Après avoir récemment, lors d’une conférence de presse, brandi les preuves de détournement contre Ano Gilbert, président du comité de gestion de la filière café-cacao, M. Bilé Bilé, président des agriculteurs de Côte d’Ivoire, revient à la charge. Dans cette interview , il va plus loin en jugeant les programmes agricoles des candidats à la prochaine élection présidentielle.
Vous étiez hier à la tête de ceux qui ont combattu les Amouzou et autres. Aujourd’hui, vous êtes encore à la tête de ceux qui ne veulent pas d’Anoh Gilbert, président du comité de gestion. Que veut M. Bilé Bilé ?
Je voudrais vous dire merci pour la question. Cependant, sachez qu’il ne s’agit pas de combattre un individu. Mais plutôt un système. Je pense que les planteurs ivoiriens n’ont pas eu des plantations clés en main. Ils les ont faites à la sueur de leur front. Le président Laurent Gbagbo, lors d’une émission télévisée, a dit que lorsqu’il prend sa part des recettes de la filière le reste ne l’intéresse pas. Donc, tous ces prélèvements se font sur le dos des planteurs. Si nous constatons, nous les vrais planteurs, qui connaissons les difficultés de la base, qu’il y a des anomalies, nous devons les dénoncer. Si pour une histoire de 1000 F CFA, un planteur meurt, nous ne devons pas rester silencieux par rapport à la gestion. Nous ne combattons pas un individu ni l’Etat de Côte d’Ivoire, mais, ceux qui gèrent notre argent.
Qu’allez-vous faire alors ?
Aujourd’hui, nous avons vu que la gestion d’Anoh Gilbert est opaque. Ce Monsieur a eu à gérer la filière coton à travers la CIDT qui est aujourd’hui à genoux. C’est le même Anoh Gilbert qui a fait une campagne dans la région d’Abengourou pour dire aux planteurs d’abattre leurs pieds de café-cacao pour les remplacer par l’hévéa. Sous prétexte que cette culture était pleine d’avenir. Il a même construit une usine à l’entrée d’Agnansué. Un homme pareil, n’a pas de compétences pour gérer la filière café-cacao. Et c’est lui que l’on parachute à tête de cette structure la filière. Il ne peut pas avoir de sentiments pour les planteurs puisqu’il ne maîtrise rien de cette filière. Nous sommes étonnés que, ce monsieur qui est l’un des ingénieurs les plus médiocres, soit nommé à la tête d’une filière qu’il ne maîtrise pas. La CIDT qu’il a gérée a besoin aujourd’hui de 27 milliards pour pouvoir décoller. Nous avons observé sa gestion. Dès que nous avons su que celle-ci n’était pas saine, nous avons décidé de la décrier parce qu’il s’agit du revenu des planteurs. C’est notre cotisation.
Comment expliquez-vous donc sa nomination à la tête du comité de gestion de cette filière ?
Après que nos ex-dirigeants sont écroués à la MACA pour mauvaise gestion, le président de la république, qui a dit en 2000 pendant sa campagne « donnez- moi le pouvoir pour que je puisse vous le rendre » a dit qu’il a rendu le pouvoir aux planteurs. Mais je pense qu’il ne l’a pas fait. Parce que, s’il a jugé que certains planteurs ont mal géré la filière, il y en a qui sont de bons gestionnaires, il devait laisser les planteurs prendre leur destin en main. Lors que nous avons tenu notre Assemblée générale et qu’on avait eu tout, pour mon installation à la tête de la FDPCC, ils m’ont traité d’élément à la solde du PDCI et que je prendrais des documents pour les donner au président Bédié. On ne peut pas gérer la filière café-cacao par appartenance politique. Parce que, lors que ces produits sortent de Côte d’Ivoire, il est écrit cacao de Côte d’Ivoire ou café de la Côte d’Ivoire et non les produits des partis politiques.
