Affaire ’’enseignant voleur de thèse’’ - Kouassi Komenan écope de 6 mois de prison

La justice a finalement reconnu l’enseignant voleur de thèse et de Mba coupable des faits qui lui sont reprochés et l’a condamné à 6 mois de prison.

Six mois après l’éclatement de l’affaire relative à l’Affaire ’’l’enseignant voleur de thèse’’ et de Master, la justice a tranché hier. Elle a reconnu Kouassi Komenan coupable des faits qui lui sont reprochés et l’a condamné à six mois de prison fermes, assortis d’une amende de 200.000 Fcfa pour l’Etat de Côte d’Ivoire, 2 millions Fcfa pour Kouassi Komenan, propriétaire du Mba et 1.000.000 Fcfa pour Lida Dali Serge, assistant au département de sociologie de l’Université de Cocody. Vu que le coupable est incarcéré à la Maca depuis le 23 septembre 2009, il ne lui reste qu’à remplir les formalités pour regagner son domicile. Mais il faut dire que le juge Tohouli Cécile n’aura pas eu fort à faire puisque lors du procès du 8 mars, le coupable avait reconnu les faits et demandé pardon aux victimes ainsi qu’au parquet. Kouassi Komenan avait reconnu avoir gardé par devers lui le Mba de son homonyme Kouassi Komenan et la thèse de Lida Dali. Le faussaire avait à cet effet expliqué que son ambition était de faire partie du monde des enseignants du supérieur. Mais n’ayant pas eu le Diplôme d’étude approfondie (Dea), il lui fallait le master qui est un diplôme de niveau Bac +5, l’équivalent du Dea. C’est après avoir acquis frauduleusement le Mba que le fondateur de Sup-Management a trouvé l’idée ’’de refaire la couverture de la thèse de Lida Dali’’. Le faux docteur avait alors soutenu au barreau qu’il avait posé cet acte ’’parce qu’il trouvait la recherche intéressante et les données d’actualité’’. Son avocat avait, à cette occasion, tenté d’expliquer l’acte de son client par l’obsession d’une ambition. Toute chose qui avait permis aux avocats des plaignants d’exiger des amendes de 10 et 30 millions Fcfa respectivement pour le banquier Komenan Kouassi et Lida Dali Serge, l’enseignant. Mais finalement, la position de l’épouse du fraudeur (elle est substitut du procureur au tribunal de 1ère instance du Plateau, Ndlr) aura joué en sa faveur.

Les origines de l’affaire

« Kouassi Komenan, fondateur de la grande école Sup-Management, avait été recruté par la commission nationale de recrutement des enseignants du supérieur comme enseignant à l’Ufr des sciences économiques et de gestion en sa session d’octobre 2007. L’homme avait déposé un dossier de candidature en bonne et due forme. La commission qui ne lit pas la thèse, parce que celui qui l’a soutenu l’a fait devant un jury, a émis un avis favorable de recrutement. C'est donc ce dossier qui est arrivé à la commission de recrutement en sa session du 17 octobre. Et puisqu'il n'y avait pas d'anomalie sur le dossier, la commission a accepté la candidature de Kouassi Komenan. Mais M. Komenan n'a jamais passé le doctorat. Il n'est même pas certain qu'il ait le bac », avait récemment déploré le ministre Cissé Bacongo, lors d’une conférence de presse. Il avait de ce fait expliqué que M. Dali, qui a fait sa thèse en France, était passé à Abidjan pour des compléments d’information. «C'est ainsi qu'il a rencontré une connaissance à M. Komenan qui a conseillé au directeur de Sup management de prendre Lida Serge comme vacataire. M. Kouassi a donc exigé que Lida lui envoie un dossier pour qu'il apprécie son niveau. Ce qu'il a fait. Son dossier comprenait un Cv et une attestation qui prouve qu'il est inscrit en thèse. Expliquant qu'il est en relation avec de nombreuses universités de l'extérieur et pour la crédibilité de sa structure, il a souhaité un exemplaire de la thèse de Lida. Lida a satisfait à cette exigence. C'est ce document qu'il a photocopié ou scanné. Et entre temps, KK était en contact avec Erkik Abdel Salam qui est le responsable d’un établissement privé au Maroc. M. Komenan a donc tout simplement remplacé le nom de Dali Lida par le sien et désigné Erkik Abdel Salam comme son directeur de thèse. Mais n'ayant pas le niveau, il n'a jamais pu se présenter pour donner les cours. Il s’est fait remplacer par quelqu’un qui est enseignant dans son établissement», a expliqué le ministre.
Le Dr Bacongo qui avait reçu les deux volumes de thèses révèle que le mis en cause n’a pas fait dans la dentelle. «Dans sa dédicace, Lida écrit: A mon père Isaac. Kouassi Komenan écrit également à mon père Isaac. Lida écrit à ma mère cette étrangère, Kouassi Komenan écrit à ma mère cette étrangère. C'est dire qu'il n'a rien laissé», a affirmé le ministre qui a ajouté que l’on s’est rendu compte que le mis en cause avait deux Cv. «Il y a le Cv où il dit avoir soutenu sa thèse en Floride en 2004, et dans un second où il a soutenu sa thèse en 2007. Par mesure conservatoire, nous avons décidé de fermer son établissement. Si l'enquête qui va s'ouvrir établi qu'il n'est coupable de rien, il sera rétabli dans ses droits », avait soutenu le ministre. L’enquête a finalement révélé que l’homme est un faussaire qui mérite d’être gardé à la Maca pour 6 mois seulement.

Touré Yelly