Le 26 mars dernier, les lampions se sont éteints sur les journées commémoratives des victimes de mars 2004. Nous avons rencontré Mme Désirée Anne Ouloto, secrétaire nationale du RDR, chargée de la Solidarité. Dans cet entretien, elle nous parle du bilan de ces journées et du régime liberticide de Laurent Gbagbo. Interview.
Quel bilan faites-vous des journées commémoratives des victimes des évènements de mars 2004 ?
Nous avons, à l’occasion de cette 6ème année, voulu donner un cachet particulier à ces journées commémoratives de mars 2004. Mais, au-delà de ces journées, nous avons voulu faire un retour en arrière. Notamment, sur les 10 années d’exercice de pouvoir par le Front populaire ivoirien. Au fond, nous nous sommes rendus compte que depuis leur accession au pouvoir en 2000, il y a eu beaucoup de morts. Nous avons essayé de comprendre pourquoi il y a eu tant de morts. C’est la raison pour laquelle nous avons étendu ces journées commémoratives à tous ces morts que nous avons enregistrés de 2000 à 2010. L’enjeu était vraiment important et je puis vous assurer que nous en sommes parfaitement satisfaits. Le bilan est bon. Parce qu’au total nous avons compris que le FPI est loin d’être un régime démocratique, il propose aux Ivoiriens une dictature qui est établie. La conséquence sur la vie des Ivoiriens et sur la population, c’est ce mal être généralisé duquel nous sommes tous victimes aujourd’hui. Ce sont ces violations graves des droits de l’homme. Ce sont ces milliers de morts que nous n’arrivons même pas à dénombrer. C’est cet embrigadement de la presse, ces conditions de travail des journalistes extrêmement difficiles. C’est cette crise de confiance généralisée qui caractérise aujourd’hui les relations entre les leaders politiques de la Côte d’Ivoire. C’est cette mauvaise gouvernance, la paupérisation galopante. Ce sont les déchets toxiques, c’est le délestage, la pénurie d’eau. C’est vraiment la désolation et le désespoir pour la Côte d’Ivoire. C’est cela le bilan que nous faisons de ces journées commémoratives des évènements de mars 2004.
Mme la secrétaire nationale, le FPI, le régime de Gbagbo Laurent a tué. Il vient encore de commettre des tueries à la faveur des récentes manifestations du Rhdp. Certainement qu’il en tuera encore. Est-ce que vous allez continuer d’accepter cette prise en otage ou est-ce que vous avez vraiment la volonté d’en sortir ? Si tel est que vous voulez-vous en sortir, comment allez-vous y prendre ?
Vous trouverez la réponse, à cette question dans l’acte posé récemment par le RHDP duquel nous nous réclamons tous. Le RHDP a saisi le représentant spécial du secrétaire général de l’Onu pour porter une plainte contre ces nombreuses tueries et contre ces graves violations des droits de l’homme. Cela veut dire qu’au niveau du RHDP, nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout de ce combat. Il faut faire en sorte que l’impunité prenne fin. Et que les responsabilités soient situées pour que ceux qui ont commis des actes ignobles et honteux pour la Côte d’Ivoire, payent. Ce n’est pas de la vengeance mais c’est dans l’ordre normal des choses pour que nous puissions aboutir à un état normal, à une vie normale en Côte d’Ivoire, il faut mettre le doigt sur ce qui s’est passé et que les uns et les autres se rendent compte que les responsabilités sont situées. Et que les sanctions soient prises pour que plus jamais, on assiste à de telles choses dans ce pays. Qu’on ne donne plus la mort à autrui. Dans aucune religion vous allez voir que donner la mort à autrui est prescrite. Donner la mort à autrui n’est prescrite nulle part, sauf en sorcellerie. Maintenant que le FPI envoie la sorcellerie dans la politique, ça devient dangereux. Ça veut dire qu’il faut combattre les sorciers politiques. Mais pour combattre ces sorciers politiques, il faut que le RHDP et les Ivoiriens épris de paix et de démocratie se lèvent et se mettent ensemble.