La politique est en train de prendre le pas sur les intérêts des producteurs que vous êtes…
Il faut reconnaître que la politique a pris le pas sur les intérêts des producteurs de café et de cacao. Parce que les nominations se font par affinités politiques. Parce qu’on ne peut pas comprendre qu’un planteur obtienne tous ses papiers pour s’installer à la tête d’une structure et qu’on vienne le destituer pour installer une personne qui est le plus nul des ingénieurs agronomes de ce pays. Nous sommes donc fort étonnés du comportement de nos gouvernants. Si nous ne pouvons pas bénéficier du fruit de nos efforts, nous serons obligés de manifester notre colère à chaque fois que le besoin se fera sentir.
Ne va-t-on pas vous traiter de jaloux ou d’aigri ?
Je ne suis ni jaloux ni aigri. Je ne suis d’ailleurs pas de ce genre d’homme. Je suis simplement victime de la vérité que je dis. En Côte d’Ivoire, de nos jours, personne ne veut entendre la vérité. Les gens aiment ceux qui mentent pour qu’on leur donne de quoi à manger. Moi, je n’ai pas faim et je ne suis pas un suiveur. Et mon éducation ne me permet pas d’agir ainsi.
Au cours d’un point de presse, vous aviez brandi des preuves de détournement contre Ano Gilbert. Que comptez-vous faire aujourd’hui ?
J’ai déjà porté plainte devant les tribunaux. Il faut que j’explique pour que les Ivoiriens comprennent. De quoi est-il question? M. Ano Gilbert suscite un fonds au Fonds d’investissement en milieu rural pour l’achat de machines. Il se sert de Forex-Ci SA dont les planteurs sont actionnaires à plus de 80% pour l’achat des machines pour dit-il, réprofiler nos pistes. Ces engins ont bel et bien été achetés en Chine sans que Forex-CI ne soit associé à cet achat. Ces machines une fois à Abidjan, ont disparu sans que Forex-CI ne sache où sont passés ces engins. Les bordereaux destinés à la société pour aller dédouaner les machines ont également disparus et se sont retrouvés entre les mains du comité de gestion qui est allé faire le dédouanement au nom de Forex-CI sans que ladite société ne soit informée. Et en même temps que ce comité fait cela, il créé des sociétés écrans et donne ces machines à ces sociétés et on ne sait pas comment ces contrats ont été rédigés. Ces sociétés écrans travaillent avec ces machines et on leur reverse quelque chose. Il faut que nous sachions le contenu du contrat et sachions également pourquoi Forex-CI n’a pu entrer en possession des machines pour travailler. Est-ce que Forex-CI a un droit de regard dans la gestion. Il faut qu’on fasse l’état de ces 40 engins. Ces machines, pour ceux qui ne le savent pas, sont des machines qui posent la neige en Europe. La filière café-cacao a suffisamment de ressources pour acheter des Caterpillars si l’on voulait faire une gestion saine. Il existe des Caterpillar ici. Je ne sais pas pourquoi, on doit se cacher pour aller acheter à 3,6 milliards de F CFA des machines en Chine. Avec cela M. Ano Gilbert parle de 7,2 milliards de nos francs. S’il pense que nous sommes dans le faux, qu’il vienne avec ses preuves, le démontrer aux producteurs.
Avez-vous cherché à le rencontrer ?
Nous n’avons pas à chercher à le rencontrer. C’est à lui de nous convoquer et nous expliquer ce qui se passe, les preuves à l’appui. Il doit inviter tous les planteurs et justifier sa gestion avec des documents précis et clairs. Il ne suffit pas de présenter des engins à la télévision et dire qu’on travaille pour les producteurs. On ne fait pas la politique avec notre argent. Aucune fève ne porte de nom d’un parti politique. Le cacao doit rester en dehors de la politique.
