facilitateur doit amener les Ivoiriens à avoir. Parce que comme l`ont répondu les Forces nouvelles, tous les problèmes soulevés ont leurs réponses dans les accords qui ont été signés. Appliquons les accords de bonne foi et la Côte d`Ivoire retrouvera la paix.
Quelle est la posture du Rhdp dans cette guéguerre entre le camp présidentiel et les Forces nouvelles ?
Vous posez une question qui est tout à fait inutile. Vous venez d`apprendre la position des Forces nouvelles et vous connaissez la position du camp présidentiel.
Je veux dire que va faire le Rhdp ?
Nous continuons de défendre toujours nos positions. Nous n`avons pas attendu de savoir la position des Forces nouvelles pour faire connaître notre position et la défendre.
Interview réalisée par
Akwaba saint Clair
Coll : François Bécanthy