Quand il y a eu des tueries en Guinée la communauté internationale a réagi aussitôt. Mais en Côte d’Ivoire, 6 ans après ces tueries de 2004, il n’y a toujours rien. Est-ce qu’il y a eu un suivi dans le cas de la Côte d’Ivoire ? Est-ce que vous pouvez rassurez les parents des victimes et les Ivoiriens que la plainte déposée devant le conseil de sécurité, sera suivie comme il se doit ?
C’est pour cela que je vous parle de sorcellerie politique. Personne ne peut comprendre pourquoi l’enquête qui a été diligenté ici par l’Onu est restée sans suite. Je suis convaincue que ceux qui nous dirigent sont des sorciers politiques.
Vous ne pensez pas que les responsables politiques de l’opposition n’ont pas assez bougé pour faire avancer le dossier ?
Alors on va commencer à bouger, on va faire plus que ce qu’on a fait. On avait déjà pris certaines dispositions. On avait saisi certaines institutions internationales. On s’était même mis à la disposition des enquêteurs de l’Onu qui avaient rencontré des chefs religieux etc.
On ne peut donc pas dire que le RHDP n’a pas suivi ce dossier. Nous avons suivi ce dossier. Mais n’oubliez pas que dans le même temps, nous sommes engagés dans le processus de paix. Donc pour nous, ce dossier devait suivre son cours normal mais n’était pas forcément une priorité. Mais compte tenu du fait que six ans plus tard, le FPI continue de tuer, il est donc temps pour que ce dossier devienne prioritaire. Voilà pourquoi nous avons organisé ces journées commémoratives pour dire "attention !".
Quel est aujourd’hui l’état d’âme des victimes ? Ne se plaignent-elles pas des responsables du RHDP ?
Pourquoi les victimes se plaindraient-elles de nous ? Vous les avez vus à nos côtés depuis le dépôt de gerbe de fleurs. Elles partaient le même langage que nous. Ces victimes répondent du RHDP. Ces victimes décédées dans les rangs du RDR ont été élevées au grade de commandeur dans l’ordre républicain. Les parents des victimes et les victimes sont en phase avec la direction du parti. Nous n’avons aucun problème à ce niveau. Il ne faut pas déplacer le débat. Le problème est que Gbagbo Laurent et sa minorité présidentielle ont introduit la sorcellerie politique en Côte d’Ivoire. Et c’est contre cette sorcellerie politique que nous devons nous élever. Aujourd’hui les Ivoiriens sont comme envoutés. Il y a de graves violations, de droits de l’homme et rien ne se passe. Est-ce que vous pensez que c’est une situation normale ? Il y a un problème il faut qu’on aille jusqu’au bout de ce problème.
Est-ce que vous pensez qu’à l’issue de ces 3 journées vous avez été entendus véritablement ?
Ceux qui ont des oreilles pour entendre ont entendu. Ceux qui n’ont pas d’oreille pour entendre on va déboucher leurs oreilles et ils vont finir par entendre. Mais je pense qu’au niveau du RHDP, nous avons la satisfaction d’avoir fait ce que nous avions à faire. C’est-à-dire rappeler à l’opinion nationale et internationale que nous sommes victimes d’une minorité, au pouvoir qui s’est transformée en dictature.
Nous avons appris que le procureur militaire, Ange Kessy aurait signifié une convocation au président de directoire, Djédjé Mady qui serait entendu dans 2 semaines. Qu’est-ce que cela vous dit que M. Djédjé Mady soit entendu dans le cadre de cette manifestation ?
Si Djédjé Mady est entendu dans ce cadre de cette manifestation, je pense que c’est un commencement d’enquête ou un sursaut d’orgueil de ces responsables du monde militaire pour qu’enfin, les uns et les autres soient entendus. Donc, je souhaite que les anciens ministres de la Défense soient entendus. Je veux parler de Lida Kouassi et Bertin Kadet. Et que tous ceux qui ont été mêlés de près ou de loin à toutes les tueries auxquelles nous avons eu droit en Côte d’Ivoire, soient entendus, tout comme le ministre Désiré Tagro. On entend de voir jusqu’où ils vont aller. Il ne faudrait pas que la justice soit sélective. De toute façon, Djédjé Mady n’a absolument rien à se reprocher.