Pourtant récemment, vous avez soutenu le président Bédié dont vous avez dit qu’il a le meilleur programme pour les producteurs…
Nous n’avons pas soutenu le président Bédié. Nous avons fait par contre une comparaison entre la stabilisation et la libéralisation de la filière. Nous avons constaté que c’est le jour et la nuit. A la stabilisation, lorsque le cacao s’achetait à 400 FCFA, le planteur faisait un budget prévisionnel pour pouvoir survivre. C’était d’ailleurs avec ces prix que nos parents faisaient de grandes réalisations. Et la richesse de ce cacao était bien partagée, en témoignent les infrastructures qui existent dans ce pays. Aujourd’hui, des personnes qui ne sont pas de planteurs de café-cacao, sont milliardaires. Ils s’enrichissent au détriment des producteurs. Voulez-vous qu’on se taise sur tout cela ? Nous sommes prêts à sacrifier nos vies. Tout ce que nous demandons à Ano Gilbert, c’est de nous donner simplement les preuves de sa gestion. C’est à partir de cela qu’il sera jugé. Mais, il refuse de le faire. Nous irons jusqu’au bout, parce que ce n’est pas une affaire d’individus. Mais une affaire de gestion des ressources des producteurs de café et de cacao de Côte d’Ivoire, sans exception. Qu’il arrête de nous tourner en bourriques.
Et si Ano Gilbert était soutenu par le pouvoir ?
Je ne pense pas qu’Ano Golbert soit soutenu par le pouvoir en place. Pour l’heure, nous ne voyons aucun signe dans ce sens. Si c’est le cas, je pense que nous allons aviser. Nous ferons en sorte que la vérité éclate et le pouvoir public ne pourra pas nous empêcher de le faire.
Vous allez encore vous présenter devant cette juridiction qui vous a refusé le FDPPC hier. N’avez-vous pas d’appréhension ?
La juridiction ne m’a pas refusé le FDPCC. Il faut être honnête . En Côte d’Ivoire, nous avons 3 pouvoirs, le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire. Le pouvoir judiciaire m’a donné tous les pouvoirs pour que je puisse m’installer. Mais c’est le pouvoir politique qui n’a pas accepté. Il s’est intégré dans la justice.
Mais c’est ce même pouvoir politique qui est encore là…
Nous ne pouvons plus l’accepter. C’est pourquoi nous disons que trop c’est trop. Aujourd’hui, toute la base est mobilisée. Au moment opportun, vous verrez les actions que nous allons mener. Aujourd’hui, pour des ordonnances médicales de 1000 F CFA, il y’a des planteurs qui meurent pourtant, il y a des milliards qu’on dit sont logés dans un compte séquestre à la BCEAO.
Ne craignez-vous pas que vos manifestations soient politisées ?
Je peux vous rassurer que je n’ai pas d’homme politique derrière moi et je n’attaque aucun parti politique. Nous voulons uniquement le bien-être des producteurs. Si un candidat me présente un programme plus alléchant que celui du président Bédié, j’irai le voir. J’ai été voir M. Gnamien Konan. Il a développé son programme. Mais parmi les candidats, le meilleur programme agricole est celui du président Bédié. Il faut dire aujourd’hui que le monde agricole est perdu. Allez à la campagne et vous constaterez vous-même. A l’époque de la stabilisation, quand vous partez voir vos parents au village, ce sont eux qui vous donnaient de l’argent. Aujourd’hui, les choses ont changé. C’est votre petit salaire que veut votre parent. La richesse a été mal partagée.
Que voulez-vous qu’on retienne de cet entretien
Je voudrais lancer un appel au Président Gbagbo, président de la République de Côte d’Ivoire. Qu’il se souvienne de ce qu’il a dit lors de sa campagne de 2000, donnez-moi le pouvoir pour que je vous le rende. Nous lui avons donné le pouvoir sans tenir compte des appartenances politiques. Aujourd’hui, il s’agit de gérer la filière. Qu’il tienne compte des producteurs. Que la filière ne soit pas prise en otage par une minorité de personnes se disant militants de première heure du FPI. Nous attirons son attention parce que la base n’est pas contente de la gestion qui est faite des ressources de la filière. Quand je prends le président Bléoué Aka qui a 4 ha de cacao et qui va faire la campagne d’un candidat avec l’argent des planteurs, je dis que cela n’est pas bon.
