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Société Publié le mercredi 31 mars 2010 | Le Nouveau Navire

Dossier de la semaine - Logement et habitat : Un fléau à Abidjan

La question de l`habitat et de l`urbanisme se pose avec acuité à Abidjan aujourd`hui. Comment les populations vivent-elles ce fléau ? Quel est l`apport des structures immobilières et quelle devrait être la politique de l`Etat en la matière ?

Le constat est sans commentaire. Abidjan, la capitale économique de la Côte d`Ivoire a enregistré ces dernières années un peuplement vertigineux. En moins d`une décennie, la population est passée du simple au double. Les causes de ce surpeuplement résident sans nul doute dans deux principaux facteurs : la guerre du Libéria voisin et celle de la Côte d`Ivoire. Il faut le dire net. Au cours des hostilités du pays de William Tolbert, hostilités nées sous Samuel Doé, les Libériens ont massivement convergé à l`Ouest de la Côte d`Ivoire et à Abidjan, la capitale du pays. Alors qu`Abidjan n`avait pas encore fini d`accueillir `` ses hôtes ``, éclatait la fratricide guerre ivoirienne. Dès cet instant, avant le retour de la confiance, assez d`Ivoiriens ont plié bagage pour Abidjan. Ainsi, d`Abobo à Treichville, de Koumassi à Port-bouët, de Yopougon à Angré, toutes les communes du district ont été surpeuplées.

Les corollaires
Ce qui saute tout de suite aux yeux, c`est sans doute la cherté de la vie. Même si les populations ne le décrient pas tambour battant, force est de reconnaitre que le surpeuplement de la ville d`Abidjan, a engendré une extraordinaire cherté de l`existence quotidienne. Les difficultés sont encore plus perspectibles au niveau des habitations et logements. En effet, depuis que l`offre est devenue inférieure à la demande, les coûts des logements ont enregistré des hausses incroyables. Dans les communes centres comme Adjamé, Treichville, Koumassi, Marcory, Plateau, Attécoubé, les maisons sont chères. Par exemple dans les cours communes, les habitations souvent appelées "entrée-coucher", varient entre 12000 et 15000 fcfa. Les studios sont entre 25 et 30 000 fcfa, quand les " deux pièces" sont entre 20 et 25000 fcfa. Tous ces coûts ont été doublés ces dernières années. Dans les quartiers huppés comme Angré ou Cocody, les studios sont excessivement chers, autant que les villas. Dans les quartiers périphériques comme Abobo ou Port-bouët où il y `a des baraques, l`on note un léger avantage du fait qu`il y a encore de nouvelles constructions. Dans tous les cas de figure, le dénominateur commun reste invariable : d`un quartier à l`autre, toutes les maisons sont sur habitées. Il n`est pas souvent rare de voir deux familles cohabiter dans une trois pièces. L`on dénombre souvent plus de cinq personnes dans une "entrées-coucher". Dans les chambres-salons et autres villas, la problématique des "tard-tôt" a toute sa signification. Ce sont en effet ceux qui occupent les salons. Ils sont obligés de se coucher tard, après tout le monde, et se réveiller très tôt avant tout le monde pour ne pas se faire marcher dessus.

L`apport des structures immobilières
Les entreprises étatiques
Au lendemain des indépendances, c`est-à-dire dans les années 1960, Félix Houphouët Boigny, le père-fondateur de la nation ivoirienne a pensé à ce problème. C`est pourquoi, des sociétés immobilières comme Sicogi, Mirador et autres ont été créées. Beaucoup d`Ivoiriens ont bénéficié de leur savoir-faire. Ces structures étatiques ont, en effet, logé un nombre impressionnant d`Abidjanais. A un moment donné, elles ont montré leur limite, tant elles étaient débordées par les demandes croissantes.

Les structures privées
Elles sont nombreuses. De la SIPIM à EICER en passant par Promogim et bien d`autres structures, elles ambitionnent toutes garantir des logements décents aux Abidjanais. Mais ici, ce qu`il faut surtout noter, c`est que les coûts de leurs produits ne sont pas à la portée des économiquement faibles. En clair, il faut avoir une surface financière suffisamment large pour espérer pouvoir souscrire à une opération immobilière. Consciente des difficultés actuelles qui frappent tout le monde, une structure tente le social. Il s`agit de EICER-SARL dont le Dg est M. Koffi Jean. Dès sa création en 2001, cette entreprise s`est fixée des objectifs comme : l`habitat pour tous, la satisfaction de la demande en logements de plus en plus croissante et la reconstruction nationale post-crise. De fait, elle a lancé son vaste projet immobilier de 2000 logements en plusieurs programmes sur dix ans. Elle offre des logements économiques, sociaux et haut-standings, sur des surfaces allant de 150 m2 à 750 m2. Ses programmes sont entre autres la Résidence de la Celle à Bingerville, Ariane à Port-Bouët et Hibiscus à Yopougon. Afin d`offrir un toit à chacun, EICER s`approche des populations par tous les moyens. On se souvient de la signature de Convention le 11 janvier 2008 avec le Syndicat des médecins, pharmaciens, chirurgiens, dentistes non enseignants de Côte d`Ivoire (Symephadene-CI) pour la construction des logements de leurs membres sur le site des Résidences de la Celle. Cette opération porte sur 320 logements et s`ouvre à tout le monde, outre les souscripteurs du Symephadene-CI. Selon M. Koffi Jean, la première tranche de cette opération sera livrée cette année.
Ce que devrait être la politique de l`Etat en la matière.

Les spécialistes sont unanimes : il n`y a pas de vraie politique étatique en la matière. S`il y en avait, soutiennent-ils, le gouvernement aurait incité les promoteurs à la promotion sociale d`une part, et les banques d`autre part à faire assez d`ouvertures pour les promoteurs locaux, de sorte que ceux-ci se penchent véritablement sur le social. En clair, les promoteurs estiment qu`il y a une absence de politique gouvernementale en la matière. Sous le sceau de l`anonymat, l`un d`entre eux s`est voulu précis en ces termes : « (…) Le problème relève de la politique gouvernementale. Celle-ci doit aller jusqu`au financement des projets immobiliers. Tant qu`il n`en serait pas ainsi, les promoteurs ne pourront pas construire le nombre de logements susceptibles d`abriter les populations ".

Toutefois, il faut reconnaitre que l`Etat tente d`apporter ce qu`il peut. A preuve, un ministre de l`Habitat et de l`Urbanisme a toujours existé pour réguler les choses. Ce département n`a jamais peut-être prévu le débordement humain de ces derniers temps à Abidjan. Or, gouverner, c`est prévoir. Et un secteur aussi sensible doit toujours être sur le qui -vive. Avec le retour à la paix depuis l`Accord politique de Ouaga, les promoteurs pensent que les choses devraient pouvoir aller dans le bon sens. Espérons-le pour le bonheur de ceux qui veulent s`offrir un toit.

Koné Seydou
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