x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER

Société Publié le mercredi 24 mars 2010 | Islam Info

Souleymane Konaté (imam de Masdjid Aq`sah, New YOrk (USA) : ``Etre imam en Amérique, c`est un métier difficile``

Imam Souleymane Konaté, Secrétaire Général de l'Association du Conseil des Imams Africains en Amérique et vice président de Harlem islamic Choura s'est prêté à nos questions. Dans cette interview, il montre le visage de l'Islam aux Etats-Unis. Suivons son regard.

Depuis quand êtes-vous Imam ?
Cela fait 10 ans que je suis imam.

Depuis quand la mosquée existe-t-elle ?
La mosquée existe depuis une dizaine d'années.

Être Imam en Amérique est-il un métier difficile ?
Je répondrai par l'affirmative, c'est un métier difficile. Étant donné que nous sommes nés dans les pays francophones. Mais, il faut manipuler la langue anglaise pour véhiculer le message de l'islam. Autre aspect pour montrer la difficulté de ce métier, c'est que l'américain n'est pas préparé de façon psychologique pour accepter la religion musulmane. Nous rendons grâce à Allah. Car, nous sommes en train de faire un travail de fond. Aujourd'hui, nous commençons à voir les premiers fruits.

L'islam est-il pratiqué correctement par les frères africains ?
Louange à Allah ! Les frères africains pratiquent l'islam correctement. Certes le départ n'a pas été facile mais, aujourd'hui avec les mosquées de part et d'autre,, la jeunesse africaine est mobilisée. La preuve en est que tous les vendredis nos différentes mosquées sont bondées de fidèles qui prient même dans les rues.

Quels sont les problèmes rencontrés chez les fidèles ?
Les fidèles rencontrent des problèmes de papiers. Parce que sans les papiers aux U.S.A, c'est difficile d'y vivre. Ensuite, il y a les problèmes de foyers. Vous savez pour la plupart qui sont ici. Leurs femmes sont venues d'Afrique. Une fois que celles-ci ont le goût du dollar tout change et se complique dans les foyers. Il y a aussi à côté, les documents d'immigration. Tels sont les problèmes de la communauté africaine aux U.S.A.

Alors, que faites-vous pour la résolution de ces problèmes ?
Nous avons légalisé le Conseil. Nous sommes membre de la coalition à New York. À travers celle-ci, nous sommes capables d'aider nos frères. Dans cette coalition, nous pouvons trouver des avocats gratuitement pour aider les frères quant à l'obtention de leurs papiers. Étant donné que nous sommes dans la période de la crise, ceux-ci acceptent les échéances.

Que faites-vous pour résoudre les problèmes de foyer ?
Nous donnons des conseils selon le Coran et la Sunna du Prophète (saw). Finalement, avec la crise économique et la foi, les femmes commencent à comprendre beaucoup de choses. Maintenant, elles font face aux problèmes de leurs foyers et suivent l'éducation de leurs enfants.

Nombreux sont les jeunes ici qui sont mariés, mais pour les problèmes de papiers ; ceux-ci ne peuvent pas aller voir leurs épouses. Et, leurs femmes ne peuvent pas venir. Comment réglez-vous ces problèmes ?
Ces cas sont beaucoup fréquents. Ces jeunes viennent nous voir pour savoir la position de l'Islam dans cette situation. Selon la charria, si une femme fait six mois sans aller avec son époux, elle a le droit de demander le divorce. Mais, si celle-ci ne demande pas le divorce et accepte de rester dans cette situation, alors son mari n'est pas condamnable. Mais en tant que guide, nous leur disons de faire tout leur possible pour aller voir leurs épouses qui se trouvent en Afrique. Nous leur demandons surtout de trouver des moyens pour les faire venir. Cela n'est pas facile. Nous prions Allah pour qu'Il facilite.

Quel est le rôle de la Mosquée dans la formation des parents et des enfants qui ne connaissent pas bien l'Islam ?
Alhamdoullilah ! Nos mosquées organisent des cours de formation et d'enseignement coranique et de dogme islamique pour nos enfants et même pour les parents. Ces cours se déroulent généralement les Week-end. C'est la raison pour laquelle, le Conseil Africain des Imams a fait une rencontre sur ce problème que rencontre la communauté. À cette rencontre, on a demandé à la communauté africaine d'arrêter la construction des mosquées. Pour ma part, nous avons besoin d'un centre. Dans lequel, nous enseignerons l'Islam aux enfants et aux parents. Actuellement, nous sommes entrain de réfléchir sur la réalisation de ce centre.