Réalisée par
Evariste N’Guessan
Coll : J. César
Vous étiez hier à la tête de ceux qui ont combattu les Amouzou et autres. Aujourd’hui, vous êtes encore à la tête de ceux qui ne veulent pas d’Anoh Gilbert, président du comité de gestion. Que veut M. Bilé Bilé ?
Je voudrais vous dire merci pour la question. Cependant, sachez qu’il ne s’agit pas de combattre un individu. Mais plutôt un système. Je pense que les planteurs ivoiriens n’ont pas eu des plantations clés en main. Ils les ont faites à la sueur de leur front. Le président Laurent Gbagbo, lors d’une émission télévisée, a dit que lorsqu’il prend sa part des recettes de la filière le reste ne l’intéresse pas. Donc, tous ces prélèvements se font sur le dos des planteurs. Si nous constatons, nous les vrais planteurs, qui connaissons les difficultés de la base, qu’il y a des anomalies, nous devons les dénoncer. Si pour une histoire de 1000 F CFA, un planteur meurt, nous ne devons pas rester silencieux par rapport à la gestion. Nous ne combattons pas un individu ni l’Etat de Côte d’Ivoire, mais, ceux qui gèrent notre argent.
Qu’allez-vous faire alors ?
Aujourd’hui, nous avons vu que la gestion d’Anoh Gilbert est opaque. Ce Monsieur a eu à gérer la filière coton à travers la CIDT qui est aujourd’hui à genoux. C’est le même Anoh Gilbert qui a fait une campagne dans la région d’Abengourou pour dire aux planteurs d’abattre leurs pieds de café-cacao pour les remplacer par l’hévéa. Sous prétexte que cette culture était pleine d’avenir. Il a même construit une usine à l’entrée d’Agnansué. Un homme pareil, n’a pas de compétences pour gérer la filière café-cacao. Et c’est lui que l’on parachute à tête de cette structure la filière. Il ne peut pas avoir de sentiments pour les planteurs puisqu’il ne maîtrise rien de cette filière. Nous sommes étonnés que, ce monsieur qui est l’un des ingénieurs les plus médiocres, soit nommé à la tête d’une filière qu’il ne maîtrise pas. La CIDT qu’il a gérée a besoin aujourd’hui de 27 milliards pour pouvoir décoller. Nous avons observé sa gestion. Dès que nous avons su que celle-ci n’était pas saine, nous avons décidé de la décrier parce qu’il s’agit du revenu des planteurs. C’est notre cotisation.
Comment expliquez-vous donc sa nomination à la tête du comité de gestion de cette filière ?
Après que nos ex-dirigeants sont écroués à la MACA pour mauvaise gestion, le président de la république, qui a dit en 2000 pendant sa campagne « donnez- moi le pouvoir pour que je puisse vous le rendre » a dit qu’il a rendu le pouvoir aux planteurs. Mais je pense qu’il ne l’a pas fait. Parce que, s’il a jugé que certains planteurs ont mal géré la filière, il y en a qui sont de bons gestionnaires, il devait laisser les planteurs prendre leur destin en main. Lors que nous avons tenu notre Assemblée générale et qu’on avait eu tout, pour mon installation à la tête de la FDPCC, ils m’ont traité d’élément à la solde du PDCI et que je prendrais des documents pour les donner au président Bédié. On ne peut pas gérer la filière café-cacao par appartenance politique. Parce que, lors que ces produits sortent de Côte d’Ivoire, il est écrit cacao de Côte d’Ivoire ou café de la Côte d’Ivoire et non les produits des partis politiques.
