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Politique Publié le samedi 3 avril 2010 | Le Patriote

Alain Donwahi (Conseiller du Premier ministre): "Fanci et Fafn sont en place, même après les élections"

Alain Donwahi, Conseiller spécial du Premier ministre en charge des questions de sécurité et de défense, lève un coin de voile dans cette interview sur le modus operandi du processus de désarmement. Il met définitivement un terme à la levée de bouclier du camp présidentiel et du FPI qui réclament à cor et à cri, le désarmement avant les élections. Interview.

Le Patriote: Vous venez de clore un atelier sur les nouvelles Forces de défense et de sécurité: préoccupations et perspectives. Est-ce que cet atelier a répondu à vos attentes?
Alain Donwahi : Oui ! On peut effectivement dire que cet atelier a répondu à nos attentes, puisqu’il était question de faire d’abord en sorte que les éléments des deux Armées présentes sur le territoire nationale, se rencontrent pour discuter autour d’une question cruciale qui est la constitution de la nouvelle Armée et la réunification des forces. Mais surtout, il était question de faire en sorte que ces personnes puissent avoir la même lecture des questions militaires, de l’accord politique de Ouagadougou, et notamment, de l’Accord complémentaire IV. Donc, l’atelier nous a permis de faire en sorte que ces personnes se rencontrent, échangent, travaillent ensemble et partagent les dysfonctionnements qu’ils ont observés au sein de leur propre Armée.

LP: Cet atelier intervient à un moment où le contexte est marqué par le débat entre la préséance entre le désarmement et les élections. Est-ce que le Premier ministre essaie de sauver les meubles?
AD : Non, pas du tout ! Cet atelier était prévu depuis le mois de février. Il s’inscrit dans une série de rencontres depuis la signature de l’Accord politique de Ouagadougou, pour que les questions militaires soient résolues. Il est donc important que les personnes concernées se rencontrent régulièrement. La polémique actuelle autour du désarmement et les élections, est surtout alimentée par le monde politique. Vous comprenez que les politiques et les militaires n’ont pas les mêmes intérêts à défendre. En ce qui nous concerne, il n’y a pas de polémique à avoir autour de ces questions qui ont été réglées par un accord politique. Pour nous, il n’est pas question de parler d’une préséance entre le désarmement et les élections. Il n y a pas lieu de polémiquer puisque l’accord est clair à ce sujet. L’accord politique de Ouaga n’a pas rejeté tous les accords précédents. Au contraire, il s’est bâti autour des accords précédents. Je dirai même plus, qu’il a amélioré les précédents accords pour que nous puissions arriver, sans anicroche, à la paix. Le programme de désarmement tel qu’il a été mis en place par les différents accords, est celui qui est mis en œuvre par les structures telles que le Centre de Commandement Intégré (Cci), le Programme national de réinsertion et de réhabilitation communautaire (Pnrrc) et bien d’autres. En ce qui concerne le volet militaire du désarmement, le programme est très clair. Il était question, avant l’accord politique de Ouaga, de procéder au désarmement des ex-combattants des Forces Armées des Forces Nouvelles (FAFN). Et aussi de toutes les recrues après le 19 septembre. Donc toutes les personnes qui ont été recrutées après le 19 septembre devront être désarmées, démobilisées et réinsérées. L’APO a fait cette différence au niveau du désarmement parce qu’avant l’APO, les 4.000 recrues du sud avaient été intégrées dans l’Armée régulière. Ils n’étaient plus à démobiliser puisqu’ils avaient déjà été intégrés au sein de l’Armée régulière. L’APO est venu, donc en attribuant un quota d’intégration des volontaires à la nouvelle Armée issus des FAFN. Ce sont 5.000 volontaires qui sont concernés dans les rangs de l’ex-rébellion. Ces personnes seront recrutées en tant que militaires pour être intégrées à la nouvelle Armée.

