"(…) C`est par des mots de pardon que je voudrais commencer ma conclusion de cette conférence. Souvenez-vous, à l`ouverture de cette conférence, j`ai dit qu`il faut témoigner, sans haine ni esprit de vengeance. C`est vraiment la condition sine qua non pour la réconciliation. Ce qui m`importe le plus, c`est la réconciliation des Ivoiriens. Oui, nous sommes nombreux à avoir souffert, (…) je voudrais vous dire que moi, j`ai foi en la Côte d`Ivoire, j`ai foi aux Ivoiriens. Je suis persuadé que nous allons surmonter ces moments de douleur. Et je voudrais vous faire une confession, le 24 mars, la première journée (…) j`avais mal pour mon pays, j`avais mal pour mes concitoyens. Je me suis dit mais pourquoi ceci arrive à la Côte d`Ivoire (…) pourquoi une telle manipulation, pourquoi les autorités, certaines successives, ont trempé dans de tels crimes. Je me suis dit mais en fait, ceux-là font tout ça pour le pouvoir. Si ce n`est pas le pouvoir, c`est la peur. Et je suis persuadé, au fond de moi-même, que ce sont les deux éléments qui les ont motivés. Donc en prononçant ces mots, je voudrais d`abord m`adresser à nos frères et soeurs des Forces de l`ordre pour leur dire : "Obéissez d`abord à vos consciences ". Parce que je crois que pour la majorité des Ivoiriens, nous sommes des croyants, obéissez à vos consciences, pensez d`abord à Dieu, pensez aux êtres humains, pensez à vos femmes, pensez à vos enfants, refusez d`appliquer l`injustice qui mène à la mort de vos concitoyens. Je dis bien aux forces de l`ordre, faites en sorte que nous soyons fiers de vous (….) Vous aviez eu des instructions pour le faire, faites en sorte que vous soyez pardonnés parce qu`il n`est jamais tard pour pardonner.
Et là, je le dis à nos jeunes, à nos enfants, à nos jeunes frères. Nous, nous allons pardonner parce que c`est comme cela que nous allons construire une Côte d`Ivoire dont vous serez fiers. Donc j`insiste. D`abord le pardon, ensuite le pardon et enfin le pardon. Après cette première journée de tristesse, je me suis retrouvé dans cette salle hier matin, j`ai écouté d`abord le Professeur Yacouba Konaté, ensuite mon jeune frère Dénis Kah Zion et cet après-midi, mon jeune frère Joël N`guessan. En les écoutant, je me suis dit, en fait, la Côte d`Ivoire regorge assurément et j`en étais convaincu, de personnes de qualité, de personnes de maturité, de personnes de compétence mais ou sont-elles ? Pourquoi, elles ne sont pas aux endroits où elles devraient être et j`en ai tiré une conclusion toute simple. C`est parce qu`il y a manque de démocratie en Côte d`Ivoire. Je le dis avec conviction, je suis allé aux Etats-Unis à 19 ans, j`ai grandi dans un environnement de démocratie (…) et je rêve que la Côte d`Ivoire devienne démocratique. Mais je le dis parce que le premier thème de la conférence, de l`espérance à l`illusion démocratique, je ne voudrais pas être méchant mais c`est une espérance déçue pour beaucoup d`entre nous. Nous qui sommes des démocrates, qui avons estimé qu`un mauvais régime civil valait mieux que tout régime militaire même un bon régime militaire. En fait, ce n`est pas de l`espérance à l`illusion démocratique, c`est de l`espérance à l`escroquerie. Nous avons été escroqués. Nous avons été trompés. Souvenez-vous, j`ai fait un voyage spécial de Tokyo à Abidjan (…) tous les messages étaient identiques, disant Djéni Kobena vient de décéder (…) je dis cela pour dire que nous avons été trompés parce que ma sœur Koné demandait, hier, pourquoi dans le cadre du Front patriotique et du Front républicain, personne n`a vu le jeu des uns et des autres. Je dis que nous avons été trompés parce que je suis arrivé, c`était les obsèques de Djéni Kobena (…) et nous avons commencé les obsèques et un certain Laurent Gbagbo faisait partie de cette procession de la cathédrale Saint Paul jusqu`au cimetière. Et nous avons marché ensemble. Nous nous sommes dit que c`était l`occasion de démontrer que nous voulions la démocratie pour notre Côte d`Ivoire. Cette lutte nous a permis d`avoir le vote à 18 ans, la Commission électorale indépendante, le bulletin unique, les urnes transparentes et nous y avons cru. Car tout le monde sait que le Fpi ne représentait plus grand-chose, comme aujourd`hui d`ailleurs, le Fpi ne représente pas grand-chose. Nous avons marché ensemble, nous avons demandé des conditions d`élections transparentes ensemble et qu`est ce qui se passe, une dizaine d`années après, je vois le même Laurent Gbagbo prendre une décision pour dissoudre la Commission électorale indépendante, pour laquelle nous avons lutté ensemble et pour laquelle il y a eu des morts en Côte d`Ivoire. Des morts pour mettre la Commission en place, des morts en raison de la dissolution de la Commission électorale indépendante. Moi, je lui dirai : " cher Laurent, réfléchis, réfléchis à nouveau. Les Ivoiriens ne peuvent pas être trompés à nouveau (…) ".