La politique est en train de prendre le pas sur les intérêts des producteurs que vous êtes…
Il faut reconnaître que la politique a pris le pas sur les intérêts des producteurs de café et de cacao. Parce que les nominations se font par affinités politiques. Parce qu’on ne peut pas comprendre qu’un planteur obtienne tous ses papiers pour s’installer à la tête d’une structure et qu’on vienne le destituer pour installer une personne qui est le plus nul des ingénieurs agronomes de ce pays. Nous sommes donc fort étonnés du comportement de nos gouvernants. Si nous ne pouvons pas bénéficier du fruit de nos efforts, nous serons obligés de manifester notre colère à chaque fois que le besoin se fera sentir.
Ne va-t-on pas vous traiter de jaloux ou d’aigri ?
Je ne suis ni jaloux ni aigri. Je ne suis d’ailleurs pas de ce genre d’homme. Je suis simplement victime de la vérité que je dis. En Côte d’Ivoire, de nos jours, personne ne veut entendre la vérité. Les gens aiment ceux qui mentent pour qu’on leur donne de quoi à manger. Moi, je n’ai pas faim et je ne suis pas un suiveur. Et mon éducation ne me permet pas d’agir ainsi.
Au cours d’un point de presse, vous aviez brandi des preuves de détournement contre Ano Gilbert. Que comptez-vous faire aujourd’hui ?
J’ai déjà porté plainte devant les tribunaux. Il faut que j’explique pour que les Ivoiriens comprennent. De quoi est-il question? M. Ano Gilbert suscite un fonds au Fonds d’investissement en milieu rural pour l’achat de machines. Il se sert de Forex-Ci SA dont les planteurs sont actionnaires à plus de 80% pour l’achat des machines pour dit-il, réprofiler nos pistes. Ces engins ont bel et bien été achetés en Chine sans que Forex-CI ne soit associé à cet achat. Ces machines une fois à Abidjan, ont disparu sans que Forex-CI ne sache où sont passés ces engins. Les bordereaux destinés à la société pour aller dédouaner les machines ont également disparus et se sont retrouvés entre les mains du comité de gestion qui est allé faire le dédouanement au nom de Forex-CI sans que ladite société ne soit informée. Et en même temps que ce comité fait cela, il créé des sociétés écrans et donne ces machines à ces sociétés et on ne sait pas comment ces contrats ont été rédigés. Ces sociétés écrans travaillent avec ces machines et on leur reverse quelque chose. Il faut que nous sachions le contenu du contrat et sachions également pourquoi Forex-CI n’a pu entrer en possession des machines pour travailler. Est-ce que Forex-CI a un droit de regard dans la gestion. Il faut qu’on fasse l’état de ces 40 engins. Ces machines, pour ceux qui ne le savent pas, sont des machines qui posent la neige en Europe. La filière café-cacao a suffisamment de ressources pour acheter des Caterpillars si l’on voulait faire une gestion saine. Il existe des Caterpillar ici. Je ne sais pas pourquoi, on doit se cacher pour aller acheter à 3,6 milliards de F CFA des machines en Chine. Avec cela M. Ano Gilbert parle de 7,2 milliards de nos francs. S’il pense que nous sommes dans le faux, qu’il vienne avec ses preuves, le démontrer aux producteurs.
Avez-vous cherché à le rencontrer ?
Nous n’avons pas à chercher à le rencontrer. C’est à lui de nous convoquer et nous expliquer ce qui se passe, les preuves à l’appui. Il doit inviter tous les planteurs et justifier sa gestion avec des documents précis et clairs. Il ne suffit pas de présenter des engins à la télévision et dire qu’on travaille pour les producteurs. On ne fait pas la politique avec notre argent. Aucune fève ne porte de nom d’un parti politique. Le cacao doit rester en dehors de la politique.
