Après notre enquête «sur les traces de crocodiles de la lagune Ebrié », Georges Benson, se souvient…
Alors, Benson, vous avez vu ces fameux crocodiles…
Oui. C’était dans les années 1970, à l’époque où j’ai fait venir en Côte d’ Ivoire des basketteurs américains pour faire du spectacle. Je me rappelle, qu’étant à la Corniche, j’ai vu deux crocodiles, qui prenaient du soleil sur une bille de bois. Je n’étais pas saoulé, je les ai bien vus. J’étais dans mon véhicule, je montais vers Cocody, les grands travaux. Je me souviens que je me suis arrêté pour les regarder, cela a provoqué un embouteillage sur la voie. Ce n’était pas de grands crocodiles, ils n’étaient pas tout petits non plus.
Ce n’étaient pas des varans ?
Je ne viens pas du Nord, je suis lagunaire, je sais faire la différence entre un margouillat, un varan et un crocodile. Ce sont bien des crocodiles que j’ai vus ce jour-là.
Mais les avez-vous revus?
Effectivement, après ce jour-là, je ne les ai plus vus. Et chaque fois que je passais par-là, je regardais, mais ils n’étaient plus là. Un moment, la bille de bois avait disparu. Tout le sable qui quittait Abobo, par la baie de Cococdy, avait fini par ensabler ce coin, et c’est ce qui a fait disparaître la bille de bois. Jusqu’aujourd’hui, je continue de chercher ces crocodiles, je les cherche…. Ils me hantent.
Vous fréquentiez la baie de Cocody ?
Nous nagions dans cette baie de Cocody, vers cet endroit, le président Gbagbo, moi et beaucoup d’autres amis.
Le président Gbagbo y a nagé avec vous ?
Oui. Le président Gbagbo a nagé dans cette baie de Cocody avec moi. Vous savez, il y a un chanteur qui dit que chacun a eu son premier jour à Abidjan. Il y avait en ce moment l’aquarium, qu’a remplacé le Café de Rome.
Vous n’aviez pas peur des reptiles en ce moment, vous auriez pu vous faire dévorer?
Non. Parce qu’on n’en avait jamais vu. Il n’en a jamais été question, personne n’en avait jamais parlé. Je vais vous dire, quand un espace n’est pas fréquenté par l’homme, d’autres animaux se mettent là. À l’époque, l’eau était claire, il y avait des usagers qui faisaient du ski nautique et faisaient du bruit avec leurs engins, probablement cela avaient éloigné les crocodiles. Mais, à partir du moment où ces activités se sont arrêtées, les sauriens sont revenus, on ne sait d’où.
Y a-t-il d’autres témoignages que vous avez entendus concernant ces reptiles?
Oui. Plusieurs personnes m’ont dit qu’il en ont vu. Mais, moi je les ai bien vus. Ils m’ont hanté pendant longtemps, j’ai tout fait pour les revoir, en vain...
Certains racontent que ce sont des esprits de l’eau et quand vous voulez les voir, vous ne les voyez pas.
Je ne crois pas à ces histoires.
Comment se fait-il que vous ne les aviez jamais revus alors que vous les cherchiez ?
Je pense que c’est la pollution qui les a fait partir.
Vous indiquez que c’est la population de la lagune qui les a fait fuir, mais avez-vous un projet pour rendre propre cette lagune ?
Oui. Il s’agit de mon projet « les lagunades ». C’est une grande opération pour attirer l’attention des personnalités sur le sort de la lagune. Cette lagune est en train de mourir.
C’est quoi les lagunades ?
Il y a trois volets. Il y a l’opération « j’aime la lagune ». C’est une opération de salubrité, une sorte de concours entre les communes d’Abidjan, pour l’assainissement et l’embellissement des berges de la lagune. Les associations de femmes, les scouts, par exemple, vont faire des opérations d’assainissement de la lagune. Il est même prévu une exposition sur la lagune. Une exposition internationale qui regroupera les fabricants de filet, de bateaux, les transporteurs sur la lagune, les fabricants d’hameçons, bref, tous ceux qui utilisent la lagune. Même les populations viendraient exposer les fruits lagunaires. Ensuite, il y a la grande fête de l’eau : les « lagunades fêtes ». Nous avons expliqué cela aux maires, ils ont dit que cela ne les intéressait pas. Nous avons expliqué la situation à Djédjé Amondji, le gouverneur d’Abidjan, il n’a rien dit. Alors que nous l’avons vu, avant-hier, organiser une activité sur la lagune.
Vous ne comptez pas abandonner…
Ce projet me tient à cœur. Je suis un homme de l’eau, l’eau c’est mon dada. À chaque fois que je passe à la Corniche, j’ai mal. Je vois la pollution. Et c’est cette pollution qui a fait partir les crocodiles. Cette même pollution est en train de faire partir toute la faune. Les poissons fuient, les plus gros poissons de la lagune, ce sont les pneus. Si on ne se préoccupe pas de cette lagune, on l’assassine.