LP: Est-ce que ces 5.000 éléments seront associés à ceux qui ont été formés par Unipol après les accords de Pretoria?
AD : Non, c’est hormis ces éléments. Il y a d’abord ces 5.000 qui sont des militaires. Ces 5.000 vont être recrutés par une commission de recrutement mie en place par le ministère de la Défense. Donc ils vont être recrutés sur la base de critères nationaux. Il y aura certainement des dérogations. Mais, c’est le ministère de la Défense qui s’en chargera. Ces personnes sont pour l’Armée nouvelles. Ils sont donc 5.000. En plus de ces derniers, il y a les 600 éléments de Pretoria qui sont des éléments de Police et de Gendarmerie. Ces derniers avaient été formés par Unpol suivant les accords de Pretoria. Ces éléments ont le statut d’élève sous officier. Ce statut leur a été accordé par l’accord politique de Pretoria. Ces 600 personnes seront mises à la disposition du Centre de commandement intégré (Cci) pour faire partir des contingents pour sécuriser le processus électoral. Ces 600 sont des Policiers et Gendarmes qui feront partie du Cci. Ensuite, nous avons un lot de 3.400 éléments issus naturellement des FAFN. Ces derniers vont exercer aussi dans le cadre du Cci pour la sécurisation des élections. Ces éléments sont des auxiliaires parce qu’ils n’ont pas le statut de Policiers ou Gendarmes. Ils vont donc opérer sous le commandement du Cci. Au terme de leur mission, ces 3.400 éléments auront la possibilité de se présenter aux concours de Gendarmerie ou de Police. Nous avons un ensemble de 9.000 personnes qui sont issues des FAFN et qui vont participer ou à la Nouvelle Armée ou bien au Cci, c’est-à-dire à la sécurisation du processus électoral. Elles demeurent dans les forces de sécurité et de défense nationales. Au niveau des FAFN, nous avons pu profiler environ 32.700 personnes. Si vous retirez ces 9.000 qui intégreront les FDS, il restera aux alentours de 24.000 éléments. Dans ces 24.000, il faut savoir qu’il y a environ, 12.000 éléments qui sont passés à travers le processus de désarmement et de démobilisation. Ces personnes ne font plus partie des FAFN. Il reste environ 12.000 personnes qui doivent passer à travers le processus de désarmement et de démobilisation. Et tout ceci avant les élections. C’est un processus qui a démarré depuis 2008 et qui continue encore.

LP: Vous avez tout à l’heure parlé du Pnrrc. Pouvons-nous savoir à quel moment intervient le service civique?
AD : Le service civique intervient au même moment que le Pnrrc. Le service civique est un programme volontaire. Ce sont ceux qui veulent aller au service civique qui y vont. On ne peut pas vous obliger à aller au service civique. En plus, le service civique a des critères d’âge. C’est un programme de formation civique mais aussi professionnel.

LP: Mais à l’analyse, est-ce que l’ivoirien lambda ne se perd pas dans ce pléthore de programmes, en ce sens que tout le monde donne l’impression de faire la même chose?
AD : C’est ce que certains partenaires nous disent. Mais à l’analyse, il s’agit bien de programmes qui sont complémentaires. Le programme du service civique est avant tout, un programme de formation. Ce n’est pas un programme de réinsertion. Le Pnrrc est quant à lui un programme de réinsertion et de réhabilitation communautaire. Il s’adresse non seulement aux individus mais aussi aux communautés. Ce qu’il faut savoir c’est que le programme de service civique a été mis en place en prélude à la création de l’office nationale de service civique. Si la Côte d’Ivoire décide de faire de la formation civique et professionnelle une affaire pérenne, ce programme de service civique va servir de laboratoire.

LP: Revenons au débat qui à cours actuellement sur la préséance entre le désarmement et les élections. Pouvons connaître la source de cette polémique selon vous?
AD : Je dirai qu’il s’agit de la politique politicienne. Parce que cela m’étonne que des responsables politiques ne prennent pas le temps de lire l’APO pour voir les différentes étapes du processus. Ils se rendront compte qu’il n y a pas de débat entre le désarmement et la tenue des élections. Je pense qu’il y a la confusion parce que ces personnes ne se renseignent pas aussi et n’écoutent pas assez. Ou tout simplement ces personnes ont d’autres intérêts. C’est un débat qui n a pas sa raison d’être parce qu’il intoxique l’atmosphère. Ça effraie les populations et ça sème la confusion dans l’esprit de ceux qui sont de bonne foi. Alors, il faut laisser les techniciens travailler dans un environnement sain.

LP: A la cérémonie d’ouverture de l’atelier, le ministre de la Défense Michel Amani N’Guessan n’est pas allé avec le dos de la cuillère. Il a récusé carrément l’un des acquis de l’Apo, c’est-à-dire les 500.000 F. Il a dit haut et fort que l’Etat de Côte d’Ivoire n’a pas les moyens pour aider ceux qui ont choisi cette option.
AD : Je ne crois pas que le ministre récuse l’un des acquis de l’Apo. Mais je crois qu’il a été réaliste. L’Apo a prévu d’accorder une prime de 500.000 F pour solde de tout compte. Qu’est-ce que cela veut dire ? Ceux qui choisiront d’opter pour la prime de 500.000 F ne pourront pas réclamer à l’Etat autre chose. Ils ne pourront pas participer aux programmes de réinsertion. Il faut que ce soit clair. Mais ensuite, il faut être réaliste. Est-ce que l’Etat a la capacité financière, aujourd’hui, de payer 500.000 F à tous ceux qui vont les lui réclamer? Non !

