“De l`espérance à l`illusion démocratique", tel est le premier thème débattu au cours des journées commémoratives des évènements de mars 2004. C`est l`éminent professeur de philosophie, Konaté Yacouba, qui a eu la charge de traiter ce thème. Le modérateur de cette conférence était M. Michel Bénoit Coffi, membre du secrétariat général du Pdci Rda. "Je tenterai de répondre à la signification du sujet selon l`hypothèse suivante. En fait, la Côte d`Ivoire n`est pas passée de l`espérance à l`illusion. Mais de l`espérance à la fiction. Le régime Fpi a fictionné la démocratie, c`est-à-dire les modalités pacifiques de la production de la légitimité dans le cadre du principe républicain de l`égalité des citoyens". Il a redéfini à l`image des conditions historiques désastreuses de son arrivée au pouvoir. Mais pour avoir su conserver ce pouvoir de fait, le régime du Fpi n`a pas pour autant su établir sa légitimité. Alors, il fonctionne à la fiction. La fiction de l`insurrection, la fiction du complot des étrangers. Et pour se convaincre de ce que de par son origine et dans son fonctionnement, il est démocratique, il donne dans des incantations" a déclaré le conférencier. Poursuivant, il est revenu sur l`avènement du multipartisme en Côte d`Ivoire. "Quand en 1990, le régime du parti unique finit par légaliser le multipartisme. Sans plus attendre, des associations syndicales et les partis politiques qui venaient de pousser comme des champignons ont inscrit les droits de l`homme, les meetings politiques, les manifestations de rue, la presse d`opinion dans le paysage social et politique ivoirien. "Marchez autant que vous voudrez, ce sont les cordonniers qui vont en souffrir", observait le président Félix Houphouët Boigny. De cette période jusqu`à l`avènement Gbagbo, les décès liés à des manifestations politiques, notamment ceux tombés sous les balles des forces de l`ordre à l`échelle de tout le pays se comptent sur les doigts d`une seule main. Et la rue apparut comme le principal terrain d`expression de l`opposant historique. En effet, l`histoire retiendra que c`est par la rue qu`il accéda au pouvoir lors des évènements d`octobre 2000" a indiqué le conférencier. Se référant à la gestion de Laurent Gbagbo, Konaté Yacouba dira qu`au lendemain de son accession au pouvoir "Il fera mater dans le sang les manifestants du Rdr qui réclamaient la reprise des élections. De l`aveu des leaders du Fpi dont Mamadou Koulibaly, ces évènements valent légitimation populaire. Tout comme le peuple serait descendu dans la rue pour prendre le pouvoir des mains du général Robert Guéi et l`offrir à Laurent Gbagbo en octobre 2000, ils seraient redescendus dans la rue pour défendre le pouvoir contre les militants du Rdr le lendemain. Et en 2002, le peuple, à nouveau infatigable, est descendu dans la rue ouvrant la voie aux mouvements des jeunes patriotes. Ce parti prime de l`exaltation de la rue mais en abime les résultats des élections, notamment celles auxquelles ont participé tous les partis. Là où l`on voit que du fait des élections exclusives et non ouvertes, un hiatus certain existe désormais entre la majorité électorale et la majorité politique. Le paradoxe c`est que autant le pouvoir Fpi tente de se légitimer par le soutien populaire de la rue, autant il interdit l`accès de la rue aux partis de l`opposition". Qui a conclu son intervention en indiquant que "une société qui ne peut démettre pacifiquement un dirigeant incompétent ou calamiteux n`est pas encore démocratique".
JCA
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