Est-ce que les prochaines années la cérémonie des journées commémoratives auront lieu dans d’autres villes de l’intérieur du pays ?
Je ferai cette proposition à la direction du RDR qui pourrait en parler au Rhdp. Dans tous les cas de figure, ces évènements, ces martyrs et tous ces morts nous n’allons jamais les oublier. Le président Ouattara a dit à la cérémonie de clôture que nous avons un devoir de mémoire vis-à-vis de tous les disparus. Nous allons donc donner toutes les formes qu’il serait possible de dormir à l’intérieur de la Côte d’Ivoire, à Abidjan etc.
Est-ce que vous êtes véritablement satisfait aux termes de ces 3 journées au cours desquels vous avez entendu des conférences, des témoignages et l’hommage des victimes ?
Je suis relativement satisfaite. Car ces trois journées n’ont malheureusement pas permis de réveiller ces nombreuses personnes tuées par le Fpi. Mais nous avons la satisfaction d’avoir accompli notre devoir. Nous avons enregistré une nette satisfaction parce que nous espérons avoir apporté notre contribution à la sensibilisation des Ivoiriens et à la prise de responsabilité des dirigeants du Rhdp. Pour leur dire que ce qui se passe en Côte d’Ivoire depuis pratiquement 10 ans, est grave et dangereux pour le pays. Et ensuite à la sensibilisation générale de tous les Ivoiriens. Pour leur dire que ce qui est arrivé au RHDP peut leur arriver demain. Il suffit seulement d’être dans le camp de ceux qui sont capables de dire à Laurent Gbagbo : "attention tu es un dictateur". C’est pour cela qu’il faut faire attention. Dès lors qu’on ne parle plus de démocratie et de protection de droit de l’homme, le peuple est en danger.
Vous tenez absolument qu’il y ait justice. Ne pensez-vous pas que ce discours que vous tenez va conforter Laurent Gbagbo dans sa voie de confiscation du pouvoir ?
Ce serait dommage pour lui. Parce qu’au-delà de la justice des hommes, il y a la justice divine en laquelle nous croyons profondément. Si l’être humain que nous sommes n’a pas peur de la justice des hommes, j’invite Laurent Gbagbo à craindre la justice divine. Parce que tôt ou tard elle nous rattrape. Au nom de cette justice divine je sais qu’un jour, il prendra conscience de ce que les Ivoiriens ont vécu. C’est pour cela que je reste confiante.
Nous tendons vers la période indiquée pour les élections. C’est-à-dire fin avril-début mai. Par rapport à tous ce qui se passe et ce qui se dit, il sera difficile de tenir cette période. Est-ce qu’on ne va pas assister à d’autres victimes d’autres marches que fera certainement le RHDP ?
Vous me posez une question à laquelle seule Laurent Gbagbo à la réponse. Mon père me disait que quand tu dis que tu as peur de rencontrer le sorcier c’est tout simplement parce que tu es impuissant. Le Fpi est un sorcier politique. C’est parce qu’on ne comprend absolument rien à ce qui se passe actuellement. Il y a quelques mois on nous a parlé du problème Mambé. Il y a eu une double dissolution du gouvernement et de la CEI. Les Ivoiriens avaient pensé, que c’était réglé et que c’était cela le point du problème. Sitôt sorti de cette double dissolution et aussitôt que la réinstallation de la CEI a eu lieu par l’un de leur cacique, le président de la constitutionnel, M. Paul Yao N’Dré, sous le regard vigilant de Blé Goudé, Sokouri Bohui, du directeur national de campagne de Gbagbo, Issa Malick etc. (qui ont béni cette cérémonie par leur présence), on entendu tout de suite dire : "il faut auditer la liste provisoire ». Ensuite, « il faut reprendre les élections dans les CEI locales ». Après, c’est le problème désarmement et la réunification du pays. On finira par nous dire que Ouattara porte des lunettes ou que Bédié s’habille en saharienne. C’est pour dire que finalement, on tourne en rond. Si ce n’est pas la sorcellerie comment comprendre ce qui se passe ? Ce qui arrive à la Côte d’Ivoire c’est qu’on a mis des sorciers politiques à sa tête. Je vous assure qu’il faut les attaquer comme on s’attaque à des sorciers. C’est-à-dire sans pitié.