LP: Mais les propositions ont été faites en conséquence…
AD : Non, je ne pense pas que les propositions ont été faites en conséquence. Je pense qu’elles ont été faites en toute bonne foi pour régler un problème qui se posait. C’est qu’en matière de réinsertion et de service civique, l’Etat et les partenaires dépensent plus que 500.000 F par individu. Il est de notre devoir de faire comprendre à ces éléments qui doivent être démobilisés qu’il est mieux dans leurs intérêts, d’opter pour des programmes de réinsertion ou le programme de service civique. Parce qu’on peut dépenser 500.000 F en une semaine.

LP: L’une des propositions de cet atelier est que les deux Armées vont continuer à cohabiter ensemble jusqu’aux élections. Qu’est-ce que cela veut-il dire?
AD : Je ne crois pas que ce soit une proposition de l’atelier, mais je crois que l’atelier a reconnu ce qui avait été signé dans l’Apo. Vous savez qu’à partir du moment où l’accord dit que le Cci existe jusqu’à la tenue des élections, mais mieux, jusqu’après les élections et même un mois après l’investiture du Président de la république, cela veut dire que les deux Armées coexistent. Jusqu’au moment où la nouvelle Armée va être mise en place. Donc, le Cci va exister jusqu’à la mise en place de la nouvelle Armée. Cela signifie que les deux Armées autorisées vont coexister jusqu’à la tenue de la présidentielle. L’APO n’a pas parlé des autres élections. Il a parlé de l’élection présidentielle. Maintenant, il appartiendra au président élu de faire en sorte que la mise en place de la nouvelle Armée intervienne le plus tôt possible. Je crois qu’il n y a pas trop d’inquiétudes à avoir. L’APO a prévu cela dans ces textes. Il faut arrêter de se faire peur. Les éléments des FAFN qui ont été autorisés à faire partie de la nouvelle Armée sont des Ivoiriens au service de leur pays.

LP: L’une des recommandations, c’est que cette année il y ait un tableau d’avance unique pour les deux Armées. Qu’est-ce que cela signifie?
AD : Ça veut dire une certaine équité au niveau de tous les éléments qui font partie des Forces de défense et de sécurité nationale. C’est une mesure qui est évidente. De toutes les façons à partir du moment où le Gouvernement aura reconnu le recrutement de 5.000 éléments pour la nouvelle Armée, ces éléments seront pris en charge par l’Etat de Côte d’Ivoire. Ceux qui sont en service dans le cadre du Cci sont également reconnus par l’Etat de Côte d’Ivoire. Mais, c’est un seul Etat qu’il y a en Côte d’Ivoire. C’est donc cet Etat qui se chargera d’assurer l’avancement de tous les éléments qui font partie des FDS. Et ces avancements se feront en même temps. Il n y a pas deux poids deux mesures. Je pense que c’est une marque de retour à la normalité.

LP: A cet effet, différents textes ont été pris, mais jusque-là il y a encore un texte qui est très attendu. Il s’agit du texte qui devait porter nomination du commandant du Cci et du commandant en second du Cci.
AD : Ce texte est en cours de signature. A partir du moment où l’harmonisation des grades a été faite, je crois que ce texte ne peut plus ne pas être signé. Ce qu’il faut savoir c’est que le chef du Cci, pas le commandant de cette unité, est un colonel-major de la Gendarmerie nationale. Et le chef-adjoint est un lieutenant-colonel qui est issu des FAFN. Son grade a été reconnu, aujourd’hui, par le comité d’harmonisation des gardes. Le président de la République peut valablement signer les décrets de nomination. Ce n’est donc pas un obstacle à la signature de tous les textes relatifs aux questions militaires.

LP: Il a été aussi question de l’achèvement du désarmement et du démantèlement des groupes d’autodéfense. Est-ce qu’on n’a pas l’impression de tourner en rond avec cette question?
AD : Je ne pense pas qu’on tourne en rond sur cette question. Ce qu’il fallait faire pour ce qui concerne les groupes d’autodéfense, c’était d’abord le profilage. Il y a un profilage qui a été fait. Et environ 37.000 éléments ont été dénombrés. Ces derniers ont déjà été profilés. Ce qui leur permet, pour ceux qui ont été déjà démantelés, de bénéficier des programmes de réinsertion et aussi du programme de service civique. On ne tourne pas en rond. Le profilage a été fait. Il reste encore quelques éléments à profiler et à démanteler surtout à l’ouest. Je crois que cela sera fait rapidement.