Pourtant récemment, vous avez soutenu le président Bédié dont vous avez dit qu’il a le meilleur programme pour les producteurs…
Nous n’avons pas soutenu le président Bédié. Nous avons fait par contre une comparaison entre la stabilisation et la libéralisation de la filière. Nous avons constaté que c’est le jour et la nuit. A la stabilisation, lorsque le cacao s’achetait à 400 FCFA, le planteur faisait un budget prévisionnel pour pouvoir survivre. C’était d’ailleurs avec ces prix que nos parents faisaient de grandes réalisations. Et la richesse de ce cacao était bien partagée, en témoignent les infrastructures qui existent dans ce pays. Aujourd’hui, des personnes qui ne sont pas de planteurs de café-cacao, sont milliardaires. Ils s’enrichissent au détriment des producteurs. Voulez-vous qu’on se taise sur tout cela ? Nous sommes prêts à sacrifier nos vies. Tout ce que nous demandons à Ano Gilbert, c’est de nous donner simplement les preuves de sa gestion. C’est à partir de cela qu’il sera jugé. Mais, il refuse de le faire. Nous irons jusqu’au bout, parce que ce n’est pas une affaire d’individus. Mais une affaire de gestion des ressources des producteurs de café et de cacao de Côte d’Ivoire, sans exception. Qu’il arrête de nous tourner en bourriques.
Et si Ano Gilbert était soutenu par le pouvoir ?
Je ne pense pas qu’Ano Golbert soit soutenu par le pouvoir en place. Pour l’heure, nous ne voyons aucun signe dans ce sens. Si c’est le cas, je pense que nous allons aviser. Nous ferons en sorte que la vérité éclate et le pouvoir public ne pourra pas nous empêcher de le faire.
Vous allez encore vous présenter devant cette juridiction qui vous a refusé le FDPPC hier. N’avez-vous pas d’appréhension ?
La juridiction ne m’a pas refusé le FDPCC. Il faut être honnête . En Côte d’Ivoire, nous avons 3 pouvoirs, le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire. Le pouvoir judiciaire m’a donné tous les pouvoirs pour que je puisse m’installer. Mais c’est le pouvoir politique qui n’a pas accepté. Il s’est intégré dans la justice.
Mais c’est ce même pouvoir politique qui est encore là…
Nous ne pouvons plus l’accepter. C’est pourquoi nous disons que trop c’est trop. Aujourd’hui, toute la base est mobilisée. Au moment opportun, vous verrez les actions que nous allons mener. Aujourd’hui, pour des ordonnances médicales de 1000 F CFA, il y’a des planteurs qui meurent pourtant, il y a des milliards qu’on dit sont logés dans un compte séquestre à la BCEAO.
Ne craignez-vous pas que vos manifestations soient politisées ?
Je peux vous rassurer que je n’ai pas d’homme politique derrière moi et je n’attaque aucun parti politique. Nous voulons uniquement le bien-être des producteurs. Si un candidat me présente un programme plus alléchant que celui du président Bédié, j’irai le voir. J’ai été voir M. Gnamien Konan. Il a développé son programme. Mais parmi les candidats, le meilleur programme agricole est celui du président Bédié. Il faut dire aujourd’hui que le monde agricole est perdu. Allez à la campagne et vous constaterez vous-même. A l’époque de la stabilisation, quand vous partez voir vos parents au village, ce sont eux qui vous donnaient de l’argent. Aujourd’hui, les choses ont changé. C’est votre petit salaire que veut votre parent. La richesse a été mal partagée.
Que voulez-vous qu’on retienne de cet entretien
Je voudrais lancer un appel au Président Gbagbo, président de la République de Côte d’Ivoire. Qu’il se souvienne de ce qu’il a dit lors de sa campagne de 2000, donnez-moi le pouvoir pour que je vous le rende. Nous lui avons donné le pouvoir sans tenir compte des appartenances politiques. Aujourd’hui, il s’agit de gérer la filière. Qu’il tienne compte des producteurs. Que la filière ne soit pas prise en otage par une minorité de personnes se disant militants de première heure du FPI. Nous attirons son attention parce que la base n’est pas contente de la gestion qui est faite des ressources de la filière. Quand je prends le président Bléoué Aka qui a 4 ha de cacao et qui va faire la campagne d’un candidat avec l’argent des planteurs, je dis que cela n’est pas bon.
Réalisée par
Evariste N’Guessan
Coll : J. César