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Politique Publié le samedi 27 mars 2010 | Notre Voie

Déstabilisation de la Côte d`Ivoire : Vers des troubles à la MACA

Après son appel à l'insurrection qui s'est soldé par des pertes en vies humaines, des blessés graves et le saccage de biens publics et privés, le RHDP veut remettre çà. Mais cette fois, à partir de la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (MACA) où des actes seraient posés pour fâcher les prisonniers et obtenir des troubles. A la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (MACA), certains détenus ne cachent plus leur colère. Ils veulent déterrer la hache de guerre pour obtenir le limogeage du directeur de cette prison. Raison ? «Ici, depuis un certain temps, les repas ressemblent à la bouse de vache. Les réseaux d'assainissement sont bouchés. L'infirmerie est vide.

La plupart des prisonniers sont des malades ambulants. Et les plus jeunes, filles et garçons, se tournent les pouces, faute d'ateliers pour apprendre un métier», explique un groupe de prisonniers rencontrés mardi dernier. Avant de poursuivre : «Le directeur évoque le manque de moyens financiers pour justifier l'état de délabrement notoire dans lequel se trouve le plus grand établissement pénitencier de Côte d'Ivoire. Et pourtant, depuis bientôt 36 mois, il est perçu ici à la MACA un droit d'entrée de 300 FCFA par visiteur mardi, jeudi et samedi. Sans compter les frais de consigne des objets tels que les téléphones portables, les appareils photos, etc., dont l'accès n'est pas autorisé. Ces frais là varient de 200 à 500 FCFA», indiquent-ils. Selon les calculs des prisonniers en colère, pour un effectif de 5.300 prisonniers, il est enregistré en moyenne 2.000 visiteurs par jour de visite. Soit 6.000 visiteurs par semaine, ce qui donnerait environ 7.200.000 FCFA à 8 millions de FCFA de recettes par mois. Ces recettes ramenées à l'année, donnent environ 96 millions de FCFA. «Si une partie, soit 30 %, de cette somme est affectée à l'entretien de la MACA et des détenus, les conditions de vie s'en trouveraient largement améliorées. Ce ne serait que justice dans la mesure où ce sont nos parents, amis et connaissances qui déboursent cet argent. Et cela contribuerait, un tant soit peu, à réduire les graves violations des droits de l'homme que nous vivons ici. Parce qu'aujourd'hui, nous sommes traités dans des conditions pires que celles des animaux», se plaint un des prisonniers. Henri Amouzou Kassi, le cas qui fâche…
Au directeur de la prison rendu responsable de leurs mauvaises conditions d'incarcération, d'autres griefs sont portés. Pour les prisonniers fâchés et certains gardes pénitentiaires qui ont tous également requis l'anonymat, le directeur de la MACA aurait choisi d'un coup, de pratiquer le népotisme et le favoritisme dans la gestion quotidienne de la prison : «Il y a des prisonniers privilégiés qui reçoivent la ration alimentaire mais d'autres par contre sont abandonnés dans la faim. «Pour être mieux traités, les prisonniers sont obligés de mener des actions d'éclats dans l'intérêt de la direction de la Maison d'arrêt et de correction. En contrepartie, ils accèdent aux bonnes grâces du directeur et de son secrétaire», déplorent-ils. Conséquence, aujourd'hui, la MACA rime avec la délation à grande échelle. Les dénonciations calomnieuses sont devenues le lot quotidien des prisonniers. Mettant ainsi gravement leur vie en danger.
Dans cette atmosphère délétère, M. Henri Amouzou Kassi, un des barons de la filière café-cacao incarcéré est accusé de s'être définitivement emparé de la gestion quotidienne de la prison à coup de corruption. «Le directeur de la MACA et son secrétaire sont devenus ses valets attitrés. Toutes les décisions de gestion, sont inspirées du gourou», indiquent certains gardes pénitentiaires pour parler d'Amouzou.