Réalisée par
Jean-Claude Coulibaly
Quel bilan faites-vous des journées commémoratives des victimes des évènements de mars 2004 ?
Nous avons, à l’occasion de cette 6ème année, voulu donner un cachet particulier à ces journées commémoratives de mars 2004. Mais, au-delà de ces journées, nous avons voulu faire un retour en arrière. Notamment, sur les 10 années d’exercice de pouvoir par le Front populaire ivoirien. Au fond, nous nous sommes rendus compte que depuis leur accession au pouvoir en 2000, il y a eu beaucoup de morts. Nous avons essayé de comprendre pourquoi il y a eu tant de morts. C’est la raison pour laquelle nous avons étendu ces journées commémoratives à tous ces morts que nous avons enregistrés de 2000 à 2010. L’enjeu était vraiment important et je puis vous assurer que nous en sommes parfaitement satisfaits. Le bilan est bon. Parce qu’au total nous avons compris que le FPI est loin d’être un régime démocratique, il propose aux Ivoiriens une dictature qui est établie. La conséquence sur la vie des Ivoiriens et sur la population, c’est ce mal être généralisé duquel nous sommes tous victimes aujourd’hui. Ce sont ces violations graves des droits de l’homme. Ce sont ces milliers de morts que nous n’arrivons même pas à dénombrer. C’est cet embrigadement de la presse, ces conditions de travail des journalistes extrêmement difficiles. C’est cette crise de confiance généralisée qui caractérise aujourd’hui les relations entre les leaders politiques de la Côte d’Ivoire. C’est cette mauvaise gouvernance, la paupérisation galopante. Ce sont les déchets toxiques, c’est le délestage, la pénurie d’eau. C’est vraiment la désolation et le désespoir pour la Côte d’Ivoire. C’est cela le bilan que nous faisons de ces journées commémoratives des évènements de mars 2004.
Mme la secrétaire nationale, le FPI, le régime de Gbagbo Laurent a tué. Il vient encore de commettre des tueries à la faveur des récentes manifestations du Rhdp. Certainement qu’il en tuera encore. Est-ce que vous allez continuer d’accepter cette prise en otage ou est-ce que vous avez vraiment la volonté d’en sortir ? Si tel est que vous voulez-vous en sortir, comment allez-vous y prendre ?
Vous trouverez la réponse, à cette question dans l’acte posé récemment par le RHDP duquel nous nous réclamons tous. Le RHDP a saisi le représentant spécial du secrétaire général de l’Onu pour porter une plainte contre ces nombreuses tueries et contre ces graves violations des droits de l’homme. Cela veut dire qu’au niveau du RHDP, nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout de ce combat. Il faut faire en sorte que l’impunité prenne fin. Et que les responsabilités soient situées pour que ceux qui ont commis des actes ignobles et honteux pour la Côte d’Ivoire, payent. Ce n’est pas de la vengeance mais c’est dans l’ordre normal des choses pour que nous puissions aboutir à un état normal, à une vie normale en Côte d’Ivoire, il faut mettre le doigt sur ce qui s’est passé et que les uns et les autres se rendent compte que les responsabilités sont situées. Et que les sanctions soient prises pour que plus jamais, on assiste à de telles choses dans ce pays. Qu’on ne donne plus la mort à autrui. Dans aucune religion vous allez voir que donner la mort à autrui est prescrite. Donner la mort à autrui n’est prescrite nulle part, sauf en sorcellerie. Maintenant que le FPI envoie la sorcellerie dans la politique, ça devient dangereux. Ça veut dire qu’il faut combattre les sorciers politiques. Mais pour combattre ces sorciers politiques, il faut que le RHDP et les Ivoiriens épris de paix et de démocratie se lèvent et se mettent ensemble.
Quand il y a eu des tueries en Guinée la communauté internationale a réagi aussitôt. Mais en Côte d’Ivoire, 6 ans après ces tueries de 2004, il n’y a toujours rien. Est-ce qu’il y a eu un suivi dans le cas de la Côte d’Ivoire ? Est-ce que vous pouvez rassurez les parents des victimes et les Ivoiriens que la plainte déposée devant le conseil de sécurité, sera suivie comme il se doit ?