Il y a beaucoup de mosquées africaines à New York, mais aujourd'hui Masdjid Salam n'est plus. Quel est votre sentiment ?
Aujourd'hui, il ya trop de mosquées africaines. La perte de cette mosquée touche toute la communauté. Nous constatons des problèmes dans toutes nos mosquées. A cause de ces problèmes, les fidèles refusent de nous aider. C'est pour cela que les juifs se sont installés à une époque où les choses étaient faciles. À cette époque, c'était l'occasion pour nous d'acheter des centres pour s'installer. Cela, nous éviterait aujourd'hui pas mal de problèmes. Au temps du maire Devis Berkes qui est un noir, il vendait le lot du terrain à 1$ au noir. En ce moment, la communauté africaine n'était pas encore intégrée. Harlem est devenu une cité calme. Je dirai que c'est le quartier le plus calme de New York. Les musulmans sont obligés de louer des « basements », les sous-sols pour en faire des lieux de prières. La disparition des mosquées n'existe pas seulement chez la communauté africaine, mais c'est chez tous les musulmans : arabes, pakistanais etc.. Ce problème concerne tous les musulmans de New York. La solution, c'est de se donner la main en tant que musulmans : pakistanais, Bangladais, arabes et africains pour obtenir nos lieux de cultes. Car nos mosquées sont mobiles. En effet, nous sommes incapables d'acheter un lieu de culte à nous. C'est la raison pour laquelle, nous avons perdu Masdjid Salam. Par le passé, nous avions l'occasion de payer ce lieu sans aucun problème. Mais la communauté n'était pas mobilisée. Avec la perte des mosquées, c'est en ce moment que la communauté est mobilisée. Il faut remédier à cette situation parce qu'elle est un véritable problème dans notre communauté.

Si je comprends bien, la mosquée Aq'sah est confrontée aussi à ce problème ?
Bien sûr, c'est une réalité très évidente.

Qu'envisagez-vous si cela arrive ?
Nous avons pu acheter un lieu qui est plus grand que Aq'sah à 2.000.000$ US. Alors que pour l'achat d'Aq'sah, on nous demande 5.000.000$ US.

Avez-vous reçu à convaincre les fidèles ?
Nous avons mobilisé et sensibilisé les fidèles. Pour cela, nous avons demandé à chaque fidèle de s'acquitter d'une somme de 1000$. Aujourd'hui, cet argent rentre.

Avez-vous déjà un premier contrat avec le propriétaire ?
J'ai reçu des informations du président comme quoi, le premier contrat est engagé.

En Afrique, les jeunes et les adultes veulent venir en Amérique. Quels conseils vous pouvez leurs prodiguer ?
Tout le monde vient aux U.S.A avec son destin. Le conseil que je peux prodiguer aux aventuriers est le suivant. Si vous avez une activité rentable en Afrique, c'est mieux d'y rester pour fructifier cela. Parce que l'Amérique n'est plus comme par le passé. Mais lorsque vous prodiguez ce conseil à nos frères, ils disent : '' c'est dur pourquoi es-tu là bas''. Alors qu'ils savent la situation dans laquelle nous nous trouvons. Par exemple, vous êtes ici depuis plus de 15 ans et vous n'avez rien réalisé en Afrique. Il vous est difficile d'y retourner. Vu cette expérience, cela ne peut pas m'empêcher de prodiguer des conseils à mes jeunes frères. Même à mon ennemi, je ne lui demanderais pas de laisser son travail pour l'Amérique. Les U.S.A sont bien pour les études et les affaires. Mais, venir pour de l'argent est la chose qu'il ne faut pas commettre. C'est pourquoi, nous conseillons la jeunesse d'aller à l'école. Car, cela nous permettra de mieux nous intégrer.

Si une personne vient aux U.S.A. Quels sont les conseils pour qu'elle réussisse ?
Dans un premier temps, il faut se mettre en règle vis-à-vis de l'état. Car, sans cela vous ne pouvez pas obtenir un bon boulot.