C`était pour dire que cette escroquerie doit prendre fin. Nous devons aller aux élections, nous devons faire des élections démocratiques, transparentes. Ces élections doivent conduire au choix d`un président légitime par les Ivoiriens et personne n`accepterait que des non Ivoiriens aillent voter. Donc qu`ils arrêtent ces mensonges, qu`ils arrêtent l`escroquerie morale, les Ivoiriens vous regardent, régime Fpi, arrêtez ces mensonges, arrêtez d`insulter les Ivoiriens, arrêtez de penser que les Ivoiriens ne voient pas qui vous êtes. Allons-y aux élections pour vous sortir. Je disais qu`il y avait la peur et le pouvoir, il est certain que le pouvoir, ils ne l`auront pas à l`issue des élections mais ce que nous devons leur dire aujourd`hui, c`est de ne pas avoir peur. Je voudrais vraiment leur dire que même Fpi, ils sont nos frères (…) et nous n`aurons aucun esprit de vengeance. Donc l`enjeu pour tous, c`est d`aller aux élections. Je voudrais dire à Laurent Gbagbo, de grâce, même si maintenant tu habites un palais, pense aux souffrances des Ivoiriens. Au délestage, aux déchets toxiques, aux ordures ménagères, aux écoles sans toit (…). Tu te dis de condition modeste, rappelle-toi tes conditions d`il y a 30 ans. Elles étaient modestes et dis-toi que les personnes sont dans ces conditions modestes et d`autres ne peuvent plus attendre de souffrir. Il ne faut pas pousser les Ivoiriens à bout. Je rêve que la Côte d`Ivoire devienne un pays normal, un pays où on ferait les élections tous les 5 ans (…).Qu`on cesse d`être la risée du monde entier. De grâce, donnez-nous notre dignité et notre fierté, nous avons honte, ce régime nous fait honte, ce régime fait honte à la Côte d`Ivoire. Je vous supplie, faites en sorte que nous ayons des élections dans les mois qui viennent. Et laissons les Ivoiriens choisir librement. Arrêtons les subterfuges, arrêtons de créer de faux débats, ils savent que tout ce qu`ils disent, ce n`est que mensonges. La liste électorale est bonne, le désarmement, c`est eux qui l`ont signé avec les Forces Nouvelles, ils savent ce que l`accord 4 de Ouagadougou veut dire (…) il est temps qu`on se dise les vérités. Les élections de 2000 n`étaient pas de vraies élections (…) nous devons nous dire que les questions qui ont secoué la Côte d`Ivoire pour le Rhdp sont des questions du passé. Certains ont cru naïvement qu`il n`y avait pas de véritable réconciliation entre le président Bédié et moi, ils se sont trompés et c`est d`ailleurs pour cela qu`ils ont peur parce qu`ils savent bien (….), Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié plus Anaky, plus Mabri, no question. Impossible de nous battre. Mais il faut qu`ils comprennent que la Côte d`Ivoire est au dessus de chacun de nous. Nous devons faire ces élections. Ces élections sont indispensables. Les Ivoiriens en ont besoin, la Côte d`Ivoire doit s`unir (…). Nous terminons pour cette année avec des convictions fortes que dans les mois à venir, tchoco-tchoco, la Côte d`Ivoire aura des élections (…) "
Propos recueillis par Paul Koffi et Diarrassouba Sory
Et là, je le dis à nos jeunes, à nos enfants, à nos jeunes frères. Nous, nous allons pardonner parce que c`est comme cela que nous allons construire une Côte d`Ivoire dont vous serez fiers. Donc j`insiste. D`abord le pardon, ensuite le pardon et enfin le pardon. Après cette première journée de tristesse, je me suis retrouvé dans cette salle hier matin, j`ai écouté d`abord le Professeur Yacouba Konaté, ensuite mon jeune frère Dénis Kah Zion et cet après-midi, mon jeune frère Joël N`guessan. En les écoutant, je me suis dit, en fait, la Côte d`Ivoire regorge assurément et j`en étais convaincu, de personnes de qualité, de personnes de maturité, de personnes de compétence mais ou sont-elles ? Pourquoi, elles ne sont pas aux endroits où elles devraient être et j`en ai tiré une conclusion toute simple. C`est parce qu`il y a manque de démocratie en Côte d`Ivoire. Je le dis avec conviction, je suis allé aux Etats-Unis à 19 ans, j`ai grandi dans un environnement de démocratie (…) et je rêve que la Côte d`Ivoire devienne démocratique. Mais je le dis parce que le premier thème de la conférence, de l`espérance à l`illusion démocratique, je ne voudrais pas être méchant mais c`est une espérance déçue pour beaucoup d`entre nous. Nous qui sommes des démocrates, qui avons estimé qu`un mauvais régime civil valait mieux que tout régime militaire même un bon régime militaire. En fait, ce n`est pas de l`espérance à l`illusion démocratique, c`est de l`espérance à l`escroquerie. Nous avons été escroqués. Nous avons été trompés. Souvenez-vous, j`ai fait un voyage spécial de Tokyo à Abidjan (…) tous les messages étaient identiques, disant Djéni Kobena vient de décéder (…) je dis cela pour dire que nous avons été trompés parce que ma sœur Koné demandait, hier, pourquoi dans le cadre du Front patriotique et du Front républicain, personne n`a vu le jeu des uns et des autres. Je dis que nous avons été trompés parce que je suis arrivé, c`était les obsèques de Djéni Kobena (…) et nous avons commencé les obsèques et un certain Laurent Gbagbo faisait partie de cette procession de la cathédrale Saint Paul jusqu`au cimetière. Et nous avons marché ensemble. Nous nous sommes dit que c`était l`occasion de démontrer que nous voulions la démocratie pour notre Côte d`Ivoire. Cette lutte nous a permis d`avoir le vote à 18 ans, la Commission électorale indépendante, le bulletin unique, les urnes transparentes et nous y avons cru. Car tout le monde sait que le Fpi ne représentait plus grand-chose, comme aujourd`hui d`ailleurs, le Fpi ne représente pas grand-chose. Nous avons marché ensemble, nous avons demandé des conditions d`élections transparentes ensemble et qu`est ce qui se passe, une dizaine d`années après, je vois le même Laurent Gbagbo prendre une décision pour dissoudre la Commission électorale indépendante, pour laquelle nous avons lutté ensemble et pour laquelle il y a eu des morts en Côte d`Ivoire. Des morts pour mettre la Commission en place, des morts en raison de la dissolution de la Commission électorale indépendante. Moi, je lui dirai : " cher Laurent, réfléchis, réfléchis à nouveau. Les Ivoiriens ne peuvent pas être trompés à nouveau (…) ".
C`était pour dire que cette escroquerie doit prendre fin. Nous devons aller aux élections, nous devons faire des élections démocratiques, transparentes. Ces élections doivent conduire au choix d`un président légitime par les Ivoiriens et personne n`accepterait que des non Ivoiriens aillent voter. Donc qu`ils arrêtent ces mensonges, qu`ils arrêtent l`escroquerie morale, les Ivoiriens vous regardent, régime Fpi, arrêtez ces mensonges, arrêtez d`insulter les Ivoiriens, arrêtez de penser que les Ivoiriens ne voient pas qui vous êtes. Allons-y aux élections pour vous sortir. Je disais qu`il y avait la peur et le pouvoir, il est certain que le pouvoir, ils ne l`auront pas à l`issue des élections mais ce que nous devons leur dire aujourd`hui, c`est de ne pas avoir peur. Je voudrais vraiment leur dire que même Fpi, ils sont nos frères (…) et nous n`aurons aucun esprit de vengeance. Donc l`enjeu pour tous, c`est d`aller aux élections. Je voudrais dire à Laurent Gbagbo, de grâce, même si maintenant tu habites un palais, pense aux souffrances des Ivoiriens. Au délestage, aux déchets toxiques, aux ordures ménagères, aux écoles sans toit (…). Tu te dis de condition modeste, rappelle-toi tes conditions d`il y a 30 ans. Elles étaient modestes et dis-toi que les personnes sont dans ces conditions modestes et d`autres ne peuvent plus attendre de souffrir. Il ne faut pas pousser les Ivoiriens à bout. Je rêve que la Côte d`Ivoire devienne un pays normal, un pays où on ferait les élections tous les 5 ans (…).Qu`on cesse d`être la risée du monde entier. De grâce, donnez-nous notre dignité et notre fierté, nous avons honte, ce régime nous fait honte, ce régime fait honte à la Côte d`Ivoire. Je vous supplie, faites en sorte que nous ayons des élections dans les mois qui viennent. Et laissons les Ivoiriens choisir librement. Arrêtons les subterfuges, arrêtons de créer de faux débats, ils savent que tout ce qu`ils disent, ce n`est que mensonges. La liste électorale est bonne, le désarmement, c`est eux qui l`ont signé avec les Forces Nouvelles, ils savent ce que l`accord 4 de Ouagadougou veut dire (…) il est temps qu`on se dise les vérités. Les élections de 2000 n`étaient pas de vraies élections (…) nous devons nous dire que les questions qui ont secoué la Côte d`Ivoire pour le Rhdp sont des questions du passé. Certains ont cru naïvement qu`il n`y avait pas de véritable réconciliation entre le président Bédié et moi, ils se sont trompés et c`est d`ailleurs pour cela qu`ils ont peur parce qu`ils savent bien (….), Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié plus Anaky, plus Mabri, no question. Impossible de nous battre. Mais il faut qu`ils comprennent que la Côte d`Ivoire est au dessus de chacun de nous. Nous devons faire ces élections. Ces élections sont indispensables. Les Ivoiriens en ont besoin, la Côte d`Ivoire doit s`unir (…). Nous terminons pour cette année avec des convictions fortes que dans les mois à venir, tchoco-tchoco, la Côte d`Ivoire aura des élections (…) "
Propos recueillis par Paul Koffi et Diarrassouba Sory