C’est pour cela que je vous parle de sorcellerie politique. Personne ne peut comprendre pourquoi l’enquête qui a été diligenté ici par l’Onu est restée sans suite. Je suis convaincue que ceux qui nous dirigent sont des sorciers politiques.
Vous ne pensez pas que les responsables politiques de l’opposition n’ont pas assez bougé pour faire avancer le dossier ?
Alors on va commencer à bouger, on va faire plus que ce qu’on a fait. On avait déjà pris certaines dispositions. On avait saisi certaines institutions internationales. On s’était même mis à la disposition des enquêteurs de l’Onu qui avaient rencontré des chefs religieux etc.
On ne peut donc pas dire que le RHDP n’a pas suivi ce dossier. Nous avons suivi ce dossier. Mais n’oubliez pas que dans le même temps, nous sommes engagés dans le processus de paix. Donc pour nous, ce dossier devait suivre son cours normal mais n’était pas forcément une priorité. Mais compte tenu du fait que six ans plus tard, le FPI continue de tuer, il est donc temps pour que ce dossier devienne prioritaire. Voilà pourquoi nous avons organisé ces journées commémoratives pour dire "attention !".
Quel est aujourd’hui l’état d’âme des victimes ? Ne se plaignent-elles pas des responsables du RHDP ?
Pourquoi les victimes se plaindraient-elles de nous ? Vous les avez vus à nos côtés depuis le dépôt de gerbe de fleurs. Elles partaient le même langage que nous. Ces victimes répondent du RHDP. Ces victimes décédées dans les rangs du RDR ont été élevées au grade de commandeur dans l’ordre républicain. Les parents des victimes et les victimes sont en phase avec la direction du parti. Nous n’avons aucun problème à ce niveau. Il ne faut pas déplacer le débat. Le problème est que Gbagbo Laurent et sa minorité présidentielle ont introduit la sorcellerie politique en Côte d’Ivoire. Et c’est contre cette sorcellerie politique que nous devons nous élever. Aujourd’hui les Ivoiriens sont comme envoutés. Il y a de graves violations, de droits de l’homme et rien ne se passe. Est-ce que vous pensez que c’est une situation normale ? Il y a un problème il faut qu’on aille jusqu’au bout de ce problème.
Est-ce que vous pensez qu’à l’issue de ces 3 journées vous avez été entendus véritablement ?
Ceux qui ont des oreilles pour entendre ont entendu. Ceux qui n’ont pas d’oreille pour entendre on va déboucher leurs oreilles et ils vont finir par entendre. Mais je pense qu’au niveau du RHDP, nous avons la satisfaction d’avoir fait ce que nous avions à faire. C’est-à-dire rappeler à l’opinion nationale et internationale que nous sommes victimes d’une minorité, au pouvoir qui s’est transformée en dictature.
Nous avons appris que le procureur militaire, Ange Kessy aurait signifié une convocation au président de directoire, Djédjé Mady qui serait entendu dans 2 semaines. Qu’est-ce que cela vous dit que M. Djédjé Mady soit entendu dans le cadre de cette manifestation ?
Si Djédjé Mady est entendu dans ce cadre de cette manifestation, je pense que c’est un commencement d’enquête ou un sursaut d’orgueil de ces responsables du monde militaire pour qu’enfin, les uns et les autres soient entendus. Donc, je souhaite que les anciens ministres de la Défense soient entendus. Je veux parler de Lida Kouassi et Bertin Kadet. Et que tous ceux qui ont été mêlés de près ou de loin à toutes les tueries auxquelles nous avons eu droit en Côte d’Ivoire, soient entendus, tout comme le ministre Désiré Tagro. On entend de voir jusqu’où ils vont aller. Il ne faudrait pas que la justice soit sélective. De toute façon, Djédjé Mady n’a absolument rien à se reprocher.
Est-ce que les prochaines années la cérémonie des journées commémoratives auront lieu dans d’autres villes de l’intérieur du pays ?