«Si Amouzou ne veut voir personne aux greffes à une certaine heure de la journée, le directeur est tenu de faire vider le local avant cette heure. Ce qui est mis en avant, c'est le règlement. Mais juste après que les lieux ont été «sécurisés», c'est le secrétaire du directeur qui escorte tous les visiteurs de M. Amouzou aux mêmes greffes», racontent les détracteurs du directeur de la prison et de son prisonnier de luxe. Ils révèlent, avec forces arguments, que depuis longtemps, M. Yao Kouassi et son secrétaire organiseraient des sorties nocturnes pour Amouzou qui ne rentrerait qu'au petit matin à la MACA. Vrai ou faux, les faveurs accordés au prisonnier Amouzou ont laissé des traces à la MACA. Par exemple, le local bureau qui lui avait été octroyé, au lendemain de son arrivée dans l'univers carcéral pour lui servir de salle d'audiences, vient d'être aménagé. Il a une porte en vitre et est climatisé. En contre partie, révèlent prisonniers et geôliers, cela s'est fait en échange de terrains bâtis et non bâtis octroyés au directeur de la prison et à son secrétaire, ainsi que de véhicules dont l'entretien et le carburant seraient aux bons soins d'Henri Amouzou Kassi.

Sous ces airs de corruption et de passe-droit, selon les gardes pénitentiaires, le directeur de la prison d'Abidjan, Yao Kouassi, tient son monde. Avec «rigueur». Et comment ? «Chaque lundi matin, il insulte ses agents en réunion, les accuse d'avoir des relations particulières de copinage avec les prisonniers. Il dénonce, en fait, les rapports humains et de bon voisinage qui ont fini par s'installer entre les gardes et certains prisonniers. L'objectif visé est, en réalité, de monter les gardes contre l'ensemble des détenus pour une grande répression», expliquent nos interlocuteurs. A la recherche de troubles politiques ?
En vérité, ce qui se passe à la MACA pourrait être le détonateur d'une déflagration sociale en préparation. Selon les informations en notre possession, le soulèvement populaire visé depuis toujours par le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) vient de trouver à la MACA une terre fertile pour prospérer. Ainsi, à la veille des Assemblées annuelles de la Banque africaine de Développement (BAD), certains idéologues de cette coalition de l'opposition espèrent-ils rendre la Côte d'Ivoire infréquentable. Après plusieurs tentatives, le RHDP n'avait pu franchir, lors des derniers évènements, le portail de la MACA. Il aurait pourtant tenté, dit-on, d'associer les détenus aux manifestations insurrectionnelles, suite à la dissolution, le 12 février dernier, de la Commission électorale indépendante (CEI) et du gouvernement Soro I par le Président Laurent Gbagbo du fait du blocage du processus de sortie de crise en Côte d'Ivoire. Aujourd'hui, ce groupement de partis politiques, rejoint par le Parti ivoirien des Travailleurs (PIT) pour perpétrer la violence, aurait trouvé une oreille attentive dans le milieu carcéral en la personne du directeur de la MACA. Accusé par les prisonniers et certains gardes de la prison d'appliquer à la lettre, les consignes du RHDP, M. Yao Kouassi mènerait la vie dure aux prisonniers pour les pousser à la révolte. En l'absence du régisseur, Yao Kouassi, qui s'est rendu, a-t-on appris, au ministère de la Justice pour des raisons personnelles, nous avons rencontré, hier à la MACA, le chef de son secrétariat, M. Kouassi. «Nous sommes fort étonnés qu'on nous accuse de favoriser M. Amouzou. Tous les prisonniers sont sur le même pied d'égalité. Cette dénonciation calomnieuse vient du fait qu'il y a des problèmes entre les détenus de la filière café-cacao. Le directeur de la prison n'a que faire de leurs problèmes qu'ils ont eus en ville et qu'ils veulent transposer ici en prison. La petite salle a été sollicitée par M. Didier Gbogbou et autres pour qu'elle soit aménagée au soin de M. Amouzou. Nous sommes surpris que cette salle qui cette salle qui est utilisée par tous les détenus sans exception soit aujourd'hui au centre des disputes. Nous n'avons jamais été saisi d'un différend entre eux», a-t-il soutenu en guise de position officielle de la direction de la MACA à propos des accusations portées contre elle.

Koukougnon Zabril
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