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Politique Publié le mercredi 14 avril 2010 | Le Nouveau Réveil

L’impuissance d’un peuple : De la patrie de Dieu, la Côte d’Ivoire est devenue une patrie de Lucifer

Il est devenu quasi impossible de rester indifférent à ce qui se passe dans notre pays, la Côte-d'Ivoire. Défiguré, malmené, prostré, le sort de ce pays fait mal au cœur. Aucune autorité morale d'où qu'elle vienne ne pourra plus remettre notre pays sur le chemin du Bien. La Côte-d'Ivoire a toujours été un pays à part, aujourd'hui encore elle n'échappe pas à ce destin. Nous sommes des hommes à part, et cette fois-ci nous nous distinguons dans le Mal. La politique se lit comme le lieu de toutes les roublardises et, où tout est permis. Dieu que nous évoquons à longueur de journée, à temps et à contre temps, est mort depuis longtemps, après une agonie d'une dizaine d'années. La comédie qu'il nous est donnée de voir sur nos écrans et dans les lieux de culte ne sont que des mimiques ataviques fonctionnant comme rites cathartiques pour les naïfs et les innocents. Jamais la religion n'a été autant qu'en Côte d'Ivoire " l'opium du peuple ". De patrie de Dieu, notre pays est devenu la patrie de Lucifer. Il n'y a qu'à regarder les yeux des uns et des autres, écouter les différents discours pour s'en convaincre.
Mais en fait de quoi s'agit-il ? Dieu étant mort, ceux qui le savent ont décidé de prendre sa place comme dans l'histoire des mythes. Premier acte de souveraineté des nouveaux dieux, l'inversion des valeurs. Le Mal et le Bien baignent dans une confusion savamment entretenue. Lire les entrevues ou les contributions parues ces temps derniers dans la presse. Gbagbo Laurent, Soro Guillaume, Affi N'guessan, Bernard Agré, Philippe Mangou, Bakayoko Ahmed, pour ne citer que ceux-là, sans dédouaner les autres pour autant, tous me confortent dans mon pessimisme. Ces entrevues sont porteuses du signe de notre déchéance. Le peuple de Côte-d'Ivoire prostré face à ce qui lui arrive, ne sait plus quoi faire. Personne ne comprend plus rien. Tous les jours, nous sommes à nous demander la nature de notre propre être. Les images que nous renvoient les autres nous laissent incrédules. Seule défense, renier notre propre être historique. Nous vivons comme le dirait K. Marx dans une "chambre noire", la tête en-bas et les pieds s'agitant en-haut. Que ne pouvions-nous pas espérer en 2000 quand le pouvoir est tombé dans les mains des professeurs, de surcroit, de gauche ? Mais le quiproquo trouve son origine à ce moment précis. De professeurs, ce sont les moins valeureux, les moins honnêtes, les moins travailleurs qui ont été projetés au-devant de la scène. Qu'on se souvienne de la vantardise avec laquelle un certain ministre de la défense s'exprimait à la télévision. Un professeur de lettres autoproclamé stratège militaire. Sur quelle planète étions-nous ? Un ministre des affaires étrangères que personne ne comprenait quand il parlait, dont le seul mérite aura été d'être étranger aux affaires ivoiriennes au point d'avoir discrédité son pays pour longtemps. Un ministre avocat qui donnait toujours l'impression d'être plus pressé que le temps, dont les arguments publics faisaient sourire un élève moyen de 4ème et avec qui les réunions les plus sérieuses se transformaient en série de coups de fil à Marie, Agathe, quand ce n'était Madeleine. Véritable imbroglio des genres, l'histoire de la Côte d'Ivoire a ainsi glissé vers les abîmes d'une politique mafieuse. De gauche, le FPI n'était que la prise d'une droite dangereuse, parce que non seulement "compradore" mais également jouisseuse, très peu nationaliste et ignare du minimum. Avoir un diplôme universitaire ne garantit pas de la valeur d'un homme. Christian Brunet, professeur émérite des années 70, nous disait très sagement "la licence, c'est l'autorisation que vous accorde l'institution universitaire de pouvoir lire dorénavant par vous-même les ouvrages des grands maîtres". Le vrai travail ne commençait qu'après la licence. Ceux qui ont pris les diplômes pour une fin, se sont arrêtés aux parchemins comme valeur vénale permettant un salaire proportionnel. Je crois que beaucoup de ministres professeurs n'ont été que de cette catégorie. Ils ont trompé le peuple de Côte-d'Ivoire qui espérait beaucoup. A ce tragique quiproquo, la guerre, conséquence de la confusion des genres, est venue achever un peuple qui ne comprenait rien à ce qui lui arrivait. La Côte-d'Ivoire comme un bateau ivre, vogue dans une nuit noire sans étoile par un temps de tempête, nous avons alors vu l'Etat géré par des ministres, cuisiniers ou mécaniciens dans l'armée, ne sachant ni lire ni écrire. Et avec eux des étudiants qui n'ont jamais travaillé de leur