Comment s'intégrer facilement aux USA ?
On peut s'intégrer facilement si nous sommes unis en tant que communauté. Les communautés haïtiennes et mexicaines sont intégrées parce qu'on trouve chez eux beaucoup d'intellectuels. A ce titre, je vous donne deux qui ont touché la communauté africaine. Le cas du jeune frère Amadou Diallo qui a été assassiné par la police new-yorkaise. Nous avons perdu le procès. Alors que la victime était en règle. Aussi, celui-ci n'était pas dans la drogue encore moins un criminel. Pour cela, rien n'a été fait parce qu'il est d'une communauté africaine divisée. Cela était pareil pour Ousmane Zongo, un jeune burkinabé qui venait prier régulièrement à la mosquée. Sérieusement, il faut qu'on s'unisse pour le bonheur de la communauté. L'Amérique s'en fiche que vous soyez ivoirien, sénégalais, burkinabé etc. Mais, elle veut une fédération africaine. C'est à partir de celle-ci que nous allons nous intégrer. C'est un conseil que nous prodiguons aux autres communautés. Car il est temps d'y songer pour l'épanouissement de nos enfants et de nos frères. C'est un travail que le conseil imamal a engagé. Nous devons amener les gens à s'aimer et à s'unir. C'est à partir de cela que nous allons créer une fédération africaine.

On dit que l'Amérique est un pays de liberté religieuse. Qu'en pensez-vous ?
Effectivement, la preuve est que le maire a invité 50 leaders religieux de toutes tendances confondues à l'occasion d'une conférence de presse sur la crise économique. Il y a aussi un centre d'interface où nous trouvons toutes les religions du monde. Je suis invité à faire des prières dans les églises. Cela est récurrent. Très souvent sur des invitations qui me sont adressées. Cela signifie que nous sommes ensemble. L'Amérique est un pays où l'on respecte toutes les religions. L'imam, le pasteur ou le rabbin tous se respectent. Celui-ci est respecté par les américains. Les religieux ont une carte qui leur permet d'aller partout, même dans les prisons.

Nombreux sont les Noirs américains qui se convertissent à l'Islam?
Ils sont nombreux à se convertir à l'Islam surtout depuis le 11 septembre 2001. Souvent l'ouverture et l'aide de Dieu viennent en fonction des problèmes.'' Cela est vrai parce que chaque chose a deux cotés, négatif et positif. Le 11 septembre 2001, tout le monde a vu le côté négatif. Alors ce faisant, les côtés positifs ont commencé à se déclarer. C'est en ce moment que les gens se sont convertis à l'islam. Ce n'est pas seulement les américains noirs, mais, il y avait aussi des blancs. Aujourd'hui, les musulmans sont les plus nombreux dans le monde entier. Juste après, en tant que leaders religieux, nous avons organisé une conférence de presse avec tous les Imams des différentes communautés. Parce que l'Islam est amour et surtout l'amour de son prochain. C'est à partir de cet événement que les autorités de la police ont dépêchés des policiers pour sécuriser nos mosquées. De même, les gens ont commencé à découvrir l'Islam. À cause du 11 septembre, une interview m'a été accordée par une journaliste blanche, qui, à la suite s'est convertie à l'Islam. Son mari est un africain du Mali. C'est moi qui ai célébré le mariage. Également, lorsqu'elle a accouché. J'ai célébré le baptême. Aujourd'hui, cette dernière applique la sunna en fermant son visage. Elle a choisi le nom Fatima.

Quel est votre mot de fin ?
Nous avons besoin des bénédictions de nos parents, frères, enfants et amis en Afrique. Car, sans cela, rien n'est possible ici. Parce que tout est basé sur l'argent. Comme ils le disent : '' time is money''. Si tu n'as ni argent ni boulot, tu deviens un clochard. Et personne dans cette situation ne t'aidera. Quant aux frères des U.S.A, je demanderai de toujours soutenir les mosquées. Car, pour obtenir nos propres lieux, nous avons besoin d'un fonds conséquent. Donc, il faut compter sur Dieu et sur nous-mêmes.

Par Fatim Djamila
transcrite par Fané N’facoro

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous