Guillaume Soro Kigbafory et Charles Blé Goudé se connaissent depuis plus de seize ans sans jamais avoir été réellement des amis. Pour s'en convaincre, il faut lire les livres que les deux hommes ont écrits. Le premier à l'avoir fait est Guillaume Soro. En 2005, dans un livre-entretien avec Serge Daniel, le correspondant de Radio France internationale (RFI) au Mali, intitulé "Pourquoi je suis devenu un rebelle", il dit ce qu'il pense réellement de Charles Blé Goudé. Ce dernier lui répond un an plus tard, à travers son livre "Ma part de vérité".
Dans son livre-entretien, Guillaume Soro consacre deux pages à Blé Goudé. Ce dernier lui consacre à contrario, un chapitre entier. Guillaume Soro cite le nom de Blé Goudé, quatre fois dans son livre. Ce dernier le cite au moins trente fois, en l'appelant souvent par des surnoms affectifs : "Bogota, Dr Coumba".
Ces détails montrent le peu d'intérêt que le premier porte au second, qui lui, semble confesser une certaine admiration pour le premier même si à travers ses écrits, on décèle qu'il ne le porte pas forcément dans son cœur.
Dans ses rares allusions à Blé Goudé, Guillaume Soro le présente comme ayant été membre de son bureau du temps où il était (1995-1998) secrétaire général de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (Fesci, proche de Laurent Gbagbo) et "est devenu aujourd'hui l'un des plus médiatiques des "Patriotes"-la milice de Laurent Gbagbo-" (sic). Il l'identifie à une personne qui aime "se replier sur sa base tribale", en ce sens que pour lui succéder à la tête de la Fesci, "il a organisé sa campagne en expliquant que Soro, un "petit" du Nord, voulait donner le pouvoir à un autre homme du Nord". Il relève que "ce discours tribal "avait obtenu" un écho favorable au sein du Front populaire ivoirien de Gbagbo. Blé Goudé prétendait se battre contre le risque d'une domination sans partage des gens du Nord". Il conclut à propos de Blé Goudé : "Il m'était insupportable d'entendre Blé Goudé mêler à son engagement au FPI un discours raciste de promotion de son ethnie, les Bétés, en se montrant très agressif envers les gens du Nord".
Charles Blé Goudé, lui, pense que "Soro est un garçon très ferme sur le fond, qui n'hésite pas à louvoyer pour défendre ses intérêts. Il faut aussi lui reconnaître une bonne analyse politique des situations. En revanche, quand il faut aller au charbon, passer à l'action, il prend peur". Le président du Congrès des jeunes patriotes (Cojep) indique que l'actuel Premier ministre avait une "spécialité" quand il était à la tête de la Fesci : "louvoyer auprès du pouvoir et détourner les représailles sur nous". Il le présente en outre comme une personne qui se laisse facilement corrompre : "Soro Guillaume avait effectivement reçu de Saliou Touré, alors ministre de l'Enseignement supérieur, 5 millions de francs CFA". Une personne qui aime aussi manipuler son entourage : "N'étant plus à la Fesci, il avait tout de même gardé des contacts dans le mouvement qu'il manipulait de l'extérieur".
Charles Blé Goudé conclut à propos de Guillaume Soro Kigbafory : "Quand je le vois, j'ai l'impression de voir un cadavre ambulant sous les yeux".
André Silver Konan
kandresilver@yahoo.fr
Dans son livre-entretien, Guillaume Soro consacre deux pages à Blé Goudé. Ce dernier lui consacre à contrario, un chapitre entier. Guillaume Soro cite le nom de Blé Goudé, quatre fois dans son livre. Ce dernier le cite au moins trente fois, en l'appelant souvent par des surnoms affectifs : "Bogota, Dr Coumba".
Ces détails montrent le peu d'intérêt que le premier porte au second, qui lui, semble confesser une certaine admiration pour le premier même si à travers ses écrits, on décèle qu'il ne le porte pas forcément dans son cœur.
Dans ses rares allusions à Blé Goudé, Guillaume Soro le présente comme ayant été membre de son bureau du temps où il était (1995-1998) secrétaire général de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (Fesci, proche de Laurent Gbagbo) et "est devenu aujourd'hui l'un des plus médiatiques des "Patriotes"-la milice de Laurent Gbagbo-" (sic). Il l'identifie à une personne qui aime "se replier sur sa base tribale", en ce sens que pour lui succéder à la tête de la Fesci, "il a organisé sa campagne en expliquant que Soro, un "petit" du Nord, voulait donner le pouvoir à un autre homme du Nord". Il relève que "ce discours tribal "avait obtenu" un écho favorable au sein du Front populaire ivoirien de Gbagbo. Blé Goudé prétendait se battre contre le risque d'une domination sans partage des gens du Nord". Il conclut à propos de Blé Goudé : "Il m'était insupportable d'entendre Blé Goudé mêler à son engagement au FPI un discours raciste de promotion de son ethnie, les Bétés, en se montrant très agressif envers les gens du Nord".
Charles Blé Goudé, lui, pense que "Soro est un garçon très ferme sur le fond, qui n'hésite pas à louvoyer pour défendre ses intérêts. Il faut aussi lui reconnaître une bonne analyse politique des situations. En revanche, quand il faut aller au charbon, passer à l'action, il prend peur". Le président du Congrès des jeunes patriotes (Cojep) indique que l'actuel Premier ministre avait une "spécialité" quand il était à la tête de la Fesci : "louvoyer auprès du pouvoir et détourner les représailles sur nous". Il le présente en outre comme une personne qui se laisse facilement corrompre : "Soro Guillaume avait effectivement reçu de Saliou Touré, alors ministre de l'Enseignement supérieur, 5 millions de francs CFA". Une personne qui aime aussi manipuler son entourage : "N'étant plus à la Fesci, il avait tout de même gardé des contacts dans le mouvement qu'il manipulait de l'extérieur".
Charles Blé Goudé conclut à propos de Guillaume Soro Kigbafory : "Quand je le vois, j'ai l'impression de voir un cadavre ambulant sous les yeux".
André Silver Konan
kandresilver@yahoo.fr
