Quelles sont les grandes articulations qu`on peut retenir de votre conférence ?
L`hypothèse est que ce qu`on a appelé trop rapidement l`ouverture démocratique était en fait une ouverture au multipartisme, a soulevé de grands espoirs. Au nombre de ces grands espoirs, il y a le changement de la société, la sortie d`un ordre de type patrimonial, l`animation de l`espace public, le problème des libertés. Confronté à la réalité d`aujourd`hui, on peut se poser la question de savoir si aujourd`hui est véritablement, en termes d`ouverture démocratique, mieux que ce qu`il y avait en 1990.
Vingt ans après, que doit-on retenir ?
Ce qu`on retient c`est que la démocratie est un processus et qu`il ne faut pas considérer qu`il y a des pays qui sont mieux pour la démocratie et d`autres ne le sont pas. Il faut considérer que le développement de la démocratie fait partie intégrante des capacités d`épanouissement du peuple. Et qu`elle ne dépend seulement de l`accès aux élections ; c`est n`est pas une réalité arithmétique. La démocratie c`est le système qui produit les élections. Mais en-dessous ou au-delà de la démocratie, il y a la question du consensus qui me semble être une question importante. Parce que dans certaines sociétés, dès lors qu`on est d`accord pour dire qu`on va faire ce qu`on fait, si les parties prenantes sont d`accord on peut fonctionner selon une régulation pacifique. Et en soi, c`est producteur de légitimité.
Vous avez dit, depuis l`ouverture de la démocratie en Côte d`Ivoire que d`espoir ; pourquoi alors de cet espoir, on arrive aujourd`hui à l`illusion dont vous parlez ?
Mais c`est parce que pour faire de la démocratie, il faut des démocrates. C`est un peu la question de l`œuf et de la poule. S`il n`y a pas de démocratie, il n`y a pas de démocrates. Malheureusement, on a eu des gens dont moi-même, qui se sont proclamés démocrates dans les années 1990 parce qu`on pense que s`opposer au parti unique suffisait pour avoir des titres de légitimité. Et quand on a eu le pouvoir, quand ma génération, parce que je considère que les gens qui sont aujourd`hui au pouvoir sont de ma génération, je n`ai pas l`impression qu`on a fait mieux. Ni en terme d`organisation de la société, ni en terme d`organisation de l`école, ni en terme de bonne gouvernance. Et encore moins, en terme de régime des libertés.
Pour vous ces imperfections de la démocratie s`expliquent…
Cela ne s`explique pas comme le disait le jeu des acteurs ; cela s`explique aussi par le fait que très souvent les nécessités de démocratisés ont été conduites en temps de pénuries. Cela s`explique aussi parce que souvent il faut démocratiser en temps de guerre. Par exemple, nous sommes dans une procédure où nous devons régler par soi la question d`un conflit et celle de la citoyenneté, en même temps nous devons actionner les procédures démocratiques. Donc c`est un agenda complètement chargé. Si de part et d`autre nous n`avons pas des dirigeants qui ont l`humilité de comprendre que l`intérêt supérieur de la nation, commande qu`ils mettent une sourdine à leurs ambitions personnelles ; si on n`a pas des dirigeants qui sont suffisamment modestes pour comprendre que la question de la citoyenneté est une question qui doit être gérée de manière équitable, en ce moment c`est la porte ouverte aux exactions et aux frustrations.
En démocratie, la dévolution du pouvoir se fait par élection ; ces élections, on les attend en Côte d`Ivoire depuis longtemps. Pensez-vous que les conditions sont aujourd`hui réunies pour aller à ces élections ?
Pour moi, oui ! Objectivement, tout le monde reconnaît que depuis l`accord de Ouagadougou, le pays est relativement pacifié. Maintenant je suis d`accord pour dire que cette pacification n`est pas réalisée à cent pour cent. Mais le fait réel, c`est qu`aujourd`hui on a une liste électorale qui a été plus ou moins validée par les différents partis jusqu`à une date très récente ; une liste qui a été validée par l`organisation des Nations Unies. Pour moi, c`est une base de travail qui devrait permettre d`aller très rapidement aux élections.
Que faire pour qu`au sortir de l`élection, le vaincu félicite le vainqueur ?
Il faut régler la question en amont. Il faut que celui va perdre l`élection n`ait pas l`impression qu`il a tout perdu. Donc il faut que les principaux acteurs politiques soient rassurés dans leur destin ; c`est pour cela que j`aime à donner l`exemple du président Henri Konan Bédié qui vit en Côte d`Ivoire et qui, pour moi, est une sorte de preuve par la démonstration d`un progrès démocratique. Parce que le fait qu`il soit là avec nous, il dit à chacun de ceux qui veulent être au pouvoir ou de s`y tenir qu`il arrivera un moment où ils ne seront plus au pouvoir et qu`il faut l`assumer en toute dignité.