vie, qui plus est se sont plus illustrés par l'usage des machettes que par leurs prouesses intellectuelles, sont devenus des personnages de premier rang. Que pouvait encore espérer la Côte-d'Ivoire ? Prise dans les mailles d'une classe politique mafieuse, perfide, avec une échelle de valeur renversée, ce pays sortira difficilement de sa crise. Le professeur Wodié s'interroge, " …ou ils ne savent pas lire, ou ils ne savent pas écrire… " Tout est dit sur l'impuissance du peuple ivoirien. Quel que soit le sens dans lequel on se place, il est impossible de comprendre la crise que vit ce pays. Sauf me semble-t-il dans la perspective d'un pays pris en otage par des gangsters de droite qui ont depuis longtemps vendu leur âme au diable, et qui voguent dans " les eaux glacées du froid intérêt égoïste ", dont parlait K. Marx. La solution pour dénouer ce traquenard ne se donne pas facilement. Sauf à prendre ce drame existentiel comme nœud gordien pour tous les Ivoiriens, sans rechercher la caution d'une chapelle d'aucune sorte. Rien d'évident. Nous sommes comme tétanisés par notre propre malheur. Radicalement il faut exiger des élections comme le prévoit une constitution instrumentalisée à souhait par ceux qui la violent impunément. Dieu étant mort, pourquoi ne pas hypostasier la vérité en disant blanc ce qui est blanc et noir ce qui est noir. J'ai " dégueulé " à la vue d'un individu appelant des soi-disant disciples d'Houphouët à un rassemblement à Yamoussoukro pour le célébrer, avec Laurent GBAGBO, dont tout le sens de l'engagement politique fut de s'opposer à ce seul grand homme que nous ayons connu pour l'instant en Côte-d'Ivoire. Ce monsieur a-t-il des enfants et une femme ? Voici grandeur nature la confusion savamment entretenue par les politiques mafieux de la Côte-d'Ivoire. Ils violent les esprits de leurs concitoyens, assassinent leur intelligence et les rendent bêtes, enfants comme un certain Navigué que nous avons entendu sur les antennes de la radio de l'ONUCI le week-end du 11 avril. Savoir que cette petite intelligence compte parmi les cadres de notre diplomatie ne peut que rendre fou l'homme le plus impassible. A quelle planète appartient la Côte-d'Ivoire ? Ne parlons pas de probité car ce mot ne fait pas partie du vocabulaire du milieu, inversion des valeurs oblige. Il faut ériger la vérité comme religion en lieu et place des religions qui ont failli en même temps que l'Université ivoirienne et sa piètre production de petits intellectuels. Ridicules, les hiérarchies religieuses gagneraient à ne plus rien dire, tant elles ne sont pas de ceux qui n'ont pas comploté contre le peuple de Côte-d'Ivoire. Cardinal le jour et politique de la pire espèce la nuit. Quel Dieu, prient tous ces hommes en soutane, en boubou, ou en veste cravate ? Dieu est mort en Côte-d'Ivoire mais sans certificat de décès. Ceci explique les rites qui se continuent encore. Il faut au peuple ivoirien décider et faire, sans vouloir trop comprendre. Que veulent les mafiosi aujourd'hui? Eviter autant que faire se peut les élections, célébrer le cinquantenaire de l'indépendance du pays. Le peuple doit exiger des élections pour avant le 7 août 2010, doit refuser les festivités du cinquantenaire de façon radicale et responsable. D'ailleurs, le professeur Pierre Kipré est-il l'homme idoine pour diriger cette autre escroquerie morale ? Lui l'Ivoirien " de souche multiséculaire "qui prit l'avion pour la France au premier coup de feu tiré par les hommes de Soro Guillaume, en emportant avec lui sa femme, ses deux filles, et ses deux gendres. C'est cet homme qui dirigera les festivités du cinquantenaire de l'indépendance de la Côte-d'Ivoire ? Nous sommes vraiment tombés sur la tête. Côte-d'Ivoire chambre noire. Tout cela est tellement ridicule, que partout le peuple n'arrête pas de s'étonner. Plus rien ne va, mais on proclame que nous n'avons jamais été aussi bien que sous la rebfondation. Tout le monde réclame les élections, on proclame que les élections sont le cadet des soucis des Ivoiriens. Peu de personnes veulent encore d'un chef de l'Etat qui a passé dix ans à se foutre des Ivoiriens en voulant leur faire confondre lanterne et vessie, paix et guerre, esclavage et liberté, bien et mal, beau et laid. On proclame qu'il est adoré par les Ivoiriens et rejeté par les étrangers. La perfidie pointe déjà du nez. Ceux qui ne voteraient pas pour le chef de la tribu mafieuse sont d'office indexés comme étant des étrangers. Amalgame parfait dont les arguments seront admis comme logiques demain. Le peuple ivoirien ne doit plus rien attendre de personne, il lui faut vouloir se remette sur les pieds lui-même, comme toute l'humanité.
Jean LEZEBRE





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