Front populaire- Forces nouvelles - Encore des relations conflictuelles entre les principaux signataires de l’Accord politique de Ouagadougou

Au lieu d’activer les mécanismes prévus, pour résoudre ce genre de crises, Fpi et Fn préfèrent s’insulter. En attendant, le processus de sortie de crise est plombé.

Drôles de partenaires pour la sortie de crise

Le Quotidien l’Expression ne croyait pas si bien dire. Gbagbo-Soro : c’est gâté. Cette information qui barrait la «Une » de votre canard préféré le samedi 20 mars a suscité beaucoup de commentaires dans la cité. Mais comme toujours, la vérité finit par éclater au grand jour. Pour ne pas aller à l’affrontement direct, les deux signataires de l’Accord de Ouagadougou ont activé leurs états-majors respectifs qui excellent dans la guerre des mots. La passe d’armes entre la nouvelle porte-parole des Forces nouvelles, Affoussy Bamba, et le Dnc de Gbagbo pour la jeunesse, Blé Goudé, d’une part et les menaces à peine voilées d’Affi Nguessan, d’autre part sont assez évocateurs de la situation conflictuelle entre les tenants de l’exécutif ivoirien.
« Il faut que le Premier ministre ne fasse plus de dilatoire. Que dans les deux mois à venir, il désarme ses combattants, réunifie le pays pour nous permettre d’aller à des élections véritablement transparentes » ainsi s’exprimait vendredi, le président du Fpi, par ailleurs porte-parole du candidat Laurent Gbagbo. Il estime que cela fait trois ans qu’on tourne et qu’on ne va pas vers le désarmement et la réunification du pays. Charles Blé Goudé, de son côté, ne fait que tirer sur le Premier ministre et ses combattants qu’il caressait dans un passé trop récent. A Daloa, samedi, il été très clair : « si les Forces nouvelles ne déposent pas les armes, ce sont les armes qui vont les déposer ». Comme il fallait s’y attendre, l’autre signataire de l’Accord politique de Ouaga ne reste pas insensible aux attaques. Les Fn, elles, s’en tiennent au texte signé dans la capitale burkinabé le 4 mars 2007 qui préconise un désarmement différent du modèle de Marcoussis. Selon l’Apo, les deux armées se mettent ensemble pour sécuriser les élections et encasernent les autres combattants qui ne sont pas retenus pour cette opération. Selon, Affoussy Bamba, « l’Apo ne dit pas que le dernier soldat des Fn doit déposer son arme avant les élections ». Et d’inviter le président du Fpi à la relecture de cet Accord : « si le porte-parole de Gbagbo donne deux mois aux Forces nouvelles pour désarmer, alors même que l’Apo est très clair, je lui demanderais de bien prendre connaissance de cet accord ».

Ne pas oublier l’essentiel
Pourquoi les deux signataires de l’Apo ne se retrouvent pas pour relire ensemble les termes du texte signé sous la facilitation de Blaise Compaoré. Pourquoi ne pas organiser un Cpc ou un Cea pour aplanir les différends. L’audit de la liste électorale, l’âge de Blé Goudé, la recomposition des Cei locales, le désarmement, avant pendant ou après les élections, sont autant de débats puériles qui n’intéressent pas vraiment les Ivoiriens qui voient en tout cela des manœuvres pour ne pas aller aux urnes. Les seuls sujets qui intéressent vraiment le citoyen lambda, c’est quand la reprise du contentieux, c’est quand la date du premier tour ? Dans son écrasante majorité, le peuple attend que le nouveau président de la Commission électorale indépendante, Youssouf Bakayoko, reprenne le travail là où Mambé l’avait laissé. Tout le reste n’est que du vent, rien que du vent pour ne pas aller aux urnes. Le Fpi et Forces nouvelles ont scellé un accord pour offrir des élections à la Côte d’Ivoire. Point barre. Nul n’a que faire de leurs palabres de chiffonniers.
Traoré M. Ahmed