Propos retranscrits, sur Onuci Fm, par Bidi Ignace
L`hypothèse est que ce qu`on a appelé trop rapidement l`ouverture démocratique était en fait une ouverture au multipartisme, a soulevé de grands espoirs. Au nombre de ces grands espoirs, il y a le changement de la société, la sortie d`un ordre de type patrimonial, l`animation de l`espace public, le problème des libertés. Confronté à la réalité d`aujourd`hui, on peut se poser la question de savoir si aujourd`hui est véritablement, en termes d`ouverture démocratique, mieux que ce qu`il y avait en 1990.
Vingt ans après, que doit-on retenir ?
Ce qu`on retient c`est que la démocratie est un processus et qu`il ne faut pas considérer qu`il y a des pays qui sont mieux pour la démocratie et d`autres ne le sont pas. Il faut considérer que le développement de la démocratie fait partie intégrante des capacités d`épanouissement du peuple. Et qu`elle ne dépend seulement de l`accès aux élections ; c`est n`est pas une réalité arithmétique. La démocratie c`est le système qui produit les élections. Mais en-dessous ou au-delà de la démocratie, il y a la question du consensus qui me semble être une question importante. Parce que dans certaines sociétés, dès lors qu`on est d`accord pour dire qu`on va faire ce qu`on fait, si les parties prenantes sont d`accord on peut fonctionner selon une régulation pacifique. Et en soi, c`est producteur de légitimité.
Vous avez dit, depuis l`ouverture de la démocratie en Côte d`Ivoire que d`espoir ; pourquoi alors de cet espoir, on arrive aujourd`hui à l`illusion dont vous parlez ?
Mais c`est parce que pour faire de la démocratie, il faut des démocrates. C`est un peu la question de l`œuf et de la poule. S`il n`y a pas de démocratie, il n`y a pas de démocrates. Malheureusement, on a eu des gens dont moi-même, qui se sont proclamés démocrates dans les années 1990 parce qu`on pense que s`opposer au parti unique suffisait pour avoir des titres de légitimité. Et quand on a eu le pouvoir, quand ma génération, parce que je considère que les gens qui sont aujourd`hui au pouvoir sont de ma génération, je n`ai pas l`impression qu`on a fait mieux. Ni en terme d`organisation de la société, ni en terme d`organisation de l`école, ni en terme de bonne gouvernance. Et encore moins, en terme de régime des libertés.
Pour vous ces imperfections de la démocratie s`expliquent…
Cela ne s`explique pas comme le disait le jeu des acteurs ; cela s`explique aussi par le fait que très souvent les nécessités de démocratisés ont été conduites en temps de pénuries. Cela s`explique aussi parce que souvent il faut démocratiser en temps de guerre. Par exemple, nous sommes dans une procédure où nous devons régler par soi la question d`un conflit et celle de la citoyenneté, en même temps nous devons actionner les procédures démocratiques. Donc c`est un agenda complètement chargé. Si de part et d`autre nous n`avons pas des dirigeants qui ont l`humilité de comprendre que l`intérêt supérieur de la nation, commande qu`ils mettent une sourdine à leurs ambitions personnelles ; si on n`a pas des dirigeants qui sont suffisamment modestes pour comprendre que la question de la citoyenneté est une question qui doit être gérée de manière équitable, en ce moment c`est la porte ouverte aux exactions et aux frustrations.
En démocratie, la dévolution du pouvoir se fait par élection ; ces élections, on les attend en Côte d`Ivoire depuis longtemps. Pensez-vous que les conditions sont aujourd`hui réunies pour aller à ces élections ?
Pour moi, oui ! Objectivement, tout le monde reconnaît que depuis l`accord de Ouagadougou, le pays est relativement pacifié. Maintenant je suis d`accord pour dire que cette pacification n`est pas réalisée à cent pour cent. Mais le fait réel, c`est qu`aujourd`hui on a une liste électorale qui a été plus ou moins validée par les différents partis jusqu`à une date très récente ; une liste qui a été validée par l`organisation des Nations Unies. Pour moi, c`est une base de travail qui devrait permettre d`aller très rapidement aux élections.
Que faire pour qu`au sortir de l`élection, le vaincu félicite le vainqueur ?
Il faut régler la question en amont. Il faut que celui va perdre l`élection n`ait pas l`impression qu`il a tout perdu. Donc il faut que les principaux acteurs politiques soient rassurés dans leur destin ; c`est pour cela que j`aime à donner l`exemple du président Henri Konan Bédié qui vit en Côte d`Ivoire et qui, pour moi, est une sorte de preuve par la démonstration d`un progrès démocratique. Parce que le fait qu`il soit là avec nous, il dit à chacun de ceux qui veulent être au pouvoir ou de s`y tenir qu`il arrivera un moment où ils ne seront plus au pouvoir et qu`il faut l`assumer en toute dignité.
Propos retranscrits, sur Onuci Fm, par Bidi Ignace