LP: Concernant les Com-Zones, le cabinet du Premier ministre a toujours dit qu’il était en discussion avec le chef de l’Etat. Ça donne aussi l’impression d’une discussion sans fin.
AD : Oui, c’est effectivement une situation qui doit être réglée. Elle est à la fois collective et individuelle. Au niveau collectif, elle a été réglée par l’accord qui est annexé à l’accord complémentaire IV de Ouaga. Quand je dis qu’elle est individuelle aussi, c’est que le ministre de la Défense a reçu des instructions du Premier ministre pour régler ce problème avec les Com-Zones. Cela est en train d’être fait. Il a déjà rencontré leur représentant il y a quelques semaines. La résolution est en cours. Mais, il ne faut pas croire que c’est quelque chose qui va être résolu du jour au lendemain. C’est évident que ça va prendre du temps.
LP: Le ministre de la Défense Michel Amani N’Guessan est revenu largement, lors de ce séminaire, sur la question de la mise à disposition des éléments des FAFN au sein des unités de compagnie mixte. Est-ce que le Premier ministre ne se sent- il pas interpellé?
AD/ Je ne pense pas que le Premier ministre se sente interpellé sur la question. Peut-être que vous voulez parler du Secrétaire Général des Forces Nouvelles. Même dans ce cas, je ne pense pas qu’il ait été interpellé par le ministre de la Défense. Le ministre de la Défense a constaté un déficit. Et il en a parlé. D’ ailleurs, il a raison de le faire. C’est à l’Etat-major des Forces Nouvelles qu’il revient de mettre à la disposition des compagnies mixtes, des éléments des FAFN.

LP: Il nous revient que la raison essentielle de ce déficit des éléments des FAFN au sein des compagnies mixtes, est dû au fait qu’il n y ait pas une prise en charge de ces éléments. Qu’en est-il véritablement?
AD : Vous savez que les problèmes financiers ne sont pas une donnée nouvelle dans ce pays. Il y a longtemps que nous sommes frappés par cette réalité. Alors, on essaie de faire avec cette réalité. Parfois on joue aux équilibristes. Je pense qu’au niveau des finances, l’action est menée sur le terrain en tenant compte des priorités. Malheureusement, nous avons beaucoup de priorités pour aller aux élections. Donc, je pense que nous faisons au mieux avec les moyens que nous avons. En ce qui concerne la mise à disposition de tous les éléments au niveau du Cci, je pense que cette unité a fait une programmation. Je ne pense pas non plus qu’il s’agisse de demander à 8.000 éléments qui doivent être mis à la disposition du Cci, d’intégrer l’unité maintenant quand vous savez que les élections auront lieu dans 3, 4, 5 voire 6 mois. Je n’en sais rien. Nous attendons peut-être que la Cei nous situe sur la question.

LP: Vous avez parlé tout à l’heure de la Cei, mais on pourrait aussi s’intéresser au groupe de travail sur la restructuration et la refondation de l’Armée dont les travaux sont liés à la fixation des dates. On a vu beaucoup de résolutions, mais, on n’a pas vu de chronogramme ou même un début d’exécution de ces résolutions qui pourrait permettre à la Cei de dégager une date pour l’élection présidentielle. Qu’est-ce que vous en pensez?
AD : Je pense que ce travail incombe au comité scientifique du groupe de travail. Il n’était pas demandé à ce séminaire d’établir un chronogramme. Les travaux de ce séminaire vont apporter au comité scientifique du groupe de travail, des éléments pour mieux accomplir sa mission. L’APO qui est en train d’être mis en œuvre a son propre chronogramme. Il ne s’agit pas, au groupe de travail, de faire un autre chronogramme. Ce n’est pas le groupe de travail qui fait le désarmement. Ce n’est pas le groupe de travail qui fait la réinsertion. Encore moins qui s’occupe des questions militaires. Les questions militaires sont réglées par le ministre de la Défense en concertation avec les différents acteurs militaires. Au niveau du cabinet du Premier ministre, des réunions sont faites régulièrement avec le ministre de lé Défense pour aplanir les questions militaires. Ce n’est pas au groupe de travail de déterminer un calendrier électoral.