Interview réalisée par Raphaël Tanoh
Alors, Benson, vous avez vu ces fameux crocodiles…
Oui. C’était dans les années 1970, à l’époque où j’ai fait venir en Côte d’ Ivoire des basketteurs américains pour faire du spectacle. Je me rappelle, qu’étant à la Corniche, j’ai vu deux crocodiles, qui prenaient du soleil sur une bille de bois. Je n’étais pas saoulé, je les ai bien vus. J’étais dans mon véhicule, je montais vers Cocody, les grands travaux. Je me souviens que je me suis arrêté pour les regarder, cela a provoqué un embouteillage sur la voie. Ce n’était pas de grands crocodiles, ils n’étaient pas tout petits non plus.
Ce n’étaient pas des varans ?
Je ne viens pas du Nord, je suis lagunaire, je sais faire la différence entre un margouillat, un varan et un crocodile. Ce sont bien des crocodiles que j’ai vus ce jour-là.
Mais les avez-vous revus?
Effectivement, après ce jour-là, je ne les ai plus vus. Et chaque fois que je passais par-là, je regardais, mais ils n’étaient plus là. Un moment, la bille de bois avait disparu. Tout le sable qui quittait Abobo, par la baie de Cococdy, avait fini par ensabler ce coin, et c’est ce qui a fait disparaître la bille de bois. Jusqu’aujourd’hui, je continue de chercher ces crocodiles, je les cherche…. Ils me hantent.
Vous fréquentiez la baie de Cocody ?
Nous nagions dans cette baie de Cocody, vers cet endroit, le président Gbagbo, moi et beaucoup d’autres amis.
Le président Gbagbo y a nagé avec vous ?
Oui. Le président Gbagbo a nagé dans cette baie de Cocody avec moi. Vous savez, il y a un chanteur qui dit que chacun a eu son premier jour à Abidjan. Il y avait en ce moment l’aquarium, qu’a remplacé le Café de Rome.
Vous n’aviez pas peur des reptiles en ce moment, vous auriez pu vous faire dévorer?
Non. Parce qu’on n’en avait jamais vu. Il n’en a jamais été question, personne n’en avait jamais parlé. Je vais vous dire, quand un espace n’est pas fréquenté par l’homme, d’autres animaux se mettent là. À l’époque, l’eau était claire, il y avait des usagers qui faisaient du ski nautique et faisaient du bruit avec leurs engins, probablement cela avaient éloigné les crocodiles. Mais, à partir du moment où ces activités se sont arrêtées, les sauriens sont revenus, on ne sait d’où.
Y a-t-il d’autres témoignages que vous avez entendus concernant ces reptiles?
Oui. Plusieurs personnes m’ont dit qu’il en ont vu. Mais, moi je les ai bien vus. Ils m’ont hanté pendant longtemps, j’ai tout fait pour les revoir, en vain...
Certains racontent que ce sont des esprits de l’eau et quand vous voulez les voir, vous ne les voyez pas.
Je ne crois pas à ces histoires.
Comment se fait-il que vous ne les aviez jamais revus alors que vous les cherchiez ?
Je pense que c’est la pollution qui les a fait partir.
Vous indiquez que c’est la population de la lagune qui les a fait fuir, mais avez-vous un projet pour rendre propre cette lagune ?
Oui. Il s’agit de mon projet « les lagunades ». C’est une grande opération pour attirer l’attention des personnalités sur le sort de la lagune. Cette lagune est en train de mourir.
C’est quoi les lagunades ?
Il y a trois volets. Il y a l’opération « j’aime la lagune ». C’est une opération de salubrité, une sorte de concours entre les communes d’Abidjan, pour l’assainissement et l’embellissement des berges de la lagune. Les associations de femmes, les scouts, par exemple, vont faire des opérations d’assainissement de la lagune. Il est même prévu une exposition sur la lagune. Une exposition internationale qui regroupera les fabricants de filet, de bateaux, les transporteurs sur la lagune, les fabricants d’hameçons, bref, tous ceux qui utilisent la lagune. Même les populations viendraient exposer les fruits lagunaires. Ensuite, il y a la grande fête de l’eau : les « lagunades fêtes ». Nous avons expliqué cela aux maires, ils ont dit que cela ne les intéressait pas. Nous avons expliqué la situation à Djédjé Amondji, le gouverneur d’Abidjan, il n’a rien dit. Alors que nous l’avons vu, avant-hier, organiser une activité sur la lagune.
Vous ne comptez pas abandonner…
Ce projet me tient à cœur. Je suis un homme de l’eau, l’eau c’est mon dada. À chaque fois que je passe à la Corniche, j’ai mal. Je vois la pollution. Et c’est cette pollution qui a fait partir les crocodiles. Cette même pollution est en train de faire partir toute la faune. Les poissons fuient, les plus gros poissons de la lagune, ce sont les pneus. Si on ne se préoccupe pas de cette lagune, on l’assassine.
Interview réalisée par Raphaël Tanoh