Je ferai cette proposition à la direction du RDR qui pourrait en parler au Rhdp. Dans tous les cas de figure, ces évènements, ces martyrs et tous ces morts nous n’allons jamais les oublier. Le président Ouattara a dit à la cérémonie de clôture que nous avons un devoir de mémoire vis-à-vis de tous les disparus. Nous allons donc donner toutes les formes qu’il serait possible de dormir à l’intérieur de la Côte d’Ivoire, à Abidjan etc.
Est-ce que vous êtes véritablement satisfait aux termes de ces 3 journées au cours desquels vous avez entendu des conférences, des témoignages et l’hommage des victimes ?
Je suis relativement satisfaite. Car ces trois journées n’ont malheureusement pas permis de réveiller ces nombreuses personnes tuées par le Fpi. Mais nous avons la satisfaction d’avoir accompli notre devoir. Nous avons enregistré une nette satisfaction parce que nous espérons avoir apporté notre contribution à la sensibilisation des Ivoiriens et à la prise de responsabilité des dirigeants du Rhdp. Pour leur dire que ce qui se passe en Côte d’Ivoire depuis pratiquement 10 ans, est grave et dangereux pour le pays. Et ensuite à la sensibilisation générale de tous les Ivoiriens. Pour leur dire que ce qui est arrivé au RHDP peut leur arriver demain. Il suffit seulement d’être dans le camp de ceux qui sont capables de dire à Laurent Gbagbo : "attention tu es un dictateur". C’est pour cela qu’il faut faire attention. Dès lors qu’on ne parle plus de démocratie et de protection de droit de l’homme, le peuple est en danger.
Vous tenez absolument qu’il y ait justice. Ne pensez-vous pas que ce discours que vous tenez va conforter Laurent Gbagbo dans sa voie de confiscation du pouvoir ?
Ce serait dommage pour lui. Parce qu’au-delà de la justice des hommes, il y a la justice divine en laquelle nous croyons profondément. Si l’être humain que nous sommes n’a pas peur de la justice des hommes, j’invite Laurent Gbagbo à craindre la justice divine. Parce que tôt ou tard elle nous rattrape. Au nom de cette justice divine je sais qu’un jour, il prendra conscience de ce que les Ivoiriens ont vécu. C’est pour cela que je reste confiante.
Nous tendons vers la période indiquée pour les élections. C’est-à-dire fin avril-début mai. Par rapport à tous ce qui se passe et ce qui se dit, il sera difficile de tenir cette période. Est-ce qu’on ne va pas assister à d’autres victimes d’autres marches que fera certainement le RHDP ?
Vous me posez une question à laquelle seule Laurent Gbagbo à la réponse. Mon père me disait que quand tu dis que tu as peur de rencontrer le sorcier c’est tout simplement parce que tu es impuissant. Le Fpi est un sorcier politique. C’est parce qu’on ne comprend absolument rien à ce qui se passe actuellement. Il y a quelques mois on nous a parlé du problème Mambé. Il y a eu une double dissolution du gouvernement et de la CEI. Les Ivoiriens avaient pensé, que c’était réglé et que c’était cela le point du problème. Sitôt sorti de cette double dissolution et aussitôt que la réinstallation de la CEI a eu lieu par l’un de leur cacique, le président de la constitutionnel, M. Paul Yao N’Dré, sous le regard vigilant de Blé Goudé, Sokouri Bohui, du directeur national de campagne de Gbagbo, Issa Malick etc. (qui ont béni cette cérémonie par leur présence), on entendu tout de suite dire : "il faut auditer la liste provisoire ». Ensuite, « il faut reprendre les élections dans les CEI locales ». Après, c’est le problème désarmement et la réunification du pays. On finira par nous dire que Ouattara porte des lunettes ou que Bédié s’habille en saharienne. C’est pour dire que finalement, on tourne en rond. Si ce n’est pas la sorcellerie comment comprendre ce qui se passe ? Ce qui arrive à la Côte d’Ivoire c’est qu’on a mis des sorciers politiques à sa tête. Je vous assure qu’il faut les attaquer comme on s’attaque à des sorciers. C’est-à-dire sans pitié.
Réalisée par
Jean-Claude Coulibaly