LP: Il y a beaucoup de textes juridiques qui ont été pris mais qui, jusque-là n’ont pas vu un début d’exécution. Comment expliquez-vous cette situation?
AD : Le comité scientifique du groupe de travail rend compte au comité de pilotage. Le comité de pilotage est présidé par le Premier ministre. Et dans ce comité, il y a des ministères concernés par la question de restructuration de l’Armée. Mais aussi, il y a des éléments des Forces de sécurité nationale. Donc vous retrouvez dans ce comité de pilotage le ministère de l’Intérieur, le ministère des Finances, le ministère de la Justice, ministère de la Défense, les chefs d’état-major et même les commandants des Forces Licorne et l’Onuci. C’est pour dire que le travail qui est fait par le comité scientifique est rendu, depuis 2008, au comité de pilotage. Il y a un travail qui a été fait.

LP: Nous avons lu dans la presse que le premier jour de cet atelier, les Forces terrestres ont claqué la porte des discussions. Qu’en-est-il exactement?
AD : Je n’ai pas eu cette information. Le séminaire a été présidé par le ministre de la Défense qui représentait le Premier ministre. Mais je ne pense pas que notre Armée soit aussi indisciplinée que cela au point où des éléments puissent claquer la porte à un séminaire présidé par le ministre de la Défense. Je ne m’aventurerai pas dans ces eaux.

LP: On est tenté de vous demander à quand la stratégie globale de restructuration et de refondation de l’Armée?
AD : Il est prévu que les textes de cette stratégie soient remis au président de la République avant les élections. Une partie des textes sera remise avant les élections. Je peux vous l’assurer. Nous sommes à la tâche.

LP: Et le projet national de restructuration et de refondation des Forces de défense?
AD : Ce sera plutôt des propositions. Comprenez bien que nous laisserons au nouveau président élu, le soin de décliner sa vision pour une politique de défense nationale. Et c’est à partir de cette vision que nos travaux pourront être mis à profit pour que soit mise en place une stratégie globale de défense nationale.

LP : Est-ce à dire que les structures telles que le service civique, le Pnrrc et autres sont confrontées à un problème de budget?
AD : Effectivement ! Je ne vous cacherai pas que si nous voulons tout faire maintenant, nous aurons besoin d’énormes moyens financiers.

LP: Mais pourquoi n’allons-nous pas à l’essentiel?
AD : C’est ce qui est en train d’être fait justement. Nous faisons actuellement avec les moyens de bord. Vous voyez, si vous voulez prendre le cas des personnes à réinsérer vous allez vous retrouver avec près de 30.000 voire 40.000 personnes. Il est évident que nous ne pouvons pas réinsérer toutes ces personnes. C’est clair nous n’avons pas les moyens pour cela. Peut-être même les moyens techniques. Je ne connais pas quel pays a pu faire mieux que ce que nous sommes en train de faire actuellement. Parce que ce qu’il faut dire, c’est que depuis un an environ, nous avons 8.000 personnes qui sont passées au travers du service civique ou le Pnrrc et qui sont actuellement réinsérées. Dans d’autres pays, le processus a été beaucoup plus lent que ça.

LP: Certainement que ce n’est pas aussi perceptible…
AD : Oui ce n’est pas si perceptible puisqu’il n y a pas de tapage médiatique autour de ce qui est fait. C’est un travail qui est tellement long et hardi que les personnes qui le font ne s’occupent que de leur mission. Parce que la tâche est grande. Il faut avoir le temps et l’humilité de regarder autour de nous. Les sorties de crise sont difficiles et très lentes. Il faut être patient. Il est évident qu’il faut aller en hiérarchisant les priorités. Tout est prioritaire aujourd’hui. Vous voyez les problèmes de l’eau et de l’électricité. Et en même temps il faut aller aux élections. Et en même temps il faut faire le désarmement. En même temps, il faut réinsérer les ex-combattants. Et les moyens sont limités. Nous ne pouvons pas être tous les jours à tendre la main. Nous faisons avec nos moyens.

LP: Est-ce que le Premier ministre y réfléchit également?
AD : Effectivement qu’il y réfléchit. Mais il n y a pas que lui qui y réfléchit d’ailleurs. Nous n’avons pas le choix. Nous faisons avec nos moyens ou bien avec les moyens que nos amis et partenaires acceptent de mettre à notre disposition et à leurs conditions. A partir du moment où vous acceptez cet argent avec ses conditions vous êtes tenus de les respecter. C’est normal. C’est pour cela qu’il faut être dépendant le moins possible de l’argent de l’autre afin que nous pussions faire à nos conditions, ce que nous devons faire pour notre